Partie 2/ : 18h00

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 Le ciel était gris, il pleuvait doucement. L’odeur de tout à l’heure était toujours bel et bien là, à la fois écœurante et excitante.

-Regroupez-vous logiquement bordel, gueula Drosh comme il savait si bien le faire, putain mais les gars réfléchissez deux minutes, Drogo et Tyrion asseyez-vous par terre, Stark et Chaos debout ou assis sur le mur là-bas.

Les troupes s’organisèrent et en presque 2 minutes on aura dit un bon petit club de foot tout rassemblé, sauf qu’on avait ni ballon ni maillot, juste nos combinaisons et nos armes, autre lieu autre ambiance écoutez…

-Très bien ! Tout le monde m’entend ? cria-t-il avec cette voix aussi douce qu’un pot d’échappement de tracteur, Super ! Alors les enfants, comme pouvez l’entendre là-bas c’est un sacré bordel, pire qu’il y a deux jours d’après nos unités « drones », va donc falloir accrochez vos balls solidement parce que j’vais pas vous mentir en arrivant là-bas y’a des chances qu’elles se décrochent.

C’était beauf, bien entendu, mais on était au-delà de ça actuellement.

-Mesdames, enchaina-t-il, je vous laisse les pistolets à colle je ne suis pas doué avec ces choses-là.

Voilà là c’était vraiment beauf mais tout le monde rit, dames comprises.

-Bon maintenant que tout le monde est mieux dans son pantalon j’vais vous expliquer le plan les enfants. Fredo projo !

Fredo qui était positionné sur le toit alluma l’hologramme portatif de la Compagnie et le bunker dont l’ordre de mouvement nous avait fait part apparu devant le Capitaine.

-Je vous présente le Bunker « CS-547 », « CS » pour « Choix Stratégique », ouais ils ont moins d’inspi que nous pour les noms de codes c’est sûr… Bref ! C’est pas la question. On n’a malheureusement pas les plans intérieurs du bâtiment donc une fois sur place on est en roue libre et on repère les lieux. Je veux une cartographie totale du bâtiment avant même que tous ces chacals en aciers soient complètement morts.

La pluie se faisait de plus en plus intense alors que le ciel commençait doucement à s’assombrir en cette soirée d’Octobre. La Compagnie entière n’avait Dieu que pour le Capitaine, toutes ses paroles s’inscrivaient dans nos esprits et chacun comprenait ce qu’il avait à faire quand où et avec qui. Voici ce qui faisait de notre Compagnie l’une des plus efficaces et reconnues à ce jour, nous étions soudés avec nos 175 coéquipiers, chacun connaissait non seulement ses mouvements et ses missions mais aussi ceux de chaque autre membre du groupe, les escouades s’activaient toujours en rythme et les imprévus étaient toujours anticipés, voilà c’que c’était la 44ème, de l’organisation et du talent.

-Bien ! Maintenant que vous avez examiné les lieux, voici vos ordres : pour commencer je veux que le Drogo attire tous les putains de canons ennemis ? Compris ? Si ces boîtes de conserves ne vous tire pas dessus je veux que ce soit soit parce qu’elles se chient de l’huile dessus de trouille de sortir de leur cachette soit parce que leur putain de processeur est grillé ok ? Vous vous démerdez comme vous voulez mais je veux que vous me créiez un point chaud pour que le Tyrion se faufile sur les côtés du bâtiments sans recevoir un seul putain de tir. Ensuite le Stark, vous serez en arrière ligne, vous avez la meilleure escouade de tireurs de précisions de tout le régiment. Je veux deux postes fixes d’arrière lignes à moins de 500m de l’entrée du bunker avec des médics et un service de relais communication du feu de Dieu, je dois pouvoir parler à mes hommes comme si je leur léchai l’oreille pigé ? Voilà pour les pelotons.

Il fit une pause et balaya du regard l’assemblée. Un petit rictus de rire et fierté lui apparut et une faussette se format sur sa joue gauche. Son regard était passé de celui d’un instituteur à celui d’un coach de foot avec une stratégie vicieuse et audacieuse.

-Maintenant nos cracks…

Un murmure d’entrain se fit entendre dans toute la Compagnie. L’Escouade Chaos, c’était le plat de résistance.

