Chapitre 3 (partie 2)

8 minutes de lecture

Après avoir mangé, le couple et l’enfant s’exécutent pour ranger. L’enfant récupère son marche pied pour aider à faire la vaisselle, son oncle range la table puis fait la vaisselle et sa tante range les ustensiles propres. Les tâches finies, ils leurs restent un peu moins de deux heures pour se préparer et partir. Arrivés dans la voiture, la femme démarre le véhicule assez rapidement. Ils arrivent devant le café, où ils trouvent difficilement une place de parking. Ils entrent et commandent des boissons, un chocolat chaud liégeois et deux capuccinos.

Un peu plus tard, un homme en imperméable kaki, aux bottes à lacés et casquette gavroche entre dans le café. Il s’avance vers le comptoir. Il se pose sur un tabouret et discute avec le barman. Alors, le barman pose la tasse qu’il tenait dans sa main. Son visage affiche une expression sérieuse. Son chiffon dans les mains, il passe ses doigts sur son menton et baisse la tête dans un mouvement mécanique. Il la remonte ensuite et lève son index gauche comme s’il criait « Eurêka !». Il appelle un serveur qui passe et lui explique la situation avec son corps, les bras croisés puis les poings sur sa taille, il finit par s’appuyer sur le comptoir en secouement sa tête avec un sourire lumineux. Quand le serveur s’en va, suivit de près par l’homme à l’imperméable kaki, le barman reprend sa tasse de café et met la machine en route.

Le serveur dépose l’homme à la table de la famille de Constance, puis le regarde en récupérant délicatement les tasses vides de la table.

—J’ai déjà pris ma commande auprès du patron, dit l’homme à la casquette d’une voix grave et profonde.

Le serveur répond d’un hochement de tête.

—Mais peut-être que mes invités souhaiteraient reprendre une boisson chaude ou autre chose ?

Constance regarde l’homme à la voix profonde et élégante puis elle se tourne vers son oncle et sa tante qui lui sourient tendrement.

—Tu voudrais prendre quoi, Constance ?

—Je peux reprendre un chocolat chaud et un verre d’eau ? Demande-t-elle timidement.

L’oncle se tourne ensuite vers sa femme.

—Une carafe d’eau, s’il vous plait, dit-elle sur un ton un peu froid.

Le serveur regarde l’oncle de Constance.

—Ce sera tout merci, répond-il au serveur.

Le serveur part, la commande écrite dans une main, son stylo dans l’autre. En attendant le retour du serveur, l’homme à l’imperméable salue les personnes attablées. Il serre la main des trois membres et retire sa casquette tout en sortant son badge.

—Bonjour, je suis le chef de la gendarmerie en charge des disparitions de la région Ile-de-France. Je vous ai donné rendez-vous suite à notre appel d’hier soir. Je me nomme Francis Kim.

—Enchantée, répond le couple en serrant la main du gendarme simultanément.

—Et toi, tu dois être Constance, dit Francis en s’accroupissant pour se mettre à la hauteur de la petite fille.

—Oui, chuchote timidement Constance, en essayant d’attraper quelque chose pour se cacher derrière.

Francis Kim retire sa casquette, laissant place à des cheveux noirs, longs et des yeux bleu ciel. Il se recule pour trouver sa chaise. Il enlève son imperméable, montrant un col roulé noir et une chaîne en or. Son oreille est décorée d’un anneau. L’homme est particulièrement imposant, il a une musculature qui peut se voir même à travers son pull mais pas la carrure d’un bodybuilder. Il a un visage fin qui semble être soigné, car celui-ci a une peau de bébé. Si Francis n’avait pas précisé qu’il était gendarme aucun des membres du couple ne l’aurait pensé. A première vue, il faisait plus penser à une célébrité. D’ailleurs, la tante de Constance, ne s’empêcha pas de l’admirer tant qu’elle le pouvait. Un visage d’ange pour un corps à la fois grand et musclé l’a fit immédiatement se perdre dans ses pensées. Elle observa ses mains qui trituraient les pages de son carnet marqués par des tatouages qui remontaient sur ses bras. Mais elle ne l’observa qu’au début, l’homme était beau mais pas autant que son adorable mari. Son regard changea de cible pour se poser sur l’enfant assise sagement sur le réhausseur poser sur sa chaise. Elle jouait avec sa serviette la pliant dans tous les sens. La femme ne savait pas ce que l’enfant faisait. Elle la surveillait se mettant en tête que la petite ne devait pas leurs faire honte. Elle poussa énergiquement une mèche de cheveux et replaça son regard. L’enfant avait changé de position, elle regardait le gendarme avec des yeux émerveillés, visiblement elle avait les mêmes critères de beauté que sa tante.

