Chapitre 3 (partie 1)

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L’oncle de Constance s’était blotti contre sa femme. Il était paniqué. Il se demandait ce qui avait bien pu arriver à son frère et sa femme. Pourquoi eux ? Comment avait-il disparu ? Il se rapprocha de sa femme. Il enfouit son visage dans son cou. Il ferma ses yeux, sentant la douce main de sa chérie, caresser tendrement ses cheveux pour l’apaiser.

—Allons-nous coucher, mon amour, nous avons besoin d’avoir l’esprit clair pour demain, dit la tante en emmêlant ses doigts dans les cheveux de son mari.

L’homme rapprocha son visage à celui de la femme. Ils s’embrassèrent amoureusement. Puis ils allèrent se coucher dans leur lit, attendant le matin.

En allant se coucher, le couple avait complétement oublié la petite fille qui cherchait à retirer ses vêtements pour se mettre en pyjama. Sa robe était serrée, elle n’avait pas remarqué qu’il y avait une fermeture éclair dans le dos de celle-ci, plus tôt. Quand elle voulut demander de l’aide aux membres de sa famille, ils ne lui avaient rien répondu. Elle n’avait pas abandonnée pour autant, se mettant sur la demi-pointe des pieds, elle se contorsionnait dans tous les sens. Finalement, elle avait réussi à retirer ses habits et à se mettre en pyjama. Elle s’était ensuite endormie à poings fermés, après avoir pleuré un peu plus.

Le lendemain matin, le couple et l’enfant se réveillèrent dans les environs de huit heures et demi. L’oncle de Constance était allé voir sa nièce pour lui expliquer la situation et l’aider à se préparer.

—Constance, demanda-t-il en toquant à la porte de la chambre de l’enfant, je peux entrer ?

—Oui, répondit la petite fille d’une voix presque inaudible.

L’homme poussa la porte. Il entra à l’intérieur et vit sa nièce assise sur son lit. Elle semblait perdue. Les yeux fixant un mur, ses joues étaient rouges, elle ne lui jeta pas un regard. Il s’avança et s’assit à côté d’elle. Il lui caressa les cheveux et lui fit un sourire bienveillant. L’homme garda le silence, il ne voulait pas forcer l’enfant à l’écouter. Elle lui donna l’impression d’avoir compris ce qui l’entourait ; la disparition de ses parents lui paraissait bien réelle, mais elle ne connaissait pas encore le pourquoi et le cherchait. L’ont-ils abandonné ? Ont-ils été enlevés par des aliens ? Ont-ils été tués par un vilain, méchant, pas beau ? L’enfant ne comprenait pas mais elle ne savait pas par où commencer.

—Le Père Noël passe voir les enfants comme moi ? Demande-t-elle soudainement.

Son oncle ne semblait pas savoir quoi répondre. Il était vrai qu’avec tout ce qui s’était passé, il avait complètement oublié l’approche de Noël. Les cadeaux que les parents de la petite fille étaient partis acheter, ont-ils brulé dans la voiture avec le reste ? Et la liste qu’elle a écrite, où était-elle cachée ?

—Si tu as été sage, il passera forcément. Tu as été sage ?

—Oui, j’ai été très sage, regarde toutes les images que j’ai eu à l’école.

Elle sort un paquet de carte avec des dessins et photographies en tout genre.

—Tu n’as pas à t’inquiéter, Constance, tu auras des cadeaux.

—Donc, j’aurais mon poney et ma licorne ? Demande la petite fille les yeux brillants.

—Euh…Oui, répond l’homme avec hésitation.

—Et si…Je ne veux pas…la licorne ou le poney tout doux. Et si, je demande à voir mes parents, tu sais où ils sont ? Dis-moi tonton. S’écrie la petite fille.

—Constance, on va bientôt découvrir ce qui est arrivé à tes parents. Je…Le père noël ne sait peut-être pas où se trouve tes parents, ma petite. Mais s’ils les trouvent, il te les ramènera le plus tôt possible.

La petite fille ne répondit rien. Elle joua avec ses doigts, toujours assise sur son lit. Elle baissa la tête et soupira. Au fond d’elle, elle ressentait peut-être que quelque chose se passait. Qu’en tant qu’enfant on lui cachait beaucoup d’informations, comme les coups de fil que son oncle avait reçu le soir précédent. Elle n’a pas pu entendre ce dont il parlait. Elle leva la tête et plongea ses petits yeux dans ceux de son oncle.

—Tu sais, cet après-midi, on doit aller quelque part tous les trois, toi, moi et ta tata. Tu vas te préparer ? Ta tata va venir t’aider.

Constance répondit d’un hochement de la tête franc. Elle sentit son cœur battre et son ventre se nouer à cause de la nervosité. Elle n’a pas le souvenir d’être restée aussi longtemps avec son oncle et sa tante, sans la présence de ses parents. La nervosité qu’elle ressentit rempli la pièce d’une chaleur éprouvante qui lui bloqua la respiration pendant une fraction de seconde. Son oncle sortit de la pièce pour chercher sa femme.

