25 - Plan d'action

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37e jour de la saison de la faux 2448

Azéna et la feuille de parchemin étaient coincés dans un éternel concours de regard fixe. Rien ne venait à l'esprit de la demi-elfe pour l'aider à se libérer de ce problème infernal. Il y avait devant elle qu'une carte d'un plan de bataille dessiner et elle n'y comprenait rien. Les flèches étaient partout et pointaient dans tous les sens ce qui rendait la tâche de décortiquer ce bordel difficile. Elle se demanda pour la centième fois cette journée-là pourquoi elle avait appliqué au cours de politiques et de commandement pour son cours de spécialité. Elle avait songé longuement avant de choisir entre celui-là et le cours de tactiques de combat. Elle désirait devenir une excellente guerrière, mais aussi une commandante sur qui on pouvait compter.

« Mais ces putains de cartes, songea-t-elle en se tirant une mèche de cheveux pour sortir sa frustration. C'est quoi cette pagaille? On dirait l'œuvre d'un bébé enragé. »

Elle soupira, laissa sa tête tomber sur son pupitre et leva la main en espérant que Maîtresse Nymia soit clémente avec elle, complètement découragée qu'elle ne pouvait pas finir ce casse-tête.

Au même moment, le hurlement familier de Rendar annonça la fin de la troisième période et le début du dîner. Azéna n'avait pas terminé son devoir de la journée et elle s'en foutait complètement. Elle en avait eu assez. Elle se mit en ligne devant le bureau de Nymia et devant elle, Arièlla remit deux feuilles de parchemin qui avaient été utilisées d'un bout à l'autre.

- Ça a bien été? demanda Nymia à sa fille.

- Vraiment bien, répliqua Arièlla en souriant. C'était du gâteau.

Arièlla disposa et laissa la place à Azéna qui sentit son estomac se noué à la pensée de ce qu'elle allait remettre à sa maîtresse.

- Et toi, comment ça été? questionna Nymia avec une pointe de suspicion dans sa voix.

Azéna déposa l'horrible monstre qu'était ce devoir sur le bureau de Maîtresse Nymia et ignora le regard déçu de la blonde lorsqu'elle aperçut le parchemin vierge.

- Azéna, appela-t-elle avec fermeté.

La demi-elfe prétendit ne pas avoir entendu sa supérieure et sortit le plus rapidement possible de la salle de classe. Au début de l'année, chaque apprenti de deuxième année doit choisir et appliquer à un cours de spécialité de base qu'il suivrait pendant deux années pour finalement choisir une spécialité approfondie dans laquelle il obtiendrait une maîtrise par le temps où il deviendra dragonnier accomplit. Dans la liste, il y a: soins et botanique qui permet de qualifier pour devenir un guérisseur ou un alchimiste, commandement et diplomatie qui permet de qualifier pour devenir un commandant ou un diplomate, artisanat qui permet de qualifier pour devenir un forgeron, un travailleur de cuir, un bâtisseur ou un couturier, tactiques de combat qui permet de qualifier pour devenir un maraudeur ou un gardien, contrôle du mana qui forme les dragonnier mages, contrôle des éléments avancé qui forme les dragonnier élémentalistes et finalement, géographie et survie avancée qui permet de qualifier pour devenir un rôdeur ou un assassin. Il y avait tant de choix et pourtant, sans hésitation et sans doute, Azéna avait immédiatement décidée qu'elle allait cheminer pour un jour devenir une commandante.

Elle rencontra Fayne un peu plus loin qui sortait de son cours de soins et botanique. La brunette avait déjà décidé qu'elle désirait devenir une alchimiste. Teriondil, de son côté, avait opté pour devenir un maître élémentaliste donc, il avait deux cours de contrôle des éléments au lieu d'un seul. Azéna traînait les pieds lourdement. Plus d'une demie saison s'était écoulée depuis qu'elle avait débuté son cours de commandement et de diplomatie et elle n'arrivait pas à suivre le rythme de la classe. Elle n'était tout simplement pas douée à ce genre de chose semblait-il. Nymia ne faisais que lui répéter qu'elle laissait sa colère influencer ses décisions ce qui la rendait impulsive et qu'un commandant devait être en contrôle s'il désirait garder la confiance de ses camarades. Ce n'était pas tout, il y avait la théorie aussi. C'était l'enfer total ; sa cervelle refusait d'absorber quoi que ce soit. N'avait-elle tout simplement pas l'état d'esprit pour ce travail?

