Chapitre 18

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– Bon, qui a un sac pour emporter les croquettes ? demanda Rune.

Tout le monde se regarda les uns les autres. Personne n’avait pensé à prendre une sacoche pour les emmener. Rune pensait en mettre dans ses poches, mais ils n’étaient pas suffisamment nombreux pour ça. Yuki retira son manteau et le noua. Elle le tint juste en dessous du grand bol et ses compagnons se mirent à mettre les croquettes dedans.

Rune trouvait le système ingénieux. Elle les aida le plus rapidement possible, elle qui désirait sortir de ce tombeau. Sylver y mettait du sien, donnant des coups de patte rapides et minutieux pour n’en rater aucun.

– Ne mange pas tout, le chat. Tu vas grossir après, railla Rune.

– C’est clair que j’aimerais pas avoir ton gros cul.

Rune leva les yeux au ciel. Elle n’avait pas de grosse fesse ! L’envie de lui en coller une la démangeait, mais elle avait beaucoup mieux à faire, comme : trouver une sortie. Ils avaient un grand sac improvisé rempli de croquette, mais maintenant ? Comment quitter les lieux ?

Le groupe se mit à la recherche d’un indice. Rune espérait ne pas retrouver des pièges comme la pierre immense qui roulait derrière elle quelques minutes plus tôt. Elle fit le tour du piédestal et observa le mur avec attention. Il existait sûrement un passage secret qui permettait de remonter sans danger jusqu’à l’extérieur.

Elle frôla la pierre froide de ses mains. Elle sentit un filet d’air lui caresser la paume. Elle sourit et appela ses camarades. Maintenant, il leur fallait dénicher un interrupteur. Rune se tourna vers l’arrière de la balance. Le dos était rempli de caractère égyptien avec des dessins faits d’or. Mais un cercle s’y trouvait en plein milieu, et les lignes ne collaient pas. Elle fronça les sourcils et posa ses doigts dessus pour le faire bouger. Elle réussit à le tourner malgré le frottement de la pierre, puis lorsqu’elle le remit dans le bon sens, il s’enfonça tout seul.

Derrière elle, le mur se sépara en deux pour leur offrir une nouvelle pièce. Minuscule, elle permettait aux trois amis et au chat de rentrer à l’intérieur. Ils observent les alentours, cherchant quoi faire.

– Et maintenant ? demanda Yuki.

Zaz haussa les épaules.

Il y avait un levier qui n’attendait que d’être tiré. Rune l’abaissa d’un coup, et le pan de mur se referma. Les pirates se ruèrent dessus pour le rouvrir, mais à la place, la pièce où ils se trouvaient se mit à monter. Après quelques minutes, elle s’arrêta et un pan de mur s’ouvrit à son tour.

Ils sortirent, dubitatifs, et virent la lumière de l’extérieur.

– On vient de prendre un ascenseur, là ? demanda Zaz.

– Mais… Ils connaissaient ces trucs ? s’étonna Yuki.

– Je ne crois pas, non murmura Rune. Au pire, on s’en fout, non ? On se casse !

Sans avoir le temps d’élucider ce mystère, le groupe se mit à courir vers la sortie, pressé de respirer l’air de la surface. Ils coururent le plus rapidement possible pour passer l’ouverture, puis se trouvèrent face à une situation incroyable.

Face à eux, des soldats du Saint Ordre Félin les tenaient en joue avec des armes automatiques. Rune leva les yeux au ciel, recouvert de vaisseaux en forme de pattes de chat. Leur moteur grondait dans la nuit, tandis que les félins resserraient leurs étaux d’un pas menaçant.

Un chat au poil gris brillant s’approcha d’eux. Ses coussinets brillaient comme de l’argent à la lumière des vaisseaux. Un large sourire s’étira sur son visage, dévoilant des crocs acérés dorés.

– Eh bien, je devrais remercier les pirates d’Avracham d’avoir trouvé nos croquettes.

Rune imita ses amis et leva les mains. Elle chercha de l’aide autour d’elle, mais personne n’osait s’interposer au Saint Ordre Félin. Non loin derrière, Rune remarqua Bardy et Chloé les mains attachées dans le dos, à genoux et menacé d’armes automatiques.

