Brad#33 - Plus qu'un

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Et si nous fermions les yeux quelques minutes. Si pour une fois, nous acceptions de nous accorder un temps, un répit, dans le ballet incessant des pensées et obligations. Si comme ils le préconisent, nous relâchions nos tensions, oubliant la liste des inépuisables « il faut », « il faudra », « n’oublions pas de ». Si nous cédions à cette injonction de mieux nous connaitre, nous accepter, lâcher prise, est-ce que la minute d’après nous serions différents ? Serions-nous plus heureux, plus épanouis, plus à l’écoute, de qui ? De nous ? D’eux, les autres ? Ne le sommes-nous pas chaque jour, pas à chaque minute certes, mais n’est-ce pas le fardeau de la communauté que d’être à l’écoute des autres. Ou est-ce la chance de la communauté ? Ne pas juste s’écouter soi-même. Et qui nous écoute, nous ? Qui nous écoute vraiment ? Ce vide, cette absence de but qu’entraine la méditation, est-ce si souhaitable ? Est-ce pour échapper au vide que notre esprit refuse de poser les armes ou de peur d’en être transpercé, par un violent effet boomerang, à la seconde où il les posera ? Est-ce que le lâcher prise suffit à réendosser, à la fin de la séance, avec aisance et joie le fardeau quotidien alors que l’espace intérieur se réduit chaque jour, envahi par nos autres ?

Nous ne savons pas. Nous croyons parfois nous rappeler avoir essayé, avoir réussi une fois, lors d’une belle semaine, d’une douce séance. Une forme de sérénité s’était étalée dans notre poitrine, libérant nos poumons asphyxiés, avant qu’une vague réminiscence nous projette à terre, nous écrase au sol, nos yeux fixés sur ces mains pleines de sang. Lavez, lavez sans cesse, cela ne partait jamais. Alors au centre de nous, le colosse se dressa, attrapa le souvenir par ses os saillants et le jeta au fond d’un inénarrable gouffre. Nous hurlions, nous hurlions, jusqu’à ce que des mains nous maitrisent, jusqu’à l’apaisante injection. Alors le jour d’après, nous nous relevons, docile en apparence alors que seule une maitrise de fer nous maintient debout. Ils nous disent que tout ira mieux. Ils n’ont rien compris. Le colosse décide désormais. Ils ne savent pas de quoi nous sommes capables.

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