Mise en bouche

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Affalé sur mon canapé, je suis dans les vapes. Soudain, j’entends frapper à ma porte. Je me relève brusquement, oreilles à l’affût. Je ne connais qu’une personne frappant à la porte comme Anna. Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre ici à cette heure ? Après ce qu'il s’est passé ce soir ? Oh et puis, merde, allons l’ouvrir, de toute façon, ça ne pourrait pas être pire. Je dirige alors vers l’entrée, j’ouvre et sans surprise, je retrouve Daniel (légèrement tracassé en passant.)

- Salut, s’annonce-t-il (honnêtement, il n’en avait vraiment pas besoin).

- Daniel, dis-je, jouant les faux surpris. Je peux savoir ce que tu viens foutre chez moi à cette heure-ci ?

- Bien, après la fête de ce soir, j’étais trop énervé pour rentrer sans rien dire, s’exclame-t-il.

- Ouais, tu parles d’une soirée…

- C’est clair. Du coup, je me suis dit autant que j’aille te voir pendant que j’suis encore chaud.

- Hein, mais… heu… pourquoi faire ? dis-je, l’air de rien.

- Pour qu’on puisse discuter face à tête.

- Mais je n’en vois pas l’utilité, reprends-je sur le même ton.

Petit silence avant qu’il reprenne doucement en se mettant à ma hauteur : « Écoute, Kit, je vais pas revenir sur cette soirée mais je préfère qu’on en parle tout de suite car je crois qu’on en a tous les deux besoin. Tu vois ce que je veux dire? »

Comme réponse, je hoche la tête en baissant les yeux. Le temps d’une soirée, je m’étais montré faible (moi le gros dur) et j’en ai encore honte. Perso, j'aurais préféré aller pioncer puis oublier cette maudite soirée. Mais il a raison : il veut comprendre et moi aussi.

- Hé mon vieux, c’est pas la peine d’être gêné pour quoi que ce soit. Tu es… chez toi, après tout, dit-t-il en se dressant.

- Oui. En parlant de ça, il faudra vraiment que tu arrêtes de frapper à ma porte de cette façon, l'avertis-je.

- Tiens, c’est drôle que tu parles de ça, car j’étais à deux doigts de commencer à chanter, sourit-il en rentrant.

- Ah, j’étais à 2 doigts de t’ouvrir puis de te défoncer la gueule, rétorquai-je, refermant la porte.

- Heu, hihihi…

- Sinon tu as oublié d’enlever tes pompes, remarquai-je,

- Oh merde, ce ne sera pas long, s'affole-t-il.

- Tu oublies, mon petit Daniel, tu oublies.

Pendant qu’il retire ses pompes, je reprends mon souffle. Pas la peine de paniquer, j’ai de nouveau la situation en mains. Garde ton sang-froid, Kit. Dans cette petite agitation, je n’ai pas vu qu’il n’était pas venu les mains vides.

- Tu as apporté une bouteille de rouge ?

- Bordeaux Château Tour Vérité, pour être plus précis.

- Ben, dis donc, tu t’es pas fait chier.

- Étant français, je me dois de bien choisir mon vin. Parce que, en ce qui concerne nos hommes politiques, ce n’est pas encore ça.

- C’n’est pas faux, mais suis-je bon juge quand je regarde les nôtres ?

- C’est clair.

En deux temps, trois mouvements, il prend des verres, débouche la bouteille et nous sert. Il me donne mon verre, je le remercie et fais une petite léchouille pour goûter.

- Alors ? demande-t-il mon verdict.

- Pas mauvais.

- Super, je suis content que ça te plaise.

- N’empêche, je trouve ça assez louche.

- C’est-à-dire ?

- Il y a eu la scène de ce soir, puis maintenant tu te ramènes ici avec une bouteille de vin. Dis-moi, tu n’as pas une petite idée derrière la tête, par hasard ?

- Non ! Pas du tout, pas du tout. On est juste deux potes, décontractés du gland, buvant un petit coup, la nuit. Où est le problème ? s’écrit-il.

- Le problème, c’est qu’en amenant cette bouteille, tu laisses entendre que je veux me saouler et faire de moi ce que tu veux, soulignai-je.

- Alors ça… ça, c’est le genre de truc qui aurait pu brancher Lucius… ou Brandon, au choix, pouffe-t-il. Écoutes, si j’avais vraiment une idée tordue derrière la tête, je t'aurais demandé de te foutre à poil et puis c’est tout.

- Touché.

- Je m'excuse si je me suis montré trop explicite.

- Non, du tout, du tout ; crois-moi, j'ai entendu pire.

- Non, j'insiste, c'est pas grave.

- D'accord.

Après cette petite offensive, je reprends mon verre, histoire de ne pas parler dans l’immédiat. Puis le silence vient se poser tranquille accompagné du malaise, m'observant de loin. Pendant ces quelques minutes, j’avais pris sur moi mais maintenant, je peux voir, je peux sentir l’angoisse (la connasse !) me serrer la gorge (et putain, que c’est désagréable ! J’ai vraiment envie de la baffer, celle-là !)

Si tous les 2, on a effleuré le sujet (et dieu merci !), on sait TRÈS BIEN de quoi est question ce petit face-à-face nocturne. Et rien que d’y penser, cette pouffiasse continuait de plus belle. Et toujours cette même question: pourquoi j’ai failli rouler une pelle à MON MEILLEUR POTE ? POURQUOI, MERDE ?

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