Automne

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Un écureuil grimpa à un arbre. Ses petites pattes trottinant sur son tronc robuste. Une fois arrivé dans sa cachette, il déposa soigneusement la noisette qu'il avait ramassée parmi ses réserves pour le futur hiver. Il commençait à en avoir accumulé un certain nombre ; noisettes, glands et autres graines étaient toutes essentielles à sa survie quand il ferait froid. Ses va-et-vient se faisaient sous le nid abandonné d'hirondelles, elles avaient quitté la région pour des endroits plus chauds peu après son passage.

La dure chaleur de l'été s'était calmée. Tout était encore ensoleillé mais on se sentait moins oppressé. Le ciel avait perdu sa couleur bleue éclatante pour un bleu plus pâle et des nuages s'y rassemblaient ça-et-là. Ils ressemblaient à des petits paquets de laine cotonneuse. On apercevait même des nuages légèrement gris au loin qui annonçaient une potentielle pluie.

Le feuillage des arbres changeait lentement de couleur lui aussi. Autrefois d'un vert émeraude il arborait maintenant des multiples nuances enchanteresses. Certaines feuilles devenaient jaune pâle d'autres se couvraient d'une sublime teinte cuivrée. Quelques unes devinrent même d'un rouge sombre et profond qui reflétait le soleil. Un certain nombre de feuilles tentaient tant bien que mal de s'accrocher au passé, de rester vertes et jeunes mais elles abandonnèrent rapidement leurs illusions. Le temps avançait et elles prirent donc leur nouveau manteau cuivré légèrement à contrecœur.

Les fleurs, elles aussi, durent se résoudre au fait que leur temps était terminé. Elles pleurèrent quand leurs pétales fanèrent et tombèrent. Elles se recroquevillèrent sous terre où leurs racines résidaient et d'où elles renaîtraient l'année suivante. Seuls les dahlias et les cyclamens résistèrent à son passage. Ces fleurs aux couleurs chatoyantes vivaient et embellissaient la terre jusqu'aux premières gelées. Une traînée de colchiques, véritables petites fleurs de la saison cuivrée, était apparue. Leurs petites pétales blanches apportaient une touche de neutralité à ce monde orangé.

Même le vent était différent. Ce n'était plus la brise tiède qui asséchait la gorge ou le vent violent lors des orages passagers de la saison chaude. Non, il était plus doux. Plus tranquille. Il s'agissait d'un mince filet de vent. Il faisait onduler les feuilles des arbres en une vague dorée. Au loin, le vent avait emprisonné des nuages d'un gris perlé dans son sillage. Mais ceux-ci se contenaient pour l'instant, la pluie viendrait bien plus tard.

Tous ses changements s'opéraient suite au passage de cet homme. Il ne semblait qu'avoir la trentaine tout au plus mais il était aussi vieux que la terre et le soleil. Ses pieds nus effleuraient le sol et les pétales déchues. Il portait un pantalon marron qui complétait la symphonie des couleurs orangées qui composaient le paysage. Il avait une chemise blanche comme les doux nuages et sa cape dorée était gonflée par le vent. Une couronne composée de feuilles avec des teintes allant du jaune au rouge, des noisettes et des pommes de pin était posée délicatement sur son front. Il possédait des cheveux noirs comme l'encre coupés courts mais le vent les avaient sculptés dans une étrange coiffure aérienne.

Il se rendait à l'Ouest. C'était le moment. Il était attendu. Il se tourna légèrement et sourit. Un cerf majestueux marchait à ses côtés. Il était d'une taille bien plus grande que ses semblables. Son pelage semblait aussi doux que la soie et il avait une belle couleur marron comme le tronc des arbres, seul le dessous de son cou était blanc. Ses bois étaient magnifiques, ils s’élevaient à presque un mètre au dessus de sa tête. Ils n'étaient ni trop fins ni trop épais, leurs proportions étaient parfaites. C'est un animal superbe. Il flatta le flanc de l'animal et ensemble, ils continuèrent à avancer en laissant derrière eux un monde cuivré.

Il était le Conquérant de l'Automne et avait une mission à mener à bien.

« Autumn is a second spring when every leaf is a flower. »

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