- Dire qu'Arièlla va devenir commandante sans problème, ronchonna-t-elle.

- Encore en rogne après Arièlla? questionna Fayne qui rattrapa son amie.

Azéna grogna et évita le regard de son amie.

- Arrête un peu, continua la brunette. Tu as pensée à changer de branche? Tu as encore le temps, tu sais.

Azéna y avait songé plusieurs fois et c'était ça le problème. Elle aimait le combat et le commandement à égalité, mais elle avait toujours eut une meilleur affinité pour le premier choix. Elle était juste têtue à ce propos parce qu'elle voulait monter aussi haut que possible dans les rangs pour faire une plus grosse différence dans sa vocation.

- Un simple guerrier dans un océan de ses pairs ne me semble pas convenable, répondit-elle. Je ne serai qu'une petite subalterne insignifiante.

- Tu es déjà une archère hors-pair, complimenta Fayne. Si tu t'entraines et tu deviens une maîtresse d'armes, tu te distingueras de tes pairs. Je te le promets. Il suffit que tu t'y appliques et je sais que tu possèdes la détermination pour y parvenir.

- Je vais y penser... J'ai combien de temps pour changer de branche?

- Seulement quelques jours. Si tu te décides, il faudra aviser notre titulaire.

- Maîtresse Nikala eh? Ah flute... Je ne m'entends pas très bien avec elle. L'année passée, elle me faisait suer durant notre cours de méditation.

- Ne t'en fait pas. Ça ira tant que tu ne dépasses pas la date limite.

Décidément, il fallait qu'Azéna se décide et vite. Au fond d'elle, elle reconnaissait que la spécialité en tactiques de combat était plus appropriée pour elle, mais son côté têtu lui donnait du fils à retordre.

- De toute façon, continua Fayne, prends une pause. Concentre-toi sur ton dîner.

Elle savait bien que la nourriture était l'un des grands amours d'Azéna. Habituellement, manger la calmait.

- N'oublie pas que je dois rendre le livre, mentionna Azéna. Je dois le faire durant le dîner. La Tour Mère est déserte durant ce temps. Tu as terminé avec n'est-ce pas?

Fayne hocha de la tête.

Une tête de cheveux vert menthe attira l'attention des deux amies. Teriondil était tout ébouriffé encore une fois ; Maîtresse Neige devait lui avoir flanqué une leçon dans son cours de contrôle des éléments comme à son habitude. L'elfe sylvain était un excellent élémentaliste, mais pas assez pour vaincre Neige qui était spécialiste en la matière. C'était bien le seul cours dans lequel il portait attention et cela se discernait dans sa croissance.

- Par ici Teri, appela Fayne.

- Oh vous voilà, répliqua l'elfe sylvain en rejoignant ses camarades.

- Tu as une sale tête, commenta Azéna en rigolant.

- C'est essentiel pour mon ascension spirituelle de participer à ces sessions d'entraînement rigides, affirma-t-il avec une passion qu'il montrait rarement.

- Bah tant qu'elle ne finit pas par t'achever, répliqua Azéna qui était partiellement sérieuse dans son sarcasme.

Fayne et Teriondil se rendirent au Grand Hall pour le dîner pendant qu'Azéna se faufila un chemin jusqu'à la Tour Mère et attendit jusqu'à ce que la voie soit libre pour déposer le livre qu'elle avait empruntée sans permission à la porte d'entrée. Ce n'est que lorsqu'elle tourna le coin en chemin de retour qu'elle entendit la porte ouvrir et quelqu'un qui ramassa le bouquin.

- Étrange, dit un homme dont la voix qu'Azéna reconnue immédiatement comme étant celle du charmant Murun. Véritablement curieux. Qui aurait eu la maladresse d'avoir laissé tomber l'un de nos livres?

Heureusement, il tourna les talons et disparut à l'intérieur de la tour. Connaissant le sage, Azéna se demanda s'il savait qu'elle était à proximité. Si oui, avait-il ignorer sa présence et parler tout haut pour l'avertir subtilement qu'elle devrait décamper? D'une façon ou d'une autre, elle retourna au Grand Hall, laissant ses soucis derrière elle.

