Tyssy Crine courrait. Elle fuyait. La détresse et la tristesse se lisaient sur son visage. Olser était morte. Yulni avait disparu.

Elles s'étaient attaquées à trop forts pour elles.

Une meute, hurlante, vociférante, la poursuivait dans les rue de Cyryul. Elle commençait à bien connaitre le labyrinthe de la cité brûlante mais ses poursuivants aussi.

Elle stoppa un instant sous un porche pour reprendre son souffle. Tyssy s'était enrobée depuis qu'elle mangeait à sa faim et le poids qu'elle avait pris l'handicapait.

- Alors on a des petits soucis?

Elle sursauta et dégaina sa dague mais avant qu'elle ait pu esquisser une attaque. L'inconnu avait bloqué son bras et le maintenait.

- Je ne te veux aucun mal.

- Je n'ai pas besoin d'aide.

L'homme ricana. Il était petit mais large et ces yeux brillaient d'intelligence.

- Oui en effet. Tu dois avoir raison.

L'inconnu la lâcha et tendit la main vers la rue.

- Bon courage.

D'un premier pas assuré, Tyssy s'engagea dans la rue. Son deuxième pas fut moins appuyé et elle s'arrêta.

Elle se retourna.

- Quelle aide peux tu m'apporter étranger?

Le petit homme s'appuyait sur une porte. Il baissa la main et l'ouvrit en souriant.

Tyssy ne put réprimer un sourire.

- J'accepte!

- Après toi!

L'inconnu referma la porte à clé.

L'intérieur était peu encombré de meubles, une paillasse, une chaise et une table en bois poussiéreuse.

- Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage.

Tyssy pouffa.

- C'est ici que tu reçois tes amantes ou tes amants!?

- Non c'est la maison d'à coté mais il y a déjà du monde.

Elle fut immédiatement à l'aise avec cet homme exubérant et différent.

- Je suppose que je vais devoir te remercier.

- Je ne suis pas contre un petit merci.

- Un petit merci?

- A quoi t'attendais tu?

- Tu es un homme, nous savons ce que vous voulez. Vous ne faites jamais rien sans une idée derrière la tête.

- Je n'ai jamais d'idée alors ne t'inquiètes pas. J'ai simplement vu une belle femme qui avait besoin d'aide.

- Balivernes!

- Dans tous les cas je te conseille d'attendre un peu. Tu peux passer la nuit ici.

- Nous y voilà. Tu veux que je passe la nuit ici avec toi!

L'homme s'esclaffa.

- Non je ne dormirai pas ici, on m'attend dans la maison d'à côté! Et surtout j'ai quelques affaires urgentes à régler.

Il lui fit un clin d'oeil.

- Mais si tu insistes, je peux rester!

- Tu es étrange.

- On me le dit souvent mais autant il m'arrive de le prendre mal autant là je le prend comme un compliment. Allez je m'en vais.

- Qui dois je remercier?

- Grys. Grys Dilur.

- Je suis Tyssy Crine.

- Enchanté belle damoiselle.

Il s'inclina et sortit un grand sourire sur son visage.

Tyssy s'effondra sur le sol, le visage d'Olser dans son esprit. Elles avaient du laisser son cadavre sur place comme un vulgaire sac trouée. Elle s'était faite surprendre et elle n'avait rien pu faire. Tyssy revoyait son regard d'incompréhension et de douleur quand cette lame l'avait traversé. 

La jeune femme s'allongea sur la vieille paillasse et s'endormit les larmes aux yeux. Une de celles qu'elle considérait comme une sœur venait de disparaître.