Chapitre 10 - 1799 -

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Chapitre 10

Je m’assois dans la pénombre, sur un vieux canapé poussiéreux, en posant ma torche à côté de moi pendant que Whitney m’observe.

— T’es un malin, toi !

— Tu me fais des avances depuis le début de la soirée, tu me veux quoi exactement ? je la questionne franchement.

— On peut s’amuser un peu ?

Elle est appuyée contre la porte verrouillée, face à moi. Je dois avouer que son legging moulant a éveillé tous mes sens et que l’ambiance glauque de la pièce délabrée n’a plus aucune importance. Je ne comprends pas vraiment son intérêt soudain pour moi.

— On joue déjà, non ?

— À des jeux d’adultes, je voulais dire ! chuchote-t-elle en s’asseyant à califourchon sur moi.

C’est la première fois que je tiens une fille sur moi. Mon cœur se met à battre à cent à l’heure et je reste attentif à ce qu’il se passe dans mon caleçon alors que Whit' se frotte contre moi. Je dois avoir l’air vraiment con, il faut que je fasse un truc tout de suite, sinon elle va flairer le puceau que je suis. Je remonte mes mains vers ses cuisses pour oser les poser sur ses fesses. Cela semble lui convenir, car elle commence à gémir en mordant sa lèvre inférieure. Je découvre au travers de son legging qu’elle ne porte pas une culotte, mais un string… J’ai super chaud d’un coup et je suis bien content qu’elle me retire mon T-shirt en m’embrassant dans le cou jusqu’à ce que je me rende compte que j’ai laissé mon sac dans le fumoir, avec mes capotes dedans. Il faut que j’aille le chercher…

Whit' se trémousse toujours sur moi. Elle est vraiment très excitée et cela n’est pas pour déplaire à Popol qui est totalement écrasé par ma partenaire. Elle me lèche le torse en me pinçant un téton. Elle prend les devants, ce qui m’arrange, parce que ce que nous faisons en ce moment n’a rien à voir avec les petits jeux que je pratique avec Marion.

Putain, il ne faut pas que je pense à Marion maintenant. D’ailleurs, elle est peut-être occupée avec Jimmy et j’espère que ce salaud n’en profite pas.

Après tout, ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent, ça m’est égal parce que Whitney a retiré son débardeur rouge et son soutien-gorge. Le spectacle que j’ai sous les yeux me fait perdre la tête. Mes deux mains osent toucher sa poitrine et sa bouche vient se coller sur la mienne. Nos deux langues font connaissance, sur fond de vodka orange.

Il faut que je récupère ces foutues capotes… J’ai tout de même une pointe de déception en songeant qu’Agathe ne sera pas ma première fois. Tant pis, ce sera la deuxième, j’aurai l’air moins novice et je serai moins bourré. Whitney accélère son va-et-vient et j’imagine Agathe sur moi. J’ai un sérieux problème, je suis en train de me taper une meuf en pensant à ma crush et à ma meilleure amie.

Tonio, bordel, reprends-toi ! je me raisonne en fixant les deux énormes obus que je malaxe. Sa peau est douce et agréable à toucher. Aucun bruit autour de nous ne se fait entendre et rien ne devrait nous déranger.

— J’ai des capotes, je vais les chercher, je murmure sans trop m’éloigner de sa bouche.

— Hein ? m’interrompt Whitney en retirant mes mains de sa poitrine et en se levant. Je vais pas coucher avec un gamin de quatorze ans. T’es super mignon et tout chaud, je t’aime bien, mais on va s’arrêter là…

Elle m’allume comme un malade et me fout un vent en pleine gueule au moment de rentrer dans le vif du sujet… Je nous sentais pourtant bien partis !

— Quatorze ans peut-être, mais tu ne sais pas ce que tu loupes ! je réponds, humilié, sans bouger du canapé.

— Sois pas vexé, Tonio. Je suis bourrée…

Elle cherche ses vêtements dans la pénombre et il n’est pas question que je l’aide. Je préfère largement profiter du dernier spectacle qu’elle m’offre, en l’occurrence, sa poitrine à l’air, qui s’agite à chacun de ses mouvements.

— Moi aussi, mais j’aurais bien baisé ! j’ajoute en lui adressant mon sourire charmeur auquel elle reste insensible.

Putain, la garce, me chauffer comme ça et me laisser tomber telle une vieille chaussette… Je suis rancunier et pas prêt de l’oublier, celle-là.

Lorsqu’elle a remis son soutien-gorge, je me résous à déverrouiller la porte pour rejoindre le fumoir. Je me pose sur le canapé avec tout le matos pour rouler un pétard, ça m’occupera en attendant que les autres reviennent, et cela aidera Popol à redescendre.

Whitney m’accompagne et me regarde faire.

— Putain, mais tu sors d’où, toi ? m’interroge-t-elle avant de s’enfiler une rasade de vodka.

— Quoi ?

— Tu bois, tu fumes, tu baises à quatorze ans !

— Ouais, et pour le dernier point, tu ne sais pas à quel point ! je rétorque pour bien la narguer.

— Tu me fais la tête, c’est ça ?

