Chapitre 1

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Des gravats jonchaient sur le sol fissuré par la violence des combats. Des fissures zébraient les immeubles insalubres décoré d’enfoncements. Des éclats de verre reposaient à leur pied. Les épaves parsemaient la route tandis que les charognes éventrées peignait l’asphalte. Les ruines de la ville montrèrent l’intensité profonde de la violence, autrefois maîtresse de la bataille. L’absence de scrupule et de discernement se dégagèrent de cette destruction massive. Malgré l’achèvement du combat, la guerre fut loin d’être terminée ; De nombreuses batailles demeurèrent sur le chemin avant le débouchage sur la concorde perdue.

Sous un faible monticule de plâtras et de décombres, au cœur de la route déserte, une main reposait sur le gravier. Grisée par la poussière et le sable du bitume, celle-ci frémit doucement puis se referma de façon brusque sur elle-même. Deux grandes ailes noires jaillirent soudainement à leur tour, projetant alors les débris aux alentours avec virulence. Un bras sorti également, suivi d’un second auquel fut rattaché cette mystérieuse main. Un corps entier conclut à se dégager du monticule de plâtras et propulsa les dernières décombres dans tous les sens. Certaines allèrent se briser quelques mètres plus loin tandis que d’autres s’écrasèrent contre les épaves ou les ruines.

Là où reposaient autrefois les gravats entassés, se tenait désormais une jeune femme. Sa longue chevelure dorée, ternie et rougie par la terre et le sang chuta sur ses épaules. Quelques mèches désordonnées dansèrent au gré du vent. Son corps à peine couvert de lambeaux de tissus, dévoilait des ecchymoses plus ou moins prononcées. Diverses coupures et égratignures lacéraient sa peau laiteuse. La mystérieuse créature dressa la tête et tendit une main faible en direction de la lumière céleste, afin d’atténuer la douleur de ses rétines. Une partie de son visage se cachait sous ses longs cheveux d’or tandis que l’autre dévoilait une multitude de blessures.

Elle cligna plusieurs fois des yeux et balaya son regard aux alentours. Son environnement lui semblait lointain et indistinct. Malgré le silence, ses tympans sifflaient avec force et le bruit blanc réveillait en elle, les maux de crâne. Le poids anormal de son corps semblaient l’attirer au sol. Les quelques secondes qui s’écoulèrent lui parurent aussi longues que les heures. Ses sens peinèrent à retrouver leur état normal.

La jeune femme tenta de distinguer les lieux dans lesquels se trouvait elle. Ses yeux désormais habitués au soleil, son environnement lui sembla bien plus perceptible qu’au réveil. Les maux de crâne ne tardèrent plus à se dissiper tandis que les acouphènes se turent.

Ses sens désormais retrouvés, l’éveil de la douleur prit le relais de l’inconfort. Cette dernière telle une flèche électrique vint frapper l’entièreté de son corps. Cette souffrance soudaine lui arracha un cri de surprise. Dans un réflexe rapide, elle enserra son flanc et laissa tomber ses yeux sur celui-ci ; Une entaille barrait le haut de son ventre depuis le côté gauche pour s’arrêter à quelques centimètres en dessous de son cœur. Malgré le sang qui s’en échappait à flot, cette dernière ne semblait pas si profonde qu’elle n’y paraissait.

La blonde parcourut alors le reste de son corps, à la recherche d’autres blessures similaires, mais seuls les hématomes tâchaient sa peau porcelaine. La créature ailée regarda une nouvelle fois les alentours et décida de faire un pas. Aussitôt, une nouvelle douleur la frappa avec férocité. Pire que la vague précédente, la blonde eut l’impression de sentir sa jambe se déchirer de l’intérieur. Son visage se déforma instantanément sous ce nouveau supplice soudain alors qu’elle tentait avec peine d’étouffer un juron d’une voix brisée.

Ses orbes ciel tombèrent sur la cause de cette torture infâme. Un tableau aussi effroyable que révulsant, sa cheville avait la taille d’une pomme aux couleurs de prune. De toutes les ecchymoses, celle-ci fut la plus colorée. Elle contrastait totalement avec sa peau et semblait la plus voyante de toutes. Il lui était impossible de faire un quelconque pas avec une telle blessure. Marcher sans souffrir se révélait être une épreuve de titan. Cela ne pouvait pas qu’être une simple entorse.

