Chapitre 2 - Un nouveau départ

10 minutes de lecture

Cette première nuit fut difficile. Je me réveillai à plusieurs reprises. Un environnement inconnu, des tonnes de questions me traversaient l’esprit.

J’aimerai tant me sentir chez moi, mais y a-t-il un endroit où je puisse me sentir chez moi ? Mon « chez-moi » existe-t-il encore ?

J’entendis des pas dans le couloir. Je pris peur lorsqu’il entra dans la chambre et s’approcha de mon lit. Je bondis sur mon lit. La personne alluma la lumière, c’était Andrew.

- Zoé, ce n’est que moi.

Je soupirai de soulagement.

- Tu m’as fait peur.

- Excuse-moi, je suis parti précipitamment tout à l’heure, j’avais du travail. Je venais voir comment tu allais, je ne pensais pas que tu dormais.

- Je n’arrive pas à dormir, je suis perturbée par tout ce qui m’arrive. Quelle heure est-il ?

Andrew regarda au plafond et passa sa main sur la table à côté de mon lit. Un rayon de lumière en sortit et éclaira le plafond de chiffres indiquant l’heure.

- Il est bientôt 23h, dit Andrew en souriant. Eh ! Dis donc tu dors avec tes vêtements ?

- Je n’y ai pas pensé, j’ai eu beaucoup d’émotions aujourd’hui. Andrew, penses-tu qu’un jour je me sentirais chez moi ?

- Ce n’est pas simple pour toi, mais je suis persuadé qu’un jour tu te sentiras ici chez toi. Je vais te laisser te reposer, tu as des vêtements dans le placard là si tu veux.

Sur ces mots, Andrew quitta la pièce. Je me demandais comment je pouvais dormir après quatre-vingt ans de sommeil.

Je fixais le plafond, les chiffres défilaient, je me sentais rassurée, je me sentais reprendre la notion du temps et avoir à nouveau une vie.

Les chiffres eurent raison de moi et je m’assoupis.

Une fille de neuf ans environ apparue. Elle se trouvait dans un magnifique champ de fleurs. Elle courrait vers une femme avec de longs cheveux blonds. Cette femme la prit dans ses bras et elles tournoyèrent ensemble.

« Ma chérie, je suis si heureuse de te revoir. »

Un homme s’approcha d’elles, il semblait heureux de les voir puis dans un soupir il dit :

« Zoé, sauve-nous. »

Je me réveillai en sursaut. Ces mots m’avaient glacé le sang. Avais-je rêvé ? Était-ce moi la petite fille ?

Il était déjà 8h, je n’avais pas vu la nuit passée. De bonnes odeurs embaumèrent la chambre. Elles me semblaient familières. Je me levai et sortis de ma chambre.

Ces douces senteurs matinales me guidèrent vers la cuisine. Andrew était déjà levé, il sourit quand il m’entendit arriver.

- Ah, Zoé, enfin réveillé. Bien dormi ?

Il s’approcha et vint me faire la bise.

- Un peu agité. En tout cas, ça sent très bon par ici. Ça me rappelle des souvenirs.

Je ne voulais pas lui parler de mon rêve, ça ne servait à rien de l’inquiéter inutilement.

- Je suis content que la mémoire commence à te revenir, tu prendras petit à petit tes repères. Je grille du pain et fais chauffer du café. Ça te dit ?

Du pain était coincé entre deux plaques transparentes et le pain prenait des couleurs brunâtres. Le café, quant à lui, coulait dans un pot de forme cylindrique.

- Oui évident, je commence à avoir faim.

Andrew me montra la table à manger, il m’invita à m’asseoir et il me servit du café et du pain. Andrew avait déjà mis sur la table du beurre et de la confiture.

Je mangeai avec joie, je me sentais revivre.

- « Drew, ce serait sympathique si je voyais à quoi ressemble l’extérieur.

Il me regarda d’un air gêné.

- Nous avons plusieurs examens à te faire faire aujourd’hui, on verra par la suite, ça te convient ?

J’étais surprise par sa réaction.

- Oui, répondis-je perplexe. On pourra regarder la vidéo dont tu me parlais hier ?

- Oui évidemment.

- OK, merci.

Une fois le petit déjeuner englouti, je pris des affaires dans ma chambre. Andrew me montra des habits à porter, les vêtements de jour et de nuit. Ils étaient tous difformes. Andrew me tendit un ensemble.

- Je ne vais pas mettre cela tout de même ?

- Ne t’en fais pas, les vêtements vont s’harmoniser avec ton corps.

J’étais sceptique, mais Andrew connaissait mieux son époque que moi. Il me conduit par la suite à la salle de bain, il me montra brièvement le fonctionnement de la douche et me laissa.

J’ôtai mes vêtements, je n’arrivais pas à croire que je les avais portés pendant 80 ans. Je finis par rentrer dans la douche.

