Chapitre 16 - 1909*

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Chapitre 16

Je sens que Mégane va me faire payer cher mon petit mot tendre. J’ai franchement déconné parce que, en plus, je l’aimais bien, cette fille. Et puis maintenant, il y a mes deux abrutis de frères, l’un qui est sur le point de conclure avec MON Agathe, et l’autre qui ne va pas me lâcher de la nuit pour contrôler tout ce que j’ingurgite, car une fois, j’ai gerbé sur ses chaussures…

— Tu fais quoi mec, seul dans ton coin ? me demande Dylan alors que je fume une clope.

Je suis assis sur un banc devant le foyer rural, à ruminer cette putain de soirée.

— Je me fais chier…

— Regarde ce que je t’ai mis de côté !

Je comprends pourquoi il est mon ami quand il sort de dessous son T-shirt une bouteille pleine de vodka orange.

— Oh, bordel, t’es trop génial ! je me réjouis en lui tapant dans le ventre. Viens, on va plus loin, sinon mes frères vont me casser les couilles toute la nuit.

Nous essayons de nous isoler discrètement. Marion est toujours sur la piste de danse. Aucun signe de vie de Paulo et Max qui doivent se déchirer la gueule égoïstement dans la cuisine. Devant l’entrée, un petit groupe de fumeurs discutent. Nous passons entre eux pour repartir nous planquer dans la jardinière communale.

En sortant, Whitney m’interpelle :

— Eh tombeur !

— Quoi ? je rétorque en me retournant.

Non mais si elle croit que je vais ressortir avec elle, elle peut toujours rêver. Même si je dois avouer que sa robe moulante et son décolleté plongeant ne me laissent pas indifférent.

— Tu couches ? me crie-t-elle alors que tout le groupe éclate de rire.

Oh bordel, la honte, elles se sont donné le mot ou quoi ?

— Eh Whitney ?

— Quoi tombeur ? me répond-elle sans se démonter.

— Tu rigolais pas autant, lors de la dernière fête, quand j’avais mes deux mains dans ton soutien-gorge ! je réplique suffisamment fort pour que tout le monde en profite, en lui faisant un doigt.

— Ta gueule !

— Ouais, c’est ça ! je marmonne en me souvenant de sa paire d’obus hallucinants.

Nous nous asseyons finalement par terre contre le mur de l’église, cachés par une petite haie de fusains, notre bouteille de vodka orange entre nous deux. Nous entendons la musique résonner et de notre coin, nous pouvons même observer ceux qui entrent et qui sortent de la salle. Dylan m’offre une cigarette et s’en allume une.

— Je peux te poser une question ? m’interroge-t-il en recrachant la fumée.

— Ouais !

— Pourquoi t’as envoyé ce mot à Mégane, t’es suicidaire ou quoi ?

— Je crois !

Nous éclatons de rire au même moment. Dylan est plus âgé que moi et il n’a pas vraiment beaucoup de succès avec les filles à cause de sa technique de drague. C’est un pot de colle lourd et insistant et ça énerve la gent féminine. De plus, il est plutôt limité au niveau des conversations, il ne parle que de fume, de surf et de sexe.

— Toi, t’es vraiment un cas, mec !

— Encore là ? nous surprend Dakota qui s’assoit contre moi.

Sans délicatesse, elle remonte sa robe assez haut pour me laisser entrevoir ses cuisses.

— Comme tu vois… je lui réponds en la matant ouvertement.

Elle a lâché ses cheveux blonds qui lui tombent en bas du dos. En dehors du fait qu’elle soit la demi-sœur de mon meilleur pote, je reconnais qu’elle est vraiment jolie.

— Vous ne dansez pas ?

— C’est pas mon genre de musique ! je réplique en entendant la dernière chanson d’Amir que Marion adore : « J’ai cherché ».

— T’écoutes quoi ?

Les filles sont toujours des pipelettes, et Dakota ne déroge pas à cette règle.

