Chapitre 3 – Une aide précieuse

8 minutes de lecture

Juin 2108, BlackBurn

C’était une usine à l’abandon, il fut un temps il construisait des voitures sur quatre roues.

Cela faisait cinquante ans environ, que les voitures lévitaient. Il avait de vagues souvenirs de ces voitures là.

Il pénétra fébrilement dans l’usine, un ascenseur était face à lui. L’urgence était de taille, il fallait absolument qu’il demande leur aide.

Il s’introduit dans l’ascenseur et saisit un code sur l’écran transparent.

Une fois sorti de l’ascenseur, il se positionna au milieu d’un halo de lumière et une voix sortit de nulle part.

« Analyse en cours, analyse en cours … »

Au bout de quelques minutes, cette voix retentit à nouveau.

« Sujet autorisé »

À ces mots, le halo s’éteignit et une porte s’ouvrit, la pièce était tellement lumineuse qu’on ne voyait rien à l’intérieur.

L’homme entra dans la pièce, la porte se referma aussitôt derrière lui.

- Ganek, il faut que l’on se parle, cria-t-il.

Aucune réponse. Sous l’insistance de l’homme anxieux, la luminosité de la pièce s’évapora pour laisser la place à un homme de blanc vêtu.

- Je savais que vous viendriez. Que voulez-vous ?

- Je requiers votre aide.

- Les Gardiens feront ce que vous leur demandez.

- Merci d’accepter, répondit-il soulagé.

- Cela fait des décennies que nous attendions le moment où votre race ferait appel à nous. Nos forteresses sont prêtes à vous accueillir.

- Il faut sauver l’humanité, nous mourons par centaine chaque jour.

- Les Gardiens savent tout cela, nous savons tous vos agissements. Mais, pour assurer votre protection, nous avons besoin de votre aide.

- Je ferais ce que vous voudrez.

- Il faut la trouver. Elle seule pourra réunir nos races et apporter paix et sérénité dans ce monde avant sa destruction.

- De qui parlez-vous ?

- Nous parlons de la Libératrice. Une créature d’une force exceptionnelle a été conçue par un biologiste de renom, elle a été créée pour sauver le monde de sa destruction.

- Comment et pourquoi ?

- Il faut sauver le monde de sa destruction.

- Qui est ce scientifique ?

- Il s’appelait Ulrich Schtein. Le connaissez-vous ?

- En effet, il est très connu dans ce domaine, mais je n’ai jamais entendu ce genre de recherches.

- Trouvez-la et nos peuples seront en paix.

- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour la retrouver.

- Bien accord conclu ?

L’homme tendit la main vers Andrew.

- Accord conclu, sourit Andrew en empoignant la main de Ganek.

- Prévenez votre population, les Gardiens commenceront à transférer votre laboratoire à Galicia et vous vous installerez avec votre équipe dans notre forteresse.

Ganek disparut et laissa seul Andrew au milieu de la pièce.

Andrew retourna à son bureau, il était pris par le doute. Avait-il fait le bon choix ? Il avait l’impression d’offrir à la population une vie de prisonniers. Et il pensait à cette créature qu’il devait retrouver.

Il s’assit à son bureau pensif, Cindy montra sa tête dans l’entrebâillement de la porte.

- Andrew, comment vas-tu ?

- Je vais bien malgré les circonstances, soupira-t-il.

- On dirait que quelque chose te chiffonne, dit Cindy inquiète.

Elle ferma la porte derrière et s’assit face à son bureau.

- Effectivement, j’ai parlé à Ganek.

Elle chercha dans sa mémoire pour se rappeler où elle avait entendu ce nom.

- L’interprète des Gardiens c’est cela, dit-elle.

- Ils acceptent de nous protéger contre cette invasion.

- C’est une bonne chose, non ?

Andrew se pencha vers Cindy.

- Cindy, nous vivrons dans leur forteresse pour une durée indéterminée.

- S’il faut ce sacrifice pour sauver les gens qui vivent ici, c’est une bonne solution.

- Oui bien sûr, mais …

- Mais ?

- Il faut qu’on retrouve quelqu’un ?

