Damien

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Le reste de la semaine s’est déroulé normalement. Le jeudi a été une journée bien chargée entre les cours de 8h à 18h et l’appel que j’ai dû passer durant ma pause déjeuner. J’ai pu avoir un rendez-vous chez ma psychologue pour lundi.

Cela fait quelque temps que je n’ai pas été la voir, six, sept mois ont passé depuis notre dernier rendez-vous. J’espère que le lien qu’elle avait réussi à créer entre elle et moi est toujours intacte, sinon cela risque d’être plus difficile de parler de mes problèmes.

Ce rendez-vous m’angoisse et m’apaise à la fois, je sais qu’en parler à ma psychologue va m’aider. Elle va trouver une solution, un moyen pour que je me clarifie l’esprit et que je puisse dormir.

Soudain, quelqu’un me sort de mes pensées en me passant une main devant les yeux, c’est Loïc, je me souviens alors que je suis en pleine permanence au Girofard. Il me fait signe d’arrêter de rêvasser et de me remettre au boulot, ce que je fais sans me faire prier, j’aimerais éviter de m’attirer les foudres des autres bénévoles.

Quelques heures plus tard, je suis dans le train en route vers chez moi, je me demande bien comment je suis arrivé là. J’ai continué de rêvasser toute la journée, je suis passé sur pilote automatique pour ne pas me faire réprimander plus que je ne l’ai déjà été.

Ce doit être le manque de sommeil qui commence à vraiment m’affecter, j’ai bien fait de prendre rendez-vous dès lundi.

Quand j’arrive à l’appartement, ma mère a déjà préparé quelque chose. Je devine à l’odeur sucrée, caramélisée, qu’elle a préparé du pop-corn et que nous allons nous faire une après-midi film. A l’instant où elle me remarque, elle vient vers moi, me débarrasse de mes affaire et me fait signe de m’installer sur le canapé. Quelques minutes plus tard, elle arrive avec un bol de pop-corn géant et nous lançons le film. Je m'endors assez rapidement, ma mère avait dû deviner que j'étais très fatigué pour nous préparer quelque chose comme ça.

Mes yeux papillonnent puis s’ouvrent finalement. J’ai l’impression d’avoir passé la nuit la plus reposante depuis des jours. Mais je me rends compte en regardant par la fenêtre que nous sommes le soir.

(dessin fenêtre)

La journée me revient en mémoire, je me suis endormi devant le film qu’avait préparé ma mère, c’est même sûrement sa présence qui m’a aidé à m’apaiser et à avoir un sommeil vraiment réparateur.

Je le cherche du regard dans la pièce, elle n’est pas là. C’est à ce moment-là que j’entends des bruits de casseroles légers, elle s’efforce de ne pas faire de bruit car elle pense que je dors encore. Je me lève et vais la voir dans la cuisine.

– Oh ! Désolée je t’ai réveillé, me demande-t-elle, un voile de culpabilité couvrant son visage.

– Non non, ne t’inquiète pas, je m’empresse de la rassurer. Merci de m’avoir laissé dormir, ça m’a vraiment fait du bien.

Un sourire d’apaisement se forme sur ses lèvres.

– De rien mon ange. J’ai bien vu que tu étais épuisé, et puis quand j’ai vu ton visage tellement détendu quand tu dormais je n’ai pas osé te réveiller.

La discussion s’enchaîne et je l’aide à préparer le dîner, c’est la moindre des choses après tout.

Après que ma mère soit allée se coucher je décide de rester encore un peu sur le canapé, je ne risque pas de m’endormir bientôt vu la sieste que j’ai faite en rentrant tout à l’heure.

En me connectant sur Discord je vois un nouveau message d’Angel :

(samedi 25 janvier, 22h32)(dessin message Angel : Hey ! J’ai trouvé quelqu’un pour m’accompagner au CACIS lundi prochain. Tu n’as pas de soucis à te faire. Je te tiendrais au courant pour les résultats.)

