Chapitre 5 : Balance

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Elle tomba à la renverse, se tapa la nuque sur la table et s’écroula par terre, les yeux clos et le nez sanglant. Les trois autres protagonistes la regardèrent puis relevèrent la tête vers moi, avec des regards mélangeant incompréhension, admiration et effroi.

-C’est bon t’es calmée ? lançai-je dans l’arrogance la plus totale.

Elle ne répondit pas, elle était silencieuse et immobile, une main sur le nez, la tête baissée de manière à ce qu’on ne voit pas son visage. Elle respirait à peine.

-Leila ? demanda la Wax d’un ton pas rassuré de ouff.

-Hmm ?

-C… Ça va ?

-Hmm hmm.

Gros silence.

Le mec masqué, le mec baraque et la Wax ne savait plus quoi faire, leurs regards alternaient entre moi et Leila. Personne n’osait parler. Leila fit l’effort de rompre ce silence. Elle se leva doucement, toujours le visage baissé et la main sur le nez. Elle tremblait légèrement, du sang était répandu sur son T-shirt et une petite flaque s’était formée par terre. Elle resta quelques instants debout avant se pencher vers moi, les yeux toujours fermés et la main sur le visage. Elle glissa sa tête au-dessus de mon épaule et commença à me chuchoter à l’oreille :

-Tu feras gaffe t’as un pli sur ton pantalon.

J’vous explique pas de quoi elle parlait hein, on passe la suite merci bien.

Elle s’écarta et releva la tête. Ses yeux s’ouvrirent, ils étaient bleus. Elle enleva enfin sa main de son visage, ses narines étaient rouges et un filet de sang lui coulait jusqu’au menton. Elle me lança alors un clin d’œil. Mais c’était pas juste « un » clin d’œil, c’était ce clin d’œil, le clin d’œil qui te met mal, le clin d’œil qui double ton débit sanguin et fait chuter ta température corporelle avant de la faire exploser. Ce clin d’œil qui te fait aussi cligner d’un œil tellement il est puissant. Celui qui t’envoie un spasme, celui qui te retourne l’estomac et tout l’appareil digestif avec, celui qui pourrait exploser un miroir à 500 mètres, qui pourrait mettre à terre un aveugle ou pétrifier un requin blanc sous cocaïne, voilà, c’était ce clin d’œil là.

Elle me cracha alors un glaire de sang à la gueule et souriant et partit lentement se rasseoir à sa chaise accompagné du regard traumatisé des trois autres pélos.

Elle se rassit tout en me fixant toujours du fameux regard « on s’capte dans les chiottes mon mignon » avant de lâcher tout naturellement au reste de l’assemblée :

-Bah il a failli buter un flic ducoup j’me suis dit qu’il avait du potentiel quoi.

Je pense que la mâchoire de la Wax aurait pu tomber sur la table si elle ne l’avait pas refermé avec sa main.

-Q..qu…quoi ?! Wow, ‘tendez… Tout ça pour ça ? M…mais t’aurais pas pu le dire avant ?

-De quoi ? répondit la blonde.

-Qu’il avait menacé un flic !

-Ah…Bah excuse-moi c’est toi qu’a commencé par dire mon blaze à l’autre débile là.

Elle me fit encore un clin d’œil quand elle prononça « débile ». J’avais chaud.

-Euh ouais…o…ok mais je sais pas, p’t’être si tu l’avais mentionné à la gare je me serais pas vénère sur le chemin.

-Ah donc tu remets la faute sur moi maintenant ?

-Non non, pas du tout c’est juste que…

-Ouais ok, bon t’inquiète dans tous les cas c’est pas grave, tant qu’on le garde avec nous ce sera pas un énorme souci.

-Co…Comment ça me garder avec vous ? lançai-je dans un vent de panique.

-Mec, t’es menotté et à 4 contre 1, juste, ferme ta gueule en fait, me répondit Leila avant de m’adresser un énième clin d’œil de ces grands morts, sauf que cette fois-ci, elle y ajouta un petit « léchage de lèvres de manière lente et particulièrement aguichante ».

Je baissai la tête devant tant de pression. Bah ouais déso on fait ce qu’on peut.

-Voooiiila, maintenant je vais demander à mon très cher ami masqué de t’accompagner à ton trou pour cette nuit.

Le mec en question se leva avec une flemme plus que palpable et me pris par le bras. Ce batard avait une poigne de gorille, contrairement à son apparence de squelette masqué. Il me traîna jusqu’à l’autre porte de la pièce derrière lequel se trouvait un couloir donnant sur à nouveau deux portes. Il ouvrit une des deux où se trouvaient un lit de camp, une petite étagère et une lampe plus que nulle et inefficace au plafond.

« Bah nickel » pensai-je.

Il me jeta à l’intérieur et sortit un couteau de son gilet gris.

La panique me saisit avant de capter que j’étais menotté et qu’il l’avait sorti pour ça. Il se pencha pour couper mes liens mais fut stoppé par la voix lointaine de Leila :

« Lui coupe pas ses menottes, il en aura besoin »

Sur le coup j’ai pas capté, puis après je me suis souvenu du clin d’œil et du sourire et j’ai compris.

Le mec se redressa alors et rangea son couteau. Il commença à fermer la porte en me regardant et je devinais au haut de ses joues un sourire moqueur derrière son foulard.

Une fois dans l’obscurité, la fatigue me pris de plein fouet et je m’endormis sur le vieux lit tout claqué en essayant d’oublier le fait qu’une blonde pourrait à tout moment venir me violer ou me tabasser, ou les deux.

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