Chapitre 9 - 1591 -

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Chapitre 9

Ils nous ont foutu une sacrée trouille ! Surtout à Marion, car moi je pensais à autre chose… Dix pétards passent de main en main dans le petit salon du grenier transformé en fumoir où une quinzaine de lycéens, venus des villages voisins, sont entassés. Assis sur les genoux de Marion, je respire à pleins poumons la soufflette que me fait Jimmy pendant que l’épaisse fumée de la pièce, baignée de bougies, me pique les yeux.

— On peut pas aérer ? demande Marion.

— C’est plus un aquarium si c’est pas fermé ! râle Ashton, un mec de Première.

Marion colle son nez contre moi pour se protéger le visage avec mon T-shirt. Les effets de la beuh sont quasiment immédiats, je deviens léger et joyeux. Mes réflexes ralentissent, je commence à rire de bon cœur chaque fois que quelqu’un ouvre la bouche. J’en oublie même tous mes tracas, plus rien n’existe mise à part cette sensation euphorique qui me déconnecte de la réalité.

Jimmy me tend la vodka alors que Marion me tape dans le dos pour me mettre en garde : pas d’alcool, avec tes cachetons…

Mais j’avale quand même une bonne rasade en grimaçant, avant de passer la bouteille à Whitney, une fille de ma classe qui me sourit depuis dix minutes. Je sens qu’elle craque pour moi et je n’arrête pas de chercher son regard. Elle est plutôt pas mal et fait beaucoup plus vieille que son âge. Elle réclame souvent ma compagnie au lycée et lorsque nous sommes à côté en cours, elle rit toujours exagérément à mes blagues. La brune aux cheveux frisés a surtout un atout très important à mes yeux : sa poitrine généreuse !

La porte de la pièce s’ouvre sur deux nouveaux arrivants, Vicente et Morgane, un couple de ma classe, qui s’est formé le week-end dernier. Je ne les aime pas trop. Ce sont des vantards, toujours habillés avec des fringues de marques. Ça me fait sourire de les trouver ici dans la baraque pourrie. Ils vont se salir… Morgane est hyper maquillée, elle a besoin de tout cet artifice pour s’arranger un peu. Elle a un nez ingrat et le visage recouvert de taches de rousseur. Elle n’arrête pas de regarder amoureusement son copain, un collègue de rugby de Paulo. C’est agaçant.

Finalement, personne ne referme la porte et l’air frais me fait du bien.

— On va pas rester assis toute la soirée ! je déclare en sautillant.

— Invente un truc, génie ! lâche Tom en se dépoussiérant le pantalon.

— J’ai une idée si tu veux !

— Vas-y !

— Le jeu de la paille…

— C’est quoi ?

Nous sortons tous de la pièce pour nous rendre sur l’immense palier du grenier. J’attrape mon sac pour en tirer un paquet de spaghettis.

— Tu prends une paille, bon OK, un spaghetti, et tu fais passer à ta voisine avec la bouche… Genre, on se place en cercle, en alternant un gars une fille, et tu passes ton spaghetti sans les mains à ta voisine. T’as le droit de le raccourcir si tu veux…

— Ouais c’est cool ! approuve Jimmy. On s’installe en rond ?

Marion me tient le bras pour me signaler qu’elle se met avec moi… Elle est à ma droite et Jimmy vient se positionner de l’autre côté de Marion. Il fantasme sur elle, je suis sûr. Whitney se fixe à ma gauche et je lui décoche un clin d’œil. En s’asseyant directement sur le plancher, sa main caresse volontairement mon cou et me donne des frissons.

Nous démarrons le tour d’échauffement en prenant chacun une rasade de vodka, sauf Marion qui fait semblant. Je le lui fais discrètement remarquer, mais elle fait signe de ne rien dire en me tendant la bouteille. Après avoir ingurgité une nouvelle gorgée d’alcool pur, je mets le spaghetti dans ma bouche, sans le casser, pour le passer à Marion. Évidemment, il se pète en deux dès qu’elle l’attrape. La lumière étant restreinte et la vodka aidant, nos gestes perdent en efficacité.

Le premier tour est plutôt calme. Le spaghetti s’est réduit et lorsqu’il me revient pour entamer le second round, mes lèvres sont encore loin de celles de Whitney puis de celles de Marion. Ashton, qui commence à tripoter sa voisine, raccourcit le spaghetti qui mesure un petit centimètre maintenant.

Whitney l’attrape et se penche vers moi, les yeux pétillants. Ses lèvres charnues cachent la paille dans sa bouche et à mon grand plaisir, je n’ai pas d’autres choix que d’utiliser ma langue pour aller le récupérer. Pendant notre « baiser », Whitney pose ses mains sur mes joues pour me maintenir. Je suis content qu’elle soit aussi entreprenante avec moi et qu’elle ressente la même attirance. J’ai dû mal à contenir l’excitation que me procure notre rapprochement.

