Chapitre 26

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 La Saint-Nicolas des étudiants battait son plein. Là où il y avait un feu de circulation, là se tenaient des gars et des filles vêtus de leurs tabliers blancs tagués d’une multitude de dessins et de slogans, de personnages d’animations, de bédés. Certains des accoutrements trop propres semblaient récents, d’autres qui sévissaient depuis plusieurs années se maintenaient aussi raides qu’une serpillère qui aurait servi à nettoyer une rue entière.

 À chaque automobiliste était présentée une chope à bière dans laquelle ils devaient déposer une pièce ou un billet, et gare aux resquilleurs qui en représailles recevait un kilo de farine sur le parebrise de leur voiture ! Les piétons n’étaient pas mieux lotis, car c’était sur la tête qu’ils prenaient la poudre qui se transformait en colle pour peu que la pluie s’en mêlât !

 J’avais rendez-vous avec Marc dans un bistrot en face du Perron. Afin de ne pas finir la journée en bonhomme de neige, j’avais rempli mes poches de pièces d’un euro. Le long du trajet, j’en avais déjà distribué cinq ou six aux fêtards qui braillaient des chansons estudiantines.

 Je m’installai et commandai un café. Marc arriva avec un uniforme en partie saupoudré de farine. Il était occupé à balayer avec impatience sa tignasse rousse, propulsant dans les airs la poudre blanche qui venait d’atterrir sur son crâne. Il vociférait des jurons dans tous les sens.

 — Vivement que ce soit terminé, lança-t-il en s’attablant.

 Il commanda lui aussi un café. La Jupiler, ça serait après son service.

 — Alors ? demandai-je.

 — Kinovsky est allé avec ses hommes perquisitionner les entrepôts de Flémalle. Ils ont découvert un laboratoire clandestin ainsi que trente-mille pilules de désomorphine qui venaient d’être conditionnées. Après la mort du chimiste, son équipe a continué à produire la drogue à son propre compte, tant qu’il restait de la matière première. L’appât du gain : tout ce monde a commis l’imprudence de demeurer sur place en espérant se faire un max de blé. Les flics sont tombés dessus alors qu’ils s’apprêtaient à mettre les voiles avec la came.

 — Giulia était avec eux ?

 — Non, il semblerait qu’elle ait disparu dans la nature.

 — Il y a un truc que je ne comprends pas. Pourquoi, au phare, m’as-tu demandé de la laisser tirer ?

 — Quand j’ai voulu la stopper, elle m’a sans détour dit que sa cible avait changé, et que c’était le chimiste son nouvel objectif. Bien sûr, je ne pouvais pas accepter qu’elle commette un meurtre ! J’ai sorti mon arme pour l’arrêter, mais l’autre con s’est pointé pour me sauter sur le paletot sans prévenir. Je ne sais pas d’où il est venu. Il m’a sans doute entendu arriver, et il s’est planqué. Avant que je puisse réagir, il m’a planté ! Tu me connais : il ne faut pas me chercher, blessé ou pas ! Je l’ai empoigné à deux mains, et je l’ai jeté par-dessus le garde-fou comme un vulgaire ballot de paille ! Mais, je saignais comme un porc, et je me suis senti mal. Je n’avais plus la force de m’occuper d’elle. Couché sur le sol, j’ai tenté de la raisonner, mais elle ne voulait rien savoir. Puis, trop affaibli pour garder les idées claires, je me suis dit que ce fumier de chimiste méritait bien sa punition. Ensuite, tu es arrivé…

 — Anne m’a dit qu’elle avait décidé d’abattre son patron pour ce qu’il avait fait à Ayana. Mais le Chinois, pourquoi y avait-il un contrat sur sa tête ?

 — Il était venu à Liège pour signer le rachat de la zone industrielle où le chimiste avait construit son laboratoire.

 — Ben, il savait que le Chinois allait débarquer ! Non ? Il lui suffisait de déménager ses installations !

 — Sauf qu’il a été pris de court. Le voyage avait déjà été annulé deux fois. Il n’y croyait plus. Mais, l’investisseur est arrivé dans son jet privé presque à l’improviste. Il avait profité d’un voyage d’affaires en Allemagne pour modifier son plan de vol, et venir atterrir à Bierset. Il était sans doute pressé d’en finir avec Liège. Il avait emmené deux ingénieurs qui allaient s’approprier le site de Flémalle dès la signature des contrats. Deux bulldozers attendaient déjà devant le portail des entrepôts. Le chimiste était coincé. Bien entendu, après l’attentat, le Chinois qui croyait avoir échappé à la mort de justesse est reparti sans rien conclure, et tout le monde est rentré chez soi.

 — C’est con ! ça aurait pu faire de l’emploi, cette nouvelle fabrique, fis-je remarquer.