Des coups résonnent sur la rambarde, un brouhaha de cris et de pas nous informe que tout le monde remonte alors que j’allume mon pétard. Personne ne semble trouver ça louche que je sois là avec Whitney. Évidemment, la seule qui devrait s’en inquiéter est absente, et comme par hasard, Jimmy manque aussi. À trop jouer avec Marion, j’espère ne pas la perdre. Si elle se lasse de moi et que finalement elle se met en couple avec Jimmy, j’aurai l’air malin à tenir la chandelle tous les jours.

— Quelqu’un a vu Marion et Jimmy ?

— Non, répond rapidement Dylan.

Il saisit le joint que je lui tends et je me dirige vers la rambarde pour taper comme un malade.

— Oh, c’est bon Speed, on t’entend ! S’ils veulent passer du bon temps ensemble, ça les regarde ! m’arrête Dylan en posant sa main sur mon épaule.

Bordel, mais moi, je ne souhaite pas que Jimmy foute ses sales pattes sur Marion ! Whitney me tend la bouteille de vodka et j’en avale dix gorgées cul sec, mais finalement, ça me laisse un goût amer et brûlant et je n’ai plus du tout envie de faire la fête. Je ne sais plus quelle attitude adopter. La partie de cache-cache se relance et moi, je reste seul, assis dans le fumoir, à me défoncer en attendant le retour de Marion. J’ai merdé quelque part dans ma tête. Il y a un truc que je n’ai pas contrôlé et je n’arrive pas à trouver ce que c’est. Je l’aime bien, ma pote, je l’aime beaucoup même, mais j’ai quatorze ans, je ne vais pas me mettre en couple aujourd’hui. J’ai juste envie d’en profiter…

— Eh mec ! me lance Jimmy.

— T’étais où ? Elle est passée où, Marion ?

— Elle en avait plein le cul de la soirée, je l’ai raccompagnée chez elle…

Après avoir vécu une nuit blanche beaucoup trop arrosée par les diverses substances ingurgitées, je rentre pitoyablement chez moi pour dormir.

C’est vers midi que ce salaud de Paulo entre dans ma chambre pour ouvrir mes volets. La lumière inonde la pièce, mais à demi conscient, je ne réagis même pas.

— Bouge-toi, et va faire à bouffer, merdeux !

— Dans tes rêves ! je lui souffle avec nonchalance.

— C’est ton tour, je te signale, alors bouge ton cul !

Il me rappelle en s’énervant que mon père a établi une règle pour gérer les tâches ménagères, notamment les repas. Et à ce qu’il paraît, il s’agirait de « mon » tour, Max nous ayant fait de la pizza cramée encore congelée hier soir, et Paulo des pommes de terre bouillies crues, la veille. Je dois admettre que je ne suis pas vraiment plus doué qu’eux. La première fois que j’ai cuisiné des pâtes, je n’ai pas mis d’eau ; et la suivante, j’ai oublié la casserole sur le feu pendant deux heures…

Chaque jour, c’est nous qui régissons comme nous le pouvons : le linge sale éparpillé un peu partout dans les différentes pièces, les repas souvent déséquilibrés et le lave-vaisselle toujours plein. Notre gestion est quelque peu désordonnée, mais elle ne fonctionne pas si mal. Ce n’est pas que mon père ne nous aide pas, mais étant agriculteur, il passe plus de temps dans ses champs ou sur les marchés qu’à la maison…

Cependant aujourd’hui, je n’ai pas envie de faire ma part du boulot !

— Sophie t’a puni de sexe ou quoi ?

— Tu parles de ce que tu connais pas ? Lève-toi et va faire à bouffer ! m’ordonne-t-il en perdant patience.

— Si tu veux que je gerbe dans ton assiette, continue d’insister !

— Ça pue l’alcool ici ! T’es encore bourré, ou je rêve ?

— Ouais !

— Papa, Tonio est bourré et il ne veut pas faire à bouffer ! hurle-t-il, en m’arrachant les draps que j’essaie de retenir.

Bordel, il faut que je me lève ou ils vont tous me faire chier.

Plus tard dans l’après-midi, je décide d’aller voir Marion. Je suis conscient de jouer avec le feu et de mettre en péril notre relation, mais actuellement, rien n’est censé dans mon existence. Je vis au jour le jour.

Tout de même, je ne suis pas très fier de mon comportement vis-à-vis d’elle et en chemin je réfléchis aux excuses minables que je vais lui présenter. Dans le genre : désolé, mais Whitney m’a forcé, et je n’étais plus maître de mon corps, ou elles me veulent toutes, je n’y peux rien si je suis l’objet de leur désir…

Je sonne à sa porte et c’est Sophie qui vient m’ouvrir.

— Salut Sophie, Marion est là ? je lui demande, pas convaincu par ce que je vais avancer comme arguments.

— Salut Tonio, elle est partie passer l’après-midi chez nos grands-parents… m’informe-t-elle pas vraiment désolée pour moi, comme si Marion s’était confiée à elle.

Si je décode le message caché de Marion : je préfère encore passer l’après-midi avec les vieux qu’avec le petit connard que j’ai pour meilleur ami !

— OK, salut, Sophie.

— Salut…

Alors qu’une once de culpabilité m’envahit, je retourne chez moi pour glander le reste de la journée.

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