— Ouhhhh c’est bouillant ! siffle Jimmy en tapant sur le plancher…

— Je l’ai ! je précise avec le sourire.

Je le colle sur ma lèvre pour que Marion le saisisse facilement. Cela devient plutôt chaud du côté d’Ashton et sa meuf. Ils essaient de se barrer en douce…

Marion m’aspire la lèvre inférieure en gloussant pour choper le spaghetti et se tourne vers Jimmy. Non, mais c’est quoi ce jeu dégueulasse que j’ai proposé où tout le monde échange sa salive ? Whitney pose sa main sur mon genou et je comprends qu’elle m’envoie un message alléchant. Je rattrape la vodka et m’en enfile trois ou quatre gorgées. Ma tête commence à tourner alors que je me lève.

— Tu fais quoi, Speed ?

— Nan, mais là, je tiens plus en place les gars, il me faut de l’action. Cache-cache géant dans le noir ? Les deux plus vieux plument ? Partant ?

— T’as pas dit les deux plus jeunes, p’tit con ! me fait remarquer Jimmy.

— En même temps, c’est toujours moi qui lance les idées ! je réplique, déjà prêt à me planquer bien que je titube.

— Ouais, OK ! opine Milo, le plus âgé.

— Tu comptes jusqu’à soixante ! Il faut que ça aille vite et les deux premiers trouvés plument au prochain coup ! On remonte tous ici pour plumer et quand il y a deux trouvés, on toque sur la rambarde de l’escalier !

J’explique sans être certain que tout le monde ait compris le règlement improvisé que je viens de lancer alors que je suis déjà à moitié ivre.

— Parti ! crie Milo.

Marion s’accroche à mon bras et dans l’autre main, je saisis Whitney. Il fait noir, mais je connais le château comme ma poche. Nous descendons l’escalier pour aller au premier. J’ouvre la première chambre sur ma droite, et avec mon portable, j’éclaire pour trouver la porte secrète cachée dans la tapisserie. Je tourne le loquet et pousse Whitney et Marion dans la pièce. Nous nous asseyons derrière une grande commode recouverte de poussière et je coupe ma torche. Je suis installé entre ma meilleure amie qui s’accroche à moi et ma crush de la soirée qui me caresse l’intérieur de la cuisse. Ça devient chaud bouillant entre les deux… Nous prenons garde de rester silencieux pour ne pas être trouvés. Je suis serein avec cette cachette. Je sens le souffle de Whit' s’approcher de moi et sa langue s’amuser avec mon lobe. Bordel, si Marion s’en rend compte, elle va me faire une crise. Whitney semble plutôt claire sur ses intentions et j’ai carrément envie de savoir jusqu’où elle peut aller. Je la laisse jouer avec mon corps, et les sensations qu’elle me procure simplement en suçant mon oreille me rendent fou d’excitation.

— Tu respires fort, Tonio, observe Marion.

Comment lui expliquer que je suis en train de prendre secrètement du plaisir avec Whitney alors que je lui tiens la main ? Décidément, Marion m’encombre à nouveau. Je n’ai pas envie de repousser la brune qui semble d’accord pour me donner ce que je désire depuis longtemps. Je veux tout vivre à fond, profiter de chaque instant de volupté sans m’embarrasser de ce qui m’entoure ni me poser de questions. Je rêve de m’enivrer de toutes les sensations que je peux ressentir.

Tant pis pour Marion, à cet instant présent, elle est le dernier de mes soucis.

Des cris dans le couloir nous informent que les plumeurs ont trouvé les premiers cachés. Des coups résonnent sur la rambarde de l’escalier nous indiquant que nous pouvons sortir.

En remontant retrouver les autres, je me rends compte que le petit groupe s’est restreint. Probablement que quelques parties de jambes en l’air se jouent dans les chambres.

Dylan me tend la vodka en me disant qu’il plume avec Audrey.

— Je fais l’impasse sur ce tour, à force de boire, il faut que j’aille pisser. Je vais redescendre… Jimmy, reste avec Marion, elle va avoir peur toute seule.

Je jette Marion dans les bras de mon ami.

— T’inquiète, je m’en occupe ! me rassure-t-il en la rattrapant.

Je les observe tous les deux repartir se cacher. Whit' a compris mon intention et elle attend, appuyée contre le mur que je lui fasse un signe. Je lui souris et lui prends la main pour l’emmener derrière le petit salon du grenier, dans une seconde pièce qui se verrouille…

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