4. Un dîner presque parfait

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Le drame de la soirée commença dès que la belle pénétra dans la voiture. Elle fut surprise de rencontrer mon coéquipier, mais quand ce dernier prit la parole, je me liquéfiai sur place. Ce type n’était pas un boulet, c’était pire.

  • Eh bien ! claironna-t-il. Je comprends pourquoi tu t’es mis sur ton trente-et-un, James. Vous faites quoi ? 95 ? 100D ?
  • 105E, répondit la demoiselle qui devait être coutumière de ce genre de réaction.
  • Waouh ! Plus gros que ceux de ma femme, s’extasia-t-il. Et vous…

Derrière le volant, je préférai couper court à cette discussion stérile.

  • On peut se concentrer sur la route ! Vous pouvez me guider jusqu’au resto ?

Je vis dans le rétroviseur la belle me remercier pour mon intervention d’un sourire charmeur tandis que Miguel maugréait :

  • Si j’avais su que le légiste était une nana aussi bien roulée que vous, j’aurai gardé mon costume. Vous aimez les Patriots ?

Elle bredouilla un non et me conseilla de tourner à droite à la prochaine. Elle eut le réflexe de se focaliser sur la route pour éviter de devoir répondre aux questions stupides de mon coéquipier. La soirée commençait bien !

***

Juste avant de pénétrer dans le restaurant, j’eus l’opportunité de tancer Miguel pour son comportement grossier. Ce dernier fut complètement hermétique à mes remarques et me demanda d’un ton vulgaire si je comptais terminer la soirée chez elle ou au motel. Indifférent à ma requête, il se comporta comme le plus rustre des convives dès notre entrée dans l’établissement, répondant à la jeune femme qui nous accueillait avec un accent horriblement raciste. L’envie de le frapper monta peu à peu à mesure que ce dîner désastreux continuait, mais je décelai rapidement une porte de sortie. Après chaque verre de saké, il s’enfermait dans un mutisme providentiel, le temps que l’alcool se fraye un chemin dans ses veines. Ses silences devenaient de plus en plus longs, c’était ça la solution. Je passai le reste de la soirée à le faire boire, honteusement, plus que de raison. Lauren, la légiste comprit rapidement mon petit jeu et quand ce n’était pas moi qui resservais mon coéquipier, c’est elle qui le faisait.

Nous étions au milieu du repas lorsque Miguel annonça qu’il ne se sentait pas bien. Tandis qu’il se dirigeait en titubant vers les toilettes, j’appelai la serveuse en m’excusant pour le comportement de cet individu. Je la priai ensuite de commander un taxi pour le reconduire au motel. Ce dernier arriva au moment où Miguel revenait. Des traces de vomi sur son t-shirt ne laissaient aucun doute sur ce qui s’était passé. Pourvu qu’il n’ait pas ruiné l’endroit. Je n’eus aucun mal à le pousser dans la voiture et demandai au chauffeur de le raccompagner au motel. Je revenais ensuite à notre table et me confondis en excuses auprès de Lauren. Cette dernière, magnanime, me rassura dans un sourire. La soirée pouvait enfin commencer.

***

Nous partagions le dessert à deux, nos discussions avaient principalement tourné autour de l’enquête, mais la belle ne m’avait toujours pas fait part de sa théorie. Je profitai de la promiscuité de nos cuillères pour lui demander :

  • Et à votre avis, qui a fait ces lacérations ? Un type qui aurait dressé un animal sauvage : un ours ou un lion ?
  • Non, répondit-elle laconiquement.

Elle était visiblement gênée d’avancer son idée. Je décidai de devenir plus insistant.

  • Vous pensez à quoi, alors ?
  • Si je vous le dis, vous me prendriez pour une folle.

Je la rassurai sur ce point, rien de ce qu’elle pourrait m’avouer ne me ferait songer qu’elle a un souci mental… Enfin, tout sauf ça… Elle hésita, un court moment, puis, plongeant sa cuillère dans notre glace, elle leva les yeux vers moi et me lâcha à demi-mot :

  • Le Démon de Paradise Corner.

En temps ordinaire, je lui aurai ri au nez, convaincu que la légiste se foutait de moi, mais elle semblait, à cet instant, sérieuse, bien trop sérieuse.

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