L'impasse

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Après cette réflexion éclair, comment pourrais-je qualifier ce silence actuellement : interminable, insupportable ou n’importe quel adjectif en able. Et voilà l’angoisse se met à me lécher le cou (ça ne lui suffisait pas de me tenir par le cou ?) Oh la salope ! Attends que je t’en mette une…

- Euh, Kit, tu fais quoi avec tes mains, là ?

- Oh, rien du tout, simple réflexe.

- Ah bon.

Ouf, heureusement qu'il avait gobé. Foutus tiques ! Tu m’excuseras Danny, mais cette conservation ne mène à rien. Bon, autant le faire partir qu’on en finisse.

- Daniel, je suis désolé mais tu t’es déplacé pour rien. Je n’ai rien à te dire.

- Oh ! Ne la fais pas à moi, s’il te plaît. Je sais que t’en penses quelque chose.

- Nan.

- Ah vraiment ?

- Ouais, lance-je sur un ton de défi.

- Tu veux me dire que toi, qui d’habitude, es une vraie passoire, as un avis sur tout et n’importe quoi, se montre d’une fourberie sans nom… Tu veux me dire que là, tu n’es pas même capable de me dire pourquoi t’as voulu me rouler une galoche ?

Oh putain ! Il a nommé la chose ! Si jusqu’ici, j'étais « serein », là maintenant, je bouillonne de l’intérieur. Et à en juger la tête amusée de ce petit con, ça se voit aussi de l’extérieur.

- Oh, j’en connais un qui est mal à l’aise.

- Pas du tout !

- Arrêtes : ton visage es tout rouge et… retient-t-il de pouffer. Et t’as pas vu ta moustache.

- ET ELLE A QUOI, MA MOUSTACHE ?

- Elle n’arrête pas de frétiller.

Ça me prend quelques secondes pour voir ce petit effet non désiré. Être trahi par son propre corps ! Mais bon, ça aurait pu être pire. Vas-y, calme-toi, Chris… Refroidis la chaudière et surtout… reste impassible.

-De toute façon, ça changera rien, je ne parlerai pas.

- Même si j’essaye de te supplier ?

- Chiche.

- T’es bien sûr de toi ?

- Mais t’as que ça à foutre, ma parole ?

- Oui. Très bien, tu ne laisses plus le choix, commençant à se DÉSHABILLER;

- WOOH ! WOOH ! WOOH ! ATTENDS ! m’écrié-je, l’arrêtant dans sa lancée. Je crois qu’il y a eu légère confusion, là.

- A ton avis, pourquoi je t’ai demandé si t’étais sûr.

- Vas-chier.

Pendant qu’il remet son T-shirt, je fais un bilan rapide de la situation : Daniel n’est toujours pas parti et voilà qu’il joue avec mes nerfs. Qu’est-ce que j’aurais pas demandé pour être seul ce soir, putain !

- Kit ?

- Hum ?

- Ne fais la gueule, je te taquine, c’est tout. J’ai même plus le droit de plaisanter, non ?

C’est ça, fous-toi de moi, en plus, pense-je en reprenant mon verre. Ah ! Je crois qu’il a compris qu’il vient de faire une boulette vu la mine préoccupé qu’il fait à présent. Maintenant, il essaye de se rattraper : Bon, je m’excuse, si c’est ça que tu veux. Là, tu es content ?

- Mouais…

- Putain, qu’est-ce qu’il faut que je fasse alors ?

- Que tu me foutes la paix, dis-je, fuyant son regard.

Même si je me cache, je suis sûr que Daniel, lui, cherche mon regard. Sur ce, il vient s’asseoir à côté de moi.

- Kit, s’il te plaît… regarde-moi.

Finalement, je me décide à recroiser ses grands yeux rouge et vert bouteille. Maintenant qu’il a mon attention, il reprend : Écoutes, Kit, tu es mon meilleur pote, ça fait un an à peine qu’on connaît et j’ai jamais pensé à te trahir… t’es d’accord ? (hochement de tête) Je veux juste savoir comment tu sens, c’est pas trop demander, non ?

- Non. Quand je te l’aurai dit, tu crois vraiment que tu pourras me regarder de la même façon ?

- Chris, mon petit Chris, tu n’auras jamais fini de raconter des conneries. Je suis pas revenu pour te juger, mais pour avoir ton point de vue, c’est tout.

- Ouais, mais de là à passer pour une gonzesse, merci mais non merci.

- Bon, je vais te le dire une fois pour tout : dire ce que l’on ressent ne signifie être pas une gonzesse. Mets bien ça dans ta petite tête, objecte-t-il en donnant une gifle derrière la nuque.

- Aïe !

- Arrêtes, je t’ai à peine frôlé.

- Parle pour toi, salopard, marmonne-je.

- Pour revenir à mes oignons, exprimer ses émotions n’est pas synonyme de faible. Tout le monde éprouve des sentiments mais ça exprime à différents niveaux, c’est tout. Tu verras qu’après l’avoir fait, tu enlèveras un poids. Et franchement, ça ne sera que du plus, ça te rendrait plus sympathique, même.

- Facile à dire pour toi, ça t’a jamais posé problème.

- Ah non ! Ne pense pas qu’être hyperémotif, c’est plus facile, au contraire…

- C’est-à-dire ?

- Soit, je simule ou je prends sur moi, mais j’ai l’air d’un gros pervers.

- Ah ouais, dur.

- Comme tu dis. Alors toi qui a la chance d’être normal, tu devrais en faire autant. J’suis jusqu’à demain de toute façon… alors vas-y comme tu le sens.

- Que, quoi ?

- T’as très bien entendu.

- Je veux dire… t’as pas l’intention de retourner chez toi ?

- Si mais pas ce soir. De toute façon, demain, je bosse pas et puis j’ai pas trop envie de subir l’interrogatoire de John et de Lucius.

- John, je peux comprendre mais Lucius…

- Ben, le connaissant, il va surement demander s’il n’est pas passé quelque chose vu que je vais entrer tard.

- Remarque, ça va quand même te tomber dessus quand tu entras demain.

- Pas faux, le seul truc en plus, c’est qu’il va me sûrement demander si on a pas tourné une sextape ou quelque chose.

- Putain, ce mec a vraiment le feu au cul.

- Je ne te fais pas dire.

A présent, l’ambiance était plus détendue, l’angoisse m’avait relâché le cou. Chose rare à souligner : il avait réussi à me rassurer (c’est peut-être ça que c’est mon meilleur ami, qui sait…) Bon, vide mon sac ; le connaissant, tout ce que l’on dira ici ne risque pas de sortir de ces murs (mouais…) et puis, j’aurais pas pu lui cacher longtemps, il m’aurait fait chanté tôt ou tard.


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