-Ok. Voyez-vous ce mirador jeunes gens ? lança le Capitaine en pointant du doigt une des quatres tours du mur d’enceinte, ça on a de sérieuses raisons de penser que c’est ici qu’il garde un truc précieux, pourquoi en hauteur et en évidence me direz-vous ? Eh bien je répondrais à cela par le bon vieux : « Plus c’est gros, plus ça passe ». Voici votre mission les 11 fayots là, 4 heures après le lancement de l’assaut, que la porte d’entrée soit ouverte ou pas, je veux savoir ce qu’il y a dans cette tour, et je veux en savoir plus que sur ma femme c’est compris ?

Toute la Compagnie acquiesça d’un geste de tête alors qu’il semblait qu’elle bouillonnait toute entière.

-J’aime vos regards les bleus. Dans quelques secondes je vais siffler dans ce sifflet et ça sonnera vos 3 heures de préparations à l’assaut. Je veux que tous les chefs d’escouades soient prêts dans 2 heures et viennent dans la pseudo salle de commandement. Dans exactement 210 minutes et pas une de plus, je veux qu’il ne reste dans ce bâtiment qu’un poste de communication mobile, une escouade en relais radio et nos deux fucking mortiers longue portées.

Il fit une pause.

-Allez en piste.

Tout le groupe cria alors d’une même voix ne pouvant retenir son envie d’en découdre.

J’ai commencé par retrouver la section. J’aperçu Hoove qui m’attendait à l’entrée de ce qui avait été déterminé comme quartiers du Chaos pour les 4 derniers jours.

-Alors beau gosse chaud pour ce soir ? me lança-t-elle avec un regard charmeur.

-Toujours chaud ma belle, répondis-je en souriant, ça faisait longtemps qu’on avait pas bougé de nuit.

-Ça rend les choses plus romantiques j’aime bien.

-T’es vraiment la seule qui trouve qu’exploser des robots est d’une quelconque manière romantique, dis-je en riant.

-Oh les tourtereaux rassemblez nos fusils et chargez les au lieu de vous galocher à distance, entendis-je derrière moi.

Je me retournai et aperçu Lock et Mani, leurs fidèles sulfateuses à la main, le débardeur imbibé de sueur et de graisse, le corps suant un foulard sur le crâne pour Lock et une casquette « Born To Kill » pour Mani.

-Fais pas le jaloux Lock, rétorquai-je, c’est parce que tu roules des pelles à un Krägerl 40.4mm que tu faire chier tout le monde.

-Ouaaais c’est ça, me répondit-il en me marchant presque dessus, pousse toi au lieu de raconter des conneries.

On aurait dit que le bâtiment reprenait vie après 4 jours de coma. Toute la Compagnie s’activait : les gens s’activaient dans les couloirs, portaient des armes, des munitions, des grenades, des équipements, de la bouffe, certains chargeaient des caisses d’explosifs, d’autres prenaient des douches, ah oui, on avait des douches bordel, et ça je vous assure que ça n’avait pas de prix. J’aperçus Holson en arrivant dans les quartiers du Chaos, il alignait un nombre incalculable de munitions sur une table.

-Holson tu sais qu’elles seront plus efficaces dans un chargeur que bien rangées sur une table, lui lançai-je en riant.

-J’vérifie que y’en a pas une sabotée connard, répondit-il en se retournant, oh putain princesse c’est pas trop tôt, t’étais passée où ?

-Je nettoyais notre relais com sur le toit, dit Hoove, pourquoi j’t’ai manqué gros barbu ?

-Oula t’es malade, jamais j’oserai prétendre à quoi que ce soit face au gaillard à ta droite, dit-il à son tour en me regardant, d’ailleurs fillette t’as pas vu un de nos chalumeaux électriques ? C’est le seul truc qui manque dans ton paquetage avec les capotes XS.

-Oooh t’as fait mon paquetage Hols’, répondis-je d’un ton bien sarcastique, t’aurais pas pris ses fameuses pour toi par hasard, nan parce que si tu veux des conseils tu m’appelles hein, y’a qu’moi qui sert ici à c’que je sache.

Il ne répondit pas et rit avant de retourner compter ses balles.

Hoove s’était arrêté dans son ramassage de vêtements et me lançait un de ces fameux regards qui balançait entre le « Qu’est-ce que tu viens de dire batard ? » et « Dans les chiottes dans 5 minutes bg ». Je la fixai à mon tour en riant doucement.

