Pas de regret

3 minutes de lecture

Défi : Les mots aléatoires.  Les mots de ce défi : Cendrillon, Plaisir, Ride, Adresse.




Le quartier, qui était d’une tranquillité assurée par les agents immobiliers, venait de se réveiller en sursaut par des cris horrifiques. La peur les enveloppait et l’incompréhension les frappait alors qu’ils se dépêchaient d’aller à leurs fenêtres ou dehors pour voir ce qu’il se passait. On parlait d’un quartier calme où rien d’horrible ou d'extraordinaire n'arrivait. Et pourtant, ce beau matin à cinq heures cinquante, des hurlements retentirent.


Crystal, jeune femme originaire de Grèce, se frottait les yeux tandis qu’elle observait ses voisins de l’autre côté de la rue. L’un d’eux, un pénuteur, la fixait tel un prédateur regardant sa proie. La compagne du pénuteur buvait une tasse de café. Elle posa une main sur l’épaule droite de son partenaire, celui-ci détacha son regard de Crystal et revint à l’intérieur de son appartement. La femme jeta un long regard significatif à Crystal qui rougit. Un cri retentit à travers le quartier faisant sursauter les deux femmes, qui d’abord se regardèrent surprises puis balayèrent la rue du regard.


Rien.



Personne.


Crystal aperçut l’apprenti boulanger de sa boutique préférée, là où elle achetait le pain. Il s’appelait Thierry, il était en train de terminer sa deuxième année de CAP. Crystal ne le connaissait pas cependant elle avait entendu de nombreuses louanges à son sujet. Thierry vivait dans le quartier, non loin de l’adresse de la boulangerie, ce qui rendait ses trajets moins longs et moins fatiguants. Il était seul, à peine vêtu, alors qu’il marchait ou plutôt vacillait en direction de la boulangerie. Thierry frottait ses yeux, il semblait marmonner quelque chose cependant Crystal ne l’entendit pas.


  • Gamin ! Gamin ! Rentre chez toi, il y a un danger ! cria un homme sur son balcon, fixant la silhouette du jeune apprenti.

Ce dernier l’ignora. Il continua son chemin sous le regard inquiet des habitants du quartier. Un bruit retentit, brisant le silence du quartier. Et quelque chose traversa la poitrine du jeune homme. Thierry s’arrêta, il ouvrit la bouche pour former un mot cependant aucun son ne sortit. Il baissa les yeux, sentant les regards horrifiés des habitants, et aperçut une lance enfoncée dans son torse. Il tomba à genoux, mort. Quelqu’un cria.


La folle aux chats, dont certains la surnommaient Arabella Figgs, criait. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elle ne vit pas l’attaque. Son voisin, Robert, la vit cependant. Ses mots moururent dans sa bouche tandis qu’une flèche transperçait la chair de sa voisine. Robert n’avait pas pris une ride depuis dix ans selon les rumeurs, on disait qu’il était un vampire. Et pourtant, quand une hache vola et se planta dans son crâne, les commères durent se rendre à l’évidence qu’il n’était pas immortel. Il ne faisait seulement pas son âge.


Crystal assistait aux morts de ses voisins, elle ne comprenait pas ce qu’il se passait. Elle savait une seule chose : des gens étaient en train de les tuer. Et elle l’acceptait. Pas une seule fois elle regrettait d’avoir quitté sa famille - ces bâtards - qui la traitait comme une moins que rien, comme Cendrillon avait été traité. Elle ne regrettait pas d’être partie un soir d’hiver, peu avant Noël, peu avant son quinzième anniversaire. Crystal ne regrettait pas ses longues années dans les rues, à frôler la mort par la famine ou par le froid durant la froidure.


Les projectiles touchaient ses voisins. Les cris ne s’estompaient pas. Ils continuaient encore et encore. La jeune grecque restait là, à contempler la mort, à regarder le sang couler. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait quelqu’un mourir, agoniser comme un steak sur une poêle. Elle prenait presque plaisir à regarder l’événement comme si elle se trouvait devant sa télévision. Crystal ne vit pas l’inconnu qui se glissa derrière elle, étant passé par la porte d’entrée. Elle sentit tout simplement sa main sur son visage, recouverte d’un tissu imbibé d’un somnifère. Sa vision se troubla, la scène disparut dans les méandres.


Et la cacophonie cessa sa lourde musique.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire AresPhóbos ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0