Chapitre 2 : La disparition (Partie 1)

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C’était un jour d’hiver enneigé. La petite Constance Quermentine, âgée de cinq années, attendait chez son oncle et sa tante, le retour de ses parents. Elle admirait, le nez collé contre la vitre, les flocons se poser contre celle-ci. Ces adorables petites formes étoilées, intriguaient la petite fille, qui pouvait rester là, nez contre le plexiglas, yeux grands ouverts, pendant des heures à les voir tomber.

Elle portait une robe plissée grise, doublée d’un col roulé blanc et d’une veste en laine à pompons. Ses cheveux étaient tressés et noués par un joli ruban bleu. Ses jambes étaient couvertes d’un collant et ses pieds munis de petits chaussons blanc à fourrure avec des oreilles de lapin.

L’enfant ne lâchait pas l’extérieur des yeux. Elle rêvait de pouvoir traversé cette vitre rien qu’en observant l’extérieur intensément. Elle fut jalouse de la pie qui posa ses pattes sur le givre ou du chat des voisins qui vint la narguer, selon ses yeux, alors que celui-ci cherchait à se faufiler derrière la vitre et se placer prêt d’un radiateur.

L’oncle de la petite prenait des photos, tandis que sa femme regardait jalousement l’attitude de son mari. Il portait un pull de noël avec un ours polaire qui portait un chapeau avec un pompon et une bière à la main. Il avait ressorti son fameux pantalon rouge déchiré à l’arrière et ses chaussons marrons verdâtre qui avaient ramassé la poussière. Il souriait bêtement en voyant le front de la petite fille se coller à la vitre.

Sa femme avait un air plus élégant. Elle avait des manières hautaines. Ses cheveux noirs formaient un carré court, avec des mèches un peu plus logues qui encadraient son visage. Elle portait une longue robe rouge à paillettes qui épousait ses formes à merveilles. Elle semblait sortie d’un magazine et toutes les personnes qui entouraient le couple s’étaient posé la même question. Comment une femme aussi belle mais avec si mauvais caractère avait pu épouser ce drôle de petit bonhomme qui faisait deux têtes de moins qu’elle ?

Mais ce que leur entourage ne savait pas c’est que cette grande femme était venue vers l’homme en premier. Ce fut un coup de foudre mutuel, un indice de leur destiné, une vision de leur futur.

C’était un jour de travail dans sa compagnie, pour l’oncle. Il était arrivé plus tôt qu’habituellement. Il avait décidé de terminer son travail du jour. Alors qu’il se tuait à la tâche, la secrétaire de son directeur apparu sur le seuil de la porte du bureau commun. Elle discutait avec une femme. Il n’aurait jamais cru que cette grande femme serait un jour sa femme. Le coup de foudre fut absolu. La femme l’avait regardé dans les yeux et avait cligné d’un œil. Un peu plus tard, elle était venue le voir et lui parler. Il en avait alors profité pour lui proposer de boire un verre. Ils firent très vite connaissance, se découvrant des points communs. Ils remarquèrent qu'ils étaient allés dans la même faculté ingénieurie, la même année pendant un an. Puis, lui était partis faire un an aux Etats-Unis. Elle, avait plutôt fait Erasmus, pendant cette année-là. Ils avaient tout juste deux ans d'écart. Les deux passèrent beaucoup de temps ensemble et c’est comme ça qu’ils finirent par se marier.

Mais pour le moment, sa femme était jalouse de l’enfant collé à la vitre. Jalouse car cette petite fille attirait plus l’attention de son mari qu’elle-même, sa propre femme. Elle avait hâte que les parents de l’enfant rentrent de leurs emplettes. Mais ceux-ci tardaient. Cela faisait presque que quatre heures qu’ils étaient partis, ils n’étaient toujours pas revenus. L’enfant commençait à s’impatienter.

—C’est quand qu’ils rentrent Papa, Maman ! Cria-t-elle légèrement énervée.

Elle se décollait enfin de la baie vitrée. Elle tapa du pied sur le parquet, affichant une grimace sur son visage, car elle venait de se faire mal. Elle laissa échapper des larmes de tristesse, pas seulement à cause de sa douleur. Au fond d’elle, elle savait qu’il était arrivé quelque chose à ses parents. Elle l’avait toujours ressenti, comme une sorte de sixième sens.

Son oncle ne savait pas quoi faire. Il était perdu. Comment pouvait-il consoler ce petit ange quand il n’était pas sûr de ce qui était arrivé à son propre frère. Comment pouvait-il dire que tout allait bien quand lui-même commençait à s’inquiéter ?

Et en voyant la petite Constance pleurer à chaude larmes l’inquiétude que ses parents ne reviendraient peut-être pas, il voulait la rejoindre dans une symphonie pour deux fontaines. Mais sa femme ne lui laissa pas la possibilité de le faire. Son instinct l’avait toujours fasciné, elle s’était jetée sur la petite fille avec force et l’avait secoué comme un prunier.

—Reprends-toi, gamine ! cria-t-elle irritée. Tu ne vois pas que tu n’aides pas ! Tu enterres tes parents avant même de savoir où ils sont. Qui t’a dit qu’ils sont morts ? A cinq ans tu te mets à parler pour un oui ou pour un non ! C’est moi qui devrais pleurer en voyant l’énorme trace de bave et de buée que je vais devoir me coltiner et laver jusqu’au décès de mon avant-bras !

—Mais…mais, avait répondu l’enfant sous le choc, tu ne laves pas la vitre, c’est la vieille madame qui le fait.

—Vas dans ta chambre immédiatement ! Répondit sèchement sa tante en pointant l’escalier du doigt.

La petite ne réfléchit pas, elle courra vers les marches, manquant de tomber à plusieurs reprises. Elle entra dans sa chambre et ferma doucement la porte.

—Voyons chérie, dit l’oncle tendrement, tu ne devrais pas élever la voix sur Constance, ce n’est qu’une enfant.

—Elle ne peut pas passer son temps à pleurer, ça ne l’avancera en rien. Je sais que tu l’aimes, amour, mais c’est seulement ta nièce. Je ne veux pas d’enfants, je ne suis pas prête. Cette petite sera sûrement traumatisée à cause de moi et je ne veux pas faire des erreurs avec notre enfant.

—Je le sais et j’attendrais que tu sois prête. Je t’aime beauté.

L’homme s’assit sur le canapé, sa femme posa sa tête sur son épaule, embrassant tendrement son cou. Ce qui procura un doux frisson chez son mari qui embrassa ses lèvres et caressa doucement les cheveux de sa beauté.

—Je t’aime petit bonhomme, dit-elle entre deux baisers, le souffle coupé.

Les deux amoureux se collèrent l’un contre l’autre pour tenter de se réchauffer. La tête de la femme se reposait de nouveau sur l’épaule de son mari. Quand à lui, il passa une main sur la taille de sa chérie et posa sa tête sur la sienne.

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