 — Que dalle ! à part quelques Liégeois pour la forme, et pour faire plaisir aux instances politiques locales, le personnel allait débarquer tout droit de Chine ! Même l’usine allait arriver en kit du continent asiatique !

 — On allait être entubés !

 — Une fois de plus, pour ne pas changer. Il n’y a rien qui nous sert de leçon !

 J’acquiesçai en terminant mon café. Marc fouilla dans une poche de sa veste pour en sortir une feuille cartonnée.

 — Tiens, dit-il.

 — Qu’est-ce que c’est ?

 — Tu la reconnais ?

 Un encart affichait le portrait de Giulia. Marc le tenait du fichier central des délinquants. Ses traits montraient quelques années de moins, mais c’était bien elle !

 — J’ai pensé que ça pourrait t’être utile, ajouta-t-il.

 — Utile ! Comment, ça ?

 — On ne sait jamais, s’il te vient l’idée d’écumer les bars de la ville pour tenter de la retrouver…


 Nous étions mercredi. J’avais pris l’habitude de me rendre chez Joseph, comme il l’avait souhaité après mon retour place Général Leman. Il essayait tant bien que mal de remonter le moral de sa fille Anne. Mais elle souffrait trop de la disparition d’Ayana. Elle restait indifférente à ce qui se passait autour d’elle. Une ombre qui se nourrissait juste pour survivre.

 Joseph ne savait plus quoi inventer pour lui mettre un peu de baume au cœur. Et chaque mercredi, je la croisais qui assistait son père pour préparer le repas, mangeait à notre table sans un mot, s’en retournait dans sa chambre, où elle sombrait dans une douloureuse torpeur. Je trouvais qu’elle allait de plus en plus mal.

 Joseph soupirait, impuissant. Moi, je tentais de paraitre naturel. Je n’allais pas ajouter mes lamentations aux siennes. Je ne possède aucune qualité dans ce domaine. Je ne suis ni psychologue ni thérapeute. D’ailleurs, sa fille avait refusé d’être suivie par un spécialiste. Comme si la souffrance d’Anne compensait celle qu’avait vécue sa compagne. Son cerveau devait être envahi en permanence des images et des cris d’Ayana. Elle devait encore l’entendre implorer la mort qui tardait tant à l’emporter loin de ses bourreaux.

 Le chimiste avait payé pour ça ! Et pour tout le reste. Était-ce de la vengeance, de la justice ? Pouvait-on affirmer qu’elle avait été rendue ? Giulia avait fixé et exécuté la sentence, sans autre forme de procès.

 Moi, je ne savais que penser. Le sempiternel refrain qui dit qu’on ne peut faire justice soi-même tournoyait dans ma tête. Cette ordure aurait sans aucun doute porté encore la responsabilité de la mort de bien des personnes ! Aujourd’hui, c’était Giulia qui était pourchassée pour assassinat.

 Comme Marc me l’avait suggéré, j’avais commencé le tour des bistrots et bars de la ville, présentant à qui voulait la regarder, la photo de Giulia. Je ne rencontrais que des visages méfiants qui se refermaient, des têtes que l’on secouait avec des moues dubitatives. En fait, si je la retrouvais, je ne savais même pas quoi lui dire. J’étais, en toute simplicité, animé d’un désir que je ne m’expliquais pas.


 Ici s’arrête le manuscrit de Pierre-Alexandre Mangon.


 Après deux semaines de recherches, un type que Pierre-Alexandre avais questionné le suivit dans la rue pour lui emboiter le pas en toute discrétion. Arrivé à sa hauteur, il glissa dans sa main un bout de papier. Sans un mot, il le dépassa pour se mêler à la foule, où il disparut. Un numéro de téléphone y avait été noté.

 Il poussa la porte du premier café en vue et commanda une bière en signifiant au garçon qu’il se dirigeait vers les toilettes. Une fois installé sur la cuvette, Il composa le numéro. Pierre-Alexandre reconnus la voix de Giulia.

 — Allo ?

 — C’est Pierre-Alexandre…

 — Je sais. Rendez-vous dans un quart d’heure devant le Perron.

 Il paya sa boisson puis ressortit sans même y tremper les lèvres. Il avait tout juste le temps de rejoindre la place du Marché. Dans le crachin glacial de décembre, il marchait d’un pas rapide, enserrant son col. Il faisait sombre et triste.

 Une moto de grosse cylindrée s’arrêta à sa hauteur. Giulia lui jeta un casque entre les mains, et lui ordonna de monter derrière elle. Il s’agrippa à ses hanches. Déjà, il se triturait les méninges sur ce qu’il allait lui dire. Elle démarra. Où l’emmenait-elle ? Il eut la prétentieuse idée qu’ils allaient faire l’amour dans un endroit secret, connu d’elle seule. Un film à la con qu’il s’était inventé ! C’est alors qu’il vit les gyrophares qui fonçaient sur eux ! Il entendit dans l’interphone du casque jurer Giulia.