Une fois de retour à la table où ses amis étaient en train de manger, elle s'attaqua aux ailes de poulets épicées. Ses compagnons discutèrent tandis qu'elle fût bien trop occupée à se goinfrer pour leur répondre. Elle n'avait pas manger de la journée et le stresse du cours de commandement et de politiques l'avait affamée.

- Tu as retourné le livre? questionna Arièlla qui était à sa droite en chuchotant.

- Ouais ouais, grogna Azéna entre deux bouchées.

Arièlla haussa un sourcil en observant son amie, visiblement dégoûtée par ses manières barbaresques.

Au désert, alors qu'elle tendit la main pour le dernier morceau de gâteau au caramel, sa rivale le lui piqua d'en dessous de son nez sans se soucier de quoique ce soit.

- En voilà des manières, ronchonna la blonde qui se servit un morceau de tarte aux pommes à la place. Tu n'aimes même pas le gâteau au caramel. C'est quoi le problème?

Azéna détourna son attention sur son gâteau. Elle prit une bouchée et se força d'avaler trop vite et s'étouffa sur le coup. Paniquée, elle se leva et tenta de prendre de grandes respirations en vain. Elle s'imagina devenir bleue et sentit son cœur battre à tout rompre. C'était finit! Elle allait mourir! Tout ça pour une rancune contre sa propre amie qui ne faisait aucun sens.

Fayne s'en rendit compte la première et se leva d'un bond.

- Azéna s'étouffe! hurla-t-elle les yeux ronds.

Deux bras gris moyen l'empoigna autour de la taille puis, la pencha légèrement par en avant. Avec deux mains en poings, le nouveau venu pesa sur son ventre. Il donna quelques coups fermes et finalement, Azéna cracha le morceau de gâteau et se mit à respirer lourdement.

- Mais espèce de dinde folle! cria Arièlla en furie. Cesse de nous faire des peurs pareilles!

Azéna se retourna et reconnu Serfantor qui la fixait comme un parent qui allait gronder son vilain enfant. Il croisa les bras et ouvrit la bouche, mais finalement, il renonça à l'idée de dire un mot et s'installa à la table à côté d'Arièlla.

- Salut Serfantor, dit Arièlla qui semblait soudainement un peu mal à l'aise.

L'elfe gris salua son interlocutrice avec un petit sourire en coin et porta son attention à la jeune dragonnière qu'il venait de sauver :

- Tu es une idiote Azéna.

La sérénité du ton de voix du capitaine de skotar prit la dragonnière grise au dépourvu. On dirait que ce qui venait de se produire était une banalité pour lui.

- Excuse-moi? grogna-t-elle d'une voix rauque en s'asseyant à son tour de l'autre côté de la table entre Fayne et Teriondil. Comment est-ce que tu m'as appelé?

- Une idiote, répliqua tout simplement Serfantor qui se servit une part de tarte aux pommes. C'est ce que tu es, n'est-ce pas?

Azéna grinça les dents et serra les poings. Elle avait un sacré mal de gorge alors, elle s'abstint de continuer de parler. Fayne lui lança un regard à la fois inquiet et surpris. Azéna savait ce que sa meilleure amie voulait lui dire et elle ne voulait pas l'entendre.

« Je sais, songea-t-elle en plongeant son regard sur son dessert. Je suis une... dinde folle... et une idiote... N'ajoute rien s'il te plait. »

Fayne sourit comme si elle avait entendu ce qu'Azéna essayait de lui dire et retourna à son dessert: une simple pomme garnie de sucre brun.

Le groupe d'amis passa le reste de leur dîner à discuter de leur choix de spécialité de base. Ils savaient tous ce qu'ils voulaient devenir à l'exception de Serfantor qui ne se voyait pas très bien dans aucune des branches. Teriondil lui proposa la branche de géographie et de survie avancée; c'était souvent l'expertise des dragonniers noirs.

- C'est étrange, dit l'elfe gris. C'est ce que j'ai choisis en attendant pour mon choix final. Ça me paraissait le plus probable. Tout de même, je ne me vois pas remplir ces rôles.

- Apparemment qu'il n'y pas assez d'assassins, dit Teriondil de sa voix douce. Ça pourrait être utile. Ce n'est pas une voie très populaire.