Francis prit la parole en fixant l’oncle de Constance.

—Monsieur Quermentine, pouvez-vous me parler de votre frère ? Que faisaient-ils lui et votre belle-sœur ? Où se dirigeaient-ils à cette heure-là ?

—Mon frère et ma belle-sœur étaient sortis faire des courses pour le diner du réveillon. Ils préparaient les fêtes pendant qu’on s’occupait de Constance. Mon frère avait pris son après-midi, sa femme avait un jour de congé. Il travaillait sur une enquête très particulière : un certain fou, il a parlé de conducteur, je ne sais plus s’il s’agissait d’un bus, d’un train ou autre chose. Taxi ?

—Et votre belle-sœur ? Demanda le gendarme en prenant des notes.

—Elle travaille dans sa propre maison de haute-couture et prêt-à-porter, quelque chose comme Juste caire ?

—JuQuer, le coupe sa femme toujours les yeux rivés sur la petite fille en face d’elle, il s’agit de JuQuer. Une marque de style élégant confortable très populaire auprès des adolescents. D’ailleurs, ta nièce en porte actuellement, en haut et en bas. C’est les vêtements surmesure que sa mère lui a fait, n’est-ce-pas Constance ?

—Oui, c’est maman qui les a faits, répond l’enfant en jouant avec les manches de son pull oversize.

Le gendarme note ce qu’on lui dit. Il agresse la page de son stylo, ce qui attire le regard de Constance. Elle ne comprend pas ce qu’il écrit, donc elle se rapproche de son oncle et bouche légèrement ses oreilles. Elle regarde sa tante, pendant une fraction de seconde et se perd dans ses pensées. Elle ferme ses yeux pour tenter de réduire le son des verres qui s’entrechoquent, de la foule qui parle et qui rigole, des bruits du stylo sur le papier, de l’ultrason continue qui enveloppe son corps avec son aigue désagréable. Son esprit s’échappe pour atteindre le silence, comme-ci elle avait un bouchon dans ses oreilles. Soudain, un son se rapproche d’elle. Ce son se transforme en mot, de plus en plus distinct « Candice ».

—Candice, souffle-t-elle.

Les bruits environnants reviennent. D’abord les verres, puis la foule, puis le stylo pour se terminer sur l’appel d’une voix familière « Constance ! ».

—Oui ? Dit-elle inconsciemment.

—Que se passe-t-il ? demande son oncle.

L’enfant baisse la tête. Elle repère tout de suite le regard réprobateur de sa tante, puis les regards indiscrets de la foule.

—Je…Candice, dit-elle sans le savoir, il faut que je trouve Candice.

Son oncle et sa tante se regarde sans vraiment comprendre. Le gendarme note.

—Candice qui ? demande sa tante en commençant à perdre patience.

—Je ne sais pas, c’est tout ce que j’ai entendu.

La tante souffle. Elle tapote la table avec ses doigts sur le temps de la valse. Elle attrape son verre d’eau et boit cul-sec son contenu. Elle regarde la carafe vide et souffle à nouveau.

—Garçon, crie-t-elle de plus en plus énervé comme si elle appuyait sur un klaxon de voiture.

