Pfff... maintenant que son "associé" est parti, la pression est redescendue, vous ne pouvez pas savoir. Apparement, Kit attendait que je me remette de mes émotions; mais a-t'il aimé ma performance ? Ça, je vais bientôt le savoir.

- Alors, j'étais comment ? lui demandé-je, inquiet.

- Bien, à part le léger petit dérapage de tout à l'heure, tu as été super.

- Merci, soufflé-je.

- Je vois pas pourquoi tu te prends la tête comme ça.

- Mais imagine que ce n'était pas Brian, comment j'aurais fait ?

- Oh, j'ai pas de soucis à me faire là-dessus. Tu es tout à fait capable de te défendre, comme tu as très bien su le faire tout à l'heure.

- C'est vrai que c'est un automatisme chez moi, avoué-je, gêné.

- Bah, tu vois...

Malgré ses bonnes critiques, j'étais encore préoccupé. Et je pense qu'il a vu aussi; le goupil me demande alors de me rapprocher. Sur ce, je viens me blottir dans ses bras. Techniquement, comme il a pas des petits bras, c'est pas trop pratique mais je m'en fiche. Je voulais pas que ça s'arrête, lui aussi d'ailleurs, mais je le jure pas ici. C'est vraiment agréable comme sensation.

- N'empêche, y a quand même un truc qui me chiffonne.

- Ah oui ?

- Quelle est cette fameuse "affaire" ?

- Bien, tu sais que je gère un petit commerce depuis presque quatre ans maintenant.

- Oui... alors ?

- J'ai décidé de me retirer, dit-t'il, sans cérémonie.

Après un moment de surprise, je l'interroge aussitôt "Ça veut dire que ton type n'est pas le seul concerné si je comprends bien ?"

- Non, ça s'étend à la grande majorité de mes contacts.

- Ben merde alors ! échappé-je, stupéfait.

- Je te fais pas dire.

- Excuse-moi pour...

- T'excuse pas, c'est de circonstance.

- Et ça fait longtemps que tu songeais à le faire ? Je veux dire, il y a pas mal de personnes impliquées dans ton p'tit commerce : tes associés, tes clients sans oublier la petite bande. Tu as pensé à eux ? Et tout ce que tu as construit, qu'est-ce que ça va devenir ?

- Il est temps que je passe le relais à quelqu'un d'autre. Et puis je fais ça depuis tellement longtemps qu'il m'est arrivé d'oublier certaines choses importantes : ma famille, mes amis et le reste. Du coup, j'ai envie de repartir sur de bonnes bases.

- Tu sais que j'ai plus facile à dire qu'à faire.

- Je sais, c'est pourquoi je te demanderai de faire une dernière petite chose pour moi.

- Laquelle ?

- Si je veux vraiment en finir, il y aurait pas mal de choses que je devrais faire pour les jours qui suivent. Du coup... qu'est-ce que tu pourras m'attendre encore un peu... s'il te plaît ? me demande t'il, hésitant.

J'ai un peu hésité mais je finis par lui dire "Heu, d'accord."

- Je te promets que ça durera pas longtemps.

- D'accord. Tu penseras à me donner de tes nouvelles ?

- Promis.

- Dis, je peux rester encore un peu ?

- J'aimerais voulu mais je dois partir dans quelques minutes.

- Ooh, dis-je, déçu.

- S'il te plaît, une fois que tout ça sera terminé, on aura le temps de faire tout ce qu'on veut.

- OK, je te fais confiance. On s'appelle ce soir alors ?

- Pas de problème, conclue-t'il en me lâchant.

Ainsi, je m'apprête à partir quand il me retient la main. "Daniel, on se verra bientôt, tu as ma parole," me dit-t'il en prenant une voix tendre.

- D'accord. Bon, à plus.

- À bientôt, Danny, me salue-t'il en me faisant un baise-main. (Oh wow! Je l'ai pas vu venir!)

Et c'est sur ce petit geste attentionné, que je pars de chez lui, un peu dérouté et... émoustillé aussi. Certes, cette "rencontre" a été très courte mais je sens qu'on se rapproche de plus en plus. C'est un bon début et puis... le meilleur reste à venir.