Chapitre 13 suite 3

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Noyée dans un demi sommeil dont elle avait beaucoup de peine à émerger, Alis se demandait si elle rêvait ou si les gémissements qu’elle entendait étaient réels. En plus, elle avait chaud, incroyablement chaud, réalisa-t-elle en se réveillant tout à fait.

Elle ouvrit les yeux dans l’obscurité, ne sachant plus où elle était, mais retrouva la mémoire lorsqu’elle sentit le souffle chaud d’Aymeric dans son cou. Elle hésita un instant, puis désincarcéra avec précaution ses doigts engourdis par sa poigne. Alis avait tellement chaud qu’elle commençait à transpirer sous ces peaux de loup et sous le poids sur sa hanche du bras endormi d’Aymeric. Aussi doucement que possible, elle le souleva par le poignet et essaya de se dégager de son étreinte pour pouvoir se découvrir.

Mais à peine avait-elle rabattu la couverture de manière à pouvoir se glisser dessus qu’elle entendit un grognement étouffé près de son oreille pendant que son bras possessif la ceinturait et s’empressait de la recoller contre lui.

Ne voulant surtout pas le réveiller, Alis se figea et retint sa respiration, espérant que cessent les gémissements de plus en plus aigus. Elle se demandait qui s’accouplait ainsi sans aucune pudeur. Elle avait vu le fond de chandelle qui luisait faiblement au milieu de la salle, mais n’avait pas réussi à distinguer à qui appartenaient les deux corps emmêlés sous une couverture.

Soulagée de constater qu’Aymeric ne bougeait plus mais agacée par ces bruits incongrus qui l’empêchaient de se rendormir, Alis essaya de se détendre et referma les yeux. Elle attendait le bon moment pour écarter la main plaquée sur son ventre et dont la chaleur irradiait agréablement ses entrailles.

Soudain, son cœur s’emballa pendant que ses joues rougissaient violemment. Maintenant qu’elle n’était plus protégée par la couverture et malgré qu’Aymeric ait conservé ses braies, Alis sentit sa virilité s’éveiller contre ses fesses. Au même instant, alors qu’elle essayait de s’écarter, sa main quitta son ventre et remonta le long de son buste en une caresse lancinante avant d’emprisonner son sein. Son visage encore endormi, s’incrusta alors dans ses cheveux à la recherche de son cou.

- Alis, ma douce…, murmura Aymeric à son oreille.

Le cœur battant à tout rompre, Alis n’arrivait pas à bouger, à se soustraire à cette caresse qui hérissait ses seins et enflammait son ventre, à échapper à cette voix suave qui la faisait frissonner. Il lui arrivait de subir le même genre d’assaut de la part de son frère puîné Jacquin : le simple fait de dormir nus les uns contre les autres pour se tenir chaud dès les premiers froids, favorisait ce genre de rapprochement. Ces tâtonnements furtifs auxquels elle mettait vite un terme par un coup de coude dans les côtes de son frère pour le faire tourner, réveillaient alors sa sensualité à fleur de peau qu’elle essayait d’assouvir par quelques caresses maladroites.

Mais là, Alis sentait son corps l’abandonner lâchement, esclave de son propre désir, malgré sa conscience qui l’exhortait à la prudence.

Maintenant bien éveillé et les sens en ébullition, Aymeric, encouragé par sa passivité, glissa sa main dans l’échancrure de sa chainse et ne put retenir un soupir de plaisir au contact de sa chair douce et élastique qui palpitait sous ses doigts comme un animal pris au piège. Sous sa paume, la pointe de son sein roulait au gré de ses va-et-vient.

Soudain, les gémissements de l’autre couple se turent pour céder la place à des murmures étouffés, comme des protestations, sous un remue-ménage de couvertures.

Perturbée par les cris sourds de douleur qui leur succédèrent, Alis recouvra ses esprits et extirpa la main glissée dans l’échancrure de sa chainse. À son grand soulagement, celle-ci n’opposa pas de résistance mais retourna fermement sur son ventre.

