26 - 8 - Dans l'eau, la nage.

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– Je vous souhaite bien du courage avec votre seconde, sachez que tous mes vœux de bonheur vous accompagnent.

– Seconde, j’aurais voulu la nommer moi-même, bougonna le Capitaine.

– Cela est fait, on ne va pas y revenir, si ? s’agaça la Commandante.

– Non, non, mais… bougonna encore le Capitaine.

– Oh, nommez-la ! Qu’on en finisse !

– Par les pouvoirs qui me sont conférés… recommença le Capitaine.

– Je me nomme Seconde ! abrégea Seconde.

– C’est… c’est… est-ce un complot ? Une bouffonnerie, une mascarade ? s’offusqua le Capitaine.


Aucune des deux ne lui répondit, pire, elles firent mine de ne pas saisir sa question. Le Capitaine resta quelques secondes à réfléchir, la bouche grande ouverte – bouche-bée ? Oui, la bouche grande ouverte, c’est c’que j’viens d’vous dire. Lorsqu’il la referma, sa décision était prise :

– Seconde, je te destitue et te nomme Seconde.

– C’est mesquin, tout cela pour avoir le dernier mot, déplora la Commandante.

– Je me destitue et me renomme Seconde ! se destitua et se renomma Seconde.

– Joli ! reconnut la Commandante.


Le Capitaine resta quelques secondes à réfléchir, les yeux écarquillés – grands ouverts ? Oui, écarquillés, c’est c’que j’viens d’vous dire. Lorsqu’un clignement d’œil arriva, sa décision était prise :

– Vous aimez me taquiner, me torturer, me… faire tourner en bourrique ! Deux pour le prix d’une, je me vengerai, vous ne perdez rien pour attendre. Seconde, te voilà donc seconde. Restons-en là.

– Pourquoi ? Ne doit-elle pas aspirer à prendre encore plus de galon ? envenima la Commandante.

– La chose seule qu’elle pourra aspirer…

– Restons-en là ! le coupa Seconde.

– Voilà, ne brûlons pas les étapes, s’assagit le Capitaine.


Un peu de vent fit son apparition, le Capitaine eut un petit frisson. Après avoir grelotté, il proposa :

– Dites donc, ça fait un petit moment que je barbote dans l’eau, ne serait-ce pas le bon moment pour rejoindre votre Île ?

– Tout à fait, acquiesça la Commandante. Mesdames, ramassez-moi ce…


La Commandante hésita, opta pour tas :

– Ramassez-moi ce tas. Amenez-le en cale, peut-être pourra-t-il encore nous servir.

– Comment ça, que sous-entendez-vous par là ? s’étonna le Capitaine très intrigué.

– Comment ça, est-il… est-il… ? se mit à espérer Seconde sans oser le dire.


La Commandante les dévisagea d’un petit air narquois – malicieuse, moqueuse, salo… la garce ! –, se retourna sur le corps de Second, toujours inerte, à nouveau porté, et révéla l’impossible, l’impensable :

– Ce monde est régi par la magie, des créatures extraordinaires y vivent, penser à l’impossible, rendre possible l’impensable, n’est à près tout peut-être pas inenvisageable.

– Voulez-vous dire que… commença le Capitaine, avant que Seconde, d’une voix sonore, exaltée, gorgée d’espoir, ne couvre ses dires :

– Pourriez-vous le ramener à la vie ?!


La Commandante resta quelques secondes à réfléchir, l’air farceur – farceuse ? Non, l’air farceur, rien à voir, réfléchissez à la nuance ! – mais ne se décida pas :

– L’avenir nous le dira, n’anticipons pas la suite, rien n’est encore écrit.


Sans autre explication, la Commandante tourna les talons et les femmes emportèrent le corps de Second. Le Capitaine et Seconde furent ainsi laissés à leurs propres pensées, confuses et incertaines.

Très vite, le bateau des femmes se mit à bouger et s’éloigna peu à peu des deux nageurs. Le Capitaine réalisa l’impensable :

– Seconde, la Commandante ne va tout de même pas nous laisser là ? Elle ne va pas oser, n’est-ce pas ?

– Mon Capitaine, je pense que nous pouvons commencer à nager.

– Quoi ?!

– Nager, par exemple le crawl, un mouvement de bras après l’autre, expiration sous l’eau, inspiration sur le côté et on recommence. Sans oublier des petits mouvements de pieds ; aidez-vous du bassin, vous sentirez qu’ils sont efficaces quand ça tirera dans les cuisses et les mollets.

– Me prends-tu pour un idiot ?

– Non, je veux simplement vous apporter un peu de technique.

– Regarde donc ma technique et prends-en de la graine !


