Balade

3 minutes de lecture

Il était cinq heures lorsque le réveil retentit me faisant sursauter. Il était déjà temps de me lever, j’avais l’impression d’avoir peu dormi - et c’était vrai, je n’avais que dormi un total de trois heures et demie, merci l’insomnie et l’anxiété.

Il était cinq heures et demie quand je me levai. Le sac à dos contenant une gourde, une bouteille d’eau en supplément - au cas où je manquerais d’eau - un repas soigneusement emballé, un rechange et un couteau avait été préparé la veille. Je me dirigeai vers la cuisine de la maisonnette où j’habitais depuis quelques années maintenant. De là, je pris un petit-déjeuner même si je n’avais pas si faim que ça, et pourtant, mon ventre avait grogné toute la nuit, me suppliant de faire la faim.

Alors que le jour n’avait pas encore pris ses marques, je partis de la demeure comme une aventurière. Il était temps de revenir à mes origines, de retrouver le secret de la journée et de chanter l’ode à joie de l’automne. Car oui, depuis huit jours maintenant que nous étions en automne. C’était maintenant l’heure aux plaids, aux repas chauds, aux thés, au froid et à la pluie.

Cela faisait déjà quelques dizaines de minutes que je parcourais la Forêt Embrasée, un lieu chargé en magie et en mystère où de nombreux voyageurs disaient avoir vu le Clan Royal, lorsque je vis ces trois gobelins tous vêtus de vêtements de forgeron. Ils chantaient, ils dansaient, ils parlaient entre eux. Les gobelins tiraient avec eux un chariot recouvert par une grande bâche. Pas un regard vers moi, je m’étais accroupie derrière un arbre, à l'affût du moindre danger car oui, personne n’était à l’abri du danger qui rôde dans ces bois.

Au détour d’un chemin, parmi les plus vieux troncs de la forêt, j’entendis le doux chant cantabile des fées volant au-dessus de ma tête m’ignorant. Quelques biches humanoïdes rairaient en passant à quelques mètres de moi. Le vent soufflait, les feuilles tombaient tout autour de moi, elles dansaient presque. Le vent caressait la frondaison des arbres, les ramillons et les feuilles mortes.

Et si au-delà de la forêt, on entendait le rugissement des géants et les pleures des fantômes, ici on entendait les murmures froids de la Vengeance. Parfois, un dragon passait au-dessus de mon crâne, de la forêt, car leurs cavernes se trouvaient non loin d’ici. Et les champignons chantaient, et les gobelins dansaient, et…

Et rien.

Un repas avalé. Une chute dans la rivière traversant la Forêt Embrasée. Une rivière qui était connue pour son eau brûlante. Des vêtements gaugés, une gourde vidée, et je me changeai avant de retourner en direction du centre de la forêt.

Les licornes bougeaient en troupeau, il n’était néanmoins pas rare d’en trouver une toute seule près d’un étang où des feuilles flottaient dans l’air. Les loups traversaient la forêt en meute à la recherche d’une proie. Les feuilles et brindilles craquaient sous leur poids quand il passait.

Le temps filait. Et je m’enfonçais davantage dans la forêt, la lumière disparaissant lentement dans ses profondeurs. Au loin, j’entendais les cerfs râler, les biches bramer, les loups hurler, et la forêt me chuchotait une histoire dont on ne prononce jamais le titre.

Il était dix-sept heures quand une rabasse tomba. Il pleuvait des cordes. Bien sûr, je n’avais pas de parapluie, mes cheveux étaient mouillés car je n’avais pas pris la peine de prendre un pull avec une capuche. Les habitants de la forêt apparaissaient avec un parapluie, discutant joyeusement, chassant et m’ignorant. Il était dix-huit heures quand la forêt était complètement plongée dans l’obscurité.

Au centre de la forêt se trouvait une petite maisonnette.

La mienne.

Car oui, la forêt embrasée est un labyrinthe, il est impossible d’y échapper. Alors je me balade souvent dans la forêt m’étonnant encore de ces êtres qui vivent sans crainte d’être découverts par les humains.

Car l’humanité a été anéanti quarante-cinq siècles plus tôt lors de la Grande Apocalypse, une pandémie s’est répandue et a tué lentement chaque humain.

Moi ? Je ne suis qu’un fantôme du passé, je suis un.e guide la nuit en hiver, je suis un.e promeneur.se au printemps et en automne et un simple fantôme en été.

Croyez en ce que vous voulez. Peut-être que pour vous ce n’est qu’une illusion, pour moi c’est réel.

Les Morts vous regardent.

Démêlez le vrai du faux dans ce que je vous ai dit. Sortez-vous les doigts du c...

Signée,

Général des Histoires Fantomatiques de la Communauté des Morts.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire AresPhóbos ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0