Se doutant que les doigts d’Aymeric auraient du mal à rester sagement à leur place, Alis s’assit brusquement et fit passer ses jambes sur le côté pour se lever :

- Je crois qu’il vaut mieux que je m’en aille. Excusez-moi mais c’était une mauvaise idée, je n’aurais jamais dû rester.

- Alis, non, c’est moi qui m’excuse. Je vous avais promis de rester sage et… je n’ai pas su résister. Mais je vous jure, sur ce que j’ai de plus cher, que je ne recommencerai plus… mais restez… s’il vous plait…

Aymeric avait posé sa main sur son bras pour la retenir. Sa voix, pourtant simple murmure, contenait assez de sincérité pour la faire douter.

Alis se tourna à demi pour le dévisager, mais la pénombre ne l’aida guère à déchiffrer ses traits.

- S’il vous plait…

Sa voix l’enveloppa comme une caresse, se fraya un passage jusqu’aux tréfonds de son âme jusqu’à lui faire oublier les cris sourds qui s’échappaient de la couche voisine.

- Soit, je veux bien. Mais à la prochaine incartade…

- Il n’y en aura pas. Promis. Je me tourne et vous laisse… sauf si vous changez d’avis.

- En ce cas, je ne manquerai pas de vous prévenir, mais… ne rêvez pas trop.

Aymeric eut un sourire complice et retira sa main de son bras avant de se tourner. Et lorsqu’elle réintégra sa place à ses côtés, il se retint à grand peine de pousser un soupir d’aise. Il exultait. S’il n’y avait pas eu ces deux crétins, dans lesquels il avait reconnu Arnaud et Bénédicte, - comment avait-elle pu céder aux assiduités de cette brute ? - il était persuadé qu’il aurait réussi à vaincre sa résistance.

Après une attente éprouvante, c’est avec soulagement qu’il entendit se calmer leur cavalcade frénétique qui commençait à lui porter sur les nerfs. Bénédicte n’avait pas eu l’air d’être à la fête dans la deuxième partie de cette sordide étreinte. Mais qu’avait-elle espéré trouver chez cette brute épaisse ? Aymeric n'avait aucune peine à imaginer la façon dont il l’avait forcée. En amour, l’on pouvait s’amuser de bien des manières et lui-même n’était pas contre tester de nouvelles expériences, mais cette manière dégradante et humiliante de l’imposer à sa partenaire le révulsait. Le seul point positif était qu’ainsi il ne l’aurait pas engrossée.

Aymeric fut alors tiré de ses pensées par un petit corps chaud qui venait se coller timidement contre son dos. Un sourire triomphant au coin des lèvres, il chuchota :

- On ne peut plus se passer de moi ?

Alis sourit dans l’obscurité mais ne répondit pas. Elle n’allait quand même pas admettre qu’il avait raison !

Soudain, elle sursauta lorsqu’elle sentit une main tâtonner sa hanche comme à la recherche de quelque chose. Agacée par son sans gêne, elle faillit riposter mais s’arrêta à temps. Les doigts d’Aymeric avaient fini par trouver leur proie qui n’était autre que sa propre main. Sans ambages, il la rabattit sur son torse avec un soupir de satisfaction et attendit que le sommeil le délivre à nouveau des tourments de la chair.

Rassérénée sur ses intentions, Alis, la main bien au chaud sur son cœur qu’elle sentait battre sous sa paume, se pelotonna contre son dos dans la même attente.

Les yeux brouillés de larmes, Bénédicte ruminait son humiliation. Allongée sur le dos, elle fixait le plafond. Repliée sur sa douleur autant physique que morale, elle gisait inerte et seul le battement convulsif de ses cils libérant ses larmes témoignait de l’étincelle de vie qui l’animait encore. Elle n’arrivait même pas à repousser la main d’Arnaud qui agaçait son sein.

