Mesdames Iodanov

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6.

Jeudi 17 mai.

 Quand il eut raccroché avec Sacha, Gregor était presque arrivé chez lui. Son chauffeur était inhabituellement silencieux et renfermé et la route lui avait paru une éternité. Il était sûrement troublé par la disparition d’Anastassia mais pour Gregor qui était déjà à cran, son mutisme était un poids supplémentaire. En arrivant il trouva sa seconde femme Irina qui piquait une vraie crise de nerfs sur les marches de l’entrée. Elle s’énervait contre les hommes de garde qui avaient manifestement refusé d’enfoncer la porte, à sa demande et menaçait en hurlant d’appeler la police si on ne la laissait pas tout de suite rentrer chez elle. Irina avait un caractère très colérique mais quand elle se mettait dans tous ses états de cette façon, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose et à cette pensée Gregor sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Masha était là. Masha : une beauté volcanique, rousse, aux yeux verts, les mêmes que ceux de sa fille, qui s’était emparée de son cœur.

 Elle était non seulement la mère de son unique enfant mais elle était aussi son seul amour, un amour toujours aussi ardent après tant d’années. Et pourtant ! Pourtant rien n’était écrit entre eux. Leur union semblait être une des plus improbables qui puisse exister.

 Masha était fille aînée d’un bijoutier de Saint Petersbourg. Un homme qui cumulait ses connaissances en matière de pierres précieuses et d’orfèvrerie avec un talent de commerçant avisé. Au fil des ans, il avait ouvert plusieurs boutiques, dont une à Podolsk. Podolsk la riche, là où, à quelques verstes seulement de Moscou, les gens aisés ne manquaient pas. Et de cette boutique il avait confié les clés à Masha.

 Gregor, de son coté, avait commencé à gagner ses galons dans la Podolskaia. S’il était encore loin du sommet il ne faisait plus que rarement le coup de feu. Il avait gagné son grade de collecteur de taxes, des taxes de protection dont les commerçants aisés devaient s’acquitter régulièrement. Juste histoire d’être tranquilles. Et une bijouterie, et bien justement, cela rentrait dans la catégorie « aisé ». Ce qui devait arriver arriva. Gregor était allé expliquer les règles du jeu de Podolsk à la gérante du lieu : Masha. L’effet fut immédiat, presque inconvenant : la crapule et la belle se plurent à l’instant. L’un et l’autre étaient bien en peine d’expliquer ce qui leur arrivait mais le doute n’était pas permis.

 Quelques mois plus tard, au grand désespoir de son père, Masha épousait Gregor. Il ne perdit pas tout dans l’affaire puisque son désormais gendre décida d’affranchir le magasin de sa dulcinée des « taxes locales ». Piètre consolation mais consolation tout de même. Tout semblait pourtant opposer les tourtereaux : lui mal dégrossi et elle élevée dans les bonnes manières, lui inculte alors et elle cultivée, lui connaisseur des gros calibres et elle de musique classique. Ils s’enrichiraient au fil des ans de leurs contacts réciproques, elle s’encanaillant et lui apprenant à apprécier les belles musiques et les belles lectures. Et comme elle le voulait puissant et redouté, riche aussi, elle contribuerait à son ascension jusqu’à la tête de la Podolskaia.

