Le lendemain II

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- Attention, les gars, le voilà, prévient Emily.

- D'accord, surtout pas un mot sur hier soir, avertit Marie.

- Pff, vous allez même pas tenir une minute, rigolé-je.

- Oh écrase ! me jette Abby.

- Taisez-vous, il arrive, chuchote Lucius.

À l'arrivée de Daniel, le calme est vite de mise. En jetant un rapide coup d’œil, il paraît assez serein mais je suis sûr que ça bouillonne encore à l'intérieur (j'ai du flair pour sentir ça.) Après des salutations en bonne vigueur, le silence est vite retombé. Emily décide alors de poser la question, l'air de rien :

- Eeet... ça a été ta soirée ?

- Oui, très tranquille.

Maintenant, je perçois très nettement l'anxiété chez certains de mes colocs'. Et bon sang, ce que c'est drôle à regarder ! Tout le monde (quasiment) est en train de se retenir pour ne pas parler, c'est tout simplement hilarant. Pour vous dire, des plongeurs en apnée sans équipement paraîtraient moins ridicule qu'eux en ce moment.

Et apparemment je suis pas le seul à trouver ça drôle; Daniel est pas très loin de la crise de rire. Alors simplement, il leur sort :

- Bon, comme ça a l'air de vous torturer, allez-y !

Qu'est-ce que j'avais dit il y a quelques minutes ? À peine il a dit sa phrase, à peine un brouhaha de questions a surgi de nulle part. Et celui-ci est soudainement interrompu par les exclamations de John :

- AH AH ! J'ai gagné !

- C'était évident qu'ils tiendraient pas, souris-je.

- Comme si c'était vraiment une surprise, remarque June.

- Qu'il en soit, j'ai gagné ! Par ici, la monnaie !

Sous les soupirs et injures des perdants (c'est-à-dire Abby, Lucius et Emily), John amasse un beau petit tas de billets verts. En même temps, ils avaient pas encore remboursés qu'ils lui devaient, il s'agit d'un simple échange de bons procédés. Mais c'est pas cette légere distraction qui allait arrêter Lucius qui demande à Daniel, sans aucune retenue :

- Bon au final, tu l'as pécho ou non ?

- Non et puis tu es très mal placé pour le savoir, s'irrite-t'il.

- Qu'est ce qui te fait...

- D'ailleurs, tu étais où hier soir ? coupe-t'il.

- Non, par contre, c'est pas tes oignons, réplique-t'il.

- Raison de plus pour que tu ne t'occupes pas des miens, crache-t'il. Aussi j'ai décidé de te faire la gueule jusqu'à ce que j'ai décidé de te pardonner.

- Hein mais pourquoi ?

- C'est comme ça, n’insiste pas ; maintenant, dégage !

- Je te demande pardon ?

- DÉGAGE !

- Très bien mais c'est bien parce que c'est toi, obéit-il, sortant du salon.

À l'heure qu'il est, un léger malaise peut être ressenti par toutes les personnes encore présentes dans la pièce. Ainsi, June essaye de briser la glace :

- Wouah ! Je savais que tu l'envoyais balader mais à ce point-là !

- Oh ! C'est pas comme s'il avait pas l'habitude de se prendre plein la gueule, constate Abby. Mais là, j'avoue, c'était violent.

- Sérieusement Abby ? soupire John.

- Ah, tout compte fait, non.

- N’empêche, il s'est bien passé quelque chose, je me trompe ? se relance Emily.

- Grosso modo, on a tapé la causette, on a bu un coup ensuite on est allé se coucher et c'est tout... rien de bien extraordinaire si tu veux savoir; explique Daniel, le plus détaché possible.

- Bon, je te jure pas mais ça a l'air le début d'un mauvais porno, ironise ma Chérie amour.

- Libre à toi de penser ce que tu veux.

- Pff, ça sent le mensonge a plein nez, ouais, lance Abby.

- Mais tu en sais quoi ?

- Je sais que tu es parti ici en furie avec une bouteille, que tu as foutu une belle beigne à Lucius (joli coup en passant) et maintenant, ton p'tit résumé. Alors excuse-moi mais c'est un peu gros...

- Ouais, ouais, comme la taille de ta gueule, d'ailleurs...

- RÉPÈTE ÇA POUR VOIR !

