Chapitre 3

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Ça fait plusieurs jours qu’on reste cloitrés chez moi.

Ce génocide de Jean-Clone nous a un peu secoués.

J’ai proposé à Lucy de rester à la maison en attendant de se faire un peu oublier.

Elle a accepté bien sûr, elle sait que chez moi, c’est open-bar. Ça fait bizarre d’avoir une femme à la maison.

Y’en a déjà eu, mais elles restaient juste le temps d’un câlin.

Pas longtemps quoi, ce n’est pas pour rien que je m’habille en lapin.

C’est marrant la coloc’, ça permet d’apprendre plus sur la personne.

En une semaine, j’ai beaucoup appris sur Lucy.

J’ai appris qu’elle était aussi bonne que bordélique.

C’est dire l’état dans lequel est l’appart.

Je vais pisser, je tombe sur une de ses culottes. Je mate la télé, je mets deux heures à chercher la télécommande calée au chaud sous une culotte. Je sors de la douche, je glisse sur une culotte.

Au moins je sais qu’elle est propre et qu’elle change souvent de culotte…

Lucy se réveille et sort de ma chambre. Toujours aussi professionnel, je dors sur le canap’.

- Waouh putain, j’ai cassé le lit, ça fait trop du bien, dit-elle en baillant à s’en décrocher la mâchoire.

- Ouais, j’ai remarqué, t’es une vraie marmotte toi.

- Pourquoi ? Il est quelle heure ?

- Dix-huit heures…

- Oh, sérieux ? Apéro ?!

Je sors la bouteille de whisky, les glaçons, ah non, y’en a plus, pas grave ça passe quand même.

Je nous sers et on trinque.

Elle me file un coup d’épaule et me lance.

- Dans les yeux !

J’avais oublié, toujours trinquer les yeux dans les yeux, elle est très à cheval sur les principes.

Et malgré les jours et les litres d’alcool, c’est toujours le même sujet qui revient sur le tapis.

- C’est un truc de fou quand même, me dit Lucy en s’enfilant son verre d’un trait.

- C’est clair, je n’arrive pas à me le sortir de la tête.

- Mais comment c’est possible ? Tu crois qu’il y en a d’autres des mecs comme lui ?

- Comme lui ? Tu veux dire, des petits chauves moustachus ? je plaisante.

- T’es con, sérieux, ça doit être puissant quand même d’avoir des pouvoirs, non ?

- Ah c’est sûr que ça pète plus que ma carotte en alu.

- Ben pour le coup, ta carotte a eu plus de réussite que ses clones.

- C’était de la folie, je ne me suis jamais autant acharné sur un mec.

- Tu m’étonnes.

Elle pose son verre, se ressert et me dit.

- Si tu devais choisir un pouvoir, ce serait lequel ?

- Rétrécir.

- Rétrécir ? Elle paraît étonnée.

- Ouais, si je pouvais rétrécir, je rentrerai dans ton cul pour voir combien tu peux mettre autant de choses dans un si petit trou !

Elle avale de travers sa gorgée de sky, recrache tout sur ma table basse et on part dans un fou rire à se pisser dessus.

Son téléphone bipe, elle a reçu un texto.

Elle stoppe net de rire, son visage se décompose, et tire une tronche de trois kilomètres.

Je lui demande.

- Ça va ?

- Mmm, t’inquiète c’est rien. Elle efface le message.

- C’est qui pour te mettre dans un état pareil ? Rien de grave au moins ?

- C’est personne … C’est un connard d’ex un peu trop collant.

Son téléphone sonne, elle regarde le nom qui s’affiche et coupe l’appel. Le cirque va durer cinq bonnes minutes.

Ça sonne, elle coupe, ça sonne, elle coupe, je commence à péter un câble.

Ça sonne, je l’attrape et je lui gueule.

- Putain, mes couilles maintenant ! Ou tu réponds ou tu l’éteins ! Je lui jette son tel.

- Ok …

Elle part dans la chambre, ferme la porte et répond.

- Allo.

- Mais t’es juste un malade.

- Ne m’envoie plus jamais de photo ! T’as compris ? Plus de texto ! Plus d’appel !

-Non ! Non ! Pas de rencard, pas de discussion…

- Mais putain, j’en veux pas de tes excuses, tu crois vraiment que ça suffit ? Oh, je m’excuse et on oublie tout ?!

-Bon écoute, j’ai pas la tête à ça en ce moment, je dois raccrocher, je suis pas seule.

- Ça ne te regarde pas.

- Mais tu ne lui arrives même pas à la cheville, connard !

Elle raccroche, sort furieuse de la chambre, se laisse tomber sur le canap’ et prend son paquet de clopes…vide. Elle me regarde tirer ma dernière taffe avant d’écraser le mégot.

Elle pousse un cri en agitant ses bras dans tous les sens, se lève, enfile des fringues froissées, prend son sac.

- Bon, ben je reviens, je vais prendre des clopes, t’as besoin de rien d’autre parce que je ressors plus après ?

Je fais un non de la tête, attends qu’elle sorte de l’appart et recrache la fumée de ma dernière latte.

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