— Metal ou Hard-rock. Et toi ?

— Plutôt variétés ! me révèle-t-elle à ma grande désillusion.

Son physique a quelques avantages que je ne peux pas nier, mais tout de même, pitié, pas la variété ! Elle perd soudain tous les points qu’elle avait accumulés !

— Ah ! je marmonne pour ne pas m’étouffer de déception.

— Genre Vianney, M Pokora…

— Mouais, j’ai compris…

Elle insiste à mon plus grand dégoût. Surtout pour le dernier, depuis qu’il a massacré Claude François et qu’il s’est peint les cheveux en blond.

— Pour les slows, tu m’inviteras ?

— Tu voudrais ? j’hésite en réfléchissant à ses goûts musicaux.

— Ouais…

— Je vous dérange pas trop ? nous coupe Dylan avant de s’enfiler une rasade de vodka.

— Non, mec !

Nous finissons nos cigarettes puis nous repartons vers la salle. Je vais éviter de boire excessivement. Dakota se colle à moi et je veux rester lucide. Plus je la regarde et plus je pense qu’elle pourrait faire l’affaire pour mon plan B, en remplacement d’Agathe, à condition qu’elle n’ouvre pas trop la bouche pour parler musique. Elle a une dentition parfaite et tout ce qu’il faut, là où il faut. Et c’est la seule fille avec Marion qui ne me jette pas des « tu couches » à la figure… Finalement, cette réplique me fait bien rire, au moins elles savent à quoi s’attendre. Je me demande si Dakota a eu vent de cette histoire.

Dans un coin de la salle, je retrouve Max bourré, ça doit lui donner de l’assurance car il est en grande conversation avec MON Agathe qui se tord les doigts. De toute façon, je fais une croix dessus ! Tant pis, je change notoirement mes plans. J’abandonne Agathe. Dakota est peut-être plus jeune, mais elle est plus belle. De surcroît, elle ne vient ici que pour les vacances, elle ne me fera pas chier trop souvent.

— Tu fais quoi ? m’interroge Marion en se dirigeant vers moi.

— J’ai une nouvelle crush ! je lui annonce officiellement.

— Ah bon ?

— Dakota !

— La sœur de Jimmy ? fait-elle, surprise, en regardant la blonde juste derrière nous. Ça m’étonnerait que ton pote valide…

— Ouais, bah, je ne lui demande pas son approbation…

— Tu viens jouer ? m’invite-t-elle

Marion me prend par la main pour m’obliger à la suivre.

— À quoi ?

— Cap ou pas Cap ?

Elle sourit malicieusement en se souvenant de notre dernière partie.

— Tu sais bien que moi, il faut pas trop me chauffer avec ça ?

— Ouais, mais t’es pas trop défoncé, donc tu vas être raisonnable ce soir !

— Je viens si Dakota joue avec nous !

— Si c’est que ça, je vais l’inviter ! Et tu sais quoi, ce sera parfait, comme ça tu auras tes deux crushes !

— Agathe joue aussi ?

Nous nous installons dans la cuisine, un peu éloignés de la musique. Jimmy, qui est dans un état pas possible, est assis sur une chaise. Moi, je suis sur une table à côté de Marion. J’ai la chance de contempler en face de moi Dakota qui me laisse entrevoir sa culotte chaque fois qu’elle décroise les jambes. Je ne sais pas si elle le fait exprès, mais ça me vaut un coup de coude de la part de Marion à chacun de ses mouvements provocateurs. Max et Agathe arrivent tous les deux, sans laisser présager aucune promiscuité entre eux. J’ai des doutes sur le fait qu’ils sortent réellement ensemble. En tout cas, je leur réserve un gage dont ils se souviendront ! Dylan et Ashton, qui a dû changer de meuf depuis la dernière fête, nous rejoignent, suivis de Daisy et Joanne. Nous sommes dix, ça suffit amplement.