Par pur instinct, l’hybride jeta un œil hésitant à sa seconde jambe. A son plus grand bonheur, celle-ci était en meilleure mine que sa jumelle. La jeune femme prit alors une profonde inspiration et bloqua ensuite son oxygène dans ses poumons. Il lui était impossible de rester sur place à attendre les secours telle une princesse éplorée. La morsure du désespoir l’infectait avec tant de profondeur, au milieu de ce silence macabre et tyrannique, que son inquiétude semblait gagner en force. De plus, l’étreinte étouffante de la solitude menaçait de se transformer, à tout instant, en angoisse pour la blonde qui cherchait à tout prix à s’en défaire. Le chemin qu’elle allait entamer allait définitivement être long. Non pas par ce que la jeune femme avait une jambe grièvement blessée, mais par ce qu’elle ignorait où celui-ci la mènerait. Le vent glacial semblait lui souffler sa mort prochaine.

L’hybride rassemblait toute sa volonté et sa détermination contre la douleur poignardant son pied. Elle expira enfin l’air accumulé dans un long soupir presque interminable. Si le champ de bataille ne lui causait pas autant de crainte, si une trace de vie demeurait encore en ces lieux, la jeune femme serait bien restée sagement à sa place. Elle n’aurait pas eu à souffrir pour la recherche d’un quelconque survivant qu’il soit du coté de l’alliance ou des ennemis. Marcher avec une telle blessure allait au delà de la folie. Nul être vivant pouvait supporter la douleur d’une fracture osseuse.

La jeune femme réitéra un autre pas avec peine et planta littéralement ses dents dans sa lèvre inférieure, étouffant ainsi une seconde plainte. Les larmes perlèrent bientôt aux coins de ses yeux sous l’effet de cette nouvelle vague de torture. Son cœur rongé par le désespoir de survie, la poussait à s’infliger ce sort infâme. L’instinct et l’espoir manipulaient son cerveau.

Alors qu’elle s’appuyait sur sa jambe indolore, la mystérieuse blonde observa une nouvelle fois les alentours. Ruines et désolation dominèrent les lieux. Les immeubles semblaient prêts à s’effondrer. La route présentait de nombreuses crevasses et fissures. Des charognes baignaient dans les mares écarlates. Quelques véhicules brûlaient encore tandis que d’autres fumèrent. Certains étaient calcinés et déformés au point de ne plus ressembler à ce qu’ils étaient. Ces lieux furent autrefois une ville prospère et harmonieuse avec ses habitants, mais aujourd’hui la jeune femme fit face au No man’s land. Tout n’était plus qu’une sombre nécropole en ruine.

La créature hybride claudiqua avec peine sur la route abîmée. Chaque pas électrisait son corps de douleur et rongeait sa jambe tel un poison. Malgré cette longue torture, son cœur consumé par la puissance de sa détermination semblait atténuer quelque peu sa blessure. Son cœur se pressa avec lenteur tandis que ses iris vibrèrent dans leur orbite. Le regard devenu superficiel, la jeune femme sembla scanner les environs avec attention. A gauche ou à droite, devant ou derrière, impossible de garder les yeux rivés devant elle. L’absence de vie alimentait son angoisse, le silence morbide semblait agresser ses oreilles. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve. La blonde s’étouffait dans les bras de la solitude. Un sinistre pressentiment enserrait son cœur, son étreinte semblait se renforcer au rythme de ses pas. Ses membres tremblaient d’effroi, ses larmes préparèrent leur départ. Elle crispa sa mâchoire et ses poings avec force. Les courbatures ne tardèrent pas à consumer sa jambe valide.

Néanmoins, la jeune femme ne put se permettre de prendre une pause. La fatigue risquait de prendre le dessus et les ténèbres gagneraient son esprit à la vitesse de la lumière. Ses forces s’épuisèrent à petit feu, mais l’intense désir de retrouver un quelconque survivant parmi ses alliés semblait la maintenir éveillée. Les larmes tremblèrent au bord de ses yeux, prêtes à sillonner ses joues pâles. Le sombre pressentiment qui broyait son cœur et la solitude oppressante, se jouèrent de ses émotions.

Le tableau fut digne d’un éternel cauchemar sans nom. L’odeur du sang, mêlée à celle du brûlé ainsi qu’à la putréfaction des cadavres abandonnés, déclenchèrent une certaine révulsion chez la créature hybride. L’odeur de ce cocktail exécrable faisait brutalement tourner son estomac et secouait son cœur. Elle plaqua une main sur sa bouche, tentant de refréner son envie de vomir.

