Découvrir des squelettes dans ses placards...

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Il paya le boucher et s’en alla, satisfait du prix qu’il avait réussi à négocier. Le goût de la viande fraiche lui manquait et il était impatient de recevoir sa première livraison dans la semaine. Ce n’était que la première boutique qu’il avait prévu de visiter aujourd’hui et la matinée tirait déjà à sa fin.

C’était probablement un peu discriminatoire de sa part, mais il avait préféré demander à un nain de s’occuper des aménagements de sa grotte. Ils avaient meilleure réputation que les bâtisseurs d’autres races et maintenant qu’il pouvait dépenser il n’allait pas s’en priver. Opalis avait rendez-vous avec lui dans peu de temps pour régler les derniers détails. Le nain Galdur avait pu répondre à toutes ces demandes et même le renseigner sans le savoir sur sa grande tante.

Au détour de la conversation quand il avait compris qu’Opalis avait hérité de Yowah de Risoh, il s’était plaint pendant de longues minutes qu’elle ne lui avait pas accordé le contrat de ses rénovations il y a une dizaine d’années.

— La vieille dragonne avait préféré un humain. Avec la réputation de voleur qu’il avait, elle a dû payer trois fois le prix que j’avais proposé, avait-il craché. J’ai jamais compris.

— Vous pensez que je pourrais lui parler ? Pour savoir ce qu’il a fait à l’époque.

— Même un nécromancien ne pourrait pas le ramener après tout ce temps. Il est mort quelques semaines après, et tant mieux pour mon business.

Un humain qui meurt ça arrive fréquemment — ils sont si fragiles — mais la coïncidence était étrange. Il ne pouvait s’empêcher de penser que sa grande tante avait fait construire quelque chose au bonhomme avant de le faire taire… Il n’avait pas insisté auprès du nain et avait changé de sujet de conversation.

Maintenant les travaux approchaient et il ne savait pas s’il voulait que Galdur trouve ou ne trouve pas quelque chose dans sa grotte. Être sûr, mais avoir un témoin gênant ou rester dans l’incertitude…

Il se délesta encore de quelques sous pour l’avance et le coût du transport par chariot du matériel. Galdur prendra une semaine pour arriver à la grotte et campera plus bas sur la montagne jusqu’à l’achèvement.

Avec toutes les nouvelles informations qu’il avait sur Yowah, il avait renoncé à chercher le revendeur d’Ydulria. Il ne doutait plus qu’elle disait la vérité sur le marché gris et la livraison mystère, mais se gardait bien de lui dire. Moins il en savait, plus serein il serait. Ce dont il avait conscience lui semblait déjà trop pour vivre tranquillement et profiter sans regret de son héritage. Ignorer le problème ne le ferait pas disparaître comme diraient ses parents, mais trop le titiller n’était pas bon non plus…

Pendant le vol retour, il percuta un détail. Si ces travaux dataient d’il y a dix ans, cela voulait dire qu’Ydulria était déjà présente et elle pourrait en savoir plus que le nain. Cependant elle ne devait pas sentir qu’il y avait un rapport avec les activités de sa grande tante, sinon elle fanfaronnerait d’avoir eu raison.

Il franchit la porte de chez lui avec un début de plan pour lui arracher les informations sans qu’elle s’en rende compte.

— J’ai d’excellentes nouvelles ! Les travaux bientôt vont commencer et tu seras mieux placée.

— Enfin le luxe que je mérite, soupira-t-elle d’aisance.

— Le nain qui va s’en occuper m’a dit que Yowah en avait fait il n’y a pas si longtemps. Tu te souviens de ce qu’elle avait changé ? Ça pourrait m’aider à voir ce qui doit être rénové cette fois-ci.

— Ah je me souviens vaguement d’un humain… Par contre, savoir ce qu’il avait installé ? Je ne sais plus du tout !

Opalis cacha de son mieux sa déception. Pas de réponses pour savoir où chercher un élément suspect. Il rajouta :

— D’accord, est-ce qu’elle était contente de son travail au moins ?

— Oui ! Elle avait même insisté pour lui amener un dernier paiement bonus après qu’il ait terminé. La mégère qui voulait remercier sincèrement un humain, ça s’oublie pas.

Un sourire amusé s’afficha sur la gueule d’Opalis, qui disparut bien vite quand il fut hors de vue d’Ydulria. « Un dernier paiement » et un discret assassinat n’avaient jamais sonné aussi similaires pour le dragon.

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