S : D’abord, tu es qui toi, pour me donner des conseils ?

L : Je t’ai donné des conseils ?

S : Bah oui. Tu fais quoi depuis tout à l’heure, à me répéter que je devrais m’aimer ?

L : Ai-je fais autre chose que poser des questions ?

S : Oh arrête ! Questions ou pas, ça revient au même. Tu sais très bien que tu veux me donner des conseils au fond.

L : Et si c’était le cas ?

S : Tu sais que tu n’es pas la seule à pouvoir poser des questions ? T’es qui pour venir te mêler de tout ça ?

L : Je suis toi.

S : Ça, c’est pas une question.

L : Et alors ?

S : T’as raison, ça change rien. Mais tu peux pas être moi.

L : Pourquoi pas ?

S : Parce que t’es pas d’accord avec moi.

L : Tu vois dans Alice au pays des merveilles, quand Alice dit "Je me donne souvent de très bon conseils ; mais je les suis rarement." ?

S : Oui. Et alors ?

L : Moi je suis la part qui donne de très bon conseils. Et toi tu es celle qui ne veut pas les suivre.

S : Je croyais que tu donnais pas de conseils et que tu faisais que poser des questions.

L : Je croyais que tu pensais que ça revenait au même.

S : En fait, t'es la voix de la raison, c'est ça ?

L : Non, je suis la voix de l'amour.

S : Je crois pas que ce soit le rôle de l'amour que de donner des conseils.

L : Je crois pas que ce devrait être le rôle de l'amour que de te convaincre que tu es une personne digne d'amour.

S : Et donc, ton conseil c'est de me complimenter comme si j'étais amoureuse de moi-même. C'est ça que tu appelles "de très bon conseils" ?

L : Tu crois pas que si t'es capable d'imaginer un autre pensant ces choses là, c'est parce qu'au fond de toi tu sais qu'elles sont vraies ?

S : C'est pas parce que je suis capable d'imaginer un dragon que je crois qu'ils existent.

L : Je t'aime.

S : Arrête !

L : Je te trouve formidable. Tu te laisses pas faire, tu es intelligente, intéressante, intéressée, passionnée.

S : Et ma sincérité est rafraîchissante ?

L : Tu n'es pas sincère. En tout cas pas avec toi ; pas avec moi.

S : Et je ne suis pas formidable.

L : Pas envers toi-même, c'est vrai.

S : Et laisse-moi deviner, tu trouves que ce défaut est une qualité ?

L : Non. Tu trouves que ce défaut est une qualité.

S : J'ai jamais dit ça.

L : Je t'aime.

S : Arrête, c'est pas à toi de dire ça !

L : Tu vois ?

S : Je vois quoi ? Je comprends plus rien.