Une lumière intense m’aveuglait, je ne pouvais pas ouvrir les yeux tellement elle me faisait mal. J’entendais des bruits autour de moi, mais je ne comprenais pas ce qui se passait. En me concentrant, je pus distinguer des voix.

« Le produit est en train d’agir, elle se réveille. Va le chercher. »

Des pas s’éloignèrent et une ombre se pencha sur moi.

« Vous m’entendez ? »

J’ouvris la bouche avec difficulté et un son faible en sortit.

« Ne vous en faites pas, les effets du sérum vont s’estomper. »

Des pas se précipitèrent vers moi.

- Mais qui a mis la lumière aussi forte ? Il ne faut pas la brusquer, cria un homme.

- Excusez-moi Andrew, répondit un autre homme.

- Elle a besoin de temps pour se réacclimater à son environnement.

L'intensité de la lumière baissa, je me sentais d'un coup moins agressée.

- Merci, dis-je avec difficulté.

- Bienvenue parmi nous. Je suis heureux que vous soyez enfin réveillée, rétorqua le premier homme. J’ai plein de questions à vous poser.

Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je ne savais pas où j’étais, aucun souvenir ne me venait à l’esprit. Aucune voix ne me semblait familière. Et surtout, aucun moyen de savoir comment j’avais atterri ici.

Je commençai doucement à ouvrir les yeux, pour observer ce lieu inconnu. Un homme était assis à mes côtés, derrière lui un autre homme et une femme se tenaient debout. Tous les trois portaient des tenues blanches et me regardaient fixement.

Allongée dans un sarcophage je sentais bien que mes membres étaient bloqués.

- Comment allez-vous ? demanda l’homme à mes côtés.

L’homme était grand, ses cheveux grisonnants et il avait belle allure.

- Je m’appelle Andrew Cavanaugh, continua-t-il. Vous souvenez-vous de votre nom ?

- Je … Je ne sais pas, dis-je inquiète. Je ne me souviens de rien. A part que je me retrouve ici.

Andrew semblait inquiet. Je n’écoutais pas ce qu’il disait à ses deux confrères, je réunissais toutes mes forces pour me relever. Je m’agrippai au rebord de mon lit et après de lourds efforts, je pus enfin m’asseoir.

La femme voyant ma prouesse ne manqua pas de le signaler à ses deux compères.

Andrew était assis sur une planche en lévitation qui devait faire office de chaise. Quant à moi, j’étais vêtue de vêtements blancs.

- Je vois que vous récupérez vite, sourit Andrew. Je vous présente Cindy et Tom, mes deux assistants.

Il parlait bien d’assistants ? Mais où étais-je ? Dans un hôpital ou dans une prison ?

Je leur souris, mais je n’étais pas rassurée pour autant. J'étais affolée même. Il fallait que je m'échappe d'ici. J’essayai de sortir du sarcophage pour pouvoir m’échapper, Tom s’approcha de moi et me saisit les bras pour me maintenir assise.

- Lâchez-moi, criai-je à mon tortionnaire.

- Zoé, nous ne vous voulons aucun mal, fit Andrew.

- Alors pourquoi me maintenez-vous captive ?

Je me débattais pour sortir des griffes de cet assistant peu tendre avec moi.

- Nous voulons simplement que vous restiez calme.

Je n’arrivais pas à me calmer alors qu’Andrew l’était étrangement. Cindy m’observait en silence en prenant des notes.

Comment pouvais-je être calme dans cet environnement inconnu ? Avec des gens que je ne connaissais pas ?

- Que fais-je ici et que me voulez-vous ? rétorquai-je

- Nous te cherchons depuis trois ans. Tu es très importante pour nous et pour l’humanité.

- Je ne comprends rien à ce que vous me dites. Et vous lâchez-moi, dis-je en me débattant.

Je poussa violemment les bras de mon oppresseur et pus enfin échapper à son emprise. Je courus comme je pus vers la porte. Elle était fermée et sans poignée.

Andrew me signala que ça ne servait à rien de fuir. Je tapais de toutes mes forces dans l’espoir que quelqu’un m’ouvre. En vain. A bout de force, je m’effondrai en sanglots.

« Zoé, nous ne te voulons pas de mal. »

Andrew s’approcha de moi pour essayer de me réconforter. Il comprenait parfaitement que j’étais perdue et que ma tête fourmillait de questions et il décida de tout me raconter.

