– Non. Écoutez, même si dans certains laboratoires militaires, aux États-Unis ou en Europe, il existe des expériences sur la transmission de la pensée ou même sur l’hypnose à des fins « stratégiques », comme dans le domaine civil d’ailleurs, à ce jour à notre connaissance, aucun pays ne dispose de la technologie nécessaire à la diffusion d’un signal cérébral multilingue simultané à l’échelle de la planète, c’est très improbable.

– Improbable et pourtant réel… Donc selon vous, il ne pourrait pas s’agir de l'action d’une puissance gouvernementale du G8, par exemple ?

– Improbable ne veut pas non plus dire impossible. Non seulement ce serait un secret extrêmement bien gardé, mais en matière de progrès scientifique, la possibilité même de l’existence d’un tel procédé chamboulerait notre société.

– Nous vous entendons bien, François, j’essaye juste d’éclaircir la situation pour tous ceux qui nous regardent. Alors nous allons poser la question à Myriam, notre attachée scientifique. Bonjour Myriam.

– Bonjour Christophe.

– Myriam, vous corroborez les propos de François ? Est-ce que ce phénomène de masse ne pourrait pas être lié aux téléphones portables ou aux objets connectés ?

– Hé bien, les informations nous parviennent petit à petit, en provenance de différents laboratoires du monde entier et le constat rejoint effectivement les propos de François : les progrès scientifiques actuels dans le domaine des transmissions ne permettent pas d’envisager la réalisation d’une telle expérience, que ce soit via les portables, les objets connectés ou les satellites...

– Mais alors si je vous suis bien, ce que vous êtes en train de nous dire, c’est que ce que nous avons entendu ne serait pas le fait de l’Homme ? Mais d’où cela viendrait-il, alors ?

– Écoutez, il faut rester prudent avant de sauter aux conclusions et je préfère ne pas me prononcer sur une interprétation dans l’immédiat avec si peu de recul sur le phénomène. Je peux cependant ajouter qu’il y a plusieurs éléments très intrigants sur lesquels se penchent les équipes du monde entier, depuis près de trois heures, maintenant.

– Ah, dites-nous lesquels ? Qu’a-t-on appris ?

– Tout d’abord, jusqu’à preuve du contraire, personne n’a encore réussi à produire un enregistrement du fameux cri ou du message…

– Donc il s’agirait d’un faux ou d’une hallucination collective ?

– Un faux non, ce que nous avons perçu, nous l’avons bel et bien perçu. Mais hormis quelques marqueurs d’encéphalogrammes de patients endormis ou en cours d’examens IRM par exemple, nous ne disposons à cette heure d’aucune trace, d’aucune preuve sonore ou digitale significative du message… même si la toile est déjà prompte à réagir avec des montages en tous genres. Autrement dit, il s’agit d’un phénomène exclusivement cérébral, ayant touché la conscience de chacun, un phénomène interne totalement inédit.

– Comme si nous étions tous reliés via des ondes « cérébrales » ?

– C’est une hypothèse envisageable, mais nous ne pouvons rien affirmer pour le moment. En revanche, l’autre élément très intrigant, c’est la somme d’énergie en théorie nécessaire pour produire un signal tel que celui que nous avons « entendu » à l’échelle de la Terre. Il s’agit d’une puissance colossale dont nous devrions percevoir la trace, voire l’origine, quelque part. Or à cette heure, nous n’avons pas encore détecté de données probantes.

– Merci beaucoup pour ces précisions, Myriam… Je passe toute de suite la parole à Philippe, chercheur en astrophysique au CNRS, qui nous a rejoints il y a quelques minutes. Philippe, bonjour, pardonnez-moi d’entrer immédiatement dans le vif du sujet : avez-vous des éclairages à nous apporter sur le fameux cri que nous avons tous entendu ou cru entendre.

– Bonjour Christophe, bonjour Adeline. Tout d’abord je rejoindrais les propos de Myriam et de François. Avec les éléments à notre disposition et les échanges que nous avons déjà pu avoir avec nos collègues de nombreux laboratoires à travers le monde, il semble inenvisageable qu’une équipe ait pu déclencher un signal tel que celui que nous avons perçu.

– Philippe, si je comprends bien, vous confirmez que le « cri » ne serait pas d’origine… terrestre, c’est bien cela ?

– Hé bien, jusqu’à preuve du contraire, oui.

– Mais c’est incroyable! Mesdames et messieurs, je ne sais pas si nous nous souviendrons de cette date du 25 septembre 2018 comme celle d’une nouvelle ère ou de la véritable rencontre du troisième type, mais à défaut d’explications ou d’éléments supplémentaires, la communauté scientifique semble s’accorder sur le fait que le « cri » ne soit pas d’origine terrestre ! Mais alors, Philippe, en tant qu’astrophysicien, pouvez-vous nous dire d’où vient ce cri ou cet avertissement ?

– Tout ce que nous savons pour le moment, et c’est bien là notre seule piste, c’est que nous avons détecté une vague de neutrons plus importante que la normale à plusieurs endroits de la planète, correspondant à peu près à l’heure de « réception » du message. C’est sur l’analyse de ces ondes et notamment de leur origine que nous travaillons actuellement.

