Jour 7

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Aujourd'hui c'est le grand jour; celui du départ ! Assez content, on se motive, on déjeune, on reprend toutes nos affaires, on rend notre chambre, et on s'casse. Tchao le gros beauf espagnol, tchao le japonais, tchao tous les autres; on rentre au pays.

Mais bon, le départ n'est qu'à dix-sept heures, donc on doit tenir encore une journée dans cette capitale. Alors, pour finir correctement, on se dit que ça serait bien de faire les touristes une dernière, donc on se dirige vers le musée de l'histoire de Vienne qu'on avait pas fait.

On traverse la ville, une dernière fois, puis ça y'est, on est devant le musée. Léo est motivé, mais quand je vois que le ticket d'entrée coûte quinze euros, moi je me démotive direct, et envoie chier le musée. Léo est compatissant, et on s'pose comme des loosers sur un banc, picorant dans notre reste de frites dégueulasses. Elles sont dégueulasses d'ailleurs, les frites autrichiennes.

A la fin de grignotage, on se rend compte qu'on a encore la dalle. Niveau thunes, on commence à être pas mal du point de vue des dépenses, mais bordel il fait froid, on est claqués, et on a pas envie de faire autre chose que bouffer, alors on décide de retourner bouffer dans le petit restaurant sous-cave dans lequel on était allé. Retour donc au quartier touristique, on revoit le serveur peu aimable à la tête de street fighter, et comme des petits vieux, on s'prend des soupes, des petits plats traditionaux pas si oufs pour des plats traditionnels, et une bière quand même faut pas déconner.

La bière, d'ailleurs, c'est le seul truc qu'est bon chez eux. Elle ressemble un peu à de la pisse car elle est aussi forte qu'un panaché, mais bon. On s'prend des cafés, qui sont immondes, trop chers, puis tchao bye-bye le petit restau' typique, tu nous manqueras pas. Dehors, la ville est toujours autant peuplée de touristes motivés et fascinés, et face à toutes les beautés de Vienne, nous on on a envie de rien, mais en même temps, faut faire quelque chose.

Bref, on sait pas quoi faire, mais comme d'hab', il fait trop froid pour rester figé à un endroit. Alors Léo fouille la carte, et découvre qu'il y a un grand parc à une extrémité de la ville. On s'y dirige, en se disant qu'il faut quand même penser à acheter des cartes postales et du tabac avant de partir.

La ballade est bonne, et on arrive dans le grand parc. Là-dessus, on nous a pas menti, le machin est immense, et ressemble presque à une forêt en plein Vienne. Y'a des canards, des cygnes, des parents avec leurs enfants et des joggers. Nous, on passe le temps en discutant de choses et d'autre, d'amour, d'art et de pourquoi la vie c'est nulle, et de comment faire pour qu'elle le soit moins.

On marche, on marche, on marche, sans même se rendre compte du trajet qu'on fait. Arrivé quinze heures, on s'dit qu'il serait temps d'approcher du bus, alors Léo prend la carte, et je suis le guide.

"Faut pas oublier de prendre du tabac hein !" dit Léo. Il a raison, mais au fond de moi, j'y crois moyen. On marche, on marche, on marche, encore, et après que Léo ait pissé dans une petite rivière sous prétexte que "C'est important de pisser dans les rivières qu'on visite", on retrouve enfin le bitume de la ville. On est dans un quartier vraiment pourri, et va savoir pourquoi, tous les magasins sont fermés. Léo rage de pas pouvoir prendre son tabac, et moi, je finis ma dernière clope de mon paquet autrichien.

On arrive vers la gare routière. Un bus vient d'arriver, pas le nôtre, venant d'Europe de l'Est. Les clichés, c'est pas bien, mais là, ils ont vraiment tous une gueule de gens de l'Europe de l'Est. Ils fument tous, habillés en survet', l'air méchant, et plusieurs d'entre eux ont la gueule abîmée. Une femme, plutôt belle, est adossée à une barrière, la clope au bec, et grimée d'un immense cocard. Son regard croise le mien, mais je me détourne; elle me fait trop peur.

Notre bus n'arrive que dans une heure et demie, et comme la gare routière de Vienne est miteuse, on s'barre un peu plus loin, dans un café bien confortable, à attendre l'heure du départ en lisant, chacun dans notre coin.

L'heure enfin venue, notre bus arrive. Aussitôt, je monte, le sourire aux lèvres, avec l'envie d'embrasser tout le monde. On va rentrer, enfin, on va rentrer !

On s'installe, le bus démarre, et à peine eus-je le temps de foutre mon casque sur mes oreilles, que j'entends Léo grogner car il a oublié d'acheter du tabac. J'en fais pas de cas, et me fous dans mon monde.

Ciao Vienne, à bientôt, ou pas. Je me reconnecte petit à petit avec les projets que j'avais laissé en France, prêt à continuer ma petite vie tranquille.

Quelques heures plus tard, alors que j'étais au summum de la tranquilité, on passe la douane allemande. Mon Dieu ils rigolent pas les germains, et demandent à tout le monde de sortir du bus. Tous ont l'air bien plus coriace que la douane suisse au petit toutou renifleur, alors on serre un peu le cul, car si leur chien fout la tête dans notre sac, ils vont peut-être pas nous laisser tranquilles si facilement; même si on a rien.

Ils prennent les cartes d'identité de tout le monde. C'est la nuit, il caille, et on est tous comme des cons à attendre. Soudain ils appellent un nom, qui est le mien, et me dise de venir. Bon enfant je les suis, et sors un "Oui !" naturel, qui fait rire un roumain à côté de moi, s'amusant ensuite à imiter un cliché de français à ses potes, qui rigolent bien.

La douanière me dit que ma carte n'est pas valable. Merde, c'est vrai, elle ne l'est pas, car j'en avais fait refaire une. Voyant pas tellement ce que je peux faire, je raconte la vérité, et elle me pose plein de questions sur mes raisons de mon voyage. Je lui explique, et ma petite gueule souriante a du la satisfaire, car elle me laisse remonter, en prenant quand même soin de noter mon nom quelque part, au cas-où je serais un sale terroriste. Plutôt mignonne cette douanière d'ailleurs, dommage qu'on ait pas eu plus de temps que tous les deux.

De nouveau dans le bus, un coup de barre m'assaille. J'ai sommeil, alors en posant ma tête contre le vitre vibrante, je repense à l'Autriche, et aux germains en général. Il me stresse, tout comme leur pays. Tout est ordonné, bien fait. Tout le monde a l'air obéissant, respectueux, ce qui est une bonne chose en soit, mais bon Dieu, que c'est ennuyant un pays où y'a pas de wesh qui te propose du shit pas cher où des clopes d'Algérie à tous les coins de rues.

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