Au lieu de s’élancer, le Capitaine se mit à vociférer :

– Commandante ! Générale ! Femmes ! Que quiconque m’entende sur ce bateau, vienne de suite me repêcher où vous entendrez parler de moi !


Seconde, un peu gênée, le regarda et se permit d’intervenir :

– Capitaine, je pense qu’il ne sert à rien de supplier.

– De supplier ?! Supplier ?! Moi, supplier ?!

– De les prier, si vous préférez.

– Je ne prie et ne supplie personne ! Jamais ! J’exige juste que l’on vienne me chercher et que l’on me remonte à bord de ce bateau !

– Si je puis me permettre, de quel droit, exigez-vous ? essaya de savoir Seconde.

– De quel droit ?! Quel droit ?! Moi, de quel droit ?! répéta-t-il furieux.

– Qu’est-ce qui vous permet d’exiger quoi que ce soit, si vous préférez.

– Qu’est-ce qui me permet de… mais je crois rêver ! s’impatienta-t-il.

– Capitaine, je pense que nous devrions commencer à nager, avant que la nuit ne tombe et que… conseilla-t-elle évasive.

– Et que quoi ?! Que des monstres nocturnes viennent nous chercher ?

– Les monstres nocturnes aquatiques, précisa-t-elle.

– Les monstres… nocturnes… aquatiques… bientôt je vais entendre parler de sirènes, de… de trucs miraculeux et plus grotesques les uns que les autres !

– Les Sirènes ne vivent pas dans cette région, corrigea Seconde. Je ne suis pas non plus sûre qu’elles ne sortent que la nuit ; oui, il me semble en avoir déjà croisées durant la journée.

– Je ne suis pas un enfant que l’on effraie avec des histoires à dormir debout ! s’emporta le Capitaine.

– À vous entendre, j’aurais tendance à dire que vous n’avez donc jamais croisé de Sirènes ou de monstres aquatiques nocturnes.

– J’ai croisé plus d’un monstre ! Plus d’une créature ! Plus d’engeances démoniaques que jamais tu n’en verras, croiseras ou côtoieras de toute ta vie !


Seconde se contenta de rester stoïque et impassible. Naturellement, le Capitaine continua :

– Toujours, toujours je les ai vaincues, repoussées, voire même effrayées ! Alors tes monstres-trucs et tes sirènettes-machinettes n’ont qu’à bien se tenir !

– Bien sûr, crut-elle bon d’admettre.


Le Capitaine la fixa un moment et, satisfait, changea de sujet :

– Là n’est de toute façon pas le problème.

– Ça pourrait en devenir un, je vous assure, assura-t-elle.

– Le problème est que je ne compte pas rejoindre votre Île à la nage !

– Alors c’est ce que je pensais, la nage dans la tempête n’était pas… Seconde hésita à comment tourner sa phrase… pas vraiment… vraie.

– Doutes-tu de mes propos ? la testa-t-il.

– Savez-vous bien nager ? eut-elle comme seule réponse.

– Si je sais bien nager ?! Bien nager ?! Moi, si je sais bien nager ?! répéta-t-il hors de lui.

– Ça veut dire oui ? traduisit-elle.

– Ça veut dire que dans la tempête je me suis amusé, diverti, éclaté ! Ça veut dire que si on me surnomme le phoqu… le requin, ce n’est pas juste pour ma cruauté ! Ça veut dire que je pourrais nager huit fois autour de la terre sans jamais m’arrêter ! exagéra-t-il un peu.

– Ah, fit-elle.

– Ah ? Juste ah ? Un de ces jours prochains, je te conterai comment j’ai affronté à main nue, et dans son élément, une baleine tueuse, briseuse de bateaux, un monstre possédé, aux pouvoirs surnaturels, que je l’ai brisée, cassée, détruite et qu’après ça j’ai nagé, nagé, et encore nagé avant d’arriver sur une île : mon île !

– Me voilà impatiente de connaître cette histoire, mentit-elle.


Sans autre réplique, le Capitaine reporta son attention vers le bateau et constata qu’il s’éloignait de plus en plus. Il se déchaîna encore à tue-tête :

– Je vous assure, vous certifie, vous garantis, que je ne compte pas nager jusqu’à votre Île ! Commandante, revenez me chercher !

<< – Oh que non ! Je m’en voudrais de vous priver de votre loisir, cela serait si malvenu, alors non, non, je ne viendrai pas vous chercher. >> entendit-il lui dire la Commandante qui n'avait aucune envie de s'égosiller.

– Mon loisir ?

– Quoi ? demanda Seconde qui l'entendit parler tout haut de façon incompréhensible.