– J’imagine que ça doit être l’effervescence chez vos collègues, comme ça l’est un peu partout ce matin d’ailleurs… Je vous pose la question la plus directement possible : pensez-vous, oui ou non, que nous venons de recevoir un signal extraterrestre ?

– Je vous répondrais qu’étant donné que le signal n’a pas pu être émis par l’Homme, il faut bien qu’il ait été émis par « quelqu’un d’autre », donc oui, je pense qu’il pourrait s’agir d’un signal extraterrestre.

– On a du mal à croire ce que l’on vient d’entendre, moi-même j’en ai la chair de poule. Et toi Adeline ?

– Écoute, je ne sais pas à quel point nous devons nous réjouir de cette communication qui pose bien des questions… D’ailleurs notre prochain invité, le père Jean-Baptiste souhaite intervenir à ce sujet et ensuite nous entendrons en duplex un représentant du conseil du culte musulman.

– Oui, bonjour à vous et à celles et ceux qui nous regardent. J’entends depuis tout à l’heure des considérations scientifiques somme toute intéressantes, mais a-t-on vraiment besoin de chercher midi à quatorze heures dans une vague de neutrons ou je ne sais quoi lorsque l’on écoute le message, qu’on fait attention à ce qu’il nous dit et que l’on ressent ce qu’il cherche à nous transmettre ? Voilà une voix qui cherche à nous mettre en garde contre notre propre destruction. Une voix que la science de l’Homme est incapable d’enregistrer, mais que tous les humains ont pu entendre et chacun dans sa propre langue… Nous devons nous rendre à l’évidence, cette voix c’est la parole de Dieu qui s’adresse à sa création, comme il l’a déjà fait par le passé, il y a plus de 2000 ans, c’est écrit dans la Bible !

– Nous comprenons bien votre position et celle de l’Église, mon père, mais pour celles et ceux qui ne sont pas croyants, ou qui ont d’autres croyances que la vôtre, vous comprenez que ça n’est pas une évidence…

– Mais vous savez, croyants ou non-croyant, Dieu aime tous les Hommes et il le prouve en ne faisant aucune distinction de race, de sexe, de croyance ou d’âge. Il nous invite à être sages, à cesser les conflits qui nous avilissent, à prendre soin de notre planète, finalement à nous aimer les uns les autres comme le prêchait Jésus.

– Pensez-vous que cela sera suffisant pour faire cesser les attaques terroristes, les guerres de religion au proche orient, les menaces de guerre nucléaire ou toutes les révolutions sanglantes de la planète ?

– Je l’espère avec toute ma foi… Car Dieu ne nous invite pas seulement à être sages, il nous dit aussi que nous nous dirigeons vers la fin de notre monde dans le cas contraire et…

– Excusez-nous de vous interrompre, mon père, nous venons à l’instant de recevoir une nouvelle. Apparemment Donald Trump vient de publier un tweet que nous découvrons avec vous : « Hey Screamer, if you threaten us, we will resist and fight back! »… C’est à dire en français « hé toi, celui qui crie, si tu nous menaces, nous résisterons et nous nous battrons ! »… Comme vous le voyez, mon père, on dirait que ce n’est pas encore gagné pour la paix dans le monde… D’ailleurs nous allons nous adresser à notre confrère Bernard, politologue, spécialiste des États-Unis. Bernard, que peut-on dire de cette réaction de Donald Trump ?

– Bonjour Christophe. Hé bien, il y a plusieurs éléments à prendre en considération par rapport à ce message. Tout d’abord le caractère très impulsif du président Trump qui n’hésite pas à publier des déclarations parfois violentes, mais je vois deux autres angles plus intéressants. Le premier, c’est la position d’adversité. Donald Trump estime que le cri pourrait s’avérer être un message de menace, externe, d’une part aux États-Unis, mais même à la Terre, comme cela a été évoqué pour nos invités. Et le président américain, affirme sa position combative caractéristique, sans visiblement envisager la potentialité d’une rencontre « amicale » avec la source du message. Et sur un second volet qui n’a encore été que très peu abordé, il y a la traduction du message lui-même. Comme nous n’avons pas d’enregistrement, le message correspond finalement à ce que les gens se souviennent avoir entendu. Aux États-Unis, l’une des transcriptions populaires affirme que le cri entendu disait, « Stop destroying or you’ll meet your end », soit « Arrêtez de détruire, ou vous mourrez », ce qui marque une différence importante d’interprétation des intentions du « messager ». Néanmoins il faut rester prudent, car les tweets du président Trump ne reflètent pas nécessairement l’ensemble de l’opinion américaine, loin de là. Les jours qui viennent nous diront si c’est la version plus pacifiste qui fera « foi » si je puis dire.

– En tout cas, mesdames et messieurs, à cette heure, le cri que l’ensemble de l’humanité pourrait avoir entendu, chacun dans sa propre langue, demeure un grand mystère : parole de Dieu pour les uns, menace extraterrestre pour les autres, cri de la planète Terre, énigme scientifique derrière une fluctuation de neutrons... La seule certitude que nous semblons avoir pour le moment, c’est que la race humaine ne serait pas en mesure d’avoir émis ce message…