 Et elle resterait pour toujours la femme de sa vie ! Et pourtant !!! Contrairement aux rumeurs et aux bruits en tous genres qui ne manquaient jamais dans ces cas là, ce n’était pas lui qui avait décidé de la quitter au profit d’Irina. La réalité des choses était bien plus complexe, surtout entre Gregor et Masha qui se sont aimés et s’aiment encore, autant qu’ils se détestent, comme cela a toujours été entre eux : des montagnes russes! Au cours de sa longue carrière dans la Podolskaia, il n’avait fauté qu’une seule fois, avec Irina. Il avait pourtant l’habitude d’être courtisé par des femmes, mais il n’avait jamais cédé car de toute façon, il ne les voyait pas ces femmes, il ne voyait que Masha. Mais Irina s’était montrée particulièrement habile et avait su profiter d’un moment de faiblesse. Un malheureux concours de circonstances : un soir, alors que Gregor s’était joint à ses hommes de main pour une soirée festive, comme il aimait à le faire de temps en temps, histoire de maintenir une proximité avec ses hommes, Irina lui avait fait une cour ostensible. Émoustillés par une beauté pareille, parce qu’il faut bien lui reconnaître qu’elle est plus que jolie, les gars avaient titillé leur patron. Ils avaient dit qu’un vrai homme n’aurait pas pu résister à une telle tentation, que sa femme n’en saurait rien et qu’après tout c’était à lui, de prouver qu’il faisait ce qu’il voulait, qu’il ne se laissait pas dicter sa conduite par son épouse. Gregor avait été idiot, il s’était pris au jeu, une fois encore il voulait prouver qu’il était bien le chef. Sauf que le secret ne fût pas bien gardé, il ne sut jamais qui l’avait trahi, mais quelqu’un avait vendu la mèche. Cela n’avait duré qu’une seule nuit, ça avait été une ridicule mais aussi, une tragique erreur car quand Masha l’apprit, ce fût la fin. Elle n’était pas une femme à accorder son pardon, pas pour l’infidélité de son mari en tout cas. Elle ne l’avait pas quitté car elle l’aimait encore trop pour cela. Alors, comme elle ne pouvait pas s’y résoudre, elle avait choisi de le ridiculiser en « fréquentant » un à un ses hommes de main. Gregor avait laissé passer pour un, il avait laissé passer pour deux, mais Masha semblait ne plus avoir de limites ! Et elle savait qu’il ne pourrait pas la garder après ça.

 Même s’il l’avait pardonnée dans son cœur, il divorça, car il ne pouvait pas publiquement laisser passer un tel affront. Il lui fallait conserver sa réputation d’homme fort, et un maffieux cocu risque de perdre son autorité. Le parrain était fatigué de tout ça, et à présent que sa fille venait de lui être enlevée il songeait, sérieusement cette fois, dès qu’il l’aurait retrouvée, à arrêter et à passer la main à quelqu’un d’autre. Il rêvait de partir, de refaire sa vie ailleurs, en emportant Masha et Anastassia avec lui. Après tout il en avait largement les moyens. Il en avait assez de jouer à chaque instant l’« homme fort », ce masque de fer qu’il avait endossé si jeune le faisait suffoquer passée la cinquantaine. Il estimait mériter une retraite paisible loin de Podolsk. Il avait amassé assez de richesses à présent, il pourrait enfin profiter pleinement de sa femme et de sa fille, ensemble ils vivraient une vie simple et tranquille. Mais pour cela : il fallait retrouver Anastassia…

Voyant Irina hystérique et rouge de colère, il soupira : « Calme toi Masha..je veux dire Irina ! »

« Masha ! Tu te fous de moi ! Tu me confonds encore avec cette vielle chouette ?! »

« Ne parle pas d’elle comme ça et non je ne te confonds pas : Masha ne se serait jamais mise dans des états pareils, non mais tu t’es vue ? Tu as le visage tout bouffi ! »

« Mais … c’est que … -balbutia la jeune femme, choquée, puis elle reprit de plus bel- Il y a de quoi être énervé !! Cette vieille folle refuse que j’entre dans ma propre maison ! Depuis qu’elle est là, elle m’a mise dehors et maintenant son sale corniaud monte la garde ! »

Gregor sourit, il poussa la porte malgré les avertissements d’Irina qui craignait qu’il ne se fasse mordre.

« Nouveau chien ? » dit-il à son ex-femme, en caressant le molosse qui montait effectivement bien la garde.

« C’est une chienne -répondit-elle – de type Berger du Caucase je crois. »

« Et bien avec ça on ne risque pas de t’embêter c’est sûr ! Et où se trouve ce bon vieux Toka ? »

« Tokarev dort dans le salon, tu sais bien qu’il ne me laisse jamais prendre la voiture sans que je ne l’emmène avec moi » répondit Masha en esquissant un pâle sourire.

« Et elle où l’as-tu trouvée ? »

« C’est un cadeau que m’a fait Assia, elle s’appelle Oksie en hommage à Oksana Chatchko , cette célèbre Femen qui est décédée, encore une idée de ta fille ...- sa voix s’entremêla de sanglots tandis qu’elle peinait à finir sa phrase -Oh Gregor ! Où est-elle, où est notre fille ? »

Celui-ci la serra dans ses bras et, ainsi enlacés, ils restèrent silencieux pendant un long moment. Comme des boxeurs sonnés cherchant un second souffle. Une fois remise de ce bref moment de faiblesse qui lui ressemblait pourtant si peu, Masha demanda à son ex mari de congédier Irina pendant un moment. Elle ne pouvait pas en plus de cette situation, supporter sa vue. Gregor s’exécuta sans protester ni émettre le moindre reproche.

