Chapitre 9 - Tremblement de bocal

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Je passe trois jours ainsi, dans le camp délabré de l'état major, entre les discussions imbéciles d'anciens officiers qui rêvent tout haut de charges héroïques devant leurs plans moisis. Victoire ou défaite, ils ne joueront aucun rôle. Si le canon abat les murailles, les hordes se répandront dans la ville pour la curée. Si elles résistent, ils tomberont d'usure devant les murs, à moins qu'une armée de vivants ne finisse par se présenter pour la défense d'Hohenraumheim. A chacun de choisir sa mort. Dans tous les cas, je ne serai plus là.

Mes fumigations commencent à me manquer, et cela me rend agressive. J'attends en silence qu'Eisenkopf termine les préparatifs de mise en oeuvre de sa bouche à feu.

Et puis un matin, un grondement sourd fait trembler la terre. De la poussière tombe des poutres qui soutiennent la tente. Secouées par les vibrations jusque dans leur bain de formol, les têtes roulent des yeux effarés ; Chacune à cet instant a la même pensée. Et si mon bocal tombe ? Et si mon bocal se brise ? Bon retour dans le monde de la lente agonie, têtes qui songent.

Dehors, remis en mouvement par la secousse, les zombies de la réserve sortent des tentes. L'un d'eux passe en criant, brandissant un sabre de cavalerie piqué de rouille.

"La tour s'est écroulée. Donnez moi un cheval. Les hommes attendent." Un silence. "Pourquoi n'ya t'il pas de cheval ? La tour s'es écroulée. Les hommes attendent. Je dois les conduire à la victoire. Où est mon cheval ? Mon Royaume pour un cheval"

Je regarde les murs d'Hoenraumheim. Le projectile a frappé à la jonction entre le mur d'enceinte et une tour d'angle. Pile au défaut de la cuirasse. Le choc a dû etre suffisament violent pour que la tour tremble sur ses bases et une partie de ses étages superieurs s'est effondrée. Trop haut pour que les zombis atteignent la brèche .

Eisenkopf, à cette heure, doit enrager. Il va lui falloir trouver un autre projectile, ramener de la poudre, faire charger à nouveau la machine immense. Son canon ne tirera plus aujourd'hui. Peut être pas même demain. Ce n'est plus mon problème.

"Où est mon cheval ? La tour s'est écroulée. Donnez moi un cheval !"

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