Arièlla se tortilla sur sa chaise et changea le sujet de discussion:

- Dit Azéna, n'oublie pas que notre première partie de skotar est dans six jours. On n'a pas eut le temps de pratiquer, mais j'imagine que toi et Tyrath vous savez ce que vous faites.

Azéna se rappela que la blonde avait mentionnée l'an passé qu'elle était contre le fait que les Gardiens avaient des assassins dans leurs rangs. À son avis, ce n'était pas honorable. D'après Azéna, c'était parfois un mal nécessaire. Et puis, c'était quoi ce sous-entendu?

- Je vais essayer de m'y rendre, répliqua Azéna en grimaçant de douleur. Excuse-moi, ma gorge me fait souffrir.

Arièlla haussa un sourcil.

- Tu vas essayer de te rendre... ?

- Je veux sauver Umah et Yuzia, répliqua Azéna en plissant légèrement les yeux en cause de sa gorge irritée. On n'a...

Elle toussa puis, elle se reprit:

- O-on n'a un plan d'action.

Arièlla cligna des yeux, impressionnée par la détermination de sa partenaire de skotar.

- T'en n'as du cran, mais tu te rends compte que vous allez probablement vous mettre les pieds dans la merde encore?

- Tant que ça ne me concerne pas cette-fois, informa Serfantor.

- D'ailleurs, qu'est-ce que tu fous à être assis avec nous? questionna Azéna en observant l'elfe gris avec suspicion. Habituellement, personne n'est assez bon pour mériter ta présence.

Elle poussa un gloussement, clairement en train de se marrer de Serfantor. Le karma la frappa en pleine figure: elle eut l'impression que sa gorge fût déchiquetée par des griffes de tigre. Elle empoigna son verre d'eau et s'abreuva si rapidement qu'elle faillit s'étouffer encore une fois. Non à sa grande surprise, l'elfe gris l'ignora tout simplement et continua de manger son dessert. Arièlla rougit légèrement de son côté.

- Ehh? continua Azéna une fois rétablie. Qu'est-ce qui se passe avec toi Arièlla?

La blonde resta muette.

- Hé répondez-moi, insista Azéna. Et ça s'applique à vous deux.

Serfantor soupira longuement comme s'il avait endurer une véritable torture pendant des heures et se leva de table, abandonnant son dessert.

- Soit à la partie de skotar, dit-il fermement.

- Bah ouais évidemment, je vais essayer, ronchonna Azéna en se croisant les bras. Raahh, vous ne m'écoutez pas.

Serfantor échangea un regard avec Arièlla avant de s'éloigner.

Une fois qu'il fut assez loin, Azéna se mit à se plaindre:

- C'est quoi son problème à ce mec à la fin?

Elle remarqua la tarte aux pommes de Serfantor à moitié mangé et échangea son gâteau pour celle-ci. Fayne se frappa le visage avec sa main, Arièlla fixa Azéna comme si elle venait de faire le geste le plus étrange qu'elle n'ait jamais vu et Teriondil rigola doucement.

- Vraiment? questionna la blonde. Tu n'es pas croyable.

- Bah qu..., avait commencée Azéna.

Rendar coupa la conversation en annonçant le dernier quinze minutes du dîner d'un rugissement bestial. Azéna laissa tomber sa nourriture et se précipita à la sortie du Grand Hall.

- Allez, appela-t-elle.

Teriondil et Fayne s'excusèrent auprès d'Arièlla et la suivirent. Le trio de dirigèrent jusqu'à la salle de classe de Reaginn Ruvior, le maître de survie en espérant le rencontrer avant que les cours ne débutent.

Fayne avait pensée à aller lui parler hier soir après qu'elle avait terminée de sonder le livre qu'Azéna avait dénicher de la Tour Mère. D'après sa théorie qu'elle insista qui n'était que cela: une possibilité, Maître Ruvior serait au courant de ce qui se passe par rapport à Umah et Yuzia puisqu'il est le meilleur traqueur des Gardiens d'Aerinda. Azéna désirait l'accompagner sur cette mission de sauvetage dont Fayne était confiante qui allait se produire bientôt.

