Chapitre 18 - 1402*

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Chapitre 18

À la suite de notre baiser langoureux, Dakota est repartie chez sa mère. Dans un sens, je suis soulagé. Je ne me voyais pas en couple et encore moins avec la sœur de Jimmy. Mais d’un autre côté, je regrette de ne pas avoir pu aller plus loin. Je préfère garder cette histoire de galoche endiablée pour moi, tant pis si je romps le pacte que j’ai fait avec Marion.

Ce dimanche après-midi cette dernière veut mater un film en streaming parce qu’il pleut. Le choix, comme d’habitude, est loin d’être aisé. Marion souhaite absolument regarder Divergent 3, mais moi, je l’ai déjà vu et pas vraiment envie de me le retaper. Dès que nous entrons dans ma chambre, je lui impose ma sélection.

Je balance mes Converse d’un coup de pied contre un mur. J’aime beaucoup cette pièce, au plafond mansardé, entièrement restaurée à ma naissance. Ma mère avait choisi une tapisserie bleue et blanche rayée et nous n’y avons jamais retouché, elle est parfaitement conservée. Contrairement à Paulo, je n’ai aucun poster. J’ai accroché aux cloisons des boîtes vides de grandes marques de chaussures. Ça fait comme des tableaux et je trouve ça trop génial et original. J’ai Converses (en cinq exemplaires différents), Nike, Reebok, Adidas

Je ne manque pas de place car j’ai très peu de meubles. Juste le nécessaire. Un lit, une armoire, d’immenses étagères, pourtant trop petites pour tous les bouquins que j’amasse, jusqu’au rebord de ma fenêtre. J’ai même conservé mes premiers livres de bébé. Ils sont sacrés. Une fois que j’ai terminé de les lire, je ne peux plus m’en séparer. Je veux garder pour toujours auprès de moi, les émotions que j’ai ressenties. C’est comme cela, que petit à petit, j’ai déménagé toute la bibliothèque de mon père dans ma chambre.

Je vire de mon lit mes fringues d’hier et je les envoie par terre, à côté de la cheminée qui ne fonctionne plus. Marion fait un tour d’inspection dans mes affaires. Elle est d’une curiosité maladive, comme toutes les filles. Heureusement, je n’ai pas grand-chose à cacher. Par précaution, je pousse quand même les portes de ma grande armoire, sans arriver à les fermer complètement, tellement il y a du bazar à l’intérieur. Enfin, je branche mon ordinateur sur le secteur, pour éviter une panne de batterie.

Puis je propose à Marion qui furète partout :

— Jimmy m’a conseillé de regarder Sinister, avec Ethan Hawke ! Et arrête de faire ta curieuse…

— Pas plus que toi quand tu viens dans ma chambre. Je vais encore mourir de peur avec ce film ! râle Marion en se laissant tomber sur mon lit.

— Je te raccompagnerai jusqu’à chez toi, si tu veux !

J’essaie tant bien que mal de la convaincre. Le chemin jusqu’à chez elle n’est pas très long, puisque nous habitons quasiment l’un en face de l’autre. De ma chambre, je vois l’intérieur de la sienne, surtout le soir quand elle garde la lumière allumée et qu’elle a oublié de fermer ses volets. Je me couche à ses côtés en me connectant sur le site de streaming.

— Tu as plutôt intérêt à me raccompagner, quel que soit le film !

— Ok ! Je le charge ?

— Vas-y, de toute façon, je n’ai jamais le choix !

— On regardera Gossip Girl en échange ! je tente de l’adoucir.

— Ouais, ça vaut au moins ça !

Je lance la vidéo et nous nous appuyons contre la tête de mon lit, bien calés au milieu des coussins. Le film n’a pas commencé que Marion flippe déjà. Sa jambe se colle à la mienne et son petit mouvement de pied contre le mien me trouble rapidement, je décroche du long-métrage.

— Arrête, Marion ! j’articule gentiment.

— Quoi ?

— Ton pied ! je lui indique d’un coup de tête.

— Quoi, mon pied ?

Je ne suis pas certain qu’elle se rende compte de l’effet qu’elle produit sur moi, alors je le lui fais expressément remarquer :

— Tu me titilles depuis tout à l’heure !