- J'ai dit "Comme la taille de ta gueule, d'ailleurs."

- ATTENDS, ESPÈCE...

- Eh, on se calme ! intervient John, séparant les deux combattants. Daniel...

- Ok... je m'excuse. Voilà, t'es contente ?

- T'avais intérêt.

- Évite de réveiller la petite bête, par contre.

- Ah, parce que tu penses me faire peur. Tu n'oserais jamais lever la main sur moi !

- Je pourrais très bien te défoncer si je le voulais.

- Aaaah ? lance Lucius au loin.

- Pas comme ça, Lucius ! disons-nous, accablés.

- Ooooh, se lamente-t'il.

Même si je suis sûr que mon poulain pourrait lui mettre une belle dérouillé, il a jugé qu'il était plus sage de se retirer et ne rien dire. Cependant, ce n'était pas le cas d'Abby ayant balancée : "Même Kit a plus de couilles que toi."

Ici, pas la peine de vous faire un dessin sur la suite des évènements (en même temps, j'ai à peine compris tellement que c'est allé vite.) Pour abréger : Abby sonnée, Daniel parti et les autres presque en panique. Voilà, vous devriez avoir une petite idée avec ça.

- Je vous jure, dès qu'il poser une patte hors de sa piaule, il est mort !

- T'es sûr? Parce que, vu la dérouillé qu'il t'a mis, je miserai plutôt sur la tienne, souris Emily.

- M'EN FOUS !

- Depuis le temps que je le connais, je l'ai rarement vu dans cet état, reconnaît June.

- Et moi donc, affirme John.

- A votre avis, pourquoi je voulais qu'on évite ce sujet ? rappelle Marie.

- Je t'en prie, même si on l'avait évité, il ne pourra pas l'ignorer longtemps, souligne John.

- Il a pas tort, tôt ou tard, il finira bien par parler, conclut Emily.

- Oh mais il parlera, t'en fais, affirmé-je.

En se tournant vers moi, je lis avec une netteté incroyable, l'étonnement chez mes p'tits camarades (sauf chez Abby et son je-m'en-foutisme habituel.)

- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? me balance-t'elle alors.

- Connaissant Daniel, je sais que ce genre de situation, ça le travaille pas mal. Donc, pour moi, ça ne fait aucun doute, il parlera et plus vite que vous le pensez.

- C'est pas comme si tu serais le 1er... ah, mais si... ah, mais si, quand on y pense ! comprend June.

- Oui, être son meilleur ami et son ami à bénéfices est un petit privilège qui est très difficilement négociable. Surtout pour ce genre d'anecdote.

- Et tu pourrais pas... débute Emily.

- Non, et même si je peux prédire à l'avance qu'il n’achètera pas mon silence, l'amitié est sacrée donc ça se respecte.

- Mais ça peut toujours se marchander pour une poignée de dollars, observe Abby, mauvaise.

- Je dois en déduire que tu fonctionnes ainsi, vu que tu n'en as pas beaucoup... des amis, ricané-je.

- Salopard !

- Comme si c'était nouveau... Abby, tu devrais renouveler ton lexique d'insultes, la nargué-je.

Et tandis qu'Abby bouillonne de colère (à ma grande satisfaction), Lucius avait repointé le bout de sa truffe. "Alors, il va avouer ? On va savoir s'il a pécho, hein ?" s'annonce Lucius.

- Tiens, il est revenu celui-là ? dit Abby, presque étonné.

- C'est pas comme si je devrais pas savoir ce qu'il s'est passé, non ?

- Non.. heu.. Lucius, je te vais le dire une fois : retourne dans ta chambre, conseillé-je.

- Roooh, s'il vous...

- Ta chambre ! ordonnons-nous en simultané.

Sur ce, la loutre ne fait pas prier plus longtemps et repart en bougonnant. Laissant un soupir, je m'interroge à haute voix : "C'est incroyable, comment quelqu'un peut être aussi mignon et casse-couille en même temps ?"

- Et toi alors ? m'interpelle la copine.

- C'est tellement évident pour moi que ce serait marqué en permanence sur mon front.

- C'est pas faux, se moque June.

- Sinon son psy n'a jamais songé à le mettre sous anesthésiant ?

- Si mais ça a eu l'effet inverse, indique Emily.

- D'accord... c'est bien dommage.

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