Je suis ravi qu’il est trouvé quelqu’un pour y aller avec lui, je sais à quel point ça peut-être difficile d’aller quelque part pour la première fois, surtout pour ce genre de choses, s’il reçoit une mauvaise nouvelle il vaut mieux qu’il soit accompagné. Je lui réponds ceci et ajoute que s’il veut, pour le rassurer, je peux lui expliquer comment se déroule la consultation.

Il me répond par l’affirmative. Je lui décris donc comment cela s’est passé la seule fois où j’y suis allé. Tristan m’avait de l’accompagner se faire dépister quelques jours après que l’on se soit rencontrés. J’avais accepté sans rechigner, je pensais juste y aller en tant que bénévole. Sauf que je n’ai pas juste attendu dans la salle d’attente, j’étais avec lui durant chaque étape, ce qui, en prenant du recul, est vraiment bizarre, on se connaissait à peine.

En revenant à moi, après m’être perdu dans mes pensées, je remarque un nouveau message :

(samedi 25 janvier, 22h40)(dessin message Angel : Ça m’intrigue que tu m’aies proposé de m’expliquer comment tout ça se passait, es-tu toi même anxieux ? (désolé si cela paraît indiscret, tu peux évidemment décider de ne pas me répondre ^^’’)

(22h41)(dessin message Damien : Non t’inquiète pas, tu peux me poser autant de questions que tu veux. Et la réponse est non, je ne suis pas anxieux, mais un proche, en l’occurrence ma mère, est anxieux.)

(22h43)(dessin message Angel : Oh d’accord ! ^^ Hé bien, je trouve ça très bien que tu inclus les personnes anxieuses, ou toute autre personne aimant savoir comment tout se déroule avant de le faire. En tout cas merci, ça m’enlève une grande part de stress ^^’’)

Son message m’étonne, je ne m’attendais à ce qu’un jour on me remercie de quelque chose d’aussi normal que d’inclure le maximum de personnes dans ma façon de travailler. L’inclusion de tout le monde me semble vraiment importante. Comment pourrait-on aider les gens si on n’inclut pas tout le monde ? J’essaie de faire du mieux que je peux, je sais que je fais sûrement encore des erreurs sur certaines choses mais j’aspire réellement à une inclusion totale, dans tous les milieux, même si cela semble relever de l’utopie.

Je lui réponds donc que je n’ai aucun mérite, que cela me semble normal de le faire, qu’il n’a pas à me remercier d’une chose qui devrait être fait d’office. Une colère monte en moi au fur et à mesure que je tape mon message, comme à chaque fois que je pense à tous les problèmes dus au manque d’inclusion je me mets en rogne.

Cependant ce n’est pas vraiment le moment. Je pose mon téléphone, ferme les yeux et fais quelques exercices de respiration, que j’ai appris à faire avec ma psychologue, pour faire redescendre ma colère.

En reprenant mon téléphone je vois qu’Angel s’excuse, mes sourcils se froncent d’incompréhension, ce n’est pas sa faute tout ça, je le lui rappelle donc. Notre discussion continue son cours jusqu’aux environs de 23h, heure à laquelle, j’ai remarqué, il n’est plus connecté généralement. N’étant pas fatigué je prends mon livre du moment et lis jusqu’à ce que mes yeux tombent de fatigue.

Des bruits de métal, ça s’entrechoque, un combat d’épée ? Quand j’ouvre les yeux totalement et que je suis réveillé je me rends compte que c’est seulement ma mère qui est déjà aux fourneaux pour le dîner avec Chris.

La panique se déploie en moi, quelle heure est-il ?! J’attrape mon téléphone en vitesse, il indique 11h05.

(dessin téléphone Damien avec heure)

je me précipite hors de mon lit. En jetant un œil dans ma chambre je remarque que c’est quand même un peu le bazar, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour ranger cette semaine. Et si elle faisait faire un tour de la maison à Chris ? Ce serait un peu la catastrophe. Je décide donc de ranger un peu tout ça, et non pas sous le lit mais chaque chose à sa place.