Rune sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle n’aimait pas voir ses amis en difficulté. La mort pesait sur Bardy et Chloé, et elle ne pouvait pas le supporter. Le premier lui avait permis d’obtenir une bien meilleure vie, et la deuxième lui prouvait chaque qu’elle l’aimait. Des preuves d’amour qu’elle n’avait plus reçu depuis des années.

Grâce à eux, elle se sentait enfin vivante.

– T’es qui toi ? pesta Rune.

Le chat se mit à rire, rapidement imité par le reste de son armée.

– Je suis Félix aux coussinets d’argent. Empereur incontesté du Saint Ordre Félin !

Rune n’en revenait pas d’avoir le chef de ce groupe face à elle. Si elle pouvait en finir avec lui, cette histoire se terminerait maintenant. Mais elle ne voyait rien qui pouvait l’aider à sortir de cette situation périlleuse.

Le chat tendit la main.

– Donnez-moi ces croquettes.

Deux soldats le rejoignirent avec un grand bac métallique. Ils l’ouvrirent grâce à une combinaison de touche qui déverrouilla le couvercle, puis le posa devant eux.

– Versez-les lentement là-dedans ! ordonna le chat.

Rune hésita. Yuki et Zaz ne savaient pas quoi faire non plus. Finalement, Sylver fut le premier à l’envoyé baladé.

– Va te faire mettre, Félix ! s’écria Sylver. Tu ne pourrais pas oublier cette histoire et laisser nos peuples vivre tranquillement ?

Félix grogna en voyant Sylver. Il feula à son encontre.

– Toi, traître, je n’ai rien à te dire. Une fois que nous aurons retrouvé notre forme, nous envahirons tout le cosmos et les chats règneront sur l’univers !

Sylver soupira en secouant la tête. Félix darda sur Yuki un regard dur.

– DONNEZ-MOI CES CROQUETTES !

Yuki et Zaz obéirent. Aucun autre choix ne s’offrait à eux. Rune pesta. Une fois que les aliments furent déversés dans le container, les soldats vinrent menotter le reste des pirates, puis ils furent escortés dans le plus grand des vaisseaux spatiaux.

Rune découvrait pour la première fois l’intérieur des vaisseaux du Saint Ordre Félin. Elle devait reconnaître qu’il faisait bon, et que l’atmosphère y était plutôt chaleureuse. Ils avaient mis des tapis sur le sol pour amortir leur coussinet. Les murs étaient recouverts d’un bois spécial leur permettant même de faire leurs griffes dessus. Les néons projetaient une lumière jaune tamisée. Le contraire des vaisseaux terriens pleins de lumière blanche et de métal à foison.

Rune croisa énormément de soldats. Ils étaient prêts à entrer en guerre une fois qu’ils auraient retrouvé leur forme. D’ailleurs, Rune ne comprenait toujours pas ce qu’il voulait dire. L’histoire de Sylver racontait qu’ils pourraient se transformer en bête sauvage, mais pourquoi Félix parlait de récupérer leur forme ?

Elle avait beau demander à ses escorteurs, personne ne voulait lui parler. Elle n’eut que des feulements comme réponse. Petit à petit, ils descendirent dans les bas-fonds du vaisseau, dans une pièce où la décoration changea du tout au tout.

Adieu la chaleur, place à un froid qui lui fit frissonner le corps. Il n’y avait qu’une faible lumière rouge émanant des murs, éclairant les quelques cages métalliques éparpillées dans la pièce. Ils mirent Rune devant l’une d’elle. Un coup de crosse derrière le genou la fit tomber dans un cri de douleur.

– Attendez, je ne rentre pas là-dedans moi ! s’énerva-t-elle.

Mais rien à faire, ils obligèrent Rune à se contorsionner pour rentrer dans cet espace très restreint. Sûrement une manière de se venger des traitements humains envers leur félin. Elle ne pouvait même pas bouger un orteil. La tête penchée, Rune sentait les barreaux lui rentrer dans le crâne. Elle entendit ses amis subir le même traitement, puis le calme revint lorsque les soldats quittèrent la pièce.

– Bon… dit Zaz. Comment on fait pour se tirer d’ici maintenant ?

– J’ai mal au cul, bordel ! s’énerva Bardy. C’est quoi cette façon d’emprisonner !