- Qui doit-on trouver ?

- Une création du docteur Schtein pour sauver le monde d’après Ganek. La Libératrice.

- Ah, je n’ai rien entendu de tel, mais peut-être que Éric en saura plus.

- Cela date de plusieurs décennies, soupira-t-il.

- Éric trouvera sûrement des informations grâce à ses contacts. Je vais lui en parler.

- Merci Cindy ! Tu as des nouvelles de Marvin ?

- Non, rien depuis trois jours, j’ai bien peur qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave.

- Tu penses aux Faucheurs ?

- Oui, dit-elle tristement.

- Il faut que cela cesse. Les gens meurent tous les jours.

- C’est pour cela que faire appel aux Gardiens est la meilleure des solutions.

Andrew se retourna vers la fenêtre de son bureau, son regard dans le vide il conclut.

- Effectivement. Dès demain, il faut se préparer à une nouvelle vie.

Il était déjà 21h, l’idée de rentrer chez lui le terrifiait.

- Il se fait tard Andrew, souligna Cindy. Je pense que tu ne dois pas rester seul dans ces moments-là.

- Merci Cindy, mais ça va aller.

Cindy insista, mais ne voyant aucune réaction de la part de son patron, elle décida de partir.

- Bonne soirée Andrew.

- Bonne soirée à toi aussi.

Une fois Cindy partit il alluma son ordinateur. Il était neuf, et ne le connaissait pas très bien. Depuis vingt ans les chercheurs et scientifiques étaient tous équipés d’ordinateurs gérés par une intelligence artificielle. Dans le domaine médical, elle s’appelait AMI, pour Artificial Medical Intelligence. Il venait d’avoir la version 8.0. Il regrettait déjà AMI 6.0, c’était son premier AMI et elle contenait tous ses dossiers.

AMI 6.0 était toujours là dans un coin de la pièce, il voulait voir avec John pour récupérer des données, il avait d’autres choses à penser ses derniers jours.

Il regarda son ordinateur pensif. Il était découragé à l’idée de trouver des informations sur la Libératrice, et se retourna vers la fenêtre.

Sa vie était en train de basculer, Cindy avait raison, il ne devait pas être seul.

Au bout de dix minutes de réflexion, il se décida à l'appeler.

- Cindy, re bonsoir, c’est Andrew.

- Oui, Andrew, tu vas bien ?

- Oui oui, tout va bien ne t'en fait pas. J’aimerai savoir si je peux passer chez toi ce soir. Je ne veux pas abuser de ton temps, mais l’idée de me retrouver seul ce soir me terrifie un peu.

- Oui, bien sûr avec grand plaisir.

- Super, j’arrive de suite.

Andrew éteignit AMI 8.0, prit sa veste et une bouteille de vin dans sa réserve pour les grandes occasions du laboratoire et quitta son bureau.

Il faisait bon en ce vendredi soir. Il enfourcha sa voiture et s’arrêta devant la demeure de Cindy.

Sa maison surplombait une colline, elle faisait ancienne, mais elle avait le mérite d’être différente des autres.

Fébrilement, Andrew sonna à la porte de Cindy. Il entendit des pas derrière la porte et on lui ouvrit.

- Je suis ravie de te voir, s’enjôla Cindy. J’avais peur que tu te désiste.

- J’avoue que j’ai voulu rebrousser chemin. Je n’ai jamais été très doué en relation sociale.

- Depuis que je travaille avec toi, je l’ai remarqué. Je t’en prie rentre.

Andrew tendit la bouteille et rentra.

- Merci, je venais d’en sortir une, mais celle-là est très bonne.

Andrew posa son manteau, Cindy l’invita à aller au salon alors qu’elle partit dans la cuisine.

- As-tu besoin d’aide ?

- Non ça ira, tu es mon invité.

Andrew rejoignit le salon, il était plus spacieux que le sien. Il y avait plein de tableaux très modernes accrochés aux murs. Il trouva la décoration de la pièce de très bon goût.

Cindy arriva avec le vin, des verres et des amuses-bouches, qu’elle posa sur la table basse.

- Que penses-tu de mon salon ?