<< – Puis vous n’allez pas priver cette chère Seconde de vos talents de nageur, si ? Elle qui s’attend à vous contempler, à vous admirer, à s’extasier, elle serait déçue… non, vraiment, je ne peux, vraiment, pas venir vous chercher. Bonne nage, Capitaine, on se revoit d’ici peu. >>

– Je, je…


Puis, pour ne pas paraître plus fou aux yeux de Seconde, il essaya autrement, sans parler :

<< – Commandante, vous n’allez pas oser me laisser nager jusqu’à votre Île ? Non, non, vous n’allez pas être si impolie, si ? >>


Ne voyant pas le bateau faire demi-tour pour revenir vers lui, le Capitaine persévéra :

<< – Allez, nous avons bien rigolé, maintenant cessez d’être ridicule. Tout cela n’a que trop duré. Trop, duré ! >>

<< – Pfff, si vous aviez été attentif, Capitaine, vous sauriez, comme la Commandante vous l’a révélé il y a peu, qu’elle ne lit pas dans les pensées ! Elle peut simplement vous parler, en pensées ! >> aima à clarifier la Générale.

<< – Ah… oui... >> – Ah, oui. Commandante, revenez ! Mon loisir est de nager parmi les vagues, ici l’eau est bien trop plate ! hurla-t-il pour se faire entendre.

<< – Me réclamez-vous une vague rouge, Capitaine ? >> le questionna la Commandante.

– Une vague rouge ? Comment ça, une vague rouge ? Comme celle qui… paraissait s’embraser ?

– Une vague rouge ? reprit Seconde à qui les conversations télépathiques avaient échappé. Pourquoi mentionnez-vous les vagues rouges, Capitaine ?

– Qu’ont-elles donc à la fin vos vagues rouges ?!

– Capitaine, la vague rouge est issue du sang. Capitaine, la vague rouge est le fruit d’un sacrifice et d’une ancienne magie. De ce que j’en sais, elle est le seul lien qui permet de voyager entre les mondes.

– Tu veux dire que…

– Que le destin de votre marin sacrifié, décapité, était écrit d’avance. Ça aurait pu en être un autre, mais je savais, nous savions toutes que pour revenir, un de vos hommes se verrait désigné.

– La Générale avait besoin de son sang pour permettre le voyage. Alors ce que j’ai vu dans ses appartements, au moment de partir, était donc le début du rituel… ce que tu nommes toi, l’ancienne magie, s'expliqua-t-il.

– Probablement, Capitaine.

– J’imagine que la tempête…


Le Capitaine laissa sa phrase en suspend, dans le but que Seconde finisse ses révélations :

– La tempête a été invoquée, non pas pour détruire, mais exclusivement pour permettre l’apparition de la vague rouge.

– Pour qu’elle puisse vous ramener à votre monde, sur votre Île. Pour que je puisse me retrouver ici, parmi vous.

– Tout était sous contrôle, Capitaine. Même si je vous l’assure, sauter était une réelle folie.

– J’ai plongé, pas sauté !

– Vous deviez nous suivre, la vague rouge frappait votre bateau et, oui, vous arriviez ici à nos côtés. Dans votre bateau. Parmi vos hommes.

– Ah oui, mon bateau… Au fait, où est-il mon bateau ? s’en inquiéta-t-il.

– Où est votre équipage, surtout, non ? rectifia-t-elle.

– Ne joue pas sur les mots ! Bien entendu, où se trouve donc mon équipage ? Le bateau n’est qu’un bien matériel qui m’a coûté un bras, les hommes motivés par l’appât du gain, prêts à tuer, détruire, piller, sont disponibles à tout bout de champ, alors bien entendu, je m’inquiète, surtout, pour mon équipage !

– N’ayez crainte, vous les retrouverez tous. Nous nous en sommes chargées.

– Avec mon bateau ?


Seconde leva les yeux au ciel et soupira :

– Oui, avec votre précieux bateau.

– Où, quand ?

– En temps et en heure. Si nous nageons ! rappela-t-elle.


Le Capitaine leva les yeux au ciel et soupira :

– Vraiment, elle ne reviendra pas nous chercher ?

– Vraiment, elle ne reviendra pas nous chercher.


Déjà blasé, fatigué, abattu à l’idée de nager jusqu’au lopin de terre si minuscule, donc si loin, le Capitaine pensa opter pour l’ultime proposition :

– Dois-je dire oui à une autre vague rouge ? Tu comprends, histoire de gagner un peu de temps, de garder un peu d’énergie, d'éviter... une nage inutile et fastidieuse pour toi.

– Si une nouvelle vague rouge apparaissait, d’après vous, d’où viendrait le sang nécessaire à sa création ?

– Même supposé mort, il continuera à m’emmerder… Nageons !


Le bateau maintenant loin, aucune autre voix ne résonna dans sa tête. Le Capitaine n’insista plus et se résigna à avancer. Seconde se mit à son côté et tous deux nagèrent vers l’Île.


– Oh, oh, tout doux Seconde ! Une brassée après l’autre. Tends les bras, ramène-les vers toi en poussant fort sur les côtés, relance-les en avant et recommence. Puis fais de même avec les jambes. N’oublie pas de t’aider du bassin, si les mouvements sont efficaces ça te tirera dans les cuisses… dit-il fataliste pour calmer les ardeurs de Seconde.

– On oublie donc toute idée de crawl et on brasse, traduisit-elle.


Et tous deux, dans une mer calme, illuminée d’un soleil au zénith, nagèrent, une brassée après l’autre. Plus de paroles, plus de discours parasites et futiles, juste nager, avancer et voir le lopin de terre minuscule s’agrandir, grossir et devenir, au fur et à mesure, bien plus qu’une île : un continent.

Rien ne perturba leur trajet, pas de monstres horrifiques, pas de cruelles sirènes, pas même un minuscule poisson. Le Capitaine nagea, Seconde, déjà fidèle, garda le rythme. Cette fois-ci aucune idée de compétition, juste une brassée, l’une après l’autre, pour avancer, vers une nouvelle aventure.

Et durant cette nage, l’idée ne quitta pas le Capitaine que, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, une première étape se terminait, tel un premier tome venant de s’écrire. Il en avait appelé à la chance, elle l’avait mené à la Commandante, séduisante, enivrante, puissante, cruelle, belle et désirable. Sans parler de ses femmes, toutes vêtues de noir, enrubannées, étranges et exceptionnelles à bien des égards... mais inquiétantes car semblant ressurgir d’un passé qu’il croyait avoir rêvé...

Un passé qui s’était rappelé à lui, de façon abrupte, détonante, avec ce "Marquise" lancé à la volée. Sans qu’il n’en eut rien laissé paraître, ses doutes furent alors confortés.

Doutes, craintes, peurs, il en avait eu un court aperçu avec le foulard, car la souffrance de Seconde il l’avait vue, bel et bien vue. Qu’en était-il du sien ? Celui qu’il s’était laissé nouer autour du cou, qu’en serait-il dans un avenir proche ? Pour le moment il nageait, sans essayer de s’en débarrasser, mais plus tard, pas dupe, il en était sûr, la question se poserait.

Entre deux souffles, il revoyait la Générale, une princesse Licorne-noire, impensable… incroyable... et pourtant. Elle lui avait parlé, en pensées, énigmatique, charismatique, et là où il qualifiait la Commandante de cruelle, il la savait, elle, tyrannique, intransigeante, à ne jamais laisser de place pour l’erreur, voire à ne pas la tolérer. Il ne devrait pas la sous-estimer, oh non, jamais il ne devrait s'y risquer.

Continuant à brasser, il se remémora la magie, de la simple boule lumineuse à l’éclair, pour arriver à une vague rouge, terrifiante. En fin de compte, en pleine tempête il avait invoqué un dieu, l’avait prié, appelé, presque supplié, mais ce dieu, celui-là même qui l’y avait mené, se révélait être la Générale licorne usant de son ancienne magie pour mieux l’en faire ressortir. Ne jamais la sous-estimer, tel un mantra, il se le répéta et se l'ancra au plus profond de lui.

Le Capitaine nagea, douta, bien des mystères n’étaient pas dévoilés. Il lui faudrait rester sur ses gardes, se méfier, toujours, et guetter le moment opportun pour que lui, lui le capitaine pirate, retors, déploie toute sa fourberie et s’en sorte, survive et triomphe.

Mais triompher de qui ? Quel était donc ce clan ? De façon plus vaste, quel était donc ce monde ? Et ce mot "Ivoires" revenu à plusieurs reprises, faisait-il allusion à autre tribu ? Dans ce cas, des alliés potentiels ou des ennemis en devenir ? À qui se fier ? De qui se méfier ? De Seconde ? Déjà fidèle… déjà. Il ne se laisserait pas tromper, peu de marge existait pour qu'elle repasse vite vers un "déjà infidèle". Pourrait-il compter sur elle ?

Alors, naturellement, ses pensées le menèrent à Second. Il lui manquait presque, ce malheureux imprudent, ce triste éloquent. Second ne l’aurait jamais trahi, mais au final, lui aurait-il été d’une quelconque utilité ? Tant pis, il ne le saurait jamais, ne connaîtrait même jamais son histoire et, plus terre à terre, espérait que, bien mort, il n’en entendrait plus, jamais, parler.

Le Capitaine nagea, pensa, brassa, se remémora et en arriva à la simple conclusion que l’avenir s’annonçait… bien excitant !

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