Il y avait trois programmes : rinçage, lavage et séchage. Je lançai tout d’abord le rinçage, c’était dur de régler la température, mais je finirai bien par prendre le coup de main. L’eau coulait sur moi, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu de contact avec l’eau.

Le lavage suivi, un rideau d’eau et de savon sortit du plafond ce qui me permit de frotter tout mon corps. Je rinçai à nouveau et lança le séchage. Un voile de vapeur envahit la cabine de douche.

Je sortis de la douche et pris la serviette qu’Andrew m’avait donnée. Le séchage n’avait pas complétement fonctionné.

Je mis les habits qu’Andrew m’avait donnés et à ma grande stupeur, ils prirent les courbes de mon corps.

Je passai un coup de brosse dans les cheveux et je rejoignis le propriétaire des lieux. Andrew était au salon, assis dans un grand fauteuil. Il m’invita à m’asseoir dans un fauteuil similaire.

- Alors, comment était cette première douche ?

- Je dirais revigorante et rafraichissante, dis-je en esquissant un sourire. Ces sensations m’avaient manqué.

- C’est bien si tu retrouve peu à peu une vie normale.

- Oui, je crois que ça me fait du bien même si je reste dans le néant sur ma vie passée.

J’étais pensive et un silence s’installa.

- Et si nous regardions la vidéo ?

- Oui bien sûr. Je voulais te dire que nous n’avons pas pu récupérer l’intégralité de la vidéo, les technologies ayant évolué en quatre-vingt ans. Je ne sais pas si ça va t’aider. Sax, un des membres de mon équipe a fait son possible pour décoder la vidéo.

Andrew posa le disque au-dessus d’un porte-disque. Des touches étaient greffées sur les accoudoirs de nos fauteuils. Andrew pianota et la vidéo se lança.

La vidéo était de mauvaise qualité, l’image et le son étaient partiels.

Un homme d’âge mûr se présenta comme le docteur Schtein. Il me faisait penser à l’homme de mon rêve.

La vidéo était sans cesse entrecoupée par des parasites, je ne comprenais pas tout, mais l’essentiel devait être que j’étais un être exceptionnel et que j’étais doté de capacités extraordinaires.

Je m’approchai de la fenêtre, il donnait sur un magnifique jardin comme ma chambre.

Andrew s’approcha de moi.

- Je sais que tu es frustrée.

- Je comptais tellement sur cette vidéo Drew.

- Je sais cela.

Il me prit dans ses bras et rajouta.

- Je ferais mon possible pour que l’on connaisse tout de toi, ton histoire et les compétences extraordinaires que tu as, il faudra du temps, mais on trouvera.

- Tu me le promets ?

- Oui, d’ailleurs Tom et Cindy ne vont pas tarder à venir, on a prévu de te faire des tests. Et tu sais quoi ?

Andrew me fit une bise sur le front.

- Non.

- Depuis que je me suis mise à ta recherche, je te considère comme ma fille et je ferais tout pour que tu sois heureuse.

- Merci Drew !

J’étais un peu perdue dans mes émotions, il m’avait sorti d’un sommeil de 80 ans, pouvais-je le considérer comme un père ?

La sonnette de la porte me sortit de mes rêveries.

- Ça doit être Cindy et Tom.

Andrew partit ouvrir la porte.

- Bonjour Cindy, entrez donc.

Cindy salua Andrew, elle rentra et sourit en voyant ma tête sortir de l’entrée du vestibule.

Andrew prit le manteau de Cindy et le posa sur un bras sortant du placard de l’entrée. Ce bras se rétracta et j’entendis un bruit de moteur. Je m’approchai de la porte d’entrée pour saluer Cindy à mon tour.

- Alors, comment va notre petite protégée ? S’enthousiasma Cindy. Pas trop compliqué la première nuit ?

- Je vais bien, la nuit fut agitée, mais je commence à retrouver des repères.

- C’est bon signe !

- Oui, je suis content, dit Andrew enjoué. Au fait, Tom va venir ?

- Il viendra après le repas, il a eu un empêchement de dernière minute.

- Ah je comprends, ça nous fera plus à manger, rit-il.

Je les laissai discuter, j’étais toujours intriguée par ce placard. Je m’approchai des battants du placard et dans un compartiment était posé le manteau de Cindy. Il y avait d’autres compartiments à côté, je poussai une des parois et un autre compartiment apparu. Je continuai mon exploration en faisant tourner la machine contenant les manteaux jusqu’à retomber sur le manteau de Cindy. On pouvait mettre une dizaine de manteaux, je trouvais cela fascinant.

Cindy m’interpella, c’était déjà l’heure de manger. Je rejoignis Andrew et Cindy dans la salle à manger.

- Alors que mange-t-on de bon ? dis-je en me léchant les babines aux odeurs émanant de la cuisine.

- Purée de pommes de terre et steak haché. Ça te plait ? répondit Andrew.

