Une peinture érotique

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Aussitôt, sa proposition de se revoir dans la soirée demandée, je me prête au jeu. Avoir James uniquement pour moi dans mon appartement est presque inconvenant. Le fait qu'il soit aussi mon professeur, l'inviter à entrer de nouveau dans mon antre, m'autorise à braver l'interdit. C'est excitant, Iban avait bien raison. Et Camille aussi.

Alors, impatiente et résolue à le faire flancher, à le surprendre coûte que coûte dans mon t-shirt moulant et ma petite culotte, je prépare sa venue. Déjà, Iban est congédié pour ce soir. En réalité, il sautait comme une mante religieuse sur place : « Tu me raconteras, hein ? Dis ? Je veux tous les détails bien graveleux ! J'en ai besoin, vu le néant sexuel de ma vie. Pitié. »

Ce soir, je vais offrir à James l'admiration, la surprise, l'envoûtant besoin de combler un vide perdu depuis longtemps. Je le soumets à la fusion et à l'alchimie. Après cela, il n'aura que mon nom en tête et au bord de sa tendre lippe.

L'interphone me signale qu'il est en bas et, quelques minutes qui me semblent une éternité, il sonne enfin à ma porte.

— Bonsoir, me dit-il en mettant un pied à l'intérieur de chez moi.

— Bonsoir, professeur, réponds-je avec un sourire radieux, ouvrant encore plus grand la porte.

Il me dépose un baiser sur la joue, prenant soin de me la caresser de la sienne. Sa barbe me râpe un peu et j'aime cette sensation. Je referme la porte derrière lui et lui passe devant pour le guider, certaine que son regard s'obstine déjà à me déshabiller. Près de lui, la séductrice cachée en moi refait surface, instantanément.

Il a rencontré Mamie Renée et j'aurais aimé être présente lorsqu'elle a dû l'interpeller avec son argot d'antan. Lui, si introverti, je l'imagine bafouiller cherchant du regard de l'aide. Ça me fait sourire. Puis, après l’avoir renseigné sur le passé de maison close du 32, rue Ballu, l'atmosphère devient brûlante, presque palpable de désir. Dans ses bras, il me sort avec empressement, ne quittant pas ma bouche :

— Indique-moi ta chambre.

Je lui montre la première des portes présente à droite. Il s'y précipite et referme la porte avec le pied. Suspendue à son cou, je sais parfaitement dans quel lieu je l'amène. Je voulais voir cette expression sur son visage : la stupeur.

Il relâche son étreinte, mes cuisses glissent sur ses flancs et le bout de ses doigts effleurent mes jambes. Il s'arrête devant la première toile, celle de La Vénus d'Urbin - pas encore terminée - mais assez pour la reconnaître et en dévoiler les tons sombres et clairs avec lesquels je me suis amusée à définir au plus près de l'authentique.

L'expert rajuste ses lunettes et se positionne devant. Des gouaches de couleurs sont répandues un peu partout dans l'atelier. Derrière lui, je m'approche telle une féline. Mes seins, déjà tendus d'excitation sous mon t-shirt, s'écrasent contre son dos et je glisse mes mains sous sa chemise, remontant en douceur jusqu'à ses pectoraux. Sur la pointe des pieds, je m'approche de son oreille et, pour augmenter la tension sexuelle, je lui susurre :

— Vous pensiez être le seul expert en peinture ?

— C'est de toi ? souffle-t-il, avec de grands yeux.

— Oui, professeur.

La paume de ma main emprisonne le battement de son cœur.

— Vous savez, elle m'obsède cette Vénus, susurré-je à son oreille. J'ai du mal à la saisir. Veut-elle se montrer dénudée aux yeux de tous, acceptant la beauté de son corps et le faire partager ? Ou veut-elle justement se cacher, bien qu'on l'oblige à se dévêtir ? Je cherche dans ses yeux une expression, une émotion qui pourrait la trahir, mais je ne perçois rien. Alors... vous allez m'aider, M. Taylor.

Mes mains courent sur sa peau et font sauter les boutons de sa chemise. J'attrape une gouache de peinture rouge et appuie. J'écrase le coulant visqueux entre mes paumes tandis que James continue d'admirer le tableau face à lui, insouciant.

Joueuse, mes doigts pleins de rouge caressent d'abord ses abdos quelques peu dessinés. Il sursaute au contact du froid et baisse la tête, là où, je le paumade. Ses poils tracent une ligne vers son nombril et donnent une hardiesse sauvage sous mon toucher. Ça m'excite encore plus. Puis, je remonte jusqu'à son torse. Je le dessine, je le peins, non par mes yeux, mais par ma conception, celle qui vient du cœur.

— La passion. L'ardeur. Le feu. Le rouge incandescent et stimulant du brasier sexuel. L'agressivité. Je vous ébauche de ma pâte. Alors, donnez-moi ce que je veux. Ouvrez-moi sans scrupules. Regardez-moi, dénudée, fantasmez-moi M. Taylor et j'assouvirais toutes vos exigences, marmonné-je à son oreille avant de la mordiller, de sucer son lobe et y passer ma langue.

Je veux qu'il sente mon incroyable désir qui ruissèle entre mes cuisses, par sa simple présence.

Lentement, il pivote, attrape mes deux poignets et m'oblige à me retourner, dos à lui. Son érection est dure entre mes fesses. Une de ses mains s'aventure dans ma culotte, là où son doigt glisse facilement entre mes lèvres.

— Ne sois pas si impatiente, murmure-t-il, effrontément.

À travers son murmure, je perçois un sourire, content de savoir que je suis déjà toute ouverte à ses avances.