 — On t’a suivi ?

 — Heu… Non, je n’ai rien remarqué.

 Déjà, le moteur grimpait dans les tours. Deux véhicules de polices surgirent au coin d’une rue, un troisième leur barra la route. Giulia bondit entre les voitures, la moto se cabrant comme un étalon sauvage voulant éviter le lasso.

 — Accroche-toi ! cria-t-elle.

 Il aperçut dans le ciel un hélico de la gendarmerie qui les suivait à la caméra thermique. De là-haut, on guidait leurs poursuivants. Il en surgissait de partout, toutes sirènes hurlantes.

 La brume se densifiait davantage. Giulia s’engouffra dans une trémie qui débouchait sur une montée d’autoroute. Augmenter leur vitesse était leur seul espoir de semer la horde des policiers. Mais l’hélicoptère ne les lâchait pas ! C’est alors que Giulia prit une décision aberrante ! Elle emprunta les voies en contresens.

 Déjà, ils fonçaient à près de deux-cents kilomètres-heure sur la bande des pneus crevés. Dans le brouillard naissant, ils virent les phares de leurs poursuivants mourir peu à peu. Même dans le ciel, le pilote renonça.

 Mais, il fallait augmenter la distance qui les séparait de la souricière qui avait été mise en place pour tenter de capturer Giulia. Sur le compteur, la vitesse grimpait toujours plus. Deux cent-vingt, deux-cent-trente…

 Pierre-Alexandre s’interrogeait. Qui l’avait trahi ? Était-ce dans ce but que Marc lui avait donné la fiche de Giulia ? Son téléphone était-il sous écoute ? Toutes ces questions resteraient sans réponse.

 Cela portait la signature de Kinovsky ! Il avait à coup sûr parié sur le fait que monsieur Mangon ne pourrait s’empêcher de retrouver cette fille. Et il avait raison. Sans doute avait-il même manipulé Marc qui lui avait remis la photo de Giulia en toute bonne foi, s’imaginant lui rendre un grand service. Ne dit-on pas que les routes de l’enfer sont pavées de bonnes intentions ?

 À présent, Pierre-Alexandre se demandait ce qu’il fichait là, assis sur cette moto, accroché aux hanches de cette femme, cette tueuse. Quel avenir, maintenant pour lui, devenu un fugitif ? Bonnie and Clyde des temps modernes ! Sauf que lui, oui lui ! n’avait jamais souhaité le malheur de personne ! Il se laissait emporter Dieu sait où, le corps vibrant sur ce monstre, ce dragon infernal, piloté par cette fille aux nerfs d’acier. Il se sentait idiot, stupide, un spectateur happé par le film qu’il regardait, et bien que personnage à présent à part entière, il n’y interprétait qu’un vulgaire figurant ! Du début à la fin de cette histoire, il n’avait rien maitrisé ! Cela, il l’aurait sans doute écrit dans son livre…

 Oui, qu’avait-il bien pu faire pour mériter le premier rôle dans ce triste scénario ? Car de son point de vue, tout se focalisait sur lui. Il lui brulait d’en savoir plus.

 — Comment ça marche ? lança-t-il juste pour entendre le son de sa propre voix dans les écouteurs.

 — Quoi ? L’interphone ? Il te suffit de causer, c’est tout.

 — Hum… J’aimerai te demander. Cette nuit-là, c’était déjà toi, dans le phare ?

 — Le jour où tu m’as emmenée dans ta chambre ?

 — Heu ! oui…

 — Que veux-tu savoir ?

 — Tout. Je veux tout savoir. Pourquoi moi ? Pourquoi tous ces meurtres ? Et pourquoi suis-je, moi, encore en vie ? Les visites nocturnes… Tout ça.

 Elle ne répondait pas. Sans doute réfléchissait-elle. Et puis, on n’y voyait goutte à plus de cinquante mètres. Le brouillard se densifiait. Ils croisaient, en contresens, des conducteurs qui surpris se mettaient en devoir de klaxonner de longues secondes interminables, plaintes lugubres que la vitesse rendait muettes, emportées dans le vent. Pierre-Alexandre resserra son étreinte contre le corps de Giulia. Il attendait ses réponses. Il n’y avait rien d’autre à faire… Enfin, elle se décida.

 — Nous étions en repérage en vue de l’élimination de l’industriel chinois. La fête était un prétexte pour me donner le champ libre, et me permettre d’évaluer la viabilité du projet depuis le sommet du phare de Cointe. Je savais que j’y arriverais. Mais Vincenzo, celui que vous appeliez le chimiste, ne voulait rien laisser au hasard. J’ai donc procédé à mes relevés télémétriques avec mon arme de précision.

