Edmond

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Hiro me rejoint sur la piste et me demande si Léo s’est blessée en la voyant s’éloigner avec la seconde. Je ricane et lui explique la situation. L’autre zouave n’aurait pas levé la main sur elle, parole de vaurien !

— Nanda yo ! Encore cette seconde ? Qu’est ce qu’ils ont contre elle ! La nana passe sa vie au CDI, elle ne peut pas être bien méchante.

Je hausse les épaule, aussi perplexe qu’Hiroko. Ma banane va trouver une solution, je n’en doute pas.

Le lendemain matin je ne suis pas étonné de trouver Léonore en compagnie de la seconde. Elle m’avait envoyé un message la veille expliquant succinctement que notre petit groupe allait accueillir un nouveau membre. Pourquoi pas. Nous ne sommes pas un cercle fermé.

— Ohayo ! Hiroko desu! Yoroshiku ne.

— salut, je suis Hiroko, je suis contente de te connaitre, traduit Léo.

Je ricanne devant son air ennuyé, presque désolée de devoir présenter à Olivia de tels énergumènes.

— Edmond ! Dis-je en tendant le poing. Ne fais pas attention à elle, Hiroko aime faire la maline. Elle parle parfaitement français mes préfère taquiner.

— Damare !

La cloche sonne avant qu’Hiroko et moi ayons réellement le temps de se chamailler. L’air mi craintif mi amusé d’Olivia me rassure, quoi qu’en disent les sourcils froncés de Léo.

Les cours passent les uns à la suite des autres et je brule d’impatience d’être à ce weekend. J’ai un peu peur aussi qu’elle ait proposé que l’on se voie simplement pour me faire plaisir, qu’elle ne soit pas réellement prête. Ma Léo n’est pas du genre à s’ouvrir facilement et je ne veux pas la forcer. Je ne veux pas qu’elle change pour moi. J’aime qu’elle soit cette dure à cuir qui ne me donne pas grand-chose, parce que chaque goutte de tendresse devient d’autant plus appréciable. Un discret regard à table, une caresse dans le cou à la récré. En fait, bien que ça me manque terriblement et que je me consume rien qu’à l’idée d’y penser, ça me ferait bizarre si tout à coup elle se mettait à m’aimer en public. Je n’aurais peut-être pas dû lui dire qu’elle me manquait. Aucun doute qu’elle ait compris ce que je voulais réellement dire, que j’avais envie d’elle. Je m’en veux de lui avoir mis cette pression. Moi, le vaurien affamé qui ne pense qu’à ça. Il faudra que je lui parle ce weekend.

— Peut-être que si Raphaëlle t’arrose assez, tu deviendras une jolie fleur.

Je lève les yeux vers Olivia un peu surpris, tandis que les filles éclatent de rire aux dépens de mon Lulu. Olivia parle très peu, mais chacune de ses sorties vaut la peine d’être entendue. Il y a quelque chose chez cette nana. Quoi, je ne sais pas, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. En à peine une journée, je me suis rendu compte que je la cherchais du regard et me trouvais rassuré de simplement la voir. De voir qu’elle allait bien. Et je crois que tous les cinq avons un peu cette réaction, « elle est où Olivia ? Ah c’est bon, elle est là ! ». Léo nous a expliqué succinctement que ça se passait mal dans sa classe et qu’elle lui avait proposé de trainer avec nous. Personne n’a trouvé à y redire et si au début seule Léo l’attendait à la sortie de sa salle ou la raccompagnait, Hiro, Ludo et même Raphaëlle se sont pris au jeu. Je ne sais pas ce qu’en pense Olivia. Je ne suis pas sûr que Léo le sache non plus, elle parle si peu. Je vois cependant dans son regard attentif qu’elle ne manque pas une minute des moments passés tous ensemble.

