"-On a tou-jours le choix !", je m'écrie, furibard. La petite tête blonde devant moi, l’œil larmoyant acquiesce poliment. Du déjà vu?
Si-do#-ré#-mi-fa#-sol#
Les flots de mots et expressions surannés inonde la carcasse capitonnée de la voiture. Son regard pur voyage du carnet à mes yeux rougis.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-sol#
Une symphonie se joue dans ma tête : la vieille rengaine de mon père, les sermons de ma mère, les voix de mes potes de collège, et un chant.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-mi-ré#-do#
Le chant cristallin de mon fils, il y a ... treize ans ! Mon moi, ma chair, mon protégé, qui s'endormait dans mes bras, moi, son père, fier.
Do-do
"-Tu n'avais qu'à refuser, moi qui te croyais devenu assez raisonnable pour juger du bien ou du mal !" Le refrain le plus connu qui revient :
Si-do#-ré#-mi-fa#-sol#
"-Toi, tu fume bien !", il murmure. Mon tout petit bout d'humain vient de terrasser un géant qui tombe de son piédestal, je me brise.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-sol#
"-J'ai été faible, aujourd'hui encore j'aspire ce poison tous les jours, et je regrette ce jour où je n'ai pas su refuser", je bredouille devant mon juge.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-mi-ré#-do#
Nous regardons la route qui nous mène au collège, en silence. Je ne peux plus le protéger, mon chérubin, c'est un choix qu'il doit faire, seul.
Do-do
Je ne parviens pas à retenir une de ces vieilles quintes de toux. Mon fils meuble en enfilant son sac-à-dos, il va s'enfuir ...
Si-do#-ré#-mi-fa#-sol#
Nous voilà devant l'entrée de l'école de la vie. Il n'ose pas se tourner vers moi, me regarder. Il va ouvrir la porte et je vais me retrouver seul.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-sol#
"-Hé !", je lui lance. Il se retourne, je lui tends son carnet qu'il m'a fait signer à huit heures moins quart du matin, le fourbe.
Fa#-sol#-la-sol#-fa#-mi-ré#-do#
"-On a toujours le choix, fais celui qui te semble bon, fiston, je te fais confiance.", Ça, c'est pour la pression, hé hé, moi aussi je suis fourbe.
Do-do
"Je Vole", M.Sardou