Chapitre 3 : Marie

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— Et Marie, demanda Joanie, qu’est-ce qu’elle faisait là, ce soir-là… je croyais que les étudiants en médecine, c’était trop occupé pour sortir le soir.
— En première année, oui. Après… Bref, elle a raconté son histoire…
-
En cette fin de journée, à la mi-avril 1993, une équipe de médecins sortit de salle d’opération. Les sourires s’affichaient sur les visages de chacun, l’intervention, délicate, s’était déroulée comme prévu, sans mauvaise surprise. Le docteur Lachant, qui dirigeait l’équipe, prit le risque d’effacer le sourire des lèvres de Marie.
— Marie, pour ce soir…
— Non, Docteur, s’énerva Marie, je n’irai pas dîner avec vous, n’insistez pas, s’il vous plaît !
Sur ces mots, la jeune étudiante en médecine gagna le vestiaire et reprit sa tenue civile, au bout d’une journée au cours de laquelle elle avait appris plus que le métier auquel elle se destinait. Sans perdre de temps, elle quitta le centre hospitalier et rejoignit l’arrêt de bus où passait la ligne qui la conduisait chaque jour jusqu’à son appartement. Là, après un dîner léger, elle servit quelques croquettes à son chat en écoutant de la musique. Ce repos fut interrompu par la sonnerie du téléphone. Lorsqu’elle décrocha, son visage se ferma, en entendant son correspondant.
— Docteur, arrêtez de faire l’enfant. Je vous ai dit de ne pas insister. Demandez donc à Madame Lachant ce qu’elle en pense…
Rejetant prestement le combiné sur son support, Marie ressentit le besoin d’évacuer immédiatement ce stress. Elle enfila une veste légère, prit son sac à main et abandonna son chat dans l’appartement. Quelques blocs plus loin, le bar de l’Apocalypse était un lieu de rencontre où de nombreux étudiants se retrouvaient devant un verre, pour relâcher la pression. Alors qu’elle buvait un soda, appuyée sur le bord du comptoir, elle vit s’approcher le docteur Lachant visiblement alcoolisé, qui lui fit des avances plus prononcées encore que ces derniers temps. Elle, qui voulait oublier cet épisode malheureux, sortit de ses gonds.
— Docteur, ça suffit maintenant ! Vous devenez blessant ! Lâchez-moi et rentrez chez vous !
La gifle claqua sur le visage de l’homme partiellement anesthésié par l’alcool, puis Marie quitta le bar, agacée. Elle marcha dans la rue sans but précis, pendant plusieurs minutes, passa devant une cabine téléphonique dans laquelle un salopard importunait vraisemblablement une pauvre jeune femme qui n’avait que faire de ces compliments aux arrières-pensées de malotru, comme c’était toujours le cas, puis elle bifurqua à droite, sans remarquer qu’elle était suivie, avant de prendre la petite rue de gauche, tellement mal éclairée. Au point le plus sombre de la rue Jean Boen, Marie sentit une étreinte inconfortable sur son cou, et ne put retenir un réflexe de survie.
— Au secours !
Un inconnu la plaqua contre le mur, se serra contre elle pour l’empêcher de faire quelque mouvement que ce fût, et lui bâillonna la bouche de sa main droite. L’homme devait mesurer dans les deux mètres. Sa coupe de cheveux façon militaire laissait deviner des cheveux roux, un détail que Marie retiendrait pour décrire son agresseur aux autorités, si, par bonheur, un passant bien inspiré venait, au hasard d’une fin de soirée, à la tirer de ce mauvais pas. Les secondes furent interminables avant l’arrivée d’un sauveur. En deux phrases, le jeune homme de la cabine téléphonique avait permis à Marie d’être libérée de l’étreinte de son agresseur, et elle put s’enfuir en courant. Trois rues plus loin, elle aperçut une voiture de police qui faisait une ronde et l’interpella.
— Je viens d’être agressée, à deux rues d’ici, il doit encore être là-bas, avec une personne qui s’est interposée !
— Montez, vous allez nous guider ! Briggs, on y va !
-
Joanie interrompit Fred une nouvelle fois.
— Et l’agresseur, c’était qui ?
— L’Étrangleur de la Nuit. Les policiers ont pu le confirmer en retrouvant un journal intime dans son appartement.
— Un journal intime ? Comme ceux qu’écrivent toutes ces connes de mon âge ?
— Un peu comme ça, mais pas tout à fait avec le même genre de contenu… Il le destinait à son fils, apparemment… La police a pu retracer tout son parcours de tueur en série…

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