Quel groupe ! Je m’amuse de voir qu’en un mois tout juste, nous formons une bande si vivante. J’adore et je comprends qu’à courir les jupons je m’en étais un peu privé. Lulu et Hiro s’entendent particulièrement bien dans leurs chamailleries. Ces deux-là enchainent une joute verbale digne des plus grands duellistes et là-dedans Raphaëlle prend un malin plaisir à prendre le parti d’Hiroko et martyriser mon pauvre Lulu. Si ce n’est pas elle, c’est Léo. Il y a les heures de perm où nous enchainons les jeux de cartes, les récrés où les muscles du visage font mal tant nous avons ri et parfois un sandwich en centre-ville. Tout ça annonce les couleurs d’une belle année.

Olivia a réussi à se frayer une place étrangement silencieuse dans tout ce brouhaha. Chaque fois que je l’observe à la dérobée, je remarque ses vêtements. Son pull est si usé que je pensais qu’il s’agissait d’une fringue fétiche, mais tous ses vêtements sont dans le même état. Et puis vu la taille, c’est de la récup. Elle est minuscule et pas épaisse. Je ne sais pas. Il y a quelque chose avec cette nana.

Il se passe aussi quelque chose dans la tête de ma banane. Elle couve Olivia d’un regard un peu différent des autres. J’ai l’impression de reconnaitre l’intérêt. Cette façon que l’on peut avoir de détailler quelqu’un, chaque trait, chaque centimètre de peau. Une observation un peu trop concentrée. En tout cas, elle a une curiosité envers elle qui me rend mois même très curieux. Un peu amusé aussi. Il y a quelque chose avec cette nana.

Ça y est. Vendredi soir. Demain, on se voit enfin. Je suis paniquexcité. Je me dis que je devrais me coucher tôt sachant pertinemment que je serais incapable de dormir. Je prends un bain pour m’apaiser, mais si mes muscles sont à leur aise dans l’eau brulante, mon esprit ne fait que cavaler après toutes ses pensées. Nous avons convenu que je la rejoignais chez elle vers 15 h. Sa mère part en weekend avec des copines, le pied.

Je ne sais pas comment m’habiller. Je ne sais pas ce qu’on va faire. Je ne sais pas comment me comporter. Je ne sais pas ce qu’elle attend. Je ne sais pas ce qu’elle a en tête. Est-ce qu’elle a la pression ? Est-ce qu’elle va se sentir obligée de quelque chose ? AAAAAH !

Je m’enfonce sous l’eau et bulle. Chut, cerveau, chut. Léo dit les choses. Il n’y a pas à s’inquiéter.

Après une nuit de crêpe où je mes suis retourné d’une oreille à l’autre, puis une matinée où je me suis abruti l’esprit devant God of war et un repas avaler le plus lentement possible, me voilà en route vers la maison de Léo. J’ai préféré marcher, le froid me canalise un peu. Lorsqu’elle ouvre la porte, je me détends d’un coup devant son sourire franc et naturel qui m’annonce que je me suis pris la tête pour rien.

— J’en reviens pas que tu portes ton bonnet même à l’intérieur, dis-je.

— Ça tient mes cheveux.

Je lève les yeux au ciel et m’avance pour l’embrasser. Elle passe les bras autour de mon cou et répond avec une ardeur à laquelle je ne m’attendais pas. Mon cerveau sous-pèse la situation. Elle aurait de l’expérience, je ferais comme dans les films, je claquerais la porte et on monterait à sa chambre, s’arrachant les vêtements fébrilement sans se lâcher pour faire torridement l’amour sur un lit king size.

Nous ne sommes pas dans un film.

Je relève la tête sans pour autant la lâcher et prends le temps de la regarder. J’aime tellement son visage. Une peau pâle mouchetée de taches de rousseur, une mâchoire anguleuse et des joues creusées de fossettes quand elle sourit. Ses grands yeux clairs qui tirent vers le vert à la lumière. Elle est heureuse, elle ne pourrait pas dire le contraire.

— Alors, qu’as-tu prévu que l’on fasse aujourd’hui ?

— Team Seigneur des a

Anneaux ou Star Wars ?

— Seigneur des Anneaux.

Elle me tire vers le salon et point l’énorme télé du doigt.

— Ça te dit ?