Constance aimait énormément son oncle. Il s’occupait bien d’elle, il lui donnait pleins de bonnes choses à manger. Il lui offrait des belles tenues pour son anniversaire ou des jeux. Son oncle passait du temps avec elle, jouait avec elle. Il la portait et se comportait comme son père. Mais sa tante lui faisait peur. Lorsqu’elle rentrait dans une pièce où se situait Constance, la petite fille tremblait et claquait des dents comme-ci elle avait froid, même en été. Elle la regardait de haut un sourire glaçant sur son visage. Dans sa tête, l’enfant imaginait que sa tante était une sorcière comme dans les contes que sa mère lui racontait, où celle-ci tentait de manger les enfants. Son regard était plissé et entouré de noir, ses doigts étaient longs et fins aux ongles continus. La vision de ses cheveux lui faisait penser qu’ils allaient l’agripper. Un jour, elle avait même vu la femme accroché ses cheveux à la poignée de la porte de la cuisine. Ce qu’elle ne savait pas c’est que ce sont ses cheveux qui s’étaient coincés dans la poignée par maladresse.

La petite Constance était assise sur son lit, elle n’avait pas bougé. Elle entendit, soudainement la porte s’ouvrir. Elle paniqua. Elle retint sa respiration voyant une longue ombre entrée dans sa chambre. Un nez, un peu long, se pointa sur le seuil de la porte, puis apparaissaient deux yeux, le reste du visage et enfin le reste du corps. Dans une robe-pull blanche et des chaussons de la même couleur, une grande femme entra sans toquer.

—Je suis désolée pour hier, dit-elle après un long silence, je me suis un peu emportée.

Elle observa l’enfant, debout, la tête haute, ses cheveux noirs formaient une queue cheval haute qui étaient attachés par un doux chouchou blanc. Elle regarda à nouveau l’enfant et se rendit compte que la petite levait la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux.

—Puis-je m’asseoir ? Demande-t-elle en désignant un espace sur le lit à côté de Constance.

L’enfant hocha la tête doucement. La femme lui offrit un sourire sincère qui détendit l’atmosphère de la pièce.

—Tu sais, je ne voulais pas te dire ce que je t’ai dit. Ce n’était pas voulu. Mon mari m’a dit de t’aider à te préparer, peux-tu me montrer où sont rangé tes affaires ?

La petite fille se leva suivit par la femme, elle pointa une armoire et des étagères. Sa tante comprit et ouvrit les meubles pour lui choisir une tenue. Elle finit par sélectionner un pantalon, un pull et un t-shirt, laissant la petite en arrêt provisoire. Celle-ci tenta de prendre la parole plusieurs fois. Elle leva la tête pour regarder sa tante et vit que celle-ci l’encourageait à parler.

—Tata ? Les filles ne doivent-elles pas porter des jupes et des robes, c’est papi qui me l’avait dit ?

La tante sembla surprise, elle ne savait pas quoi répondre et comment lui répondre pour que l’enfant comprenne. Elle était aussi étonnée que l’enfant de la grande styliste Judith, ai des pensées aussi conservatrices.

—Non, Constance. A notre époque et dans notre pays, les filles et les femmes peuvent porter ce qu’elles veulent tout comme les garçons. Tu as de la chance d’avoir accès à la liberté. Cette liberté tu la garde près de toi et tu peux la ressortir quand tu te sens insultée. Tu envoies balader, grâce à elle toutes les personnes qui t’agresses. Elle ne sera pas la même pour tous ceux que tu rencontreras, mais elle sera toujours là, car elle fait partie de toi et de chacun de tes ancêtres. Tu peux remercier chacune des personnes qui se sont battus pour elle, mais aussi tous ceux qui se battent encore. Notamment toutes ces femmes qui ont manifesté pour te permettre d’être indépendante.

—Est-ce que si je suis en danger et que je l’appelle, elle viendra ?

—Cela ne tient qu’à toi car elle est en toi, tu pourras parler d’elle grâce à ta voix. C’est un peu ta bonne fée, la fée liberté elle vient te voir, elle communique avec toi et emprunte ta voix pour te permettre de gagner le mage Courage. Les deux ensembles te donneront accès aux opinions qui t’ouvriront l’esprit grâce à de belles conversations et de beaux débats.

Elle s’arrête de parler pour observer l’enfant. Elle ne savait pas si son explication avait été claire mais elle savait que la petite fille avait des étoiles pleins les yeux, brillants d’émerveillement.

—Comment je peux rencontrer la fée Liberté ?

—Il suffit de le vouloir pour le pouvoir. Bien, je vais t’aider à te changer. On va manger dans pas longtemps et il faut que tu sois habillée car on doit sortir après.

—On va où ?

—Découvrir la vérité.

Sur ses mots, la femme aida la petite fille sans écouter ses plaintes. Elle lui enfila son pull et sortit une brosse à cheveux. Elle forma deux petits macarons avec ses cheveux, puis attrapa sa petite main froide dans la sienne et l’emmena en bas, dans la salle à manger. Ce que la petite fille ne savait pas c’est qu’elle ne verra plus, sa maison d’enfance avant un long moment.

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