« Je croyais te trouver au poste de police » lui dit-il.

« Je vais y aller, mais je voulais passer ici avant, j’ai besoin de savoir ce que tu as prévu de faire pour retrouver Assia ? »

« Et bien Nikolaï a promis de mettre toutes ses équipes sur le coup, et puis je viens de téléphoner à Sacha pour lui demander d’informer la population que j’offrirai une belle récompense à qui pourra nous apporter des informations sur sa disparition .. »

« Tu as fait quoi ? Dis moi que c’est une blague Gregor ? »

« Non, ce n’est pas une blague, pourquoi ? »

« Bon -soupira Masha – ce n’est pas grave, ce qui est fait, est fait… mais bon sang Gregor où est-ce que tu avais la tête ? »

« Je ne comprends pas.. »

« A ton avis, que vont penser les gens quand ils liront ton appel au secours dans leur journal ? »

« … »

« Ils vont bien se frotter les mains, je te le dis ! Tu es le parrain de la Podolskaia, que croyais tu qu’il pourrait se passer ? Plus de la moitié de la ville t’en veux d’être qui tu es et l’autre moitié est corrompue… Alors non seulement ils vont penser que le Grand Gregor Iodanov est vulnérable et faible puisqu’il n’a même pas pu veiller sur sa propre fille, mais en plus tu vas voir que personne ne va t’appeler ! »

« Je n’avais pas pensé à tout ça… je ne suis plus moi-même en ce moment Masha, je ne sais pas quoi faire d’autre… »

« Bon écoutes, puisque tu as proposé une récompense à la population, tu vas en faire de même avec tes hommes de main : tu vas leur dire que tu doubleras la prime de ce mois-ci pour celui qui trouvera ta fille en premier. Tu insisteras bien sur le fait que tu veux absolument trouver ses ravisseurs avant la police pour pouvoir te venger, tu renverras ainsi l’image d’un homme fort et prêt à tout pour venger le rapt de sa fille, tu m’entends ? »

« Oui Masha, je ferais ça, c’est d’accord. »

« Monsieur ? » intervint un homme de main de Gregor.

« Oui Youri ? »

« C’est votre femme Monsieur, je veux dire votre seconde femme Monsieur, Irina… »

« Oui ? »

« Elle souhaite entrer maintenant, elle a dit qu’elle n’accorderai pas une minute de plus à cette.. »

« vielle chouette ? » Demanda Masha.

Youri préféra regarder ses pieds.

« Fais là entrer -lui dit-elle – nous avons fini. Tu as toujours ce boyscout avec toi Gregor ? »

« Tu ne l’aimes pas parce que lui ne t’a pas cédé ? »

« Précisément ! Et c’est bien le seul ! Je ne l’aime pas parce qu’il est différent justement et que je n’arrive pas à le cerner ! »

« Masha… tu exagères ! »

« Je te dis seulement de te méfier de lui Gregor ! »

 Masha récupéra ses deux chiens imposants, Berger du Caucase et Terrier noir avant de partir sous le nez d’une Irina terrorisée par ses molosses. C’est avec soulagement qu’elle s’effaça pour laisser passer son ennemie jurée, s’efforçant de se faire toute petite jusqu’à ce qu’elle et ses fauves se soient suffisamment éloignés. Furieuse d’avoir été ainsi ridiculisée elle rentra prestement et sans un regard pour Gregor rejoignit sa chambre. Ce n’est qu’une fois là, rassurée, qu’elle reprit plaisir et goût de vivre en s’admirant dans le grand miroir en verre de Venise qui trônait sur l’un des murs. Irina Iodanov était bien plus jeune que Masha, de quinze années au moins. Petite également, pas plus d’un mètre soixante-dix, elle était tout aussi jolie que la première femme de Gregor mais avec un caractère un peu moins trempé certainement.