Elle est maline. Un film n’est pas seulement un film, mais de la même manière que j’avais opté pour le film d’horreur avec Lulu et Raphaëlle, elle opte pour le câlin caché. J’imagine qu’elle n’a pas vraiment l’intention de le regarder.

— Aller ! dis-je.

Elle me pousse sur le canapé dans lequel je m’enfonce avec plaisir pendant que je la regarde faire les branchements. Un véritable home cinéma, avec de grosses enceintes sur pied et de bons rideaux occultant les fenêtres. Elle me lance un pled sous lequel elle se faufile une fois le film démarré. Sans réfléchir je glisse une main autour de ses épaules et elle se cale contre moi, genoux rassemblés et… une main sous mon teeshirt. La sensation fait trois fois le tour de mon cerveau pour descendre jusqu’à mon entre jambes. Sa main est fraiche et fait des aller-retour tranquilles entre mes deux pectoraux. Qu’elle ait pris cette initiative me fait infiniment plaisir tant elle est avarde en caresse habituellement.

Le film se termine, il est presque 19 h. Elle est allongée dos à moi et serre mon bras contre sa poitrine. J’enfouis mon nez dans son cou et pose une bise sur sa peau tiède.

— Tu veux un apéro ? me demande-t-elle.

— Oh avec plaisir, qu’est ce que tu as ?

— Connaissant maman j’ai de quoi faire un apérol Spritz.

— Ça me dit bien !

Je la lâche à contrecœur et la regarde réajuster son pull. Elle disparait dans la cuisine et aux bruits je comprends qu’elle ramène aussi de quoi grignoter. Tant mieux, j’ai un véritable trou dans l’estomac. Je vais chercher quelques tartinades que j’ai chipées à la maison et les installe sur la table basse.

— Est-ce que tu peux attraper les dessous de verre qui sont dans le meuble télé, s’teup’ ?

On discute, on boit un deuxième spritz, on se remplit la panse de cochonneries salées et si c’était léger et agréable au début, je sens qu’elle se crispe un peu à mesure que la soirée avance. Moi aussi j’appréhende. C’est ma première première fois de ma partenaire et ma partenaire n’est pas n’importe qui. Je veux que ce soit parfait pour ma Léo.

— Tu sais ma banane, si ça te stresse ou que ce n’est pas le moment, on peut juste se coller l’un contre l’autre et ne jamais sortir de sous la couette.

Il fallait que je lui ouvre la porte de la retraite. Elle pince un peu les lèvres en un sourire gêné, mais sa voix reste sure :

— Non, c’est le moment. J’en ai envie. C’est juste que ça fait peur.

— Je sais. Dis-toi qu’il n’y a rien que tu feras qui me déplairas.

— Tu peux pas savoir.

— C’est vrai, mais j’en suis quasi sûr. Si ça arrive, je te le dis. OK ?

Elle hoche la tête, toujours en pinçant légèrement ses lèvres. Je pense qu’il est temps d’agir. Je me lève et tant une main qu’elle prend volontiers et l’entraine à l’étage. Dans un autre contexte, j’aurais porté attention à l’aménagement de sa mezzanine et sa chambre, mais disons que je suis préoccupé par autre chose. Je me retourne et lui demande de fermer les yeux.