Andrew se retourna vers elle et sourit.

- Ton intérieur est ravissant.

Cindy s’installa sur le divan et Andrew la rejoignit. Elle versa le vin dans les verres et en tendit un à Andrew.

- Merci, dit Andrew en buvant une gorgée. C’est toi qui as fait la décoration ?

- C’est principalement mon défunt mari, je n’ai pas osé y toucher depuis son départ il y a trois ans.

Cindy se rappela tristement le drame qui l’avait frappé par le passé, elle avait les larmes aux yeux.

- Je suis navré pour ta perte, il avait en tout cas du goût en décoration.

- Tu l’aurais apprécié, je pense, dit-elle en esquissant un sourire et buvant un peu de vin.

- Je comprends ce que tu as pu enduré il y a trois ans de cela. Depuis la mort d’Anna, plus rien n’a de sens. La maison est si vide sans elle que je n’arrive plus à rentrer chez moi. Je me plonge dans le travail pour oublier.

- Cela ne fait que quelques jours, c’est encore trop récent, le temps soulage la douleur.

- Rien ne les ramènera, que ça soit ton mari, Anna ou mon fils. Les Faucheurs sont sans foi ni loi, ils prennent tout sur leur passage.

- Ils déciment les familles et apportent que chaos et désolation.

- Quand je pense que la semaine dernière, on préparait la chambre de notre enfant.

- De combien de mois était enceinte Anna ?

- Sept mois.

Andrew avala une grande gorgée de vin et essuya ses yeux remplis de larmes.

- Excuse-moi je ne me laisse pas envahir par l’émotion en général.

- Cela arrive à tout le monde de craquer, il n’y a pas de honte à avoir. Ça fait du bien de parler, n’est-ce pas ? dit-elle en souriant et en le regardant attentivement.

C’est vrai qu’il se sentait mieux après avoir déballé son sac. Il était ravi des échanges avec Cindy.

- Maintenant que la séquence émotion est finie, que dirais tu d’un bon vieux jeu de société ?

- Tu en as ?

- Oui, figure-toi que ça existe encore, ria-t-elle.

Andrew n’avait pas joué à un jeu de société depuis son enfance. Il était difficile d’en trouver depuis des années. L’arrivée du numérique et de l’intelligence artificielle avait écrasé toutes formes de support papier.

- Tu as quoi en stock ? demanda-t-il en riant doucement.

Cindy se dirigea vers le buffet à côté de la table à manger et ouvrir le placard de gauche.

- J’ai un Trivial Pursuit, un Monopoly, des dominos, des cartes, la bataille navale.

- Un Monopoly, dit-il après réflexion.

- OK, allons-y pour ça.

Cindy sortit le jeu de sa boite et l’installa tandis qu’Andrew ramenait le vin et les biscuits apéritifs.

La soirée continue gaiement et Andrew finit par gagner.

- Je trouve que tu as eu de la chance, tu as vite fait fortune et tu as su me ruiner.

- Le patron est imbattable, ria-t-il.

Il était déjà 1h du matin.

- Merci pour cette soirée. Aujourd’hui, il faudra préparer le laboratoire pour son déménagement, mais pas la peine de venir à 6h du matin, ordre du patron.

Andrew prit congé et rentra chez lui.

Il faisait sombre, il prit la voiture, roula jusqu’à chez lui et se gara comme d’habitude dans l’allée. Il soupira un bon coup avant de sortir de sa voiture.

La maison était sombre, la plupart du temps Anna l’attendait déjà quand il entrait. Il ouvrit la porte et alluma la lumière du hall d’entrée. La maison semblait déserte, plus personne ne serait là pour l’attendre le soir, plus de sourire ni de rire pour l’accueillir après sa journée de travail.

Il ôta sa veste et ses chaussures avant de monter dans sa chambre. Il alluma sa lampe de chevet, s’assit sur le bord du lit et se changea. Il aurait aimé un massage comme Anna savait si bien le faire, mais malheureusement ce n’était plus possible.

Le cœur lourd, il s’allongea et laissa le sommeil l’envahir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Elisabeth Blockelet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0