— T’es trop sensible du slip ! Apprends à contenir Popol ! me réplique-t-elle en se foutant de moi.

— Popol, il a chaud si tu le taquines un peu !

— Écoute le film pourri que t’as choisi !

— J’ai plus envie !

— Et t’as envie de quoi ?

— Je ne sais pas, et toi ? je lui chuchote en me tournant pour lui faire face.

Elle ne réagit pas et reste songeuse en me regardant, le feu aux joues.

— Tu te souviens, quand on s’était foutus à poil ?

Je la fixe en attendant sa réponse. Quelques petits centimètres nous séparent. Mes mains sont encombrées par mon ordi, mais j’ai soudain très envie de caresser ses lèvres rouges avec ma langue.

— Ouais… T’avais pas de poils !

Elle se moque de moi en se mordillant l’intérieur de la joue. Je n’arrive pas à savoir ce qu’elle pense vraiment et à défaut d’indice, je la provoque davantage :

— Ouais, mais maintenant, j’en ai !

— Contente pour toi !

— Ok !

Ce sujet ne semble pas l’intéresser, autant ne pas perdre de temps pour rien ! Je me réinstalle sur le dos pour replonger dans le film. À peine deux minutes plus tard, Marion recommence avec son pied.

— Tu le fais exprès ?

— Ouais, j’aime trop t’emmerder, tu réagis toujours au quart de tour ! glousse-t-elle.

Je pose l’ordi par terre pour lui sauter dessus et lui faire des chatouilles. Évidemment, elle hurle, mais nous sommes seuls dans la maison et personne ne viendra l’aider. J’en profite pour m’attaquer à ses pieds, son point sensible. Ce jour-là, Marion est en robe et le spectacle de ses jambes qui partent dans tous les sens me laisse apercevoir le petit bout de tissu qui cache son intimité.

— Arrête de gigoter ! Je vois tout ce que tu ne veux pas me montrer !

— Pervers ! crie-t-elle à pleins poumons en me décochant un coup de pied en pleine tête, ce qui me fait perdre l’équilibre et tomber du lit.

— Putain ! Merde ! Ça va, Tonio ?

Je suis bien sonné, elle m’a tué, la garce, et je reste immobile sur le plancher en me tenant le crâne.

— T’as massacré ma belle gueule !

— Oh, merde ! fait-elle en me voyant ! Tu vas avoir un coquard !

— Super !

En me levant pour m’allonger sur le lit, à moitié assommé, je la remercie d’un signe de pouce, à défaut de pouvoir parler. Je suis anéanti par la souffrance.

— Pardon Tonio ! commence-t-elle en se collant contre moi pour me faire des bisous sur la joue.

— Non, tu m’as fait mal, bordel !

J’appuie ma tête en arrière contre le mur, en me touchant l’œil. La douleur me lance et je sens que je gonfle. L’endroit où j’ai pris le coup est chaud et dur. Marion se penche sur moi et retire ma main pour détailler ma face.

— J’ai pas fait exprès ! Oh putain, ça enfle !

— Fais-moi un bisou, j’aurai moins mal ! je réplique en approchant mon visage du sien.

Marion s’exécute aussitôt en posant ses lèvres sur les miennes. Nous nous sommes embrassés tellement souvent que ça pourrait se compter par centaines…

— Faudrait mettre de la glace ! me conseille-t-elle.

— T’inquiète, ça va, surtout quand tu m’embrasses !

Marion me monte carrément dessus pour me serrer contre elle et pour m’étreindre à nouveau.

— Tu devrais pas faire ça !

Je la repousse, un peu gêné par le désir qui m’envahit.

— J’en ai envie !

— Marion, on en a parlé mille fois !

— Je sais, mais j’ai envie ! insiste-t-elle en retirant complètement sa robe, tout en restant sur moi.

Je n’ose plus la regarder, paralysé par ma conscience qui a déclenché tous les signaux d’alerte rouge : « C’est ta pote ! C’est ta pote ! » et la volonté de satisfaire enfin toute mon ardeur. Marion m’empêche de réfléchir plus longtemps en se penchant sur moi pour m’embrasser. Je la bascule sur le côté pour retirer mon T-shirt en lui demandant encore :

— T’es sûre ?

— Ferme tes volets ! me rétorque-t-elle.

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