Nous sommes arrivés à destination. Je n'ai aucune envie d'y aller, mais je n'ai pas le choix. Nous nous regardons entre collègues, la même idée en tête... Partir. Je prends mon courage à deux mains et m'avance en direction du bâtiment. Des grandes parois se dressent devant moi. Elles sont grisonnantes et un peu abîmées, ça fait froid dans le dos. J'avance encore de quelques pas en direction de l'entrée de l'usine, mais un son me stoppe net à l'entrée. Le gémissement des animaux me glace les os. Plus qu'une usine, c'est dans un abattoir que je m'apprête à entrer. Mes jambes refusent d'avancer, mais je me retrouve soudain poussé par mes collègues qui entrent en même temps que moi. Me voilà à l'intérieur, l'allure des bâtiments est encore plus déprimante dedans que dehors. L'angoisse continue de monter au fur et à mesure que j'avance. Je reste un moment planté dans le sas d'accueil, silencieux. Nous nous regardons et essayons de nous remonter le moral avant de franchir le sas. Mais nous avons tous en tête les horreurs qui se produisent derrière ces portes. Ça y est, c'est l'heure d'y aller. J'avance doucement, la boule au ventre. Une fois ces portes franchies mon corps ne m'appartient plus. Celui-ci sera transformé, on ne va probablement en faire que du jambon...