Je ne m’attarde pas trop non plus, il est déjà 11h20 et il faut que je prépare avant l’arrivée de Chris à 12h. Les vêtements que j’avais préparé la veille m’attendent dans la salle de bain, je n’ai plus qu’à aller me laver.

Une fois ma douche finie, je m’habille. J’ai choisi quelque chose de simple mais d’un peu formel quand même : un pantalon noir slim, mon préféré;une chemise à manche courte bleu-vert beaucoup trop grande pour moi, c’est aussi une de mes préférées. Je me coiffe comme d’habitude, de toute façon avec la coupe courte que j’ai je n’ai pas vraiment le fois. Il ne manque plus qu’une touche de parfum et je suis prêt.

Je rejoins ma mère en cuisine.

– Maman ? Tu n’es pas encore habillée ?

– J’ai encore le temps ne t’inquiète pas pour ça.

– Heu pas vraiment en fait. Il est déjà 11h45.

Je vois son visage se décomposer sous mes yeux. Elle pensait réellement qu’il était plus tôt.

– Ne t’inquiète pas, va te préparer je m’occupe de dresser la table.

– Merci mon ange, tu es un amour, me lance-t-elle en courant vers la sale de bain. Un rire m’échappe.

Je ne sais pas qui nous deux est le plus stressé. C’est une grande première pour l’un comme pour l’autre. J’espère sincèrement que ce dîner va bien se passer. Ma mère ne laisserait jamais quelqu’un venir chez nous si elle ne lui faisait pas confiance.

Ding dong. Il est là. Ma mère est encore en train de finir de se préparer, c’est donc moi qui lui ouvre. En ouvrant je découvre un homme de taille moyenne, vêtu d’un pantalon bleu marine, d’une chemise blanche. Il porte une légère barbe brune, ses cheveux forme un petit tas de boucle au dessus de sa tête. Ce qui m’étonne le plus est son visage, il arbore une léger sourire qui, j’en ai l’impression, porte toute la tendresse du monde.

– Bonjour, entrez je vous en prie, li dis-je en lui faisant signe d’entrer.

– Tu peux me tutoyer, dit-il l’air gêné que je l’ai vouvoyé.

– D’accord.

Ma mère arrive en trombe dans l’entrée à ce moment-là.

– Je suis désolée Chris, j’étais encore en train de me préparer, s’excuse-t-elle en s’avançant vers lui pour l’étreindre.

– Ne t’inquiète pas pour ça, lui répond-il en l’étreignant fort.

Un silence gênant s’installe , mais ma mère le dissipe rapidement en nous incitant à aller dans la cuisine pour commencer à prendre l’apéritif et discuter.

Au début, c’est étrange de discuter avec lui, je ne le connais pas et le fait qu’il soit chez nous rend la chose encore plus inhabituelle. Mais finalement la discussion s’enchaîne vite. Nous parlons de mon bénévolat au Girofard, cela intéresse beaucoup Chris qui aimerait peut-être y aller. Il mentionne qu’il est assez triste de ne pas pouvoir y être bénévole avec son métier d’infirmier qui lui prend tout son temps et toute son énergie.

Le déjeuner passe en un éclair. Nous décidons d’un commun d’accord d’aller nous balader dans un parc près de chez nous. Le temps passe sans que l’on s’en aperçoive et il est déjà 17h quand ma mère et moi rentrons, nous avons laissé Chris en bas de chez nous pour prendre le bus.

– Alors, m’interpelle ma mère, comment tu le trouves ?

– Il est vraiment sympa, j’ai passé une très bonne après-midi.

Un soupir de soulagement s’échappe de ses lèvres. Elle me dit qu’elle est contente que l’on s’entende bien et qu’on refera ça sûrement bientôt si je suis d’accord.

– Avec plaisir maman, je lui réponds, un sourire plaqué au visage, et quand je relève la tête, le même sourire égaie le visage de ma mère.

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