Nicolas - 1

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Il était courant que la brume s'abatte sur le petit village de Caligo. Le matin était engrisé jusqu'au midi et les lumières ne se traversaient pas la nuit.

Ce village, plus proche d’un bourg en fait, était perdu au milieu d’un lac, posé sur des îlots reliés par quelques ponts de fortune. Ces îlots constellaient l’eau comme des étoiles qui ne brillaient plus et se regroupaient autour d’un espace central qu’on appelait Sirius.

Pour exister, le village déposait les travailleurs sur les berges qui coupaient le bois, ramassaient les galets, taillaient le blé… et partaient vendre les marchandises transformées ou non à la ville la plus proche. Beaucoup de femme confectionnaient des bijoux à partir des plus jolies pierres, mais ne les portaient jamais. Vous savez ce qu’on dit : « Les cordonniers sont les plus mal chaussés ».

La ville appréciait les décorations en tout genre, pourvu qu’elles proviennent de Caligo. Elles avaient ce côté primitif très recherché par les citadins et donnaient un air sauvage à leur cadre de vie trop strict ; et les prix trop bas étaient particulièrement attractifs.

Malgré le bon marché du village, depuis peu les maisons se vidaient au profit des araignées et des papillons de nuit. Après trois ans, il ne restait plus que la moitié de cet endroit perdu.

Stéphan craignait pour la suite des événements ; à ce rythme, le village serait bientôt complétement déserté.

Il habitait un îlot au sud couvert de mousse où il n’y avait que deux maisons : la sienne et celle de sa voisine Catherine. Ce matin encore la brume s’était épaissie devant sa fenêtre. Depuis quelques jours, elle semblait s’intensifier et empêchait les travailleurs de rejoindre les berges invisibles.

Stéphan n’aperçut pas Nicolas revenir du port, plongé dans son propre reflet. Cela faisait longtemps que son corps se marquait de rides et de cicatrices, mais jamais encore il n’avait vu ce cheveu blanc pendre dans sa barbe brune. Il l’attrapa et l’arracha d’un coup sec avant de le laisser tomber sur le tapis.

La porte s’ouvrit en grand et un courant de vent violent s’engouffra jusque dans ses os. Nicolas entra essouffler et jeta les brindilles qu’il ramenait des cales sur le côté.

- Papa ! s’écria-t-il en fermant la porte. Papa, il se passe des choses dehors.

Stéphan se retourna lentement.

- Je sais, il est midi passé. La brume ne se lève pas.

- Non, je veux dire…

- Ravive le feu, ordonna-t-il, je vais chez la voisine.

Cette jeune femme, veuve tout comme lui, élevait difficilement son bambin de 9 mois. Elle était de nature étourdie et Stéphan allait souvent vérifier que les deux filles se portaient bien… C’était les mots qu’il donnait à son fils, mais son regard brillait souvent d’excitation et de perversité lorsqu’il pensait à elle.

La poitrine menue de cette jeune femme, à peine sortie de l’adolescence, pointait constamment par le froid et appelait à être découverte de sa brassière détendue. Ses hanches fines, très peu écartée par la grossesse se dandinait lorsqu’elle marchait et ses jambes étaient suffisamment épaisses par les marches qu’elle effectuait sur les berges pour avoir ce côté attractif et musclé pas déplaisant. Mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était son cou brun, dégarni de ses cheveux coupés courts, raffiné, qui ne se tenait là que pour être touché, caressé et enlacé.

Lorsqu’il fut dehors, il ne soucia plus de la brume qui se posait sur son perron et trottina chez Catherine. Il ne prit pas la peine de toquer et s’engouffra en tapant des pieds ; la terre était très humide.

Son chez-elle était très simple, mais accueillant, loin d’être froid et dégagé de sentiment comme la plupart des habitations du village. Catherine avait su décorer avec goût malgré le peu d’objet qu’elle possédait, ce qui ajoutait à son charme simple et délicat.

Il la vit dans son coin, tressant les branches malléables d’un manguier. Son bébé reposait dans son berceau, près du feu, endormi et paisible.

Il s’approcha du bébé et caressa sa peau jeune.

Plus tard, elle aussi serait à lui.

Catherine le regardait avec insistance, gardait un œil sur son enfant qu’elle chérissait, et Stéphan sourit.

- J’espère qu’elle sera aussi belle que sa mère.

Elle ne répondit pas et fit mine de se replonger dans son travail.

- Je vois que tout va bien, observa-t-il en s’approchant.

Il passa sa main dans les cheveux de la jeune femme, mais elle secoua la tête.

- La brume dure dehors, dit-elle en se levant.

Elle se dirigea vers la fenêtre et plongea ses yeux perçants dans un paysage qu’elle ne discernait plus. Dans le reflet, elle surveillait son bébé, et Stéphan se délecta de la peur qu’il lui inséminait. Il n’était pas non plus dupe, et tout ceci lui donna une effroyable envie de la posséder encore cette fois.

- Allons Catherine, répondit-il en enlaçant sa taille. Pourquoi m’esquives-tu ?

- Parce que je n’ai pas envie que cela se reproduise encore une fois.

- Oh, ma douce Catherine (Il lui embrassa le cou), je sais que tu as toujours aimé… et que tu aimeras toujours.

Oh oui, il la possédait et la posséderait encore.

Il la retourna, elle lâcha son bois, et il la plaqua contre la fenêtre. Il commença à l’embrasser tandis qu’elle le repoussait et lui donnait des coups de pieds. Mais la poigne de Stéphan la dépassait de loin, et il avait appris à se protéger des coups non-retenus de sa bien-aimée.

Il porta main à son cou et l’allongea sur le sol. Il baissa son bas et le sien et alors qu’il étranglait pour, disait-il, accentuer son excitation, il la pénétra. Elle ne put hurler tant la poigne de Stéphan était forte, mais elle porta son regard vers son bébé endormi.

Alors qu’il commençait à peine à entreprendre les choses sérieuses, Stéphan fut soudainement interrompu par des coups répétés dans les murs de la maison.

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