Les dégâts semblaient s’être multiplié depuis son éveil et sa mise en marche dans ce désert urbain et isolé. Les lieux lui parurent soudainement bien plus démesurés. La blonde eut la sensation d’égaler les grains de sable à cet instant. Seule et perdue au milieu de ces ruines, l’angoisse de la jeune femme l’étouffait autant que sa solitude désormais.

L’air se raréfia dans ses poumons alors que son rythme cardiaque avait encore augmenté en force et vitesse. Chaque coup sonnait tel un bruit continu et assourdissant au crâne. Son cœur ne semblait plus tenir en place, la pression malsaine de ces sentiments le poussait à battre plus fort comme s’il voulait s’échapper. L’hybride avait si peur qu’elle ralentit sa respiration à l’extrême, comme si cela pouvait alerter le danger et réveiller les morts. Elle se demanda même si elle n’avait pas déjà rejoint ces derniers inconsciemment.

Mais les courbatures féroces et les tremblements de sa jambe, sous la pression de son poids corporel, lui rappelèrent qu’elle fut bel et bien en vie. Elle aurait pu voler si l’une de ses ailes n’était pas aussi blessée. Elle aurait également pu se soigner si ses forces lui permettaient. Mais la jeune femme fut condamnée à continuer ainsi. Elle se mordit la lèvre inférieure et sanglota en silence.

Alors qu’elle continuait de marcher dans cette ville annihilée, ses yeux tombèrent sur une grande plume de couleur écarlate qu’elle reconnut immédiatement. Sa main, autrefois plaquée sur le bas de son visage, chuta lourdement. Ses pupilles se dilatèrent sous l’effet du choc croissant. Le temps semblait s’être figé. Les secondes s’écoulèrent telles des minutes voire des heures. Cette plume qui reposait à quelques centimètres de sa position, avait fait naître une lueur d’espoir dans ses prunelles bleu céleste. La jeune femme s’approcha et ramassa délicatement la plume. Elle ferma doucement les yeux et sentit une faible chaleur s’en dégager. Celle-ci confirmait la présence de celui qu’elle recherchait au cœur cette zone désolée. Il était vivant et elle en était persuadée.

- Keigo ?

Son appel se répercuta en écho lointain au milieu du silence. Le pressentiment qui la dévorait avec hargne, fut alors chassé d’un revers par la renaissance de l’espoir. L’étreinte de la solitude semblait se desserrer, permettant ainsi à la blonde de respirer avec plus de liberté. La jeune femme fut certaine qu’il était conscient quelque part dans ce désert urbain et désolé. La cadence de ses pas avait soudainement augmentée, poussée par l’espoir de retrouver son compagnon.

Les ténèbres embrassèrent d’avantage la nécropole tandis que les cadavres et les épaves semblaient s’être multipliés sur la route. L’air devint progressivement plus chaud et lourd. Il était devenu difficile d’y respirer. Le ciel autrefois dégagé se couvrit par la fumée des ruines enflammées.

Désormais convaincue que son compagnon avait peut-être survécu à la violence démesurée du FLP, la blonde tenta de l’appeler à nouveau malgré la faiblesse de ses cordes vocales.

- Keigo ?

Soudain, une vague de frisson parcourut son échine et la figea sur place tandis que son cœur rata un battement. Une douce chaleur vint alors l’envelopper, celle-ci semblait battre autour d’elle sur un rythme apathique. Les secondes passèrent rapidement avant que le choc ne prit place. Les yeux de la jeune femme se dilatèrent brusquement et se mirent à trembler dans leur orbite. Keigo se trouvait quelque part dans les alentours. Elle venait d’en avoir la preuve.

L’espoir et la détermination désormais logés dans son regard, l’hybride ténébreuse clopina entre les obstacles parsemés sur la route. Sa jambe endolorie par les courbatures ne semblait plus être un problème à cet instant. La jeune femme eut enfin l’impression de pouvoir respirer à nouveau. Le poids de l’angoisse semblait s’être enfin envolé. Le monde lui parut bien moins sombre tandis que la solitude sembla desserrer son étreinte. On aurait dit qu’elle venait de retrouver sa lumière.