 — Vous avez organisé un banquet rien que pour ça ?

 — Bien sûr que non ! Mes parents fêtaient leur noce d’or.

 — Mais, Kinovsky m’a dit qu’il n’avait rien découvert.

 — Mon père a des amis haut placés à Liège. Tu imagines bien qu’il avait pris ses précautions.

 Des amis hauts placés ! se répéta Pierre-Alexandre. Il avait peut-être fait l’amour avec la fille d’un parrain de la mafia ! Il avait même causé avec ce type ! Non, impossible… Il devait se tromper. Elle continua ses explications.

 — Vincenzo devait assurer sa succession. Mais mon père avait mis comme conditions qu’il m’épouse. Je n’étais pas d’accord. Je savais que c’était une ordure. Mais la famille, c’est la famille. Je n’ai pas eu le choix.

 — Tu as tué ton propre mari !

 — Je le haïssais. Pour couronner le tout, tu es arrivé comme un chien au milieu d’un jeu de quilles. Quand j’ai aperçu ton visage au travers de ma lunette de visée qui regardait dans ma direction, j’ai compris que l’opération allait être compromise. Plus tard, tu as débarqué à la Bergerie. Vincenzo, qui avait saisi le danger que tu allais désormais représenter, m’avait ordonné de m’occuper de toi.

 — Tu veux dire par là, mon élimination ?

 — Oui. Mais je ne pus m’y résoudre. Tu ne faisais pas partie du contrat, tout comme le bénévole du phare d’ailleurs qui devait disparaitre. Mon père n’était pas d’accord non plus. Alors Vincenzo, contre la volonté de papa, donna des instructions pour qu’un de ses hommes s’en charge. Fausto, son frère.

 — Le fameux Fausto Carrabelli, celui que Joseph a descendu chez lui.

 — Oui. C’est ce qui a sauvé le gardien du phare. Il était le prochain sur la liste.

 Pierre-Alexandre se rappela qu’elle aussi, d’après Anne, était la prochaine sur la liste. Quelle famille ! se dit-il. Il décida de garder cette info pour lui, au cas où elle exprimerait des remords d’avoir assassiné son mari. De plus, notre homme avait d’autres questions à lui poser.

 — C’est Fausto qui a bouté le feu à mon immeuble ?

 — Oui. Après tu sais quoi, j’ai mis un somnifère dans ta boisson. Quand tu t’es endormi, j’ai pris ton téléphone et j’ai enlevé la carte SIM. Fausto a placé le cadavre de la fille trouvée à l’église du Sacré-Cœur dans ton lit. Tu comprends, il fallait que je disparaisse au cas où quelqu’un m’aurait aperçu rentrer chez toi. Dès que les flammes ont démarré, nous sommes repartis à Cointe. En sortant de la voiture, j’ai discrètement appelé les pompiers afin qu’ils viennent te sauver. Ensuite, j’ai détruit la puce de ton GSM. Tu comprends, Je ne voulais pas qu’il t’arrive malheur…

 — C’était quoi, cette bagarre à la Bergerie ?

 — Une mise en scène improvisée par Vincenzo quand tu es arrivé. Je venais de finir de lui dire que quelqu’un m’avait découverte, et que nous devrions changer nos plans. Mais il n’avait pas l’intention de s’en écarter. Tu sais, j’ai tout fait pour te protéger.

 — Les visites nocturnes ?

 — Entre autres…

 Elle marqua de nouveau une pause. Son passager en profita pour poser la question qui le turlupinait depuis le début.

 — Cette nuit-là… Enfin, tu vois ce que je veux dire. Tu jouais comme une espèce de rôle ? J’ai besoin de savoir. Tu comprends ?

 Elle ne répondit pas, occupée à négocier le virage qui quittait l’autoroute. Peut-être, ne savait-elle quoi dire sur le moment. Enfin, la cavalcade à contresens prenait fin. Ils allaient sans doute trouver refuge dans une des planques de la tueuse. Cependant, la question restait en suspens. Cette fille allait peut-être balayer les craintes de Pierre-Alexandre à sa manière, en lui proposant de faire l’amour, une fois en sécurité. Au fond, c’est ce qu’il espérait.

 La voix de Giulia grésilla dans les écouteurs :

 — Je…

 Elle interrompit sa phrase au milieu de la courbe, aveuglée par les projecteurs d’un trente tonnes qui surgissait de nulle part…

 Le temps d’un battement de cœur, la moto traversa la calandre du poids lourd. Leurs chairs s’unirent au métal fracassé, dans une mortelle étreinte embrasée de feu, de lumière et de cris.

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