- L’odeur donne l’eau à la bouche en tout cas.

Andrew servit le repas et s’installa avec nous.

Ils me racontèrent leurs péripéties.

- Et tu sais que l’on travaille ensemble depuis dix ans ? s’exclama Cindy. On en a vu des choses ensemble.

- Autant que ça ? Ça se sent en tout cas que vous êtes proches, répondis-je.

- Oui, il le faut pour former une bonne équipe, renchérit Andrew. Je veux une bonne entente au sein de mon équipe.

Tom était arrivé il y a quatre ans, il était spécialisé dans la psychologie. D’après ce que j’avais compris l’équipe d’Andrew englobé tous les domaines de compétence. Au cours de ses expériences, il a dû faire appel à beaucoup de monde.

Le repas se finit dans la bonne humeur. Quand la table eut fini d’être débarrassée, Tom arriva.

Andrew nous conduit dans son laboratoire, situé dans le sous-sol, sous le bureau où je m’étais réveillée la veille. Nous nous installâmes tous autour de la table qui devait faire office de table de réunion.

- Zoé, nous allons te faire une batterie de tests, expliqua Andrew, pour connaître tes aptitudes mentales et physiques.

- Ça me convient !

Il fallait comprendre qui j’étais et trouver mon passé.

- Bien. Tom te passera des tests psychologiques tandis que Cindy et moi nous voulons faire une analyse de sang et d’ADN.

- Je ferais ce qu’il faut pour comprendre qui je suis.

L’après-midi passa très vite. Cindy et Tom rentrèrent chez eux. Je restai un peu avec Andrew avant de m’isoler dans ma chambre. Ces examens m’avaient épuisé, demain j’aurais sûrement le bilan de cet après-midi de torture.

Je repensais à ce que j’avais demandé à Andrew ce matin, j’aurais aimé sortir un peu de la maison, être à l’air libre. Le jardin m’apaisait, j’aimerais tant y aller. Andrew avait eu une réaction étrange quand je voulais sortir. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y avait à l’extérieur ? Voulait-il simplement me protéger ?

Ma curiosité était plus forte que moi, il fallait que je sache. Je ne savais pas si l’on pouvait ouvrir les fenêtres, en tout cas je n’y arrivais pas. Le mieux à faire était de sortir par la porte d’entrée.

Elle se trouvait à l’opposé de la chambre d’Andrew, je pouvais y passer sans qu’Andrew m’entende.

Andrew m’avait donné une pile de livre plus tôt, je pris un livre quand j’entendis du bruit dans le couloir. Andrew rejoignait sûrement sa chambre. Je mis mes chaussures en écoutant les bruits.

Plus aucun bruit, je pouvais sortir de ma chambre. Je pris le chemin du couloir, jeta un œil vers la chambre d’Andrew, la lumière était éteinte. Sur la pointe des pieds, je me dirigeai vers l’entrée.

Il n’y avait pas un bruit, Andrew ne pouvait pas voir ce que j’allais faire.

La porte était devant moi, j’avais peur que le bruit réveille Andrew. Je pris mon courage à deux mains en passant ma main sur le capteur, la porte s’ouvrit silencieusement. Je poussai un petit cri de joie et je refermai la porte derrière moi.

Enfin à l’extérieur. Mes yeux se ferment, ma tête se penche en arrière, c’était si bon de sentir l’air frais, une légère brise effleura mes joues. J’ouvris mes yeux pour observer mon environnement. La maison d’Andrew faisait partie d’un lotissement. Je courus dans tous les sens pour me rendre compte de la grandeur de la cité.

Les maisons étaient toutes endormies.

Mes yeux furent attirés par un rempart, il faisait le tour de la ville. Il était infiniment grand. Était-ce une prison de la taille d’une ville ? Andrew avait-il peur pour moi ?

Cette muraille avait forcément une entrée, je continue mon excursion. Une grande ombre s’approchait de moi. Cette forme irréelle me faisait peur, une horrible douleur à la tête me prit. Je rebroussai chemin, mais une main très froide me saisit par l’épaule.

- Que faites-vous ici ?

Cette voix brisa le silence de la nuit, elle était inhumaine. Je me retournai effrayée. Il faisait trop noir pour que je vois le visage de cette chose.

- Je me promenais, il fait bon ce soir, dis-je innocemment.

- Avez-vous une autorisation ?

Mon sang se glaça, mes membres se paralysaient petit à petit et je tombai par terre.

- De quelle autorisation parlez-vous ?

Cette ombre se pencha vers moi et elle me dit machinalement.

- Personne n’a droit de sortir sans autorisation.

Sur ces mots, il s’éloigna et je repris des forces.

Je pris le chemin de la maison. Une fois rentrée, je m’adossai quelques instants sur la porte, j’avais besoin de reprendre mes esprits.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Elisabeth Blockelet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0