Son corps lui intima bientôt de se reposer. Ses courbatures la brûlaient et sa jambe valide voulait céder sous son poids. Mais la blonde fut résolue à retrouver le faucon et seulement là, elle pourra se permettre de se reposer. Hors de question de flancher tout de suite tant qu’elle ne l’avait pas retrouvé. Tout lui importait peu à cet instant. La douleur de ses muscles et de ses blessures semblaient désormais inexistant. Si la jeune femme devait ramper pour atteindre son compagnon, elle serait prête à le faire.

Elle parvint finalement jusqu’à une immense abîme. Deux immeubles opposés penchaient dangereusement vers le sol. Zébrés de profondes fissures, ces derniers semblaient prêts à s’écrouler à tout instant. Le fossé fut si énorme qu’il coupait la route en deux. Il lui était désormais impossible de progresser d’avantage pour retrouver Keigo. Néanmoins, la blonde sentit sa présence bien plus proche qu’auparavant. Elle jeta un nouveau coup d’oeil à la plume ramassée un peu plus tôt et ferma les yeux.

Cette dernière brilla bientôt d’une faible lueur écarlate. Un filet de fumerolles apparut ensuite et enveloppa la grande plume. Il demeura quelques instants autour de celle-ci avant de finalement se diriger en direction du fossé.

Une once de peur resurgit alors dans les entrailles de la jeune femme. L’angoisse revint, une fois de plus, l’entourer de ses bras empoisonnés. Son cœur reprit alors une course effrénée, tapant bien plus fort que d’habitude. Une nouvelle boule épineuse se logea dans sa gorge tandis que sa respiration se raréfia de nouveau. La crainte et l’appréhension de découvrir un tableau macabre la tétanisèrent sur place. Le souffle glacé des cieux alimentait ses sueurs froides.

Soudain, l’hybride fut prise de vertiges. De violents flashbacks martelaient son crâne. Son combat contre les membres du FLP resurgirent à une vitesse folle. Suite à la dispersion du groupe des héros pour mieux combattre sur tous les fronts, le groupe terroriste l’avait pris en embuscade avec Hawks, profitant ainsi de leur désarroi. La violence des attaques et la rapidité de leurs coups, l’odeur du brûlé ainsi que du sang des précédentes victimes de leur haine et folie eut pour effet de les prendre par surprise. Pas de temps, ni de répit pour répliquer ou s’échapper d’un tel guet-apens. Elle n’avait même pas pu analyser leur combat. La blonde eut la désagréable sensation de revivre et de ressentir l’entièreté de cette bataille. Elle se rappela de l’explosion du secteur, provoquée par Crématorium. Celle-ci l’avait brutalement séparé du cendré.

La douleur de son corps meurtri, qu’elle avait longtemps ignoré, la frappa tel un coup de fouet. Ses jambes décidèrent de céder sous son poids. L’hybride ténébreuse poussa alors un cri de surprise mêlé à la douleur puis soupira de manière incontrôlée. Elle se décomposa dans la seconde qui suit et devint livide. Les yeux rivés sur la plume qu’elle tenait plus tôt, l’hybride ténébreuse réalisa avec effroi que ses fumerolles se dirigeaient dans les profondeurs du fossé. La faible lumière qu’elle dégageait semblait attirée dans l’obscurité de l’endroit.

Un nouveau flash surgit dans son esprit et la pétrifia. Tous les deux s’étaient battus de toutes leur forces et avec peine, pour repousser les membres du FLP. Elle avait concentré une grande partie de son énergie dans son alter principal pour maintenir le cendré en forme et surtout en vie, à tel point que ça l’avait mis en danger. Alors qu’elle avait mené un combat difficile contre Himiko Toga, Dabi avait profité de son dernier coup contre Keigo pour lancer une attaque dans sa direction. Affaiblie par son combat et l’usage de ses pouvoirs, l’hybride ténébreuse n’eut pas le temps de parer l’attaque du vilain. Keigo était néanmoins parvenu à la sauver à temps, mais à quel prix ?

Les larmes revinrent aux coins de ses yeux. La blonde rampa avec difficulté jusqu’à la bordure de l’abîme. La vue qui s’offrit bientôt à ses yeux assassina tout espoir dans son cœur. La crainte devint l’horreur tandis que le choc poignarda son cœur avec cruauté. L’impression de chuter de la falaise pour s’écraser dans la sombre réalité lui sembla si réelle que l’hybride sentit la douleur de son corps décupler. Les larmes coururent à nouveau sur ses joues blanches, ternies par la poussière et le sang.

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