Une fois son forfait accompli, celui-ci s’était écroulé sur le dos avec un soupir d’aise, indifférent au désarroi de sa compagne. Un sourire étirait sa bouche charnue pendant qu’il récupérait des forces. Il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Pour une fois qu’il n’avait pas à payer, autant en profiter jusqu’au bout. En plus, il avait des spectateurs de choix, il ne fallait pas les décevoir. Arnaud était persuadé, à juste titre, qu’Aymeric et Alis avaient écouté ses ébats, il les avait entendu murmurer et bouger.

- Peut-être que cela aura donné des idées à notre capitaine ? Pensa-t-il avec une moue méprisante. De toute façon, c’est bien tout ce que mérite cette chienne d’Alis. Mais qu’à cela ne tienne, le jour où elle tombera entre mes pattes, je saurai lui faire perdre cet air supérieur. Je lui ferai chèrement payer sa gifle.

Une série d’images, toutes plus avilissantes les unes que les autres traversa son esprit. Maintenant qu’elle ne jouissait plus de la protection de cet abruti de Gautier, il se ferait un malin plaisir de briser sa résistance.

Les nerfs à fleur de peau, Bénédicte frissonna de dégoût : la main d’Arnaud venait de quitter son sein et s’aventurait sur son ventre en direction de son sexe. Comme mordue par un reptile, elle serra les cuisses, empêchant l’intrusion de ses doigts griffus.

Surpris par cette rebuffade, Arnaud se tourna sur le côté et retrouva un ton doucereux :

- Et si on remettait ça, ma toute belle ?

Devant son air horrifié, il jugea bon d’ajouter :

- Tu m’excites tellement que je me suis emporté, mais je serai plus doux, je te le promets. Allez viens, fais pas ta mijaurée. Touche, insista-t-il en lui prenant la main et en la posant sur son sexe à nouveau tendu.

Assaillie par une soudaine bouffée de rage, Bénédicte retira violemment sa main et le repoussa de toute ses forces en lui crachant sa bile au visage :

- Jamais, tu m’entends ? Jamais plus tu poseras tes sales mains sur moi, espèce de porc.

Tremblant de colère, Bénédicte attrapa sa chainse et son bliaud et les enfila aussitôt.

Comprenant que toute tentative pour la retenir serait vaine, Arnaud se rallongea sur le dos et la regarda s’agiter avec nonchalance :

- Je ne donne pas longtemps avant que tu ne reviennes chercher du réconfort sur ma couche. Une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer !

Ne prenant pas la peine de lui répondre, Bénédicte haussa les épaules avec mépris et se dirigea à grandes enjambées vers la porte. Elle n’avait pas fait deux pas qu’elle s’arrêta brusquement. Elle eut un instant d’hésitation puis rebroussa chemin. Elle passa sans s’arrêter devant la couche d’Arnaud dont elle ignora le regard goguenard et se dirigea vers le fond de la salle. Parvenue à destination, elle leva sa chandelle d’une main tremblante et resta pétrifiée. Elle ne reconnaissait que trop la forme allongée contre le dos d’Aymeric. Ainsi donc cette intrigante était parvenue à ses fins !

Depuis son arrivée au château, cette sale serve avait su s’attirer la sympathie des âmes sensibles et évidemment, Aymeric s’était laissé prendre dans ses filets.

- Mais, n’aie crainte, ma belle. Sous peu, tu subiras le même sort que moi et tu n’auras plus que tes yeux pour pleurer, essaya de se rassurer Bénédicte en tournant les talons.

Poussée par le dépit et la colère, elle courut plus qu’elle ne marcha jusqu’à la porte dont elle claqua rageusement le battant derrière son dos.

- En attendant, tu me le paieras, sale chienne, cracha-t-elle entre ses dents d’un air mauvais en traversant la basse-cour comme une furie. Ça oui tu me le paieras, et plus tôt que tu ne le crois !

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