Alors que notre petit groupe est confortablement installé dans la cuisine, prêt à débuter la partie de Cap ou Pas Cap, Jimmy essaie de se rappeler de la règle du jeu.

— Mais si t’es cap de faire ton cap...

— Laisse tomber, Jimmy, la règle, c’est qu’il n’y a pas de règle ! le coupe Ashton qui commence à s’énerver.

— Non, mais la règle, c’est la règle !

Jimmy pointe Ashton du doigt et se balance d’avant en arrière sur sa chaise en métal. Dès qu’il bouge, un grincement strident se fait entendre malgré le tapage de la musique, qui gronde dans la salle d’à côté. Assis tous en cercle, nous attendons que Jimmy ait terminé de s’exprimer pour commencer la partie.

— Il veut qu’on se mette d’accord sur le « Pas Cap » ! précise Ashton au groupe, en comprenant soudain ce que son ami ivre souhaite dire.

— Si t’es cap, tu fais ton cap, si t’es pas cap, tu bois ton verre cul sec et tu fais le tour du monument aux morts à poil, en chantant la Marseillaise !

En donnant ces explications, je ricane à cause du visage horrifié d’Agathe.

— À poil ? me reprend-elle.

— Moi, si c’est à poil, je ne joue pas Tonio !

Marion est contrariée et elle commence à se lever pour quitter le jeu.

— Non, mais t’as toujours de ces idées tordues, putain ! m’engueule Max qui trépigne sur sa chaise.

Contrairement à moi qui suis totalement insouciant, mon frère est bienveillant et attentionné, il pense certainement à la délicatesse et la timidité des filles.

— Moi, ça me va ! se marre Ashton.

— Moi aussi, j’ai pas de complexe !

C’est vrai ! Et d’une, je ne suis pas pudique de nature, et de deux, quand je surfe, je ne suis pas le dernier à me mettre nu sur la plage pour enfiler ma combinaison, et de ce fait, tous ceux qui m’ont accompagné ont déjà aperçu Popol…

— Si tu ne veux pas courir à poil, tu fais ton cap ! dit Dylan à Marion qui reste sceptique.

— Voilà ! approuve Jimmy en levant son verre de vodka. On joue ?

— Non, mais avec Tonio, ça va encore être des trucs pourris !

Tout le monde ici est au fait que j’ai beaucoup d’imagination, aussi Daisy se méfie de moi.

— Tu n’es pas obligée de jouer ! Tu joues ou pas ?

Je m’adresse à elle en sachant pertinemment que si elle refuse, les meufs vont nous lâcher…

— OK, mais t’as pas intérêt à partir en vrille dans tes idées salaces… me prévient-elle en pointant son doigt dans ma direction.

Elle fait partie de ce genre de filles qui sont plus âgées que moi et qui de ce fait, veulent absolument me commander. Il n’y a rien qui m’agace plus. Elle me regarde de haut à travers ses binocles qui glissent toujours sur son nez.

— Pour la peine, tu n’as qu’à démarrer !

— Euh, je ne sais pas ! réplique-t-elle en remontant ses lunettes avec son index.

— Tu choisis qui ?

— Dylan !

— OK ! Tu voudrais qu’il fasse quoi ? s’impatiente Dakota.

— Euh, Dylan : Cap ou pas Cap de mettre tous tes habits à l’envers !

Ouais, bon c’est la première fois que Daisy joue avec nous et il va falloir la briefer un peu parce que sinon, on va sacrément s’ennuyer toute la soirée.

— Cap ! se marre Dylan en se déshabillant pour retourner ses vêtements.

Je m’enfile discrètement un petit coup de vodka orange, histoire de me rincer la bouche, en observant Agathe du coin de l’œil.

— Arrête de mater ce que t’auras jamais, concentre-toi sur ta nouvelle crush, me taquine Marion en douce. Et je pense que tu as assez bu comme ça !

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