Chapitre 1

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Je regardai l’horizon.

J’avais cette habitude depuis l’enfance. Cela m’apaisait. Et désormais, comme je vivais au bord de l’océan, je ne m’en lassais plus.

Dans le ciel brouillé de cette journée pluvieuse, quelques sternes évoluaient.

Dans deux jours, ce serait la fin des classes, et la saison touristique serait bien entamée. J’aurais alors beaucoup moins de temps, et surtout la plage ne serait pas aussi calme pour que je puisse y venir en toute quiétude. Je ne pourrais le faire que tôt le matin ou alors le soir, mais avec ma puce cela serait plus difficile d’agir ainsi. Si j’appréciais les moments que nous passions ensemble, je ressentais toujours ce besoin de solitude, que je pouvais assouvir dans cette petite crique isolée et peu connue des touristes.

Par conséquent, je profitais autant que je le pouvais de ces instants de sérénité volés.

Et demain, pareillement.

Assise sur un rocher, je guettais le moindre bruit, le moindre tressaillement à la surface. Cette contemplation me permettait de m’évader, de penser à autre chose.

Si ma vie avait basculé sur une plage, cela n’empêchait pas que c’était auprès de l’océan que je trouvais la sérénité. Cela avait toujours été ainsi. Et je sentais que ce serait toujours le cas. Il y avait quelque chose qui m’attirait vers lui, inexorablement.

Au bout de quelques instants, je me levai du rocher et je commençai à gravir le raidillon qui menait à la plage, serpentant entre les rochers, puis dans les terres. C’était mon chemin coutumier et j’en connaissais chaque recoin. Il conduisait juste derrière le cimetière, où les tombes étaient pour la plupart tournées vers la mer. Je pris ma voiture que j’avais garée sur le parking. Puis je rentrai dans le village et me rendis à la crêperie situé sur le port, où je travaillais. Demain, je reviendrai un peu plus tôt.

Aujourd’hui, il pleuvait encore. Ce début du mois de juillet était plutôt morose. Mais cela importait peu.

Devant moi, je contemplais les vagues se perdre dans les rochers. Le crachin noyait ce paysage, et les tons de gris dominaient, se mêlant au ciel ou à la mer. Cela donnait un paysage uniforme, mais d’une grande douceur, qui n’avait rien de tempétueux.

J’adorais ces moments-là, autant que les levers ou couchers de soleil.

Pour moi, cette pluie était vivifiante. Elle me donnait de la force. Et puis sous ma capuche, j’étais protégée. Sans compter que je m’étais placée de manière à ne pas recevoir d’eau.

Enfin, il allait falloir que je me décidasse à partir et à me rendre au travail.

Je soupirai doucement.

La vie réelle m’attendait.

Soudain, il y eut ce clapotis dans l’eau qui m’interpella. Certes, cela pouvait être le bruit de la pluie sur l’eau, mais je connaissais très bien ce son, et là, c’était différent, comme si quelque chose sortait de l’eau brusquement.

Je m’avançai pour vérifier mes impressions, tout en veillant à rester dissimulée derrière les rochers.

Et il me sembla me statufier.

Un homme était là, il sortait de l’eau. Un homme comme on n’en voyait qu’au cinéma ou sur les pages glacées d’un magazine. L’eau ruisselait sur son torse nu. Face à ce spectacle plus que surprenant, je fermai les paupières, puis les rouvris. Il fallait que je vérifie. Oui, il était bien nu. Nu et superbe. Une longue chevelure blonde lui descendait à moitié du dos.

Je n’osais plus faire un geste face à cette apparition étrange… et séduisante.

Je retenais mon souffle. Je n’avais jamais vu une telle chose, et subitement les légendes anciennes m’assaillirent l’esprit.

Sirènes, tritons… Tout un monde merveilleux qui permettait aux anciens de comprendre le monde.

Mais cela ne pouvait être vrai !

J’éloignai cette étrange pensée pour observer plus attentivement les agissements de cet individu.

Je le vis se diriger vers les rochers qui faisaient face à ceux derrière lesquels je me trouvais, et plonger sa main dans un interstice. Je connaissais suffisamment les lieux pour savoir que sauf en cas de tempêtes vraiment très fortes, ce coin-là n’était jamais submergé. Avec surprise, je l’aperçus y saisir un sac d’où il tira des vêtements.

Je le regardais s’habiller, n’en revenant pas.

Ce n’était manifestement pas la première fois qu’il venait ici. Il avait des habitudes clairement établies.

Et ma curiosité s’aviva.

J’avais vraiment besoin d’en savoir davantage !

Il prit le même sentier que moi sans aucune hésitation, ensuite il pivota en sens inverse à la direction qui menait au village. Puis je ne le distinguais plus, ne pouvant plus rien voir sur la route de là où je me trouvais.

Je sortis de ma cachette, encore stupéfaite par tout cela. Je restais quelques instants immobile.

Puis je secouai la tête : il fallait que je revienne à la réalité, que je me rende au travail très vite. Je montai donc le sentier qui menait en haut des rochers, puis je jetai quand même un coup d’œil vers la direction où l’homme était parti, seulement je n’aperçus aucune trace de lui, ne distinguant nulle chevelure blonde sous le soleil.

Avais-je rêvé ces moments ? Mais je rejetais vite cette interrogation. Tout cela s’était bien produit, et je me jurai de voir si cela recommencerait, quitte à venir tous les matins ici.

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