Une fois à la salle de classe, Azéna aperçut un bout de cape noire qui disparut derrière la porte d'entrée. C'était lui, c'était assuré. Il portait toujours sa tenue de rôdeur. Elle s'empressa de le suivre et faillit se cogner la figure dans la porte avant que Fayne ne puisse l'ouvrir.

- Maître Ruvior, laissez-moi vous accompagner ! hurla la demi-elfe en se plaçant brusquement devant le bureau du Maître du Donjon.

- Vous n'êtes pas dans cette classe, informa Reaginn avec sévérité en s'installant sur sa chaise. Vous devriez vous concentrer sur où vous devriez être, Apprentie Kindirah. Commandante, n'est-ce pas?

Les petits yeux gris de l'homme examinèrent le trio avec une agacement évidente. Celui-ci croisa ses mains et s'avança un peu comme s'il s'attendait à assister à un spectacle des plus grandioses. Azéna était soulagée de ne pas l'avoir comme maître cet année. Il l'énervait tellement.

- Vous ne comprenez pas, répliqua-t-elle, haussant déjà le ton. La mission-

- De quoi parlez-vous, Apprentie Kindirah? questionna Reaginn avec froideur. En faite, ignorez cette question. Je n'ai pas le temps de m'occuper de vous. Retournez à votre classe appropriée immédiatement. J'ai un cours à donner.

Fayne intervint avant que son amie impulsive ne fasse plus de dommage:

- Excusez Azéna. Elle est si excitée et impatiente lorsque quelque chose lui tient à cœur.

Azéna voulut s'expliquer, mais l'herboriste lui fit signe de se taire.

- Expliquez-vous, Apprentie Litfow, ordonna Reaginn.

Fayne tourna ses pouces en fixant le sol, visible inconfortable avec le maître. Elle prit une grande respiration et leva la tête, son regard plein de détermination.

- Est-ce que vous savez quoi que ce soit à propos de l'enlèvement d'Umah et de Yuzia?

Azéna dû se retenir pour ne pas insister. Fayne tournait trop autour du pot. Il fallait de l'action! L'archère observa le maître avec impatience. Celui-ci prenait son temps pour répondre.

- Pensez-vous sérieusement que les Gardiens ne font rien quand l'un des leurs se fait capturer? lança-t-il avec une touche de moquerie. Bien sûr que nous avons un plan. Grand Maître Terenas m'a mis en charge de ce dernier.

- Je le savais, s'écria Azéna sur un ton suraigu. Oh désolé...

- Ne vous en faites, pas continua le traqueur. Je vais les trouver avec l'aide de mon équipe. Maintenant, retournez en classe.

- Maître Ruvior, continua Fayne, ce que je voulais vraiment vous demander-

Reaginn eut un petit sourire en coin qui fit immédiatement taire l'herboriste.

- C'est que vous voulez faire partie de l'équipe de sauvetage, pas vrai mmm? questionna-t-il.

Azéna et Fayne hochèrent la tête. La demie-elfe donna un coup de coude à Teriondil qui sursauta légèrement puis, imita ses amies.

- Ça ne m'étonne pas de vous, avoua Ruvior. Malheureusement, vous êtes bien trop inexpérimentés pour ce genre de mission critique. Il va sûrement y avoir de grands dangers et je ne peux pas me permettre d'être distrait par vos erreurs. Ce ne sont pas des vacances. De plus, seuls les apprentis avec trois années d'expérience peuvent participer à des missions. C'est les règles. Et encore... Cette mission est trop exigeante pour un apprenti de troisième cycle.

Azéna se faufila entre Fayne et Teriondil pour avoir la place la plus proche du maître.

- S'il vous plaît Maître Ruvior. Umah et Yuzia sont nos compagnons et c'est notre choix de prendre ce risque. Nous ne serons pas dans vos pattes, c'est promis. De plus, nous avons nos dragons pour nous aider dans les combats. Ils sont jeunes, mais puissants.

Ruvior songea pendant quelques minutes tandis que la patience d'Azéna s'écoulait rapidement.

- Puisque cela vous tient tellement à cœur, je vais en parler avec Grand Maître Terenas, mais je ne garantis rien. Absolument rien. Vous savez, il va probablement refuser. De toute façon, revenez me voir demain. Par ce temps, je devrais avoir une équipe d'assembler et j'aurai une réponse pour vous.

