Chapitre 19

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Son cœur semblait ne plus pouvoir ralentir. Il continuait de battre toujours plus fort et plus vite. La sueur perla son front, tandis que les larmes coulaient d’elles même. Chloé ne pouvait rien voir depuis qu’elle avait ce sac sur la tête, mais elle avait très bien reconnu Jakam, l’ancien esclavagiste qui l’avait enlevé.

Rune n’était plus là. Bardy et les autres non plus. Elle était seule face à la personne qui avait bousillé son passé. Elle essaya de reprendre une respiration normale, mais la crainte de se retrouver à faire tout et n’importe quoi lui agrippait les entrailles.

Après un long chemin, on la força à s’assoir sur un canapé en cuir. Toute tremblante, on lui retira le sac d’un seul coup. Elle observa les alentours, à la recherche d’un moyen de partir. Elle se souvenait de cette pièce. Celle dont Jakam se servait pour gérer ses affaires ;

Il possédait un grand bureau de marbre s’étalant sur toute la longueur de la pièce, et dans un coin, il avait fait installer des canapés très confortables d’un beau violet, avec un monticule de coussins.

Il restait là à la regarder, comme si la voir terrorisée l’amusait.

– Ma chère Chloé Payet. Cela faisait tellement de temps que je t’attendais. Ah tu n’imagines pas tous les avis de recherche que j’ai lancés pour te retrouver. J’ai une beaucoup de mal, surtout à trouver un moment où tu n’étais pas avec tes cinglés d’amis, mais j’ai finalement réussi.

Chloé l’écoutait à peine. Elle cherchait déjà une arme à portée de main, mais si elles étaient menottées dans son dos. De plus, elle remarqua les deux gorilles gardant la porte, qu’elle ne pourrait jamais affronter toute seule.

Jakam se mit à rire puis se pencha pour lui retirer son bâillon. Chloé ravala sa salive et bougea sa mâchoire endolorie.

– Contente d’être revenue ? demanda-t-il en lui tapotant la joue.

Chloé resta paralysée. Rien ne voulait sortir. Aucune réplique cinglante. Elle continuait de trembler à la vue de cet homme. Jakam prit une profonde inspiration et souffla en se laissant tomber dans le canapé.

– J’ai bien eu le temps de réfléchir. Parce que bon, c’est pas cool que tu te sois enfui. Mais en plus, t’as emmené des enfants que je devais vendre à des riches pour des jeux à la con… Non, mais Chloé… J’ai perdu tellement d’argent…

Jakam se leva et s’installa à côté d’elle, non sans poser sa main sur sa cuisse. Chloé eut un mouvement de recul, alors qu’il approchait ses lèvres de son oreille.

– Va falloir me rembourser tout ça, suturât-il.

Il se releva brusquement et tapa dans ses mains.

– Donc, tu vas jouer dans mon cabaret.

Intriguée, Chloé le scruta d’un œil interrogateur.

– Quoi ?

– C’est nouveau ! expliqua-t-il, enjoué. Tu es ici au paradis perdu. Mon nouveau monde ! En fait, j’offre des spectacles à toutes sortes de clientèle. Et toi, tu vas jouer dans le tout dernier qui a été mis en place.

– C’est quoi ?

La question sortit toute seule. Elle craignait de devoir faire des choses dégradantes pour ce porc.

– Tiens-toi bien ! Tu vas voir, c’est génial ! je fais une représentation de ce que sera le monde des Humains une fois le Saint Ordre Félin au pouvoir. Tu vas donc jouer l’esclave d’un félin dans une histoire tragique. Tu vas être folle amoureuse d’un autre homme, mais en tentant de fuir, tu vas être sauvagement tuer. Une histoire tragique… Donc t’auras ton déguisement d’esclave et tout ! Faudra juste apprendre ton texte !

Chloé devait reconnaître que ça aurait pu être bien pire, mais elle n’avait aucune envie de se ridiculiser devant tout le monde.