Le serveur vint tranquillement à la table, ce qui mit en rogne la femme. Il vit la carafe vide, il la prit et partit la remplir, laissant la femme hors d’elle.

—Ce n’est pas possible d’être aussi lent ! il le fait exprès, marmonne-t-elle.

Le gendarme se remet à poser des questions pour calmer l’atmosphère qui l’entoure.

—Constance, comment était ton papa et ta maman ?

La petite fille ne compris pas immédiatement que l’homme lui parlait, elle était trop occupée à observer sa tante.

—Mon papa est un héros ! Il attrape les méchants et sauve les gentils ! Ma maman est belle, elle a les joues rouges comme une poupée et des yeux verts. Quand elle me parle, elle me caresse le front et après elle embrasse mon papa en disant « belle journée, Sherlock ? » et il répond « Toujours quand je vois mes deux petits anges », dit-elle en imitant les voix de ses parents.

La petite fille s’arrête en voyant les trois adultes la regarder, elle rougit.

—Ils se disputaient ?

—Non, répond l’oncle gêné, ils étaient trop amoureux pour ça.

—Bien sûr qu’ils se disputent répond Constance en paraissant surprise par la réponse de son oncle, d’ailleurs c’est souvent à cause de moi. Et après je leur demande si papa, maman vont divorcer et ils me répondent, eh bah, que les gens qui s’aiment forts se disputent souvent. Et maman elle dit qu’elle est désolée à papa et papa il le dit aussi et ils se font un câlin. Moi, je sais qu’ils ne vont pas se séparer parce qu’ils se parlent toujours tout gentil après. Mais, ils sont où ? Ils jouent à cache-cache ?

—Oui, ils jouent à cache-cache et l’homme à côté de toi doit les chercher.

—Monsieur, tu mets beaucoup de temps pour retrouver mon papa et ma maman. Je peux t’aider, je suis hyper forte pour trouver les gens à cache-cache.

—Je te remercie, mon enfant, mais on est déjà beaucoup à chercher.

Il sourit face à l’enfant qui a perdu sa timidité. Elle reprend sa serviette un peu déçue de la réponse du gendarme. Elle regarde son oncle puis sa tante et marmonne un petit « pipi ». La femme ne se fait pas prier une nouvelle fois. Elle attendait le moment où elle pourrait s’échapper de cette conversation ennuyeuse et de l’attente interminable de sa carafe d’eau. Elle empoigne l’enfant et l’aide à descendre de sa chaise. Elle cherche un serveur.

—Où se trouve les toilettes, s’il vous plait.

Le serveur lui désigne une porte.

—Merci, et ma carafe d’eau elle arrive quand ?

Le serveur semble soudain se rappeler de la carafe.

—Tout de suite, dit-il un peu grognon.

Elle emmène la petite fille derrière la porte jusqu’au toilettes.

Pendant ce temps-là, les deux hommes continuent leur conversation. Le gendarme divulgue tout ce qu’il peut, tout en posant d’autres questions.

—Connaissez-vous une quelconque Candice dans votre entourage ?

—Non, je ne pense pas…attendez, si…la marraine de Constance s’appelle Candice, c’est une amie d’enfance de Judith, il me semble.

—Et son nom de famille ?

—Je ne le connait pas. Mais ça m’étonne que Constance se rappelle de Candice. La dernière fois qu’elle l’a vu, elle était tout bébé, peut-être sept mois.

—Merci de m’avoir donné un peu de votre temps. Je vais partir dès que Constance et votre femme reviennent.

—Merci à vous, je vous appellerais si je retrouve le nom de Candice.

Les deux femmes reviennent des toilettes.

—Au revoir mesdames, dit le gendarme en remettant son imperméable et sa casquette. Puis il sort, laissant la famille à la table. La tante de Constance voit enfin sa carafe d’eau arriver et se met à crier sur le serveur apeuré.

Annotations

Vous aimez lire Abikier ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0