-Hoove, lança le Sergent-Chef Bounds en faisant irruption à la porte, chéri si tu veux le manger il te reste plus que 3 heures donc amène moi mon putain de paquetage, les trois caisses qu’on nous a attribué et ramasse moi tous tes putains de sapes, toi le bourreau des cœurs tu l’aides où je vous passe à la cour martiale pour activités sexuelles trop abondantes, merci bien.

Puis elle repartit sans nous laisser dire quoi que ce soit. Hoove se retourna de nouveau vers moi, me fit un clin d’œil et continua à ramasser ses affaires. Je fis de même en souriant devant tant de bonheur : honnêtement, franchement, sincèrement, je pense être le seul de toute la division à pouvoir me lâcher avec une fille aussi canon sans pour autant avoir un quelconque engagement sentimental. Je savourai ce bonheur chaque jour depuis 2 mois devant le regard haineux de mes autres camarades qui n’avaient pas accès à cette véritable terre promise.

Je quittai la pièce pour le couloir où le traffic n’avait pas diminué : entre les mecs en serviettes brosses à dents dans la bouche, ceux en tenue de camouflage le paquetage chargé et les armes prêtes et luisantes ou encore ceux qui jonglaient avec leur grenade à fragmentation, voilà ce qu’on appelait la 44ème.

Je réussis à travers le couloir et arrivai dans l’aile de stockage, où l’on avait rangé tout notre gros matos. J’aperçus alors le reste de la section : le Sergent Drom, Jules, Proma, Golg et Wivern.

-Alleluia ! lança Drom en me voyant arriver. Tous les autres se retournèrent.

-Encore en train de faire gueuler Hoove dans un coin l’artiste ? me lança Golg avec ce fameux rire poncé par la cigarette et le whisky.

Je ris une fois de plus, non seulement parce que c’était si beauf que ça en devenait drôle mais aussi parce que, on va pas s’mentir, on allait tout de même pas partir défourailler du méca avant de s’être « entrevue » en privé.

-Toujours un plaisir ces petites remarques poétiques Golg, lui rétorquais-je en saluant le Sergent.

-Fini de rire les gosses, j’vous brief sur le matos, commença Drom, comme vous l’avez peut-être compris, Drosh nous accorde un buggy sur ce coup, on a donc pour ordre de pas gâcher cet avantage stratégique et de s’en servir pour atteindre ce putain de Mirador sans se faire caner.

Il se tourna et enleva la bâche qui recouvrait le véhicule. Il était semblable à une sorte de 4x4, il y’a deux places à l’avant et l’arrière était polyvalent, on pouvait soit y installer 2 à 4 autres sièges ou d’autres modules comme des armes, fixer des gros chargement, des relais communication etc…

-Notre cher et tendre pilote de course Proma nous fera le plaisir de nous conduire sur la Phase 1 de déplacement que Drosh vous expliquera toute à l’heure, une fois sur place le groupe mobile sera composé de Jules, Lock, Mani et donc Proma. On va vous charger avec la 65mm qu’on a trouvé hier dans les sous-sols. Proma pilotera, Jules tu seras copilote, Lock et Mani se chargeront de la sauce à lâcher sur ces salopes, c’est retenu ? Je transmettrai à nos jumeaux de la gâchette. Pour votre part Golg, Wivern et Jäger je vous explique votre mission pendant la Phase 1.

Le groupe acquiesça de la tête.

-Très bien. Il vous reste environ 3 heures. On se retrouve après l’annonce du plan.

Proma se jeta sur le buggy, il semblait baver à la vie du bolide ça en devenait presque malsain. Je fis donc demi-tour et croisa Jorge de l’Escouade Vrille du Tyrion.

-Ooooh Jäger ! cria-t-il en m’apercevant, qu’est-ce tu fous dans le stock, pas en train de tringler Madame ?

4 remarques en moins de 20 minutes, on approchait du record.

-Tain mais y’en a pas un qui pense à autre chose en me voyant ou c’est comment ? remarquais-je en riant et en lui faisant l’accolade.

-Bah excuse nous hein mais que dire face au seul boy d’au moins tout le régiment qui se tape une gadji, et Dieu sait que c’est pas n’importe quelle gadji.

-C’est pas une raison, c’est pas forcément agréable que tout le monde me voit comme le quetard de service à chaque putain de fois.