– Et si je refuse ? demanda-t-elle d’une petite voix.

Jakam secoua la tête.

– Oh non, tu ne peux pas. Après, j’ai des clients qui ont le feu dans le pantalon, tu vois ? Je peux aussi te recommander.

Et voilà, cet endroit n’était pas si différent de son ancien enfer.

– J’ai toujours réussi à refuser de vendre ton corps. Tu me plais trop. Je te garde rien que pour moi ! Alors, t'acceptes, hein ?

Il joignit les mains, attendant désespérément la réponse de son esclave. Chloé n’eut autre choix que d’accepter, ce qui provoqua des sauts de joies chez Jakam.

– Génial ! Ramenez-là avec son amie, ordonna-t-il à ses sbires. Tu peux lui dire adieu pendant que tu le peux encore, lui proposa Jakam. Demain matin, tu commences.

Un garde empoigna Chloé sans prendre de gant et la tira jusqu’à sa cellule. Situées dans les profondeurs du vaisseau, les prisons n’offraient qu’un banc en métal au fond d’une pièce carrée. Chloé retrouva Rune qui attendait désespérément son retour.

Une fois les mains détachées, les soldats quittèrent en prenant soin de les enfermer. Contrairement à la plupart des prisons, Jakam s’amusait d’augmenter la température pour en faire un sauna. L’air sec et chaud rendait difficile toute respiration, et la soif se faisait vite sentir.

Au-dessus de leur tête, de grandes résistances rouges continuaient de répandre cette chaleur insoutenable, tandis que Chloé s’installa à côté de Rune, les larmes aux yeux. Elle l’aimait beaucoup, elle n’avait pas envie de la perdre. Chloé préférait mourir que d’être séparée d’elle dans un endroit pareil.

Elle éclata en sanglots. Elle posa la tête sur son épaule. Rune passa la main dans sa chevelure rosée. Elle ne voulait pas la quitter.

– Ça va aller ? demanda Rune d’une petite voix.

Chloé secoua négativement la tête.

– C’est mon ancien tortionnaire, Rune.

Cette dernière écarquilla les yeux.

– Tu sais ce dessin de moi qui sauve des enfants d’un crash de vaisseau ? C’est après avoir fui sa première base… Je… Je ne veux pas rester ici, Rune… Aide-moi…

Le désespoir s’emparait de la jeune femme. Elle se laissa aller, pleurant toutes les larmes qu’elle pouvait. Jamais elle ne s’était montrée aussi vulnérable face à quelqu’un. Elle qui désirait rester forte devant Rune, elle lui dévoilait sa plus grande faiblesse. Mais son amie, silencieuse, la serra dans ses bras et lui chuchota à l’oreille :

– T’en fais pas, on va sortir d’ici et tout faire péter.

Ces mots la réconfortèrent quelques instants, jusqu’à ce que les sbires de Jakam vinrent la chercher. Rune avait beau se défendre, les bâtons électriques qu’ils possédaient faisaient des ravages quand le rayon électrique la toucha. Elle fut plaquée au sol le temps que Chloé lui soit retirée.

Après ça, ils augmentèrent encore le chauffage, poussant Rune à chercher la fraicheur sous le banc mis à leur disposition.

Rune sentait sa gorge s’assécher bien plus vite qu’elle n’espérait. La fatigue l’emportait, si bien qu’elle avait dû mal à garder les yeux ouverts. La transpiration ruisselait sur le corps et sa respiration devint de plus en plus difficile.

Au moment où elle pensait s’endormir, elle entendit la porte s’ouvrir. Jakam la regardait avec le sourire, tandis que ses gorilles l’agrippèrent pour l’escorter jusqu’à son bureau. Rune cherchait un moyen de s’enfuir, mais elle était bien trop faible pour bouger. Elle arrivait à peine à marcher, les gardes devaient la trainer pour la faire avancer. Le ventre noué, Rune se demandait ce que Jakam allait faire d’elle…

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