Un immense sourire se dessina sur les lèvres de Fayne. Azéna était heureuse pour elle. Elle savait à quel point son amie s'inquiétait pour Umah et qu'elle adorait faire partie de cette équipe de sauvetage.

- Merci Maître Ruvior, dit-elle en baissant légèrement la tête en signe de respect.

- Allez filer, ordonna Reaginn avec un désagrément incrédule. Vous allez être en retard à vos cours.

Le trio obéit.

✦×✦

Durant le reste de l'après-midi, Azéna ne faisait que penser à ce qu'elle aurait fait durant la mission de sauvetage. Elle imaginait les mêmes scènes en boucle. D'après elle, ça serait facile avec l'aide de leur dragon et de dragonniers accomplis. Ces sales rebelles allaient en voir de toutes les couleurs.

✦×✦

Après le souper, débordante de confiance, la jeune demie-elfe passa un peu de temps avec Tyrath pour lui raconter les évènements de la journée. Le dragon paraissait à moitié impressionner et à moitié inquiet.

- Juste fais attention à toi, répéta-t-il.

- Mais tu es partant pour la mission, pas vrai? demanda Azéna.

- Bien sûr que oui, rugit-il. Pour qui me prends-tu? Je suis prêt à partir à n'importe quel temps. Enfin bref, c'est réglé. À présent, je dois aller me nourrir. Tu peux te rendre à ta chambre par toi-même? Je meurs de faim.

- M'ouais, je ne suis pas un bébé! Bon appétit et bonne chasse.

L'adolescente sourit, satisfaite de l'enthousiasme de Tyrath. Elle lui donna un câlin et repartie en direction de l'académie. En chemin, elle crut entendre quelqu'un murmurer son nom. Elle se retourna en empoignant son arc elfique qu'elle portait sur son dos. Elle sonda l'obscurité et n'aperçut rien de suspicieux.

- Ça doit être mon imagination, se dit-elle. Faut que je me calme.

Elle jeta un dernier coup d'œil et lorsqu'elle fut rassurée, elle rangea son arc. C'est à ce moment qu'une silhouette ailée, dans un battement d'aile silencieux, atterrit devant elle. Il avait beau être enroulé dans sa cape à capuchon, avoir le visage dissimulé dans le noir, elle le reconnut quand-même.

- Encore toi ! rugit-elle.

Elle s'arma à nouveau et tira une flèche dans sa direction, visant pour la tête. Sa cible sauta sur le côté et évita quelques tirs avec cette manœuvre. Toutefois, il ne s'approcha pas de la demie-elfe.

- Mince, dit-elle entre deux tirs. Tu es agile.

Elle lança un juron et cessa ses attaques. Par contre, elle ne baissa pas son arme.

- Qu'est-ce que tu veux? demanda-t-elle. Où est Umah et Yuzia? Je pari que tu fais partie de cette fichu bande de sadiques.

À sa grande surprise, l'individu leva ses mains au-dessus de sa tête comme s'il voulait un cessez-le-feu.

- Je sais où est le jeune dragonnier et sa dragonne, siffla-t-il entre ses dents comme un reptile.

- Alors parle, hurla Azéna en bandant son arc.

- En échange, je désire devenir ton nouvel enseignant. Est-ce que cela te convient?

La créature possédait une voix extrêmement apaisante, mais étrangement, elle lui rappelait aussi celle des dragons. Malgré ça, elle n'avait pas l'intention de jouer à son petit jeu. Elle tiendrait tête à ses ennemis.

- Non, mais je rêve. Tu rigoles, espèce de sale créature. Qu'est-ce que je pourrai apprendre de toi?

- Bien des choses. Tu as reçu le don des Dragons Dieux. Personne ne peut t'aider sauf moi. Tu dois maîtriser le flux de la vie et de la mort.

Azéna devina qu'il n'avait jamais cessé de l'observer et qu'il devait savoir qu'elle pouvait contrôler l'élément de la vie. Il savait donc pour Turion et tout le reste. Frustrée, elle recula d'un pas et se mordit la lèvre inférieure. Il avait raison ; personne à l'académie ne pouvait l'aider sur cet aspect.

- Si tu n'es pas convaincue, laisse-moi te faire une démonstration, dit la créature.