Je me souviens de ma première fois encore dans ses moindres détails. Je ne sais pas dans quelle mesure elle était peu commune, mais elle était inoubliable. J’avais tout juste quinze ans et je me faisais suer comme un rat mort dans un hôtel à Cannes où mes parents avaient choisi de rester pour un mois. Ils sortaient tous les deux d’une grosse affaire et n’aspiraient qu’à se prélasser au bord d’une piscine en se dorant la pilule. J’étais déjà à l’époque un dragueur né, mais j’étais bien plus orgueilleux quant à l’allure de mon physique. Je ne sais plus vraiment comment, j’ai attiré l’attention d’une très belle femme. Elle était nettement plus âgée, la quarantaine peut-être. Je l’avais remarquée dès le premier jour. Une peau hâlée, un corps charnu et musclé dans un maillot blanc sexy, et surtout une absence totale de maquillage ou d’une effroyable teinture peroxydée. Rappelons que nous étions à cannes ! Elle était très souvent seule et j’étais presque certain d’avoir perçu quelques regards en coin. J’ai joué le jeu. Je m’allongeai sur le transat voisin à la piscine, je ne détournais pas les yeux quand nos regards se croisaient, allant même jusqu’à sourire et au bar je me tenais seul, un verre d’eau pétillante à la main, sirotant ça comme un Gin tonic. J’étais grisé par ma vanité, je savais sans l’ombre d’un doute que je lui plaisais. Une après-midi, elle s’est levée de son transat et a « laissé tomber » sa carte de chambre près de moi. Mes parents étant préoccupés uniquement par leur propre détente, j’avais quartier libre. J’ai attendu un peu et je suis monté à sa chambre. Devant la porte, je ne savais pas si je devais frapper ou non. J’ai haussé les épaules et simplement glissé la clé dans la serrure magnétique. C’était une suite semblable à la mienne avec une terrasse, un côté chambre et un côté salon. La femme, Cathrine, se trouvait adossée nonchalamment à une chaise de la terrasse, un verre à la main. Elle était simplement vêtue d’une robe de chambre laissant apparaitre un bout de sein nu. Je croyais rêver, et pourtant son sourire moqueur sans même m’accorder un regard m’assurait que ce n’était pas le cas. Je me suis figé, paniqué, prenant brusquement conscience de toutes les règles du jeu que j’avais commencé sans penser que j’allais le terminer. Je me sentais incapable d’assumer une relation avec cette si belle femme. Je la trouvais terriblement attirante et dégageais une assurance et une sensualité qui trahissait son expérience. Quel droit, en tant que noobie, avais-je de prétendre à la satisfaire. Elle a dû sentir ma gêne, car elle a effacé son sourire moqueur, s’est levée pour s’approcher de moi et à ma hauteur a simplement glissé une main dans mes cheveux.

— Je suis désolé, je n’ai jamais fait… ça.

— Ne sois pas désolé d’apprendre. Viens, ferme les yeux.

J’ai obéi.

— Si tu veux arrêter, dis-le-moi à tout moment.

J’ai frissonné de sa voix à mon oreille. Son souffle sur ma peau. Elle m’a ôté mon teeshirt et poussé gentiment sur le lit pour tirer mon pantalon. J’ai senti qu’elle se mettait à califourchon sur moi, puis ses cheveux ont chatouillé mon visage avant qu’elle ne commence à m’embrasser. C’était d’abord doux, tranquille, elle jouait doucement, m’apprenait la patience. Puis elle a posé des baisers aléatoires sur ma peau, descendant lentement mais surement vers mon caleçon. Elle a touché mon pénis à travers le tissu et je l’ai entendue rire. À ne pas douter qu’elle se moquait gentiment de la fougue d’un gosse de quinze ans. J’ai fini par ouvrir les yeux et je l’ai vue m’interroger du regard. Je me suis redressé et je l’ai embrassée, laissant courir mes mains sur son corps comme elle avait fait sur le mien. J’ai retiré mon caleçon et je l’ai laissé me guider.

J’ai été comme sur un nuage. Ça a été doux, sensuel et aimant jusqu’à la dernière seconde. J’en avais perdu mon souffle et son sourire lorsqu’elle s’est allongée nue à côté de moi est quelque chose qui restera gravé en moi indéfiniment. Nous avons refait l’amour un nombre incalculable de fois pour les trois semaines restantes. C’était chaque fois plus torride et mouvementé. Elle n’a jamais su mon âge. Je n’ai pas osé lui avouer que j’étais mineur. Je savais pertinemment que c’était moi qui l’avais trompée en jouant de mon physique grand et costaud.

C’est difficile à décrire, mais jamais je n’ai refait l’amour de cette façon avec une autre fille, même les plus âgées. Je pense qu’elle m’a intensément aimé et qu’elle a aimé m’apprendre la vie sexuelle. C’est ce qui a rendu cette relation si incroyable.

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