 Elle avait de magnifiques cheveux blonds et épais qu’elle portait toujours détachés pour un côté « sauvage », des yeux bleus fascinants, un petit nez retroussé ravissant et des lèvres pulpeuses. Gregor n’avait été tendre avec elle que le jour de leur mariage, depuis ce n’était qu’une avalanche de disputes, ce dernier lui faisant reproche sur reproche : elle n’était pas assez bien habillée, ou bien pas suffisamment spirituelle lors de dîners mondains, elle ne s’investissait pas dans la décoration intérieure de la maison ou bien ne s’intéressait pas assez à sa fille Annastassia…. Et le pire, c’était la façon dont il la traitait devant Masha, au fond rien n’avait changé, quand elle revenait là c’était toujours elle la maîtresse de maison. Irina monta en grommelant les marches jusqu’à la salle de bain attenante à la suite parentale. Sur les murs du couloir il y avait encore quelques portraits de Masha accrochés, et c’était pareil sur les meubles, en bas dans le salon, avec une profusion de cadres accueillant les clichés de Masha.

 « Masha, Masha et Masha ! Il n’y en a que pour elle de toute façon ! » tempêtait la jeune femme. Elle aimait son train de vie mais elle n’aimait pas cette maison. Gregor avait énormément de charme, c’est vrai, mais il pouvait se montrer tellement rétrograde parfois, en terme de décoration, il n’avait aucun goût. Irina aurait mieux aimé une maison en ville, une belle maison moderne, comme les américains, les riches bien sûr, toute de béton, d’acier et de verre avec de grandes baies laissant entrer la lumière. Mais Gregor lui, ce qu’il aimait c’était le passé. « Le glorieux passé de la sainte Russie », qu’il disait. Des opulents, des quasi seigneurs, des nantis bien sûr, pas des pauvres moujiks qui trimaient dur dans les champs. Il admirait ce temps-là et était tombé amoureux il y a une quinzaine d’années d’une ancienne résidence de riche propriétaire terrien, d’un riche paysan, "en campagne". Et dieu sait qu’elle était en piètre état. La révolution l’avait confisquée et en avait fait la « maison du peuple » du village avant de l’abandonner à l’usure du temps. Et c’est là que Gregor avait décidé de s’installer. Il disait que c’était « sa revanche » sur sa jeunesse d’enfant pauvre d’ouvrier. Il disait aussi que l’argent est à celui qui le prend » et il l’avait pris.

 Et de cette vieille baraque de bois sombre, aux fenêtre outrageusement surchargées, traditionnelles sans doute, mais dont les entourages débordaient de dentelles sculptées, de rinceaux, d’entrelacs de motifs, il avait fait sa demeure. Il fallait bien admettre qu’il avait réussi à en faire quelque chose qui « avait de la classe » mais elle n’en aimait pas pourtant tous les coins et les recoins sombres, et là où Gregor se délectait devant le poêle, les hivers venteux, elle songeait, elle, qu’elle serait mieux à Podolsk, parce qu’ici on en était à près de 10 kilomètres. Et pourquoi pas Moscou ? Il en avait les moyens ! Heureusement pour supporter tout cela il avait quand même eu la bonne idée, quel riche s’en passerait, d’aménager un splendide sauna de bois blond où elle aimait à se prélasser, une grande piscine dans le parc ombragé de bouleaux et même un cours de tennis. Dans les annexes, elles aussi rénovées il logeait son « personnel », sa petite armée de gorilles et gardes du corps qui faisaient office le cas échéant de chauffeur ou de jardinier. Le service de la maison était assuré par un couple et sa fille : lui ancien des forces spéciales de l’Armée rouge, elle, sa femme, fine cuisinière et leur fille qui ne rechignait pas à la besogne. « Un trou à rat » pensait Irina, « mais un trou à rat de luxe quand même ».

