BAISER DE LA TENTATION

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Nicholas

"La tentation d'une belle femme peut causer votre perte - si vous avez de la chance."

De Groucho Marx

À me regarder dans les bras de cette femme, je me rends compte que je n'ai jamais été homme à faire ça. Bien au contraire, car moi, je suis le diabolique Nicholas Tellier, celui qui en toutes circonstances se joue des femmes. D'ailleurs en temps normal, je ne prendrais jamais en considération les sentiments de cette fille. Je ne sais pas si c'est la douleur dans le reflet de ses yeux clairs, mais agir comme je le fais, bafoue toutes les règles que je me suis toujours imposées. Grand-père Tellier avait coutume de dire que toutes les femmes étaient avant tout des filles d'Ève. Donc, chemin faisant j'ai toujours pris le parti d'observer ce conseil au pied de la lettre, en ne m'attachant à aucune d'entre elles. De toute façon, comment faire confiance à une personne pour laquelle on devrait s'agenouiller tôt ou tard un jour ?

Les femmes ne sont pour moi qu'un instrument de plaisir et il ne s'est pas trouvée une faisant exception. L'amour n'est qu'un jeu superficiel de sexe et de pouvoir, elle ne fera jamais de moi son pantin. Celle qui croit me prendre dans ses filets n'est pas née et si cette fille accrochée à mon cou pense pouvoir m'attraper elle se trompe. Ceux qui se perdent dans les chausse-trappes de sentiments romantiques se leurrent dans des contes futiles. Je ne fais pas partie de ces imbéciles. C'est peut-être malhonnête, mais qui donc dans ce monde pourri se berce encore de bonnes intentions. Je ne suis pas du genre à faire de belles promesses d'éternité. Et même si cette belle inconnue m'attire bien plus qu'aucune de mes conquêtes auparavant, son destin à mes côtés n'est pas différent de celui des autres.

Alors que nous ondulons savamment sur cette vaste terrasse extérieure, collés sensuellement l'un à l'autre, notre alchimie atteint un niveau démentiel. À ce stade impossible pour moi de nier cette violente attraction. C'est bien malgré moi, qu'il me faut reconnaître que dès l'instant où mes yeux se sont posé sur elle, j'ai été totalement subjugué par sa beauté. Elle possède ce petit quelque chose de mystérieux qui rendrait n'importe quel homme complètement fou. Or, c'est bien en cela que réside le problème, car même si elle me plaît beaucoup plus que je ne veux l'admettre, je ne peux pas faire confiance à ce type de désir dévastateur.

J'ai eu l'occasion de constater les dégâts que pouvait faire cette dope. Je n'ai pas la moindre envie de me droguer à ce sentiment capable de me conduire à ma perte. Ma vie n'est construite que sur trois règles, la réussite, le sexe et l'argent. L'amour n'a rien à y faire, et j'entends bien continuer ainsi indéfiniment. Il est hors de question que cette attirance irrépréhensible que je ressens contrôle mon existence. Cependant, bien que ma tête accepte cette idée, le reste de ma personne semble être en absolu désaccord avec celle-ci.

Semblable à un je-ne-sais-quoi, quelque chose de bien plus fort que moi influence mon corps. Car au lieu de m'éloigner d'elle, une force invisible tente de me pousser inévitablement vers ce qu'elle m'offre. J'ai chaud, j'ai froid et mes émotions sont en parfait déséquilibre. Le pire, c'est que je ne sais même pas qui elle est, pourtant, je la veux. Je ne l'aime pas mais je la désire réellement, en tout cas bien davantage que cette théurgie plus que surnaturelle. Je ne me comprends pas, c'est presque comme si toutes les précautions que je tente de prendre sont vaines et dénuées de sens. Mon besoin de succomber, outrepasse amplement mes limites, au point de me laisser guider uniquement par mon instinct.

Les gestes que j'induis semblent tellement ralentir, que j'ai la sensation étrange de flotter au-dessus de nous. Le contact plus appuyé de ses formes voluptueuses m'électrifie si intensément que mes mains se mettent à voyager d'elles-mêmes. Elles caressent, glissent librement, effleurant de peau tout ce qu'elles peuvent. C'est exquis, si bon que je ne songe même plus au lieu où nous nous trouvons et encore moins à ce que nous sommes. Tout disparaît, sauf elle. Son odeur sucrée, son corps, ses cheveux bouclés, tous d'elle me fascine. Pour l'heure, je ne souhaite simplement que la goûter, me repaître de ses lèvres, m'abreuver comme si je revenais d'un voyage en plein désert. Céder à cette magnifique bouche écarlate qui ne cesse de me tenter.

Avec langueur, je trace de petits baisers de son lobe jusqu'à sa bouche que je touche à peine. Je la lèche, la mordille doucement l'invitant à s'ouvrir à moi. Ce qu'elle ne m'accorde pas tout de suite alors n'en pouvant plus, je demande.

_ Je t'en prie ma belle, j'ai besoin de toi, alors s'il te plaît embrasse-moi.

Je continue de baiser ses lèvres jusqu'à ce que je me retrouve soudain plaqué contre la rambarde. Sans que je ne comprenne comment, elle me tire vers elle, et sa bouche s'écrase littéralement sur la mienne. C'est complètement dément. Je n'ai jamais vécu un tel baiser. C'est brutal, euphorisant et bien d'autres choses que je trouve indescriptibles. Pourtant tout cela ce n'est pas moi, je ne sais ce que je fous.

Ma langue s'enroule autour de la sienne comme si nous avions fait ça toute notre vie. Je pourrais jouir sur place, s'il m'était possible. Toute pudeur s'envole lorsque dans un excès de désir elle se met à se frotter contre ma queue qui devient encore plus dure qu'auparavant. Merde, c'est grisant. Je n'ai jamais bandé aussi fort.

Un grognement m'échappe.

_ Putain ... je souffle car je ne m'attends vraiment pas à ce qu'elle tire mes mèches de cheveux de cette façon.

Alors que nous nous détachons juste un instant pour ne pas manquer d'air, elle gémit. Ses yeux brillent d'un bel éclat. Ses lèvres pleines sont rouges et gonflées, mais bordel qu'est-ce qu'elle peut être belle à m'en demander davantage.

_ Encore ..., crie-t-elle.

Ses doigts qui s'enfoncent dans la chair de mon épaule vont certainement me laisser des marques mais je m'en fous. Nous deux c'est explosif.

Loin de la rejeter, je recommence à l'embrasser fougueusement. Elle s'accroche encore à moi comme si nos deux vies en dépendent et là mon cœur que je croyait inexistant se met à battre.

J'halète de désespoir.

En fond une douce mélodie, puis boum, boum, boum...

Je n'arrive plus à respirer.

Boum, boum, boum...

Je suis comme en apnée.

Boum, boum, boum...

Je n'y crois pas.

Boum, boum, boum, boum, boum...

Puis accélération rapide, je l'entends cogner contre ma poitrine et ce bruit se répercutant dans mes oreilles est juste dingue. Je suis certain qu'elle l'entend aussi. Et tout aussi brusquement que ça a commencé, ça s'arrête, parce qu'elle me repousse abruptement.

Je manque même de tomber.

Alors que je m'apprête à l'interroger sur ce qui se passe, elle prend les devants en s'essuyant la bouche.

_ C'est une erreur.

_ Quoi ?

Planant toujours dans un brouillard sensuel, je n'arrive pas à réaliser.

Elle se répète.

_ Nous ne pouvons pas, c'est une erreur.

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