- Qu’est-ce que…

- Chut.

Sur ce, mes doigts continuent à se promener : l’une sur son torse et l’autre sur sa bosse (c’est vraiment bizarre mais ça doit être l’instinct… ou l’alcool sans doute.) Bien qu’il recherche pas à résister à mon élan, je sentais une petite réticence. Et j’ai vu juste…

- S’il te plaît, arrête ! Désolé mais on devrait s’arrêter là, me repousse-t-il.

- Hein ? Pourquoi ?

- L’envie n’est pas absente au contraire mais… je pense que tu sois pas en état de faire quoi que ce soit ce soir.

- Comment ça, pas en état ?

- Bon sang, Chris, t’as siphonné à toi seul la moitié d’une bouteille de vin.

- Ben désolé s’il s’est laissé boire.

- Je suis même surpris que t’arrives encore à me parler et à tenir debout.

- Je vois de quoi tu…. aaaah !

Aussitôt il me relaisse et je m’affale, la tête première, sur le matelas. En lançant un petit ricanement, il me dit simplement : Tu vois, c’est ça que je voulais dire.

- Humpf…

- Bon, autant aller se coucher. On reprendra ça une prochaine fois, d’accord ?

- Très bien.

- Alors… où est-ce que je dors ce soir, dis-moi ?

- Ben, j’ai pensé que tu pourrais dormir sur le canapé.

- T’es sérieux ?

- Écoute, je suis peut-être bourré mais je suis encore lucide, et je serai là-dessus, on dormira pas dans le même plumard.

- Mais c’est un King size, tu prends pas même le tiers du lit.

- Si tu le dis, mais ma réponse reste non.

- Attends, si je comprends bien, on s’est embrassé, tu m’as allumé et au final, tu dis d’aller sur le canapé ?

- Ouais.

- Bon sang, tu sais que c’est tue-l’ amour ça ?

- Ouaip mais je m’en fiche.

- Oooh, c’est pas comme si j’allais te tripoter ou quelque chose.

- Peut-être mais j’ai pas confiance.

- Je t’en prie, je suis même prêt à coucher à ton chevet si ça te chante.

- Même ça, je veux pas qu’on dorme dans la même pièce.

- J’te jure, je me ferai tout petit.

- Daniel, n’insiste pas, j’ai dit non.

- Oh, je t’en prie, fais pas ton iench.

Suite à cette pique, je lui jette un regard noir (si mes yeux pouvaient envoyer des rayons lasers, ils l’auraient fait sans sourciller) D’accord, je pense que c’était pas approprié comme terme.

- AH OUI, TU VOULAIS DIRE QUOI ALORS ?

- Raah, laisse tomber.

- Facile à dire pour toi, techa.

Cette fois, c’était à son tour d’être choqué. Désolé… désolé… j’avoue que là aussi, c’était un peu déplacé.

- T’es sûr que je veux continuer, parce que là, ça vole pas haut…

- A ton avis, Capitaine Obvious ?

En fin de compte, on a fini par se calmer, un peu gêné. Allez, on va pas se mettre sur la gueule toute la soirée ?

- Ben, en même temps, on était parti pour…

- Mais de là se disputer pour savoir qui dorme où… c’est un peu abusé, non ?

- Ouais, un peu.

- Alors, on est quittes ? demande-t ’il en me tend son poing.

J’hésite un peu à lui répondre mais au final, je soupire en posant mon poing sur le sien : On est quittes.

- Allez, fais-moi un p’tit sourire.

- Me n’en demande pas trop, quand même.

- Allez, je suis sûr que tu as envie… me taquine-t’ il, ses pattes se dirigeant vers mes oreilles.

- DANIEL !

- Pardon, se calme-t’ il en repoussant ses mains.

Sur ce, je lâchai un long bâillement. Ah, j’en connais un qui va pas durer longtemps, se moque-t ’il.

-Ouais, parle toujours.

-Et on fait quoi du coup ?

En étouffant mon soupir, je lui dis : D’accord, tu as gagné, je te laisse dormir avec moi.

- Super !

- MAIS… ce sera seulement pour cette nuit, alors ne t’attends pas à ce qu’on recommence, OK ?

- Très bien,

En silence, il se met en caleçon tandis que j’enfile mon pyjama. Et chacun de notre côté, on se glisse dans le lit.

- On n’est pas bien, là ?

- Mouais, évite juste de te coller à moi, veux-tu ?

- Oui, monsieur.

- Ouah… bonne nuit, Daniel.

- Bonne nuit, Kit.

J’apprête à fermer mes paupières et bien que je l’ai prévenu d’avance, ce petit obstiné a quand même réussi à se rapprocher et se blottir contre moi. Tant bien que mal, j’essaye de le repousser mais il me lâche pas de son emprise. Comme qu’il s’est déjà endormi (ah, pour s’endormir, il est rapide), ça servira à rien, il ne me lâchera pas, par conséquent, je vais devoir faire avec. Et là-dessus, je sombre lentement dans le sommeil.