Exigeant, il joue un peu avec moi en me positionnant face à lui. Le haut déjà enlevé, il scrute ma poitrine avec envie. Ses dents attaquent d'abord mon cou avant que sa langue persiste à goûter son creux. Il me pousse par la force et, nue, mes fesses cognent contre mon bureau qui me sert de support pour mes palettes.

Mes mains, encore peinturées de rouge, glissent sur d'autres substances. Celles de James s'agrippent aux miennes alors que sa langue continue de parcourir le reste de ma chair brûlante. Son toucher savant palpe mes seins avant de les cajoler de sa bouche. Il les tète, les suce.

Puis, il me soulève en posant mon moelleux séant sur le bureau. Je lâche un petit cri car les gouaches sont froides. Il s'abaisse et écarte mes cuisses pour s'y engouffrer. Mon sexe se laisse laper, malmener par les doigts de mon partenaire.

— Je crois t'avoir entendu dire que tu voulais crier ce soir, n'est-ce- pas ? s'amuse-t-il à me dire dans un souffle.

— C'est ce que je souhaite. Je n'ai pas dit que vous y arriverez.

Taquins, place à notre ludisme préféré. Mon bassin bouge pour guider sa langue sur mon clitoris. Bien qu'il n'ait pas besoin de mon aide, j'aime lui montrer que je sais aussi jouer.

Haletante, j'allonge mon dos sur la peinture fraîche pour calmer les bouffées de chaleur qui m'enveloppent. Non, pas d'orgasmes tout de suite !

Je le repousse par les épaules avec mes pieds, me lève et lui tourne le dos, incapable de patienter. Mes avant-bras posés sur le rebord du meuble, dos cambré, ma croupe offerte à lui.

Un moment se passe sans qu'il ne dise mot, sans qu'il n'agisse. C'est une torture. Il doit me transpercer de ses yeux célestins. M'analyser. Me symboliser.

Soudain, j'entends la braguette de son pantalon et le déchirement d'un papier. Doucement son gland tente une entrée latente dans mon vagin mais ne s'enfonce pas. Il me claque une fesse : je dois le faire.

Ainsi, je recule jusqu'à m'empaler contre son bassin. Je l'aspire, le vampirise jusqu'à ce qu'il me remplisse de toute sa verge gonflée. De doux vas-et-viens s'éternisent et ça me fait rager. Je cherche à aller plus vite, mais il m'attrape par la nuque et me bloque les deux bras derrière le dos. J'adore ça. Je patiente difficilement et n'attends que le moment où il brutalisera le fond de mon gouffre féminin.

En tirant mes cheveux, il me bascule la tête en arrière et me mord dans le cou. Sauvagement, il me fourre, me pilonne et son doigt transperce ma bouche. Mon plaisir se triple et son endurance m'impressionne. Mes jambes se plient un peu sous la force de ses à-coups.

Non, je ne crierai pas.

D'ailleurs, je pense qu'il ne le souhaite pas, immédiatement. Il veut m'entendre, le souffle coupé, la gorge nouée à cause de ses mains tirant ma chevelure.

Il doit admirer mon fessier claquer contre son bas-ventre. Que ça doit être beau à voir, son sexe dominant pour me punir de mon insolence.

Il lâche mes cheveux et se retire. Vigoureusement, il m'attrape par le bras et m'entraîne vers le canapé, installé dans la pièce et s'y assoit.

Je me mets en califourchon sur lui et il tient son pénis droit pour que je puisse m'y empaler. Je m'exécute. Je dégage mes cheveux qui flottent dans mon dos. Mon croupier, écrasé et rebondissant, assis sur les cuisses de mon professeur.

Excitée, je remue mes hanches afin que son sexe caresse mon clitoris. Je vais crier, mais c'est à moi que reviendra le mérite.

Et, c'est ce qu'il veut. Il me fesse la droite, puis la gauche. Son regard pétillant face à moi :

— Fais-toi crier. Prends ton plaisir.

Rien que de l'entendre dire ça, mon clitoris vibre déjà doucement. J'attrape sa mâchoire d'une main et le fixe, me plongeant dans les abîmes de son âme.

Je baise mon enseignant. L'expert en œuvre d'art, James Taylor. Cet homme dont toutes les étudiantes raffolent. Il m'a choisie, me désire. Un mécène de renom qui n'a cessé de réclamer sa muse.

L'orgasme arrive, dévastateur, tremblant, incontrôlable, jusqu'à m'en faire pleurer de jouissance. Mais aucun son ne sort, pétrifié par ce plaisir féroce, bestial.

Par conséquent, il reprend les choses en main. Je n'ai pas le temps de me remettre qu'il hausse les hanches et s'enfonce en moi, s'accrochant derrière ma nuque. Il m'envahit, me domine par son pénis. Violent, agressif, passionné, ardent. Et, je crie enfin. Un cri puissant, pour que tout le monde sache qu'actuellement je prends mon pied.

— C'est ça, Charlie, halète-t-il. Relâche-toi...

— Continue... s'il te plait, supplié-je, mes mains contre son torse.

Ces mots sortent instinctivement, sans vouvoiement. Il obéit avidement pour que je puisse gémir sans pudeur. Et, dans un grognement, il jouit. Sa vulnérabilité n'en est que plus belle.

Les minutes défilent et mon front se pose sur son épaule. Ma respiration a du mal à retrouver un rythme normal et il me semble que James suit la même mélodie.

Cette relation. Cette connexion entre nous n'est pas anodine. Que dois-je comprendre à travers ses fantasmes qui ne me quittent pas face à lui ? Ai-je bien saisi le sens ?

Je n'aime pas être dominée. J'aime être soumise par consentement. J'accepte ce jeu. Voilà ce qu'il me plaît. Je décide, j'ai les cartes en main et James l'a compris. Depuis notre première fois, il m'avait cerné sexuellement : la soumission dans la domination.

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