Jour 4

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Le bruit de la douche me réveille. Léo n'est pas dans son lit, et il est midi. Je me lève, la langue pâteuse, le corps endolori, et remarque que les gens dormant dans notre chambre hier sont déjà partis avec leurs affaires.

Léo sort de la douche, et vient mon tour de me réveiller à l'eau froide. Après cela, on se fait un petit-déj' express, la tête dans le cul. On a tous les deux des sales gueules avec Léo, et alors que les gens se reposent de leur matinée, on se remet encore de notre soirée.

On traîne, on glande. Léo écoute de la musique pendant que j'écris, et que je chie. Au bout de quelques heures, on se dit qu'on va bouger, et on bouffe de vieux restes d'hier; des frites pourries à la mayonnaise trop grasse, avant de sortir.

Vienne est gris, comme toujours depuis que nous y sommes, mais on se motive quand bien même à marcher une heure pour rejoindre le Danube. On marche, on discute, on s'marre, on s'engueule et on râle sur les feux rouges Viennois. Oui, car il faut savoir que les Viennois ont beaucoup de feux rouges, et surtout, tout le monde les respecte, et tu te prends une réfléxion si tu les respectes pas. Avant on les respectait, mais aujourd'hui, l'alcool de la veille nous a rendu trop français, alors on envoie chier ces feux rouges, couvert des râlements accusateurs des parents viennois, indignés que des sales touristes montrent le mauvais exemple à leurs enfants.

En chemin, on tombe sur un bout de quartier construit par Hundertwasser, un architecte écolo et perché. On décide de s'y balader. Evidémment, la construction est devenue un centre commercial, où l'expresso coûte presque trois euros. On tombe sur un musée sur le gars, alors on le fait. Ses travaux d'architecture sont hyper intéressants, bourrés de propositions d'aménagement de ville bien moins monotone, et plus en communion avec la nature. Tout ça fait rêver, mais au final, son musée présente plus ses peintures, qui elles sont assez chiantes. On s'éloigne un peu avec Léo, et je mate les tableaux avec une attention minime. Arrivé dans une salle sombre, un film présente l'artiste, par des plans où il est à poil sur son bateau, et c'est lorsque je tombe face à un plan de plusieurs minutes où on le voit choisir ses épices pour son riz, que je me dis que je regarde de la merde.

Je tournicote parmi les oeuvres d'art, prêtant plus attention aux autres visiteurs du musée qu'aux travaux de Hundertwasser. Y'a des mères qui essaient désespérement d'intéresser leurs ados par les gribouillis accrochés au mur, des jeunes couples mignons, s'intéressant de tout, mais surtout pas mal de vieilles femmes. Chose agréable, ça parle toutes les langues dans les différentes salles, et me dire que personne ne comprend personne ici me rassure à un point que je ne trouve pas sain.

"We're closing in two minutes", nous dit un autrichien du musée, alors on sort. Dehors, le ciel a changé sa robe grise pour sa tunique noire, n'ayant laissé que peu d'espace pour le soleil aujourd'hui. Si ce n'était que ça... Y'a un vent froid terrible, alors comme des lâches, on décide de se foutre du Danube et de rentrer. On s'retape l'heure de marche, en arrière cette fois, et alors qu'on réfléchit à quoi manger ce soir, le rital insiste évidemment pour une pizza. On s'en prend une, on s'enferme dans notre auberge, et autour d'une bonne bière, on déblatère sur le pourquoi du comment les pizzas autrichiennes sont moins bonnes que les italiennes. Un p'tit rot, une petite clope, et on monte se coucher, comme deux petits papys.

Dans notre chambre, y'a un nouvel inconnu qui dort. J'espère que celui-ci, on aura le temps de lui parler avant qu'il taille la route. En attendant, moi, je plonge dans les profondeurs de mon lit, prêt pour mon second round de récupération des folies de la veille.

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