Liberté emprisonnée

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Le cri des feuilles s’estompe aussitôt que les semelles de mes chaussures partent, les brindilles craquent, et je danse au milieu de ce lieu exquis, je respire l’air pétrichor, la bonne odeur de la forêt. Le désir indomptable de liberté s’agite, tente de briser les chaînes autour de mon cœur, de brûler le bûcher qu’est ma rage. Le ciel reflète mes émotions vives, il se noircit aussi rapidement que lorsqu’un guépard court. Les nuages somptueux et majestueux se joignent au ballet des oiseaux, un sentiment de confort se glisse sous mon masque alors que le tonnerre gronde. Et je marche encore et encore, traînant les chaînes qui me retiennent à ce monde, usant de ma force pour tenter de libérer ma liberté emprisonnée. Mes doigts glissent sur les barreaux rouillés, mes yeux rencontrent ceux de ma liberté, les siens sont teintés de colère, de tristesse et ils reflètent la solitude de mon cœur. Le silence m’enveloppe dans ses bras protecteurs et si familiers, estompe toute musique du monde, chuchote des paroles inaudibles, tente d’apaiser mes blessures ouvertes. Des gouttes tombent, voilà que le ciel pleure, mon reflet se dessine dans ce miroir furieux. Les chaînes se renforcent, s’enveloppent autour d’un corps abusé, arrachent la peau, brisent les os. La forêt écoute les cris silencieux qui s’échappent, résonnent, s’estompent. Et ma rage est intacte, ma colère est aussi froide que la froidure. Les chaînes traînent un corps fracassé par le temps, fracassent un cœur séché déjà brisé, transpercent tel un couteau aiguisé une âme solitaire. La cage diminue de taille me brûlant une fois de plus.

La forêt s’agite, les branches des arbres avancent, dansent, s’approchent et m’attirent dans une étreinte douce et familière. Les feuilles tentent de sécher mes larmes silencieuses, ma gorge se noue, mes cris s’éteignent, disparaissent, s’abandonnent aux frisselis du vent, aux murmures des ramillons, à la douceur meurtrière de la pluie. Un frisson me parcourt, la température tombe, et les flocons rejoignent mon champ de vision. Tempête glaciaire, grondement grossier, mon âme éprouve, exprime, vomit toutes ces paroles que je ravale. Un pied devant l’autre, j’avance, je tremble, j’aspire à atteindre un but familier, un but proche. La forêt crie encore et encore mais son espoir se fracasse contre le brouillard de mes pensées, mes genoux heurtent violemment la terre sèche, vidée de ses émotions. Le ciel est apocalyptique, miroir de mes ressentis, il se noircit, il se fait violence. Le monde tremble mais les chaînes sont en acier, elles sont flamboyantes et tiennent bon. La forêt chante, les animaux se taisent, et je rage. La cruauté se moque, murmure des paroles familières à mes oreilles, des mots qui résonnent en moi un sentiment de colère. Et les pleurs de la liberté échouent mon âme, et les pleurs de mon cœur déchirent mon âme. Le désespoir s’agite, avance pas à pas, tend ses bras vers moi, chuchote des paroles inaudibles. La cage brûle, laisse des marques sur ma peau grisâtre. Regard hagard, dénué de bonheur, solitude étouffante, prison meurtrière.

Dans ce monde, je ne suis pas libre. Et ça me pèse.

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