Je m’appelais Zoé Laskin. En 2030, un éminent scientifique, Ulrich Schtein m’endormit pour des expériences scientifiques secrètes. Afin que je ne tombe pas entre de mauvaises mains, il m’avait caché au fin fond du désert égyptien. Il avait disséminé des indices un peu partout pour brouiller les pistes et être certain que seuls des scientifiques tels qu’Andrew me retrouvent.

Andrew et son équipe mirent trois ans avant d'avoir une piste. Ils avaient parcouru la Terre entière à ma recherche et en cette année de 2110, ils purent enfin savoir où j'étais.

Quant à mes pertes de mémoire, Andrew n’avait aucune explication à me donner, mais me promit de m’aider à la recouvrir. Ses paroles étaient réconfortantes et enfin je me sentais apaisée.

Par la suite, il me présenta plus en détail ses deux compères.

Cindy, son bras droit, avait très belle allure. Elle avait de longs cheveux blonds et portait des lunettes qui lui faisaient ressortir ses yeux bleus.

Tom, le psychiatre et les muscles de l’équipe avait une carrure impressionnante et j’avais bien senti sa force lorsqu’il m’avait empoignée. Il avait les yeux marron et des cheveux en brosse.

Tom vint s’excuser pour m’avoir malmenée. Cindy m’apporta de l’eau et Andrew me donna donc une barre chocolatée pour me donner des forces.

Ce que Andrew m’avait raconté me perturbait, quatre-vingt ans de sommeil. Etais-je humaine ?

Andrew m’expliqua que Cindy et lui étaient spécialisés dans la biologie. Ils étudiaient les êtres vivants, leur évolution et leur mutation. Il dirigeait une équipe de chercheurs dans divers domaines.

Tom m’aida à me lever et me tint fermement. Mes jambes étaient encore engourdies. Andrew ouvrit la porte pour me faire la visite des lieux.

La salle où j’étais retenue captive était acollée au laboratoire d’Andrew. Dans un coin il y avait son bureau rempli de dossiers et des appareils de toutes sortes. Nous étions au sous-sol de la maison.

Je grimpai les escaliers avec difficulté. Il donnait sur un grand couloir et en face on pouvait voir la porte d’entrée de la maison.

On commença la visite par la cuisine qui se situait derrière. Elle était grande et très épurée, une grande table flottante trônait au milieu.

On retourna sur nos pas et juste à droite de l’entrée se trouvait le salon. Il était spacieux et de grands fauteuils faisaient face à un rideau blanc.

Une fois dans le couloir, on continua la visite. La chambre d’Andrew, située à son bout, était bleue et totalement vide. J’étais surprise, mais Andrew me montra où était le lit. Un capteur était fixé au mur. Andrew passa sa main, un bruit sourd se fit entendre et le lit descendit du plafond.

Ensuite tous les quatre nous entrâmes dans ma chambre. Elle était plus petite que celle d’Andrew et blanche. Cindy ouvrit les placards. Ils étaient remplis de vêtements.

J’avais toujours du mal à savoir ce que je faisais ici. Je devais me faire à cette nouvelle vie.

De l’autre côté du couloir se trouvait les sanitaires ainsi que la salle de bain.

Elle contenait une grande douche cylindrique ainsi qu’un lavabo avec des placards de rangement. Tom me montra ma trousse de toilette et mes serviettes. Je ne pus m’empêcher de regarder ma tête dans le miroir. En la voyant, je fis un bond et poussa un petit cri. Je me souvenais vaguement de mon apparence, mais j’avais l’impression d’être en face d’une étrangère.

Tom me rassura.

« Une nouvelle vie commence pour toi, tu as besoin de prendre tes marques et retrouver ton identité. Cela va faire beaucoup de chamboulements. »

J'avais conscience déjà de tout cela. Il y avait tellement de choses à apprendre et à découvrir et je ne savais pas si je me ferais à cette nouvelle vie.

Dès demain, Andrew avait prévu de me faire une multitude de tests.

Je commençais à avoir faim, c’était justement l’heure du dîner. Andrew et ses collègues partirent préparer le dîner et ils devaient surement avoir besoin de discuter ensemble.

Je retournai au salon. Il y avait une grande baie vitrée donnant sur un magnifique jardin coloré empli de fleurs. J’étais fascinée par ces fleurs qui dansent au gré du vent comme si elles cherchaient à me rassurer.

« Ne t’en fais pas Zoé, tout va bien se passer. », marmonnai-je doucement.