-Oh pauvre chou, tu crois pas que y’a pire quand même, me dit-il en ricanant, bon outre tes moments privilégiés, tu la sens bien c’topé ? Vous passez par le même chemin que le Tyrion sur place nan ?

-Yes on passe par l’Est avec vous c’est la Bibine qui nous couvre sur le sprint final même.

-Ça marche, on essaiera de pas trop vous en mettre dans le cul alors, enchaina-t-il en s’écartant peu à peu.

-Ose tirer à moins de 20 mètres de ma gueule et on fait demi-tour pour se servir de toi comme bouclier batard, rétorquai-je en m’éloignant à mon tour.

-Ouais c’est ça, fais ton taff et s’revoit à l’intérieur chacal ! me lança-t-il avant de se retourner et de reprendre son chemin.

Je retournai donc aux quartiers de la Section en tentant de gêner le moins possible dans le couloir où des mecs à moitié à poil et des mastodontes armés jusqu’aux dents se baladaient toujours. La porte était fermée à clé. Je regardai de part et d’autre du couloir pour voir un gars de la Section.

-Holson ! criai-je à travers tout le monde. Il se retourna et me fit un signe de la tête. Je lui fis à mon tour signe que la porte était bloqué et il me répondit d’un coup d’épaule dans le vide. Très bien, à l’ancienne ducoup. Je pris un pas d’élan et enfonça la porte qui se débloqua toute seule et s’ouvrit tranquillement. Le dortoir était clean comme jamais, un paquetage sur chaque lit avec une arme et un casque à côté, tous les vêtements avaient disparu, bien rangés dans les sacs, les draps avaient été enlevés et pas une seule balle ou grenade ne trainait par terre. Oui des grenades. Tranquille on est habitué depuis le temps.

Une main se glissa sur mon flanc droit, par réflexe je mis ma main gauche sur mon arme de poing avant que deux neurones s’alignent et que je comprenne. La main glissa sur ma hanche avant d’arriver sur mon entre-jambe. Un menton se glissa sur mon épaule droite et j’aperçu du coin de l’œil ces lèvres pulpeuses et brillantes dont j’avais eu le privilège d’accéder pour la première fois il y a deux mois de cela. Je pris sa main droite de ma main gauche et me retournai, je lui saisis le flanc gauche de ma seconde main et la poussa contre le mur. Elle claqua la porte d’une main avant de la posée sur ma nuque et tira ma tête si bien que mes lèvres « s’emboitèrent » (meilleur calage de ce verbe de toute ma carrière) dans les siennes.

Après une vingtaine de minute à s’échanger nos salives la porte trembla sous les coups que je reconnus être ceux d’Holson, lourds et bourrin.

-Oh Jäger t’es la dedans ? cria-t-il.

Je glissai mes lèvres dans le coup de Hoove, l’obligeant ainsi à répondre, eh oui, la stratégie à se place dans tous les moments de la vie. Elle rit doucement alors que je commençai à marquer sa peau.

-Nan il est pas là pourquoi ? répondit-elle d’une voix mielleuse et gémissante.

-Putain Jäger c’est pas possible lâche la deux secondes bordel y’a tous nos putains de paquetages à l’intérieur et en plus Bounds t’appelle à l’étage pour vérifier les grappins et les lances roquettes, me demande pas le rapport.

Je terminai mon suçon par un bon coup de dents plus haut dans son cou qui la fit sursauter. Je me décrochai d’elle tout en la gardant plaquée contre le mur et lui lançai un clin d’œil avant d’ouvrir la porte d’une main.

-Espèce de gros con, me cracha Holson en me voyant apparaître devant lui, tu peux pas attendre 1 ou 2 heures que tout le monde soit un peu près prêt pour aller lui mettre son coup à elle hein ? Tain c’est pas possible t’es le seul qui touche à une meuff dans c’te putain de compagnie et t’es celui qu’a le plus la dalle, j’appelle ça de l’irrespect soldat.

Je souris et partit en direction de l’étage supérieur tout entendant derrière moi :

-Et toi là tu veux pas mettre ta langue dans ta bouche au lieu d’aller lui tâter les amygdales à la moindre pause, bordel vous êtes deux putains d’animaux c’est pas possible.

En montant les escaliers je me rendis compte à quel point j’avais la chance de trouver mon bonheur dans cette foutue guerre. J’avais une Compagnie en or, une Section équivalente à une famille et surtout ce canon de Hoove. Sah, quel plaisir.

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