 Quand on y pense, l’existence aurait pu y être douce, si Gregor y avait donné un peu du sien, mais en vérité : il ne la respectait pas, et chaque jour son orgueil prenait un coup supplémentaire ! Elle admira son reflet dans le miroir, oui c’est vrai que son visage était un peu bouffi mais il restait étonnamment beau. Elle était une très belle femme, elle le savait, elle pouvait avoir tous les hommes à ses pieds si elle le voulait, tous sauf Gregor. Au mépris visible de son mari s’ajoutait celui de sa fille, Assia. A chaque fois qu’elle était là, cette petite peste inventait toujours de nouvelles « gamineries » - comme disait son père - pour se moquer de sa belle-mère. Il y avait la fois où elle avait mis du sel dans son café du matin, ou bien encore des médicaments laxatifs dans sa tisane du soir. Et puis il y avait aussi cette fois où elle avait versé du liquide vaisselle à l’entrée de sa salle de bain pour qu’elle se casse la figure et ça n’avait pas manqué : elle s’était retrouvée avec une belle entorse ce jour-là et encore heureux qu’elle ne se soit pas fracassé le crâne sur le rebord de la baignoire ! Enfin, il y avait tous ses vêtements qui disparaissaient mystérieusement, Irina soupçonnait sa belle-fille de les voler puis de les revendre sur Internet. Et puis bien sûr il ne fallait pas compter sur son mari pour la défendre puisqu’il n’interdisait quasiment jamais rien à sa fille. Anastassia avait eu la bonne idée de disparaître : ça lui ferait des vacances !

 Elle retrouva ses automatismes, se repoudra le nez, ajouta un petit trait d’anti cernes sous les yeux, ça ne fait pas de mal, et puis une petite retouche de rouge à lèvres. Tout en se pomponnant elle repensa au jour de son mariage. Tout avait pourtant été si parfait : les invités, le buffet, la robe, et même Gregor… Irina ne s’était pas mariée avec lui uniquement pour son influence et son argent, elle en était sincèrement tombée amoureuse. Et maintenant elle était amère, désabusée, et se sentait prisonnière comme un oiseau en cage. Et dire que Gregor refusait même de lui faire un enfant ! Non, le mariage avec cet homme sans cœur n’était vraiment pas ce qu’elle avait espéré ! Mais heureusement, elle avait des projets pour l’avenir. Chaque semaine elle mettait un peu d’argent de côté, elle avait son plan bien huilé maintenant. D’abord elle faisait une scène à Gregor en prétextant qu’il l’avait encore comparée à Masha ou bien qu’il avait oublié de lui souhaiter sa fête, ou qu’il la traitait comme sa servante… bref, elle trouvait toujours un bon prétexte. Puis elle lui soutirait de l’argent : son mari ne supportant pas les cris et les pleurs, finissait toujours par lui donner une liasse de billets pour qu’elle aille se calmer en les dépensant dans les magasins. Sauf qu’elle ne le faisait pas, tous ses bijoux, ses parfums ou bien ses toilettes, elle se les faisait offrir par son amant secret et elle dissimulait l’argent dans une cachette dont elle seule connaissait l’existence. Quand elle aurait amassé suffisamment de liquidités, elle pourrait enfin recouvrer sa liberté.

 A ces pensées, Irina avait retrouvé le sourire. Elle jeta des coups d’œil discrets à gauche et à droite, puis se rendit sur la pointe des pieds jusqu’au couloir afin de vérifier qu’on ne l’observait pas. Il n’y avait personne. Une fois rassurée, elle se dirigea vers sa fameuse « cachette », ouvrant le second tiroir de son imposante commode en acajou, elle farfouilla parmi ses dessous affriolants et trouva la pochette bleu métallisé dans laquelle elle avait déjà rangé plus de 5 millions de roubles ça commençait à faire de l’argent ! Fière d’elle, Irina se mit à compter les billets comme elle le faisait chaque fois mais cette fois-ci il y avait un problème. Les mains tremblantes, le souffle haletant, ses yeux exorbités, elle se remit à compter mais plus lentement cette fois. Mais elle ne s’était pas trompée la première fois. Elle lâcha soudain la pochette et porta ses deux mains sur sa bouche pour étouffer un cri. Gregor l’appelait en bas. Elle remit rapidement sa cagnotte là où elle se trouvait, ferma le tiroir sans un bruit et se glissa à pas de louve dans la salle de bain avant de crier « Une minute ! J’arrive ». Une fois-là elle s’effondra en larmes en s’efforçant de faire le moins de bruit possible. La dernière fois qu’elle avait vérifié sa pochette, il y a deux jours tout était là et maintenant : la moitié de l’argent avait disparu ! Comment était-ce possible ? Qui l’avait démasqué ? Est-ce que cette personne allait la dénoncer à son mari ?

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