– Arrête de te plaindre et trouve une solution, grogna Chloé. Je ne vais pas rester dans cette position pendant des heures.

Mais personne ne vint les chercher, et ils n’avaient aucun moyen de se libérer. Rune sentit la faim et la soif arriver. Son estomac gronda, alors que le désespoir se faisait de plus en plus ressentir.

Il fallut deux heures d’attente avant que des soldats ne viennent les voir. Ils avaient besoin d’être une vingtaine pour faire sortir Rune et Chloé de leur prison, tout en gardant tout le monde en joue. Ils ne prenaient absolument aucun risque. Rune tenta de se débattre, mais elle ne récolta qu’un coup de crosse dans l’estomac. La douleur la plia en deux, coupant sa respiration pendant quelques secondes. Elle fut trainée à travers le vaisseau, tandis que Chloé demandait où ils étaient emmenés.

Après une longue traversée, ils furent relâchés sur le pont. Face à un sas, l’armée derrière eux, ils entendirent les verrous seront défaire. Un écran passa au vert, puis la porte s’ouvrit sur un être humain.

– Non… murmura Chloé.

Rune tourna la tête vers son amie, prise d’une épouvantable frayeur. Ses yeux exorbités semblaient avoir vu un fantôme. Elle tenta de reculer à petits pas, mais les chats l’empêchaient de prendre la fuite.

Rune observa cet homme qui venait d’entrer avec son air désinvolte. Lunettes de soleil sur le nez, il arborait des cheveux blonds coiffés en pique avec des grelots accrochés aux extrémités. Il possédait ne chaine en or représentant une chaussette à son cou. Sa chemise ouverte laissait entrevoir sa musculature et ses tablettes de chocolat, alors que son short jaune fluo complétait sa tenue loufoque.

Ou peut-être pas.

Rune baissa la tête pour voir les sandales couplet avec de belles chaussettes. Une horreur.

– T’es qui toi ? demanda Rune. Le roi du mauvais gout ?

L’homme se mit à rire, tandis que ses sbires pénétrèrent dans le vaisseau. Des hommes torse nu, coiffés de bandana avec des pantalons en cuir. Il sortit un peigne de sa poche pour remettre de l’ordre dans sa chevelure avant de scruter Chloé.

– Te revoilà ma puce !

Rune força les sourcils. Elle se tourna vers Chloé, qui secouait la terreur, les larmes aux yeux. Jamais elle n’avait v son amie dans un tel état. Alors qu’il s’en approchait, ses cris d’horreur se succédèrent.

– T’approches pas d’elle, espèce de clown raté !

L’homme s’arrêta et défia Rune du regard. il s’approcha d’elle et enleva ses lunettes. Il lui fit un magnifique sourire avant de lui renifler le coup comme un pervers.

– Toi, je t’ai bien repéré sur les photos !

Il ricana et rejoignit Félix.

– Félixounet, je t’adore ! Tu m’as ramené ma petite fleur rose !

Le chat grogna.

– Rien à foutre, donne-moi ce que tu m’avais promis.

– Mais bien sûr ! Voici une cargaison de chat pour grossir ton armée.

Rune vit ses subalternes apporter d’immenses caisses en bois sur des chariots. Ils les déposèrent puis s’évanouirent dans l’autre vaisseau dont l’obscurité semblait l’envahir. Les couloirs n’avaient que peu de lumière.

Félix le remercia, puis il prit le chemin de son vaisseau en ordonnant d’emmener les deux filles. Rune fut emmenée de force par ces dégénérés.

– Mais t’es qui borde l ! s’énerva-t-elle en essayant de se libérer.

L’homme fit volt face et plaça une lame de scalpel juste entre ses seins. Rune hoqueta de surprise et ne bougea plus d’un pouce.

– Jakam Lakaroti, où chaussette-man pour les intimes. Je suis un esclavagiste, dit-il en ricanant. Chloé te parlera de moi, si tu la revois.

Il quitta les lieux dans un rire sadique. Chloé fut emportée rapidement, alors qu’elle appelait son amie à l’aide. Mais pour les faire taire, elles furent bâillonnées et lorsqu’un sac noir se referma sur la tête de Rune, elle put qu’attendre que les ténèbres se lèvent…

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