Une main griffue dont la moitié était couverte de peau humaine et l'autre moitié d'écailles se glissa hors de sa large manche. Azéna n'en croyait pas ses yeux, des écailles violettes.

- Es-tu un dragon violet? questionna-t-elle complètement choquée de sa découverte.

- Non, répliqua la créature calmement. Je suis un pont entre ton peuple et celui des Dragons Dieux.

- Un pont?

Azéna ne comprenait pas où la créature voulait en venir. Elle n'eut pas le temps de jouer aux devinettes; son interlocuteur se mit à faire des mouvements étranges qui la rendit nerveuse.

- Observe bien le sol, commanda-t-il. Je ne le ferai pas deux fois.

Azéna hésita, mais obéit. Elle détestait se rendre vulnérable en présence d'un ennemi.

La créature agita ses deux mains en effectuant des espèces de vagues et quelques fleurs furent drainées de leur vie sous les yeux des deux individus. Azéna poussa un cri d'exclamation.

- Mais qu'est-ce que tu fais? Arrête ça. Tu es entrain de les tuer.

- C'est le cycle de la vie, expliqua la créature dans un grognement.

Il guida l'énergie vitale des fleurs mortes en continuant ses mouvements de vagues jusqu'à un jeune arbre qui n'avait pas eu la chance de survivre jusqu'à l'âge adulte. Son écorce semblait briller avec une nouvelle vie, un nouvel espoir. Ses branches se redressèrent et des petites feuilles poussèrent à une vitesse hallucinante. Il était à nouveau vivant.

- Tu as échangé la vie de quelques fleurs pour celle de cet arbre mourant? questionna Azéna, stupéfaite de ce qu'elle venait de témoigner.

- Précisément, répondit la créature sur un ton grave. Ce pouvoir peut provoquer des miracles qu'autrement seraient impossibles, mais si tu ne sais pas comment le contrôler, tu risques de causer bien du tort.

Azéna s'imagina en train de siphonner la vie d'un de ses amis sans le vouloir. Non, elle refusait de croire qu'elle était capable d'un tel pouvoir. Du moins, pas sans entraînement. Pas elle.

« Turion, songea-t-elle en espérant éveiller le dragon en elle. Est-ce qu'il dit la vérité? »

Après un moment, la présence du wyrm violet en elle grandit et elle sentit son esprit se faire repousser et dominer.

« Oui, répondit-il de sa voix caverneuse. Je n'en ai bien peur. »

Turion tenta de battre en retraite, mais il eut de la difficulté et ses efforts affaiblirent Azéna. La jeune demie-elfe finit par laisser tomber son arc et se retrouva à genoux, le souffle court. Finalement, le contrôle complet de son corps lui fut retourné.

- Pendant un instant, tes mains étaient semblables aux miennes, informa la créature d'un ton qui semblait presque triste.

- Quoi? rétorqua Azéna en panique.

Elle confirma que ses mains étaient normales et prit une grande respiration pour se calmer comme Maîtresse Nikala avait tentée si souvent de lui apprendre. La technique fonctionna moindrement. Elle ramassa son arc et se leva.

- Tu es dans une situation extrêmement délicate et dangereuse, dit la créature. Ton dragon ne peut pas t'aider. Il ne peut pas t'apprendre ce que tu dois savoir pour reconquérir la maîtrise de ton esprit et de ton corps en sa présence car tu es trop faible. Il se cache et asservit sa propre âme en tentant de te protéger. Il est très noble.

- Alors, laisse-moi deviner... Il ne me reste plus que toi? questionna Azéna avec méfiance.

- Tristement.

- Non, je refuse de te croire. Tu ne désires que me manipuler. J'ai une cinquantaine de dragonniers accomplis qui sont là pour me supporter. Je peux apprendre à contrôler l'élément de la vie avec eux!

Sur le coup, l'archère décocha une flèche en direction de la créature. Cette dernière déploya ses ailes et disparut dans la pénombre. L'adrénaline s'estompant, Azéna se laissa tomber au sol complètement épuisé. Elle ne savait pas trop quoi faire après ces révélations. Elle se sentait confuse et impuissante. Sa situation était unique et au fond d'elle-même, elle savait que la créature étrange avait raison. Tout-de-même, elle était déterminée à trouver sa propre voie.

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