Nicolas - 2

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Sa première pensée fut pour Nicolas. Ce petit merdeux allait-il encore l’emmerder ? Il se releva en jetant une couverture qui traînait là sur le corps menu de Catherine ; elle recula jusqu’à son bébé.

Stéphan jeta un regard par la fenêtre. Avec ce temps, à moins de coller le visage contre la vitre, il était impossible que quelqu’un y ait vu quelque chose. Il se risqua donc à faire un tour de la maison. Il ouvrit et referma aussitôt la porte en un claquement qui, il le savait, fit sursauter Catherine.

Dehors, alors qu’il n’avait même pas pris la peine de reboutonner son pantalon, il trouva l’origine de tous ces bruits. Contre les murs, deux cygnes à crête rouge se battaient. Ou plutôt ils dansaient. Lorsque l’un faisait un pas, l’autre en croisant son regard, reculait et grandissait ses jambes. Souvent ils se cognaient et répétaient l’opération plusieurs fois en enlaçant leurs cous. Leurs becs noirs surtout s’ouvraient et se fermaient sur les plumes de l’un et de l’autre, mais ils ne semblaient pas se faire de mal.

Stéphan trouva cette scène étrange, car aucun animal encore n’avait été vu aussi proche des habitations. Les oiseaux préféraient se baigner plus loin sous les racines en bord de berge ou se cacher entre les branches des arbres. En hiver, ils disparaissaient complètement pour la saison. Mais ces deux cygnes faisaient contradiction à ces règles. Il ne s’aventura pourtant pas à les chasser, car leur nature était d’une extrême violence.

Puis alors qu’il faisait demi-tour, assez troublé par cette danse étrange, mais pas inconnu de ces animaux, ceux-ci se mirent à drenser et dresser leurs ailes. Leur parade nuptiale se transformèrent en excitation non-contenue. Ils sautillèrent et drensèrent toujours. Stéphan prit peur et courut se réfugier dans la maison, mais lorsqu’il y pénétra, il ne restait personne. Même le feu était éteint, mais fumant encore dans l’âtre de cette vapeur ténébreuse et des cendres traînaient sur le tapis.

Stéphan courut au berceau : il n’y avait qu’un matelas souillé de noir, comme un message que Catherine avait voulu lui faire passer. Il hurla en renversant le couffin et couru dans la pièce voisine, une simple chambre de bonne, morne ; le lit était pareillement sali.

Pris d’une nouvelle bouffée de rage, il rationalisa en pensant qu’elle ne pourrait pas aller très loin. Les bateaux étaient gardés et il était formellement interdit de les utiliser en ce temps. Personne n’était parti travailler aujourd’hui, elle ne pourrait donc pas s’échapper.

Elle reviendrait chez elle, en rampant à ses pieds, voyant qu’elle ne pourrait pas lui échapper. Elle priera de lui pardonner et de la garder sous sa coupe, comme bonne femme qu’il a toujours voulu qu’elle soit.

Il s’assit là et attendit, persuadé de ses pensées. Puis un hurlement retentit dans la brume.

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