L'atmosphère perdait peu à peu sa tension pour une paix presque magique, et quand la jeune meunière nommait Lysa semblait un peu plus souriante, Isyl arrêta de chantonner. Malgré cela, l'ambiance garda l'apaisement de l'ondine sur les nerfs de toutes les personnes de la maison. Même Lukà avait l'air moins menaçante avec son visage sans émotions.

- Je voudrais m'excuser pour ma réaction, mais Cyndas est un ami d'enfance et je lui portais de forts sentiments. Commença Lysa, avec un sourire en demi-teinte. Vous êtes les aventuriers que Cyndas a fait appel ?

Isyl croisa le regard d'Aya, qui se leva et laissa l'ondine discuter au vu du regard fuyant de Lysa sur l'elfe. Elle devait pas l'apprécier suite à son annonce assez froide de la mort de son ami.

Isyl donna un sourire encourageant à Lysa, qui semblait s'apaiser à la vue de l'ondine.

- Oui, nous sommes les aventuriers envoyés par la guilde des Roses Noires. Notre chef de guilde nous a fait part une partie de la demande de Cyndas, mais nous aurions besoin de plus de précisions. Pouvez-vous nous aider ? Demanda l'ondine, avec sa voix mélodieuse.

- Bien entendu. Soupira légèrement Lysa avant de continuer. Depuis deux mois, il avait remarqué que certaines vermines - rats et souris - agissaient étrangement dans les champs. Une nuit, il les avaient vus suivre une silhouette comme s'ils étaient hypnotisés. Et pourtant, Cyndas avait déjà vu un druide contrôlé un animal mais pas ainsi. Même lui étant chasseur, il ne commandait pas Eve de cette façon.

Lukà intervient d'un ton le plus calme et le moins agressif. Elle s'écarta même du mur et décroisa ses bras.

- A-t-il reconnu cette silhouette ?

Lysa fut surprise par l'épéiste, et eut l'air gêné avant de répondre à Lukà, mais en fixant Isyl.

- Non. Hocha-t-elle la tête. Mais il a vu un grimoire étrange dans les mains de la personne. Il est un chasseur et ne connais rien dans la magie et moi, je suis une fille de fermier. La magie ne fait pas mon fort.

Isyl fronça les sourcils brièvement avant de poser la question qui lui traversa l'esprit.

- Comment était la couverture de ce grimoire ?

Lysa baissa la tête sur ses mains posées sur la table, avec concentration, avant de la relever avec un air incertain.

- Si ma mémoire est bonne. Cyndas m'avait dit qu'il était rouge et noir. Avec un sigle étrange qui ressemblait à une chouette. Dit-elle. Je ne suis pas certain.

- Ce n'est pas grave. Rassura l'ondine. Nous pouvons continuer ou vous voulez vous reposer ? Demanda-t-elle en remarquant que les mains de la jeune femme tremblait peu à peu.

Son chant d'apaisement n'était pas infini, et les premiers signes du retour du climat sombre arrivaient en douceur dans la maisonnette. Lukà était retournée à sa place initiale ; Jessie jouait avec son collier et Aya commençait à faire des allers-retours.

Isyl savait qu'il restait à peine du temps pour une voire deux questions à poser avant que la jeune femme ne replonge dans son malheur.

Avec toujours son sourire avenant, elle posa la question suivante.

- Avant ces changements, y-a-t-il eu des arrivées ou un changement qui pourrait être la cause de cette magie ?

Les yeux de Lysa s'illuminèrent à la question.

- Mon sauveur est revenu avec sa caravane de marchand, il y environ deux mois. Dit-elle, avant de sortir une dague fait d'un beau métal, mais moins raffiné que l'art des orfèvres elfiques. C'était l'œuvre brut des nains. Elle est dirigée par un elfe fier, Diruil Dragonheart qui adore les denrées des Hommes. Il vient toujours au moment de la moisson pour la farine et la bière.

Sur la garde la dague était incrusté une pierre de lune grossièrement taillée, les nains était des bons forgerons mais pas de créateurs de bijoux. Lysa sortit la dague de son fourreau et il eut un hoquet de stupeur venant de Jessie en observant la lame tranchante. Elle était faites en pierre de lune. L'éclat presque magique illumina la pièce comme l'astre lui-même.

- Vous avez dit sauveur ? Lança Jessie en fixant la dague d'un regard hypnotique.

Lysa fixait du même regard la lame, elle répondit avec lenteur et envoûtée.

- Oui. Les hommes de Midgard n'aiment guère les femmes maudites.

Puis soudain, un bruit sec retentit dans la maison qui fut replonger la douce pénombre à peine éclairé par quelques rayons du soleil passant par les deux seules fenêtres de la maison.

Aya venait de prendre la dague des mains de Lysa l'avait rangée dans son fourreau, pour lui rendre avec un sourire en coin.

- De rien.

Lysa avait l'air confuse, et Jessie fixa ses bottes après avoir rencontré le regard réprobateur d'Aya, qui se rassit à côté d'Isyl.

- Vous avez d'autres question ? J'ai du travail au moulin qui m'attend. Demanda Lysa, gênée.

L'ondine se tourna vers ses amies pour chercher une dernière demande et ce fut Lukà qui se lança en regardant la fenêtre.

- Rien d'autres étranges ou de nouveau dans la ville ?

Lysa inspira profondément pour calmer ses tremblements et son embarras.

- A part que le seigneur Dayram viendra à notre fête des moissons. Il doit arriver ce soir, une partie de ses courtisans sont déjà arrivés au château. Il avait quitté le château pour vivre à la Citadelle Blanche car il y a eu une tempête qui a touché la toiture et notre seigneur a dû partir pendant les travaux. Cette fête est aussi une de bienvenue pour notre souverain.

- Je vois. Désolé du dérangement et de la mauvaise nouvelle, on va pas plus vous déranger, Mademoiselle Lysa. Lança d'un ton sans appel Lukà, avant d'ouvrir la porte.

Les trois autres aventurières suivirent la drow à l'extérieur, même si l'ondine resta un dernier instant pour parler à Lysa.

- Nous vous laissons Eve, veillez bien sur elle.

Isyl ferma la porte derrière elle, après un dernier regard sur une Lysa silencieuse. Elle était triste pour la jeune femme, mais la voix de Lukà la ramena de ses pensées poignantes.

- Allons trouver une auberge pour la nuit. Annonça-t-elle.

- Et pour manger aussi. Lança Jessie, après que son ventre ronronna bruyamment.

Aya roula des yeux en se relevant après avoir caresser la louve qui était resté à l'extérieur sagement à les attendre. Isyl suivit derrière, et salua une dernière fois Eve.

- A bientôt et veille bien sur Lysa, ma chère Eve.

- Isyl ... Grogna Lukà, en passant à côté d'elle.

L'ondine se releva après un dernier grattement derrière les oreilles, et rejoignit Lukà, qui suivit les deux autres aventurières qui avaient déjà prit le chemin vers Mornecroc.

Eve observa le départ des aventurières avec un éclat d'émotion dans le regard avant de se recoucher devant la porte. Et ce ne fut pas la seule à observer les jeunes femmes s'